Chapitre 8 - Requiem
Chat Noir courrait vite, très vite. Bien plus vite qu'un être humain ordinaire mais encore une fois, elle était augmentée par les pouvoirs de son miraculous. Chaque pas, chaque saut, chaque bond la rapprochait de Lacrimosa. Il fallait que cela cesse. Sur son chemin, les Lacrimosa répandaient le désespoir et la désolation. L'héroïne apporta son aide autant qu'elle le pouvait.
Elle sortit son bâton et assomma un akumatisé qui s'en prenait à des passants.
- Fuyez ! Mettez-vous à l'abri et ne sortez pas ! leur cria-t-elle en détruisant une grosse caisse.
Ils ne se firent pas prier et prirent leurs jambes à leur cou. Vérifiant les environs, elle remarqua une silhouette familière pédalant sur un vélo dans sa direction.
- Oh non, Alya ! pesta-t-elle.
- Chat Noir ! Un sourire pour la caméra ! lança-t-elle en brandissant son portable en mode caméra.
Un Lacrimosa crut bon s'en mêler. Sa meilleure amie se serait retrouvée en crêpe suzette si elle ne l'avait pas écarté pour prendre un piano à queue à sa place. L'héroïne s'écrasa dans un concert de touches noires et blanches.
- Je savais... que je n'aurais pas du sécher... le solfège, souffla-t-elle en se relevant péniblement.
Presque instantanément, elle se fit ligoter par les cordes du piano. Désarmée et immobilisée, elle cria à Alya de se mettre à l'abri. Cette dernière hésita beaucoup avant de finalement s'exécuter.
- COCCI ! C'EST QUAND TU VEUX !
Comme répondant à son appel, un yoyo percuta la tête de l'akumatisé. Déconcentré, les cordes de piano relâchèrent Chat Noir. Lordbug la saisit au vol et l'emmena sur les toits loin des akumatisés.
Elle eut une conscience aigüe des bras du héros qui la portaient, des muscles roulant sous sa peau et de l'expression déterminée sur visage. Ses yeux verts rencontrèrent les siens et elle se sentit rougir violemment.
- Chat Noir, tu veux bien descendre ? Cela devient embarrassant.
Elle eut un sourire dévoilant ses canines et elle enroula ses bras autour de son cou, se rapprochant au contraire de lui.
- Oh, voyons, nous sommes partenaires ! Pas de quoi fouetter un chat ! fit-elle en ronronnant.
Il la décrocha et la lâcha par terre sans aucun état d'âme. Avec un petit cri de surprise, elle atterrit sur son fessier qu'elle frotta pour en soulager la douleur.
- On a un akumatisé et son armée à arrêter, fit-il agacé. Y a pas le temps pour ces enfantillages ! Allez !
Il lui lança son bâton qu'elle attrapa au vol avec un air taquin.
- Allez ! Venez, Milord, vous asseoir à ma table ! Il fait si froid dehors, ici c'est agréable ! chantonna-t-elle sur l'éternel air d'Edith Piaf en faisant quelques pas de danse.
Lordbug la dévisagea avec une expression dépitée. Elle se foutait de lui.
- T'es une sacrée blagueuse, toi, hein ? lança-t-il, un peu irrité.
Pour toute réponse, elle lui lança une œillade dévastatrice qui le laissa -totalement- indifférent.
- Pourquoi encore la Tour Eiffel ? s'interrogea Lordbug en atterrissant devant le cordon de policiers.
Chat Noir lui jeta un coup d'œil hésitant, elle savait pourquoi mais ne pouvait lui expliquer. C'était ici que Jie et Clotilde s'étaient déclarés l'un à l'autre. Aux pieds de la Tour Eiffel, l'un des endroits les plus romantiques de Paris.
- Hé, vous !
Les deux héros interpellés se retournèrent, Monsieur Roger leur parlait dans un mégaphone.
- Ne restez pas là, vous avez déjà échoué ! Laissez faire les professionnels ! On s'en tirera mieux sans vous, héros de pacotille !
Lordbug sentit ses entrailles se liquéfier.
- Il a raison, gémit-il en se passant une main sur le front. Si j'avais capturé l'akuma dès le début, on n'en serait pas là ! Je ne suis pas fait pour être un superhéros !
Chat Noir posa ses mains sur ses épaules pour lui parler en face.
- Je ne peux pas te laisser dire ça, dit-elle d'une voix ferme. Hier, on n'aurait pas pu l'arrêter sans toi. Aujourd'hui encore, j'ai besoin de toi pour l'arrêter à nouveau. Pour les sauver, elle et Chloé Bourgeois. Si tu ne te sens pas digne de ton rôle, alors fais en sorte de le devenir ! Je crois en toi, Lordbug.
Le discours enflammé de sa partenaire redonna courage au héros en rouge, il lui sourit avec reconnaissance.
- Tu as raison, ils ont besoin de nous et on va leur prouver !
Un cri strident retentit. Leur regard se posa instantanément sur Lacrimosa qui se trouvait au premier étage de la Tour Eiffel. Avec ses yeux de lynx, Chat Noir put voir qu'elle semblait étouffer avant de vomir des... particules noires ? Non ! C'était...
- Des nuées d'akuma ! s'exclama Lordbug à ses côtés.
Ils s'élevèrent dans le ciel et s'agglutinèrent pour former une masse ovoïde, un visage. Une voix caverneuse s'éleva, elle ne put l'identifier clairement. C'était comme si plusieurs voix humaines se superposaient.
- Parisennes, parisiens ! Écoutez-moi attentivement. Je suis le Papillon.
- Le Papillon ?! répéta le héros.
- Il aurait pu faire un effort sur le pseudonyme quand même, critiqua Chat Noir.
Son partenaire la fixa, atterrée par sa réflexion. C'était l'hôpital qui se moquait de la charité.
- Lordbug, Chat Noir ! Donnez-moi vos miraculous, les boucles d'oreille de la coccinelle et la bague de Chat Noir, et tout rentrera dans l'ordre. Les gens on assez souffert à cause de vous !
Chat Noir fixait toujours le visage lorsqu'elle entendit des applaudissements. Son partenaire s'avança et parla d'une voix forte et claire.
- Bien tenté, Papillon ! Mais ne renverse pas les rôles ! Nous savons tous qui est le supervilain ! C'est toi qui a transformé tous ces innocents en exploitant leur souffrance et leur désespoir. Papillon, peu importe le temps que cela prendra mais nous te trouverons ! Et ce sera toi qui nous donnera ton miraculous !
La révolte et l'adrénaline pulsaient dans tout son être, Lordbug lança son yoyo et se servit du fil comme tremplin pour rejoindre le visage de papillons.
- Je vous libère du mal ! cria-t-il avant de tous les capturer avec son arme en effectuant des figures acrobatiques.
Il se posa sur une poutre et se tourna vers Paris.
- Je vous en fais la promesse ! Peu importe ceux qui voudront vous faire du mal, Lordbug et Chat Noir feront tout en leur pouvoir pour vous aider !
Une pression sur son yoyo libéra une explosion de papillons blancs qui se dispersèrent.
Deux yeux bleus fixaient le héros de Paris tandis que la foule amassée l'acclamait. Son cœur battait la chamade et elle ne pouvait contenir toute l'admiration qu'elle avait pour lui. Non, elle savait que c'était bien plus que ça. Beaucoup plus.
Lacrimosa se releva tout à coup, comme possédée, et commença à escalader la Tour pour atteindre le sommet.
- Chat Noir ! l'appela son partenaire.
- J'arrive !
En quelques bonds de félin, elle le rejoignit au premier étage et ils se lancèrent ensemble à sa poursuite.
- Des idées ? demanda Lordbug en utilisant son yoyo comme ligne de vie.
- Je ne sais pas si l'akuma s'est encore logé dans son bracelet, mais c'est tout ce qu'on a pour l'instant, répondit-elle en grimpant agilement au dernier étage.
Lacrimosa se tourna lentement vers eux en tenant Chloé à bout de bras au-dessus du vide. A son poignet, le bracelet avait retrouvé une couleur noire familière.
- Un pas de plus, Lordbug et Chat Noir, et ce sera la chute ! menaça l'akumatisé. Donnez-moi vos miraculous !
L'héroïne était déchirée intérieurement. Quoi faire ?
- Lucky charm !
Il reçut un parachute rouge à pois noir. Sans se poser de question, il l'enfila aussitôt à Chat Noir qui se laissa faire.
- Tu me fais confiance ? lui demanda-t-il à voix basse.
- Bien sûr, répondit-elle avec un certain étonnement.
- Sauve Chloé, je me charge du reste.
Elle hocha de la tête et fit un pas de plus. Avec un sourire dément, Lacrimosa lâcha la fille du maire qui sombra dans le vide à toute allure.
Chat Noir bondit et plongea à sa suite. L'air s'engouffrait dans ses oreilles et ses yeux pleuraient mais elle s'en fichait. La jeune fille sous elle hurlait de terreur. L'héroïne plaqua ses bras contre son corps pour prendre de la vitesse et se rapprocher. Elle étendit son bras et l'attrapa enfin par la manche. Elle la prit dans ses bras et la plaqua contre elle avant d'ouvrir le parachute. Chloé tremblait comme une feuille contre son épaule.
Là-haut, profitant de la diversion de sa partenaire, Lordbug avait arraché le bracelet et libéré l'akuma. Clotilde retrouvait son apparence normale tandis qu'il le capturait.
- Tu as assez fait de mal comme ça, petit akuma. Je te libère du mal !
Il prit Clotilde dans ses bras et rejoignit sa partenaire qui venait d'atterrir sans heurt. Il récupéra le parachute et le lança en l'air.
- Miraculous Lordbug !
Une véritable armée de coccinelles magiques filèrent à travers tout Paris pour réparer les dégâts des Lacrimosa. Chat Noir observait le phénomène avec émerveillement tout en caressant l'épaule de la fille du maire qui était encore sous le choc.
- Ça va aller, lui dit-elle avec douceur.
Chloé releva la tête et croisa les yeux bleus de l'héroïne. Ses joues rosirent avant de s'écarter précipitamment. Chat Noir la regarda avec perplexité mais avant de pouvoir lui dire quoi que ce soit, Clotilde s'avança timidement. Cette dernière se tenait le coude et avait le regard fuyant.
- Je suis désolée, Chloé, dit-elle soudainement. Je ne suis pas, je... je crois qu'il m'était plus facile de t'en vouloir que de faire face à l'injustice de sa mort.
La jeune fille blonde se mit à pleurer, mais sans l'intervention de Lacrimosa.
- Ne t'en fais pas, lui répondit-elle en reniflant. Je fais la même chose.
Contre toute attente, Clotilde la prit dans ses bras.
Un peu plus loin, les deux héros leur avait laissé un peu d'intimité.
- Elle lui a pardonné alors, c'est une fin heureuse, conclut Lordbug.
- Non.
Il se tourna vers Chat Noir, étonné de son ton. Si bas et, si triste.
- Elles ont commencé à se pardonner elles-mêmes. C'est un nouveau départ.
Cette déclaration le surprit. Ses boucles d'oreilles l'avertirent de la fin proche de sa transformation.
- Allez, faut que je file ! A la prochaine, Chat Noir !
Avec un sourire, l'héroïne le salua de loin.
- A bientôt, milord.
__________________________________________
Bientôt, la scène que vous attendez sûrement toutes et tous /o/
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top