Chapitre 51 - Farewell
L'officier s'écarta et lui ouvrit la porte pour la laisser entrer.
- Je t'attends dehors, lui dit Gina en lui tapotant le dos.
Marinette inspira et pénétra dans la chambre du Papillon. Un médecin discutait avec sa mère alitée. Elle retint son souffle en découvrant son état. Considérablement amaigrie, elle portait un masque à oxygène. Le cancer était décidément une chose horrible à voir, mais c'était sans compter les menottes qui l'attachaient à son lit. Elle doutait que cette silhouette maladive soit capable de se lever d'elle-même.
Le médecin dit quelque chose qu'elle n'entendit pas et sortit. Le claquement de la porte la fit sursauter.
- Da Xia ?
La jeune fille ne reconnut pas la voix de sa mère. Les accents sévères et le ton dur avaient disparus pour laisser place à une articulation rendue difficile par ses difficultés à respirer.
- C'est moi, maman, lui répondit-elle en s'asseyant à son chevet.
Marinette détourna pudiquement quand les yeux de sa mère s'humidifièrent.
- Tu as l'air d'aller mieux.
- Ce qui n'est pas ton cas, répliqua-t-elle avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de dire. Désolée.
Sabine lui sourit timidement.
- Je ne peux pas faire semblant.
Sa fille changea de place sur son siège et se mit à jouer avec une mèche de cheveux, ne sachant pas quoi dire.
- Pourquoi ? demanda-t-elle finalement.
- Pardon ? s'étonna sa mère.
- Pourquoi avez-vous utilisé le miraculous du Papillon ? Comment l'avez-vous eu ? Tu me dois la vérité.
Sabine ferma les yeux. Marinette crut qu'elle s'était endormie quand elle les rouvrit et commença à parler :
- Début septembre, je suis allée consulter le médecin. Il n'a pas parlé de cancer mais... je l'ai su à la façon dont il a insisté... pour faire des examens plus approfondis.
Elle faisait des pauses au milieu de ses phrases tant cela lui demandait des efforts. Marinette avait l'impression de manquer d'air rien qu'en l'écoutant.
- Ton père m'a dit qu'il connaissait un moyen. Puis il m'a montré le miraculous du Papillon ainsi que Nooroo. Je ne sais pas comment il l'a obtenu mais il l'aurait ramené de son tour du monde. Avant qu'on se rencontre.
Elle inspira laborieusement à plusieurs reprises. Marinette entendait les sifflements de sa respiration alterner avec la formation de buées dans son masque à oxygène.
- Les miraculous de la Coccinelle et du Chat Noir réunis... auraient pu me guérir. Mais il fallait que leurs porteurs sortent de l'ombre. Alors...
La porteuse du Chat Noir n'avait pas besoin d'entendre la suite. Elle la connaissait. Elle l'avait vécu durant de longs mois. Sabine sembla avoir les mêmes réflexions et ne termina pas sa phrase.
- Mais cela ne marchait pas. On se concentrait sur leur obtention alors.... que je ne savais pas combien de temps il me restait. Quand ton père a... Meduzhair, j'ai cru t'avoir perdu toi aussi.
Sa voix dérailla et pas seulement à cause de ses difficultés respiratoires. Marinette était sur des charbons ardents, littéralement pendue à ses lèvres.
- J'ai pris les choses en main... à partir de ce moment-là. Je ne voulais plus me sauver moi... c'était trop tard. Je voulais...
Sabine se tourna vers sa fille et chercha son regard. Mais Marinette était absorbée par la contemplation du motif de sa couverture.
- ... Je voulais te souhaiter... une vie longue et heureuse, dit-elle finalement tandis que des rivières de larmes dévalaient ses joues faméliques. Celle que je n'aurais pas.
- Vous n'aviez pas à faire tout ça ! répliqua sa fille d'une voix sourde avant d'essuyer vivement sa joue. Vous avez mis en danger des vies innocentes, utiliser les instants de faiblesse de futures marionnettes pour votre compte personnel... c'est méprisable et abject ! Qui êtes-vous pour mettre votre vie au-dessus de celle des autres ?!
- Je sais tout ça...
- Mais cela t'est égal, hein ?!
Sabine inspira avec difficulté.
- Non. Cela ne m'est pas égal. J'espère juste qu'un jour... quand tu seras mère à ton tour... tu comprendras peut-être.
- J'arrive pas à y croire ! Tu utilises la maternité pour justifier tes actes ? s'écria-t-elle presque.
- Quand il s'agit de ses enfants... on est capable de tout. Même du pire.
Marinette était furieuse, mais elle se souvint de ce qui était arrivée la dernière fois. Elle se leva et fit quelques pas pour se calmer.
- Je ne peux pas te pardonner, déclara-t-elle finalement.
Sa mère eut un triste sourire.
- Je sais. Je n'oserai jamais te le demander. Je ne le mérite pas.
Un long silence s'installa.
- Puis-je te demander quelque chose ?
- Essaie toujours.
Elle eut une quinte de toux avant de reprendre.
- Si jamais tu le vois, et que je... bref, dis à ton père que je suis désolée.
- Je ne risque pas d'aller le voir, répliqua-t-elle froidement.
Sabine semblait épuisée de cet échange.
- Qui sait... la vie est longue et faite de regrets.
- Je m'en vais.
Marinette fila à la porte avec l'urgence de s'éloigner de cette femme le plus vite possible.
- Da Xia ?
Bien malgré elle, elle s'arrêta la main sur la poignée. Elle se maudit intérieurement de lui être aussi soumise.
- Quoi ?
- Je t'aime, ma chérie.
Marinette crut défaillir. Sa mère ne le lui avait jamais dit. Ces mots qu'elle avait toujours eu envie de l'entendre dire, elle les disait maintenant. Elle n'avait pas le droit de lui faire ça. Pas maintenant. Pas comme ça.
Elle ouvrit la porte et se mit à courir dans le couloir. Les agents en garde furent surpris de sa sortie fracassate. Sa grand-mère l'appela mais elle les ignora.
S'éloigner. Partir. Courir. Fuir.
Peu importait la nuance, seul le mouvement comptait.
Elle n'avait pas de direction particulière ni de destination en tête. Elle avait juste besoin de se défouler, de laisser exploser les émotions qui tourbillonnaient en elle.
Lorsqu'elle s'effondra d'épuisement sur un banc, son flanc déchiré par un point de côté, la soirée débutait. Elle s'était arrêtée sur une place. Tant bien que mal, elle reprenait son souffle. Ses jambes tremblaient sous l'effort trop intense. Cela avait été déraisonnable. Elle sortait à peine de l'hôpital, elle n'était plus au top de ses capacités physiques malgré la rééducation.
Les coudes sur les genoux, le visage dans les mains, elle laissa sa tristesse prendre forme et la quitter silencieusement. Elle resta ainsi durant ce qui sembla à la fois un instant et une éternité.
Elle ne voulait pas penser, elle ne voulait pas ressentir.
Pourtant, tout tournait dans sa tête. Son cœur lui faisait un mal de chien. Elle voulait désespérément que quelqu'un la prenne dans ses bras. Elle ne voulait pas qui conque la voit dans cet état.
Quelque chose de froid lui tombe sur la tête. Elle se relève et regarde le ciel gris se décharger sur Paris, traduisant à merveille son état d'esprit. Les gouttes fraîches caressent son visage brûlant. Elle aimerait disparaître et se dissoudre dans la pluie. Comme la petite sirène se transformant en écume aux premiers rayons du soleil.
Mais elle n'est pas dans un conte de fée. Elle se lève et prend la direction de chez elle. Mais peut-elle encore qualifier cet endroit de chez elle ? Ah. C'est vrai. La boulangerie et l'appartement ont été mis sous scellés. Voilà qui règle la question. Et elle n'a pas pensé à demander à sa grand-mère où elle logeait.
Elle s'arrête et se rend compte qu'elle n'est pas loin de chez Maître Fu. Au moins, elle pourrait passer un coup de fil. S'il est chez lui...
Avant même que sa main ne heurte la porte acajou, elle s'ouvre. Le gardien l'invite à entrer se mettre à l'abri. Wayzz lui donne une serviette pour s'éponger. Elle se rend compte qu'elle dégouline sur le parquet de l'entrée. Le kwami revient plus tard en lui proposant des vêtements secs pendant que son porteur passe un coup de fil à sa grand-mère pour la rassurer.
Marinette se sèche les cheveux quand Adrien fait irruption dans le salon. Lui aussi est trempé. A son expression angoissée, elle se met à culpabiliser. Il tombe à genoux devant elle et hésite avant de la prendre finalement dans ses bras.
- Ne refais plus jamais ça, la supplia-t-il la voix tremblante.
Il s'écarte et la fixe de ses grands yeux verts, les mains sur ses épaules.
- Tu ne peux pas t'enfuir comme ça, en nous laissant sans nouvelles, sans moyen de te joindre ni de savoir si tu vas bien ! reprit-il. Ta grand-mère a failli m'arracher les yeux quand je lui ai que tu n'étais pas avec moi.
La jeune fille pouffa de rire.
- Pardon. J'avais... besoin... de prendre l'air, expliqua-t-elle sommairement en s'affalant sur la table.
Elle posa sa tête sur ses bras, fixant un point derrière le jeune homme.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il au bout d'un moment.
Elle haussa négligemment des épaules et joua avec une mèche noire humide.
- Des choses sans importance.
Il n'en crut pas un mot mais ne fit aucun commentaire.
- Où on en est nous ? continua-t-elle sans transition.
Adrien sursauta presque en l'entendant poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des mois. C'était déstabilisant de la voir devancer ses attentes. Il la regarda droit dans les yeux.
- Je ne sais pas. J'aimerai pouvoir affirmer que nous sommes toujours ensemble mais... tant de choses sont arrivées que je ne saurais dire. Je sais ce que je veux. Je veux être avec toi. La seule inconnue dans l'équation, c'est si c'est ce que tu veux toi aussi, déclara-t-il sans détour.
Marinette se redressa tant bien que mal, le visage dans une main.
- Je ne sais pas non plus, Adrien.
Elle porta la main au niveau de sa poitrine, là où elle avait mal depuis tout à l'heure.
- Je n'ai de la place ni pour toi, ni pour elle, ni pour personne en fait. Je t'aime, Adrien... mais je ne peux rien te donner pour l'instant. Je suis désolée.
- Ne t'excuse pas, je comprends.
Il l'embrassa sur le front. Il comprenait, mais il venait de vivre une petite mort.
Maître Fu frappa au chambranle de la porte donnant sur la cuisine pour manifester sa présence. Il avança et tendit un téléphone à Marinette qui ne put que remarquer que sa sombre expression. Elle s'attendit au pire lorsqu'elle prononça le traditionnel "Allô" dans le micro.
- Marinetta, c'est grand-mère ! Je.... je suis désolée, mon petit... ta mère, elle vient... elle...
Le téléphone lui tomba des mains.
- Marinette ? Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Adrien, soudainement très inquiet.
Maître Fu alluma un bâton d'encens sur l'autel des ancêtres et adressa une prière aux cieux.
Sabine Cheng venait de s'éteindre.
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Non, je chiale pas ! C'est pas vrai ! T.T
A demain pour la suite. *snif*
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