Chapitre 49 - Je te sauverai

- Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?! pesta Gina sous le masque de l'Abeille. On va y passer si ça continue comme ça !

Maître Fu grogna en s'écartant à temps pour éviter une attaque de Chat Noir.

- La patience n'a décidément jamais été ton fort, commenta-t-il en se protégeant des éclats de béton avec son bouclier.

La protectrice de Paris venait de faire exploser une rampe.

- Tout ce qu'on fait est inutile ! Comment arrête-t-on un porteur s'il n'a pas de miraculous ? s'exclama Tom Dupain.

- Très bonne question. Mais je n'en ai aucune idée, lui répondit le porteur de la Tortue en se mettant à l'abri.

Sabine avait tenté à plusieurs reprises de lui parler mais sans succès. Chaque fois qu'elle avait tenté une approche, un cataclysme était prêt à l'accueillir. Elle se sentait tellement impuissante.

- Pourquoi ne s'est-elle pas détransformée ? demanda-t-elle, anxieuse. Elle a déjà utilisé son pouvoir au moins vingt fois !

La femme paon était celle qui gérait le mieux le combat pour l'instant. Avec ses plumes-fléchettes, elle la maintenait à distance et s'écartait avec une agilité déconcertante. Elle se faisait insaisissable, énervant d'autant plus Chat Noir qui lâchait ponctuellement des cris de frustration.

- J'ai ma petite idée sur la question mais tu ne vas pas aimer ça, commença la gardienne en lançant sa toupie.

Elle manqua sa cible de peu, cette dernière se retourna et saisit au vol son arme. La porteuse de l'Abeille eut un hoquet d'horreur lorsque le cataclysme la détruisit. Elle lâcha précipitamment la ficelle avec que le pouvoir destructeur ne l'atteigne et recula.

- Alors ? s'impatienta Maître Fu en déviant un bloc de béton que Chat Noir avait arraché du sol.

- Cela reste une hypothèse, commença la gardienne. L'essence divine de Plagg semble s'être intimement liée à sa force vitale. Le peu d'équilibre qu'elle conservait avec l'essence de Tikki aurait été brisé par... le traumatisme de la révélation, avança sa consœur en scrutant l'héroïne en noir totalement déchaînée.

Sabine serra ses lèvres tremblotantes.

- Et du coup ? la relança-t-elle, anxieuse. Comment fait-on pour la ramener à l'équilibre ?

La gardienne passa une main dans ses cheveux gris argenté.

- Je ne sais pas, avoua-t-elle finalement.


Lordbug filait à toute vitesse sur les toits de Paris. Ses jambes criaient pitié, il y avait un point de côté qui l'élançait, son dos lui faisait déjà payé ses efforts prolongés et il ne voulait même pas s'attarder sur le reste.

- En d'autres circonstances, je serai émerveillée de voir ma ville de ce point de vue, commenta la personne qu'il portait dans ses bras.

- Moi aussi, lui répondit le héros, le regard porté vers son objectif.

- Tu crois vraiment que je vais pouvoir l'aider ? demanda-t-elle d'une toute petite voix.

Les yeux verts du protecteur de Paris quittèrent un instant l'horizon pour rencontrer ceux de son interlocutrice.

- Mon lucky charm ne m'a jamais trompé, déclara-t-il simplement avant de reporter son attention sur leur destination.

- J'aimerai en être aussi sûre que toi, dit-elle en replaçant une mèche derrière son oreille.

- On n'a pas vraiment le choix, fit-il d'un ton grave.

Quand ils arrivèrent aux abords du champ de bataille, des bruits de combat leur parvenaient.

- Oh mon dieu ! souffla la civile en portant une main à sa bouche. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Il ne restait rien du skatepark abandonné. Une sorte de barrière, comme un dôme, entourait une zone limitée où les gardiens, le Papillon, l'akumatisé, le Paon et Chat Noir se battaient. Un hélicoptère survola la zone  mais fut frappé par un éclair noir. Lordbug lança son yoyo entre plusieurs mobiliers urbains pour faire un filet d'atterrissage. Il serra les dents la seconde précédant le choc et saisit son fil à deux mains.

L'appareil atterrit lourdement sur le sol mais l'impact fut considérablement atténué par l'intervention du héros en rouge. Il alla porter secours aux passagers. Deux journalistes dont un caméraman et le pilote eurent tout juste le temps de sortir que le moteur prit feu. Alimenté par la fuite du réservoir, l'incendie finit par générer une explosion qui souffla les rescapés.

- Merci, Lordbug ! lui dit le pilote.

- Ne restez pas dans les environs, partez ! Mettez-vous à l'abri et n'approchez sous aucun prétexte ! leur ordonna-t-il avant d'aller chercher la civile qu'il avait momentanément abandonné sur les toits.

- Comment va-t-on faire pour traverser le dôme ? demanda-t-elle en le désignant du doigt. 

- En frappant trois fois ? suggéra-t-il en haussant des épaules comme si c'était une formalité. Allons-y.

Elle passa son bras sur ses épaules et lui un bras autour de sa taille. Il lança une nouvelle fois son yoyo et ils s'envolèrent vers le cœur de la tempête avec un sentiment d'urgence qui leur retournait l'estomac.



Chat Noir avait depuis longtemps dépassé le stade de la fureur. La colère avait été remplacé par l'absolue conviction qu'elle devait éliminer ses ennemis. Au détail près que tout le monde était son ennemi. Quand elle tenta de s'éloigner, Maître Fu avait déclenché son pouvoir, déployant un dôme protecteur qui empêchait quiconque d'entrer ou de sortir tant qu'il le voulait. En tout cas, jusqu'à détransformation.

En tout cas, jusqu'à ce qu'elle utilise le cataclysme sur celui-ci. Une nouvelle fois. L'inquiétude et l'angoisse gagnaient le gardien à chaque nouvelle destruction. Il n'était pas anodin que les porteurs se détransforment après avoir utilisé leur pouvoir et que leur kwami aient besoin de se nourrir pour restaurer leur énergie. Il craignait que la dette de Marinette ne soit trop grande. 

Bien trop grande pour qu'elle y survive.

Le dôme se fissura avant de se vaporiser en particules. Permettant ainsi à Lordbug et à la jeune fille de les rejoindre.

- Tu es sûr de toi, jeune homme ? l'interrogea la gardienne derrière un banc de pierre en avisant la personne qu'il amenait.

Lordbug se tourna vers la civile avec un mélange d'émotions contradictoires. Espoir. Méfiance. Rancœur. Regret. Attachement. Urgence.

- Prête ? lui demanda-t-il, lui-même étant mal-à-l'aise de la mettre en danger.

La jeune fille serra ses lèvres brillantes de gloss avant d'acquiescer vivement de la tête. Lordbug risqua un coup d'œil hors de leur abri temporaire. Le Paon occupait inlassablement Chat Noir. Même s'il devait reconnaître qu'elle s'en sortait bien, elle devait commencer à fatiguer. Il crut défaillir quand il vit de plus près l'aspect de sa partenaire. 

Son costume était en lambeaux désormais. Ce n'était plus des étincelles mais de terribles éclairs noirs qu'elle émettait. Parfois, ils surgissaient de sa peau sans crier gare pour frapper aléatoirement en dégageant la puissance de la foudre. Quand elle se retourna, très certainement en détectant leur présence, ses yeux étaient devenus entièrement noirs. Sans chaleur.

Sans vie.

Lordbug attendit que le Paon batte en retraite avant de lui faire signe qu'elle pouvait y aller.

Prenant son courage à deux mains, elle quitta l'abri et avança lentement en levant les bras. Elle était terrifiée. Terrifiée qu'elle l'attaque aveuglément. Terrifiée à l'idée qu'elle soit déjà trop loin pour être ramenée. Terrifiée de la perdre pour de bon. Terrifiée qu'elle en meure. 

- Chat Noir ! l'appela-t-elle en sentant sa gorge se serrer.

Elle réagit à son nom. Elle le sut au mouvement de ses oreilles de chat qui se tournèrent dans sa direction ainsi qu'à son léger redressement. En retrait, prêt à intervenir, Lordbug crut halluciner quand au-dessus d'elle, ou juste derrière elle, il vit une silhouette noire se dessiner dans la forêt d'éclairs qui la couronnait. Deux grands yeux verts en amande le fixaient. Était-ce... la tête d'un chat ?

- Chat Noir, répéta-t-elle. Arrête-toi maintenant, je t'en prie ! Tu es une héroïne, pas une vilaine. Tu dois protéger, et non détruire.

Elle battit des paupières, comme pour se réveiller mais cela ne dura pas. Elle avança d'un pas, prête à attaquer.

- Continue à lui parler ! l'empressa le porteur de la Coccinelle.

- Je suis désolée ! continua-t-elle. Je suis désolée pour ce qui s'est passée entre nous ! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu ne pouvais rien me dire.

Des larmes roulèrent sur ses joues maquillées. Chat Noir fit un nouveau pas. Ses griffes s'abaissèrent légèrement.

- Je te suis tellement reconnaissante pour tout ce que tu as fait. De m'avoir sauvé à maintes reprises. Ça a dû être tellement dur de me mentir, de ne pouvoir m'en parler librement.

Elle ne la quittait pas du regard. Quelque chose lui disait que ce contact visuel était sa ligne de vie, le fil d'Ariane qui lui permettrait de la faire revenir. De la sauver. Chat Noir se rapprochait toujours d'elle. Elle ne portait plus de masque, mais elle était méconnaissable malgré son visage découvert. 

- J'aimerai tellement pouvoir tout recommencer avec toi, lui dit-elle la voix tremblante d'émotion.

Elles n'étaient séparées que de quelques mètres.

- Je suis bien consciente que je ne mérite pas ton pardon. Mais...

Deux mètres.

- S'il te plaît...

Un mètre.

- Reviens parmi nous...

Chat Noir était face à elle. Elle n'avait qu'à tendre le bras pour combler la distance les séparant.

- Marinette.

Chloé était terrifiée par celle qui se tenait devant elle, mais tint bon malgré les tremblements qui l'animaient. Elle retint un cri quand l'héroïne prit son visage en coupe dans un geste familier. Redoutant le cataclysme, elle ne réalisa pas tout de suite que Chat Noir venait de poser ses lèvres sur les siennes.

Fermant ses yeux bleus, des larmes roulèrent sur ses joues tandis qu'elle lui répondait par réflexe. Elle espérait de tout son cœur qu'elle avait réussi à l'atteindre, à la faire revenir. Chloé sentit soudainement l'héroïne être tirée en arrière. Lordbug avait fait le tour pour arriver dans son dos, profitant de la distraction. Chat Noir était ligotée par le fil du yoyo.

Marinette perdit ses atours de Chat Noir et retrouva ses vêtements de civils. Ses yeux se révulsèrent, sa tête bascula sur le côté.

- Da Xia ! cria sa mère qui se précipita au chevet de sa fille, suivie de près par son père.

Elle vérifia son pouls et pleura de soulagement en sentant des battements, faibles, mais des battements quand même. 

- Je vais appeler les secours, déclara la porteuse du Paon avant de presque s'envoler.

- Sabine, l'appela Maître Fu, détransformé. Donne-moi ton miraculous.

Le vieil homme avait les traits fatigués quand elle leva les yeux vers lui. Il lui tendait la main. A ses côtés se tenait Gina, elle avait l'expression sévère malgré l'inquiétude qui la tenaillait. Déposant la tête de sa fille sur ses genoux, la porteuse du Papillon se détransforma. Une lueur violette surgit de son miraculous. Le kwami du Papillon apparut sous leurs yeux, épuisé.

- Nooroo, je renonce à toi, dit-elle à voix basse.

Aussitôt dit, le kwami retourna dans le bijoux. Lasse, elle déposa l'artefact dans la main du Gardien. Tom Dupain avait dans le même temps perdu sa transformation. Malgré la perte de ses souvenirs, il sembla vite comprendre ce qui s'était passé et se précipita vers sa femme et sa fille.

Les secours arrivaient.

- Nous nous retrouverons quand la situation aura décanté, Lordbug, lui dit Maître Fu.

Gina lui fit un petit salut et ils s'en allèrent.

Les urgentistes prirent les personnes présentes en charge pendant que les policiers demandaient des comptes au protecteur de Paris.

Il se sentait si las.

C'était enfin fini.

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Premier jour du NaNoWrimo, je vais terminer cette fanfiction avant de commencer le tome 2.

A demain /o/

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