Chapitre 6 - Les nouveaux héros
Marinette, enfin l'auto-proclamée Chat Noir, n'en croyait pas ses yeux de félin. Lacrimosa le super vilain était une jeune femme qui sanglotait en continu. Son corps et ses vêtements avaient pris des nuances bleues. Tout autour d'elle, des gens pleuraient eux aussi. Comme accablés d'un chagrin insoutenable.
Aux pieds de la vilaine, Chloé pleurait de même en poussant des gémissements déchirants.
- C'est de ta faute ! cria Lacrimosa tandis qu'un quartet d'instrument jouait du Mozart derrière elle. Il est mort par ta faute !
Les sanglots de la fille du maire redoublèrent sans qu'elle ne tente même de s'échapper. La fille sous le masque avait reconnu la supervilaine.
- Clotilde, murmura-t-elle avec accablement.
Comme si elle l'avait entendu, cette dernière se tourna vers elle. Son visage ruisselait de larmes et exprimait une insondable souffrance.
- Ah, c'est donc toi que j'attendais ! Hm ? Tu n'étais pas censée être accompagnée ? Toi aussi, on t'a arraché ton amour ?! s'écria-t-elle avec... compassion ?
Son partenaire arriva un peu maladroitement et elle lui jeta un coup d'œil évaluateur avant de se retourner vers la supervilaine. Il se redressa avec une expression d'appréhension sur le visage. Chat Noir n'eut clairement pas beaucoup confiance en la capacité de son partenaire de faire face.
- Je viens à peine de le rencontrer, c'est un peu rapide pour en juger, tempéra-t-elle avec beaucoup de sérieux.
- Euh, elle parle de moi ? s'étonna Adrien.
Sa partenaire abaissa sa main avec nonchalance.
- On vient à peine d'entrer en scène qu'on nous shipe déjà, cocciboy ! La rançon de la gloire, soupira-t-elle.
Ses joues rougirent légèrement avant de se concentrer sur le plus urgent.
- Tu as déjà repéré l'artefact ? demanda-t-il en fixant Chloé, près de la supervilaine.
Lacrimosa hurla et lança une horde d'instruments à l'attaque. D'une roulade, Chat Noir s'interposa entre les violons, violoncelle, contre-basse et Adrien, pour l'instant nommé Cocciboy. Elle sortit son bâton et le fit tournoyer pour parer. La nouvelle héroïne n'eut pas vraiment le temps de s'extasier sur le fait qu'elle se sentait encore plus forte que d'ordinaire.
- Non, lui répondit-elle. Ce doit être un élément qui détonne ou...
Ses yeux s'accrochèrent à l'objet qu'elle portait au poignet gauche. Il était noir, avec des reflets violacés. Elle se souvenait qu'il avait une grande importance pour elle.
- Le bracelet !
Leur adversaire passa aux cuivres, Cocciboy maîtrisait un peu plus son yoyo et sut se défendre seul. Le sol était jonché de débris d'instruments divers.
- Et on dit que la musique apaise les mœurs ? Pfft ! lança Chat Noir en fracassant un soubassophone.
Adrien lui fit les yeux ronds. Elle blaguait en plein milieu d'un champ de bataille ?
- Un peu de sérieux ! Il y a des vies en jeu ! la rabroua-t-il en tentant de lancer son arme vers Lacrimosa.
- Mais je suis sérieuse, l'humour est une chose très grave ! répliqua-t-elle en lui tirant la langue.
Dépité, Adrien secoua la tête. Chat Noir esquiva avec une aisance frisant l'insolence et se paya même le luxe de faire une cabriole avec un sourire espiègle.
- Ma grand-mère est un adversaire bien plus menaçant que toi !
- Mais ça va pas de dire ça ! s'écria Adrien, hors de lui.
- Quoi ? C'est vrai ! fit-elle avec un grand sourire. Tu devrais la voir abattre des arbres à la hache !
Il se frappa le front du plat de la main puis réfléchit vite à une solution.
- Bon, on va utiliser nos pouvoirs ! On n'arrive pas à l'atteindre. LUCKY CHARM !
- CATACLYSME ! cria sa partenaire, sa main griffue était désormais entourée d'étincelles noires.
Il lança son yoyo l'air et un objet pour le moins étrange lui tomba dans les mains. Étrange en-dehors du fait qu'il était rouge à pois noirs, bien sûr.
- Un ukulélé ? Et j'en fais quoi ? Je ne sais même pas en jouer !s'exclama-t-il au moment où Chat Noir le plaqua au sol.
Une grosse caisse faillit les écraser mais l'héroïne en noir opposa sa main et son pouvoir destructeur. Tout fut instantanément réduit en poussière couleur rouille.
- Merci, souffla-t-il en se mettant à l'abri.
Accroupie près de lui et lorgnant de temps à autres, Chat Noir se demandait pourquoi tous ces gens pleuraient ? Ah bah, oui. Lacrimosa, bien sûr. Comme le célèbre requiem de Mozart.
- Euh... ? Depuis quand ça fait partie d'un orchestre symphonique ? demanda-t-elle perplexe en zieutant l'instrument censé sauver leurs fesses.
- Je ne sais pas, mais on a cinq minutes avant de se détransformer. Alors on fera avec !
Il se concentra et analysa son environnement. Des éléments se mirent en surbrillance avec le même motif à pois qui serait désormais sa signature. Il ne trouva rien d'intéressant avant de se tourner vers sa partenaire qui clignota.
- C'est toi la solution, fit-il en lui donnant l'instrument avec assurance.
Un éclair de compréhension passa dans ses yeux bleus à la fente verticale. Ses lèvres se pincèrent, elle prit le ukulélé et commença quelques accords reconnaissables de la chanson "Somewhere over the rainbow". Elle se mit à chanter et fit signe à son partenaire de prendre la suite. Il s'éclipsa en faisant le tour.
https://youtu.be/V1bFr2SWP1I
Chat Noir se leva et marcha lentement vers Lacrimosa qui la fixait avec désespoir. Elle s'était figée et l'écoutait, cessant toute attaque. Ses larmes coulaient en un filet d'eau continu, et pas seulement sur ses joues. L'héroïne pleurait également, l'émotion lui étreignant la gorge. Mais elle continuait à chanter malgré tout.
Dans son champ de vision périphérique, elle repéra Cocciboy qui se rapprochait. Il arma son bras et lança son yoyo qui s'enroula autour du poignet de Lacrimosa. La supervilaine lâcha un cri avant d'être tractée comme une poupée de chiffon. Au moment où elle atterrit durement dans une fontaine, Adrien se précipita sur elle et lui arracha son bracelet qui libéra le papillon noir.
- Bye bye, petit papillon !
Chat Noir lui rendit le ukulélé et il le lança en l'air comme le lui avait expliqué son kwami. Sous leurs yeux émerveillés, ses myriades de coccinelles envahirent les environs et réparèrent tous les dégâts causés.
- Oh ! C'était GÉNIAL ! s'exclama une voix familière des deux héros.
Ils se tournèrent d'un bloc vers... Alya ? qui les filmaient avec son portable.
- Vous êtes des superhéros ? Vous allez protéger Paris ? Vous êtes ensemble ? Vous vous connaissez ? C'est quoi votre nom ?
La superhéroïne eut un sourire espiègle et prit une pose de star.
- My name is Noir, Chat Noir, déclara-t-elle avec un accent britannique.
Son anneau bipa, elle les salua d'une révérence et s'éclipsa prestement.
- Et toi ? demanda la lycéenne surexcitée au héros en rouge et noir. D'où te viennent tes pouvoirs ? T'es qui ? D'où viens-tu ? La coccinelle est-elle ton animal totem ?!
Un peu dépassé par les questions pressantes de sa camarade, Adrien préféra choisir la sécurité.
- Euh... Coccib... Lordbug. Je suis Lordbug, pour vous servir ! affirma-t-il en mettant les poings sur les hanches.
Alya avait des étoiles dans les yeux. Mais son propre miraculous le rappela à la réalité et il s'en alla à son tour.
Marinette accourut vers le pied de la Tour Eiffel où service de l'ordre et secours faisaient leur travail. Elle croisa sa meilleure amie qui trépignait dans tous les sens.
- Attends ! Regarde cette vidéo !
- Je... plus tard, Alya. Je dois aller voir quelqu'un ! lui dit-elle en courant vers la malheureuse victime de l'akuma.
Elle était châtain, les yeux bruns et l'air perdu emmitouflée dans une couverture. De dos, l'héroïne reconnut M. Roger, le père de Sabrina, et s'approcha.
- ... rien, je ne me souviens de rien. Si ce n'est... Marinette ! s'exclama la jeune fille en la reconnaissant.
Elle se leva et la prit dans ses bras. Sous le coup de l'émotion, quelques larmes furent versées.
- Je suis désolée qu'on m'ait vu dans cet état, je n'étais plus moi-même ! Et...
La jeune fille replaça une mèche noire derrière son oreille et lui sourit.
- On s'était promis d'être là l'une pour l'autre, si le besoin s'en faisait sentir, lui rappela-t-elle avec douceur. Je suis là.
- Ah oui ? Et moi alors ?! Personne ne se préoccupe de moi ? Ah ben non ! Y en a toujours que pour les méchants ! Pas pour les victimes !
Marinette déchanta en se retournant. Comment avait-elle pu se faire du souci pour elle ? Franchement ?
- Contente de voir que tu vas bien, Chloé, déclara-t-elle, sarcastique.
Décoiffée, les joues maculées de maquillage, la fille du maire faisait peur à voir.
- Oh, Dupain-Cheng ! Éloigne-toi d'elle ! C'est un monstre, elle a voulu me tuer ! Policier, arrêtez-la !
L'officier Roger haussa un sourcil, rangea son carnet et son crayon.
- Passez dans la semaine faire votre déposition au commissariat et ce sera tout bon. Vous pouvez rentrer chez vous, Mademoiselle, conclut-il avant de s'en aller.
- Quoi ?! Mais c'est une honte ! Et moi, alors ! Vous vous en fichez de ma déposition ?
Elle poursuivit le père de Sabrina en se plaignant de plus belle.
- Elle n'a pas changé, on dirait, fit Clotilde avec un pauvre sourire.
Les mains dans les poches, Marinette soupira avec un air défaitiste.
- Malheureusement, si. Elle a changé.
Son interlocutrice hocha la tête d'un air entendu.
- Allez, viens. Je comptais aller déposer des fleurs. Je te raccompagne après ? lui proposa la lycéenne.
Clotilde lui sourit tristement. Elle rendit la couverture et se leva.
C'était une bien trop belle journée pour rester enfermé.
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L'émotion est palpable... Mais qui est Clotilde ? Quels sont ses rapports avec Marinette ? Et pourquoi en voulait-elle tellement à Chloé ?
Vous le saurez dans le prochain chapitre de Mixed Up /o/
PS : Mensonges et Vérités a passé la barre des 1000 vues. Je suis joie *o*
Merci à vous \o/
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