Chapitre 44 - Dures vérités
Adrien n'était pas fier de lui. Il avait dû revoir ses plans et faire une réunion improvisée avec Chat Noir, enfin Marinette, enfin sa copine (bien qu'il ait des doutes maintenant) pour s'accorder sur leur histoire.
- Donc, quand c'est pour le "boulot", tu trouves du temps ? lança-t-elle avec acidité, les bras croisés.
- Mais non, ce n'est pas ça...
- Alors, vas-y ! Explique, je suis toute ouïe.
Son copain se figea complètement, sa gorge se serra et les mots butèrent contre la boule d'angoisse qui s'y était formée. Il vit Marinette froncer des sourcils avec une expression peinée, les yeux humides.
- Tu sais, après tout ce temps à se cacher derrière des mensonges, à ne pas savoir puis à se découvrir et se redécouvrir... je pensais naïvement qu'on avait dépassé le stade des cachotteries. On mérite mieux que ça, tu ne crois pas ? Je mérite mieux que ça.
Son cœur se brisa dans sa poitrine, toujours incapable de prononcer la moindre parole. Devant son absence de réaction, elle s'en alla les épaules basses et le moral en berne.
Adrien resta comme un imbécile, et se traita de tous les noms. Au vu de l'heure, c'était trop tard pour passer à l'improviste.
Quand il rentra chez lui, il fut accueilli par Nathalie qui rayonnait d'une joie sereine depuis qu'ils avaient officialisé leur relation auprès de lui. L'adolescent devait admettre qu'il avait une affection ambivalente pour l'assistante de son père. Il lui en avait voulu de vouloir remplacé sa mère (enfin ce qu'il s'était imaginé avec son esprit d'orphelin blessé) tout en lui étant reconnaissant d'avoir veillé sur lui. Il y a quelques semaines, ils avaient eu une discussion à ce sujet :
- Je n'ai pas pour ambition de remplacer ta mère, que ce soit auprès de ton père ou de toi, tenta-t-elle de le rassurer.
- Je sais, je sais, fit-il simplement. C'est juste que... je me suis tellement opposé à toi durant mes "années débiles"... ça me paraît hypocrite de faire tout à coup "ami-ami".
Elle lui avait souri avec cette tendresse qui le déstabilisait.
- Nous ne sommes obligés de rien, Adrien. Nous avons le temps.
Il avait simplement hoché de la tête et était parti se réfugier dans sa chambre. Par la suite, les choses s'étaient doucement faites dans un quotidien relativement ordinaire.
- Bonsoir, Adrien. As-tu passé une bonne journée avec tes amis ?
- Bonsoir, Nathalie. Ouais, c'était sympa.
Elle eut une expression un peu soucieuse.
- Quelque chose ne va pas ?
Adrien soupira et passa une main sur sa nuque.
- Je me suis pris la tête avec Marinette et je n'ai rien fait pour arranger les choses parce que je suis un abruti dès qu'il s'agit de... sentiments.
Nathalie eut l'air surprise qu'il lui déballe tout, ce n'était pas ses habitudes. Il s'en rendit compte et rougit violemment.
- Cette Marinette... c'est donc ta copine ? lui demanda-t-elle avec beaucoup de tact.
Elle l'invita à s'installer dans le salon où il s'affala dans un fauteuil en cuir capitonné.
- Oui. Enfin, je crois qu'elle l'est encore, soupira-t-il.
- La vie de couple n'est pas toujours radieuse, tu sais. Cela nécessite une certaine adaptation. Il faut savoir faire des concessions, reconnaître ses torts et présenter des excuses quand cela est nécessaire.
Il releva la tête et lui lança un regard amusé.
- J'imagine, en effet, que travailler et sortir avec Gabriel Agreste doit demander des efforts...
Elle eut un sourire un peu gêné bien qu'amusé.
- Je ne m'étalerai pas sur le sujet mais oui. Rien de ce qui en vaut la peine n'est facile, dit-elle d'un air sibyllin.
Adrien sursauta. Cette maxime, il l'avait dit tant et tant de fois qu'il avait l'impression que ce n'était pas anodin. Il fixa Nathalie comme s'il la voyait pour la première fois.
- Ta mère le disait souvent, expliqua-t-elle avec une expression nostalgique. Elle me manque aussi, tu sais. Nous étions devenues amies et elle m'a laissé une lourde tâche à accomplir : veiller sur vous deux. J'aime à penser que je ne m'en suis pas si mal sortie.
Il lui fit un grand sourire plein de reconnaissance mais n'osa rien dire de plus, encore un peu gêné. Jugeant que la conversation était arrivée à son terme, Nathalie se leva, imitée par Adrien.
- Le dîner sera bientôt servi, je vais aller chercher ton père.
Il acquiesça et prit congé.
- Adrien ?
L'interpellation le surprit. Il se retourna mais elle semblait regretter son geste.
- Oui ? l'encouragea-t-il.
- Si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit, n'hésite pas à venir me voir. D'accord ?
Ses yeux clignèrent à plusieurs reprises, décontenancé par cette soudaine déclaration. Il hocha de la tête sans comprendre d'où ça venait.
Son regard fut accroché par un objet brillant épinglé au col de sa veste.
- C'est joli, c'est un cadeau de mon père ? demanda-t-il pour dissiper la gêne ambiante.
Nathalie sursauta et passa la main sur sa broche colorée. Elle pinça les lèvres.
- Non, un cadeau d'Émilie, rectifia-t-elle en détaillant le bijoux. Le dernier.
Adrien déglutit et la laissa sans un mot.
Cette nuit-là, Adrien hésita beaucoup. Son premier réflexe aurait été de rendre une visite nocturne à Marinette... mais pour lui dire quoi ? La situation était on ne peut plus difficile. Alors il choisit de suivre le plan de base :
Rendre visite à Maître Fu.
Une transformation et quelques quartiers plus tard, il se retrouva devant cette porte couleur acajou. Il se remémorait les moments difficiles qu'ils y avaient vécu et la remontée de la pente qu'ils avaient entamé à deux. Puis la rupture déchirante avec Chloé. Cela s'était produit il y a quelques semaines et pourtant semblait être à des siècles de distance.
La porte s'ouvrit avant qu'il ne frappe, Wayzz l'attendait à l'intérieur.
- Bonsoir Lordbug ! Tu es venu seul ? s'étonna le kwami tortue.
- Bonsoir Wayzz. Oui, je suis venu pour parler de quelque chose de très important.
La créature millénaire ne fit aucun commentaire. Il venait de répondre sans répondre.
- Maître Fu reçoit en ce moment d'autres gardiens. Je vais voir s'il peut te recevoir. Attends ici.
Wayzz s'envola en le laissant dans l'entrée. Le jeune homme fut surpris quand des éclats de voix lui parvinrent du salon. Une voix féminine avec un accent prononcé (italien peut-être) parlait avec colère. Malgré l'impolitesse de la chose, Adrien se rapprocha pour écouter à la porte.
- Je vous laisse deux mois sans surveillance et regarde le résultat ! Tu as la moindre idée des risques qu'ils encourent ? Si le Papillon le découvre, ils sont morts !
- Parce que tu crois que cela change quoi que ce soit ? Tu le sens aussi bien que moi, il a de mauvaises intentions.
- Tu te fais vraiment vieux, Fu, lui lança la voix féminine avec dédain. Tu ne sens pas qu'il est différent maintenant ? C'est la colère qui le guide, et plus seulement le désespoir.
Il y eut un silence suivi d'un long soupir.
- Ta perception a toujours été meilleure que la mienne.
- Toujours aussi charmeur à ce que je vois, dit-elle d'une voix mi-amusée mi-dédaigneuse.
- Pardonnez-moi de vous interrompre, maîtres gardiens. Lordbug demande à être reçu.
- Je te laisse, Fu. Et tu ferais bien de trouver une solution rapidement, je n'ai qu'une seule petite-fille.
Une porte claqua puis le silence revint. Il recula pour ne pas être pris en flagrant délit d'espionnage. Maître Fu ouvrit la porte et l'invita à entrer avec son éternel sourire bienveillant.
- Qu'est-ce qui t'amène à me rendre visite aussi tard et sans Chat Noir, héros ?
Adrien s'assit face au gardien et trouva soudainement le courage qui lui avait manqué depuis Paperman. Comme si c'était ici et maintenant qu'il devait le faire, et pas avant.
- J'ai découvert mon nouveau pouvoir, déclara-t-il sans détour.
Le silence du vieux maître fut ponctué par une lueur de curiosité dans son regard plissé.
- La ligne de mon yoyo possède un halo noir maintenant. Quand il entrave un akumatisé, ce dernier est libéré de l'emprise du Papillon et a encore en mémoire ses échanges avec lui.
Le vieil homme et son kwami étaient abasourdis.
- Est-ce permanent ? demanda Wayzz.
- Non. Cela ne dure que tant qu'il est tenu en respect par mon arme. Quand cela cesse ou que je purifie l'akuma, il perd ses souvenirs.
- Fascinant, commenta Fu en se caressant ses moustaches grises.
- Par ailleurs, la dette d'énergie que Tikki compense par la nourriture retombe sur moi désormais. Et de manière très désagréable, les fins de combat seront délicats à gérer tant que nous n'aurons pas récupéré nos miraculous.
Le gardien prit une expression embarrassée.
- Je crains que leur reforge ne prenne du temps. J'ai déjà sollicité l'aide d'autres gardiens qui mettent tout en œuvre pour m'y aider. Hélas, l'entreprise est difficile.
- Pourquoi ?
Wayzz prit le relais :
- Les miraculous ont été créés par les tous premiers gardiens, il y a des millénaires. Et leur destruction, même accidentelle, n'a jamais été envisagée. Par ailleurs, quasiment aucune trace quant au processus de création ne nous est parvenue. Nous devons nous en tenir à des légendes, des mythes.
- En gros, vous êtes en train de me dire que... ?
- Que cela pourrait prendre des années, si jamais nous y arrivons, conclut Maître Fu d'un ton grave.
Une sombre angoisse s'empara de lui. Il eut soudainement conscience d'à quel point il avait occulté le problème.
- Vous voulez dire... si nous ne mourrons pas lors d'un combat ?
- Ou jusqu'à ce que vos corps ne puissent plus supporter la présence d'une divinité, oui.
Maître Fu était sincèrement désolé. Il n'était pas responsable de la situation mais Adrien ne put s'empêcher de lui en vouloir. C'était supide et facile, en tout cas plus facile que de faire face à son impuissance. Après avoir déjà perdu un fils, les parents de Marinette ...
Adrien releva la tête, frappé par l'urgence. Il n'était pas venu pour se lamenter.
- Maître Fu, j'ai discuté avec Paperman avant de le purifier. Il m'a révélé où il devait livrer les miraculous une fois en sa possession, déclara-t-il d'une voix sans émotion.
- Est-ce pour cela que Chat Noir n'est pas présente ? demanda le gardien avec intuition.
- Oui, reconnut Lordbug.
Ça y est, c'était l'instant de vérité. Combien de fois s'était-il maudit d'avoir fui la réalité, d'avoir voulu cherché une autre explication ? L'heure n'était plus à l'hésitation. Avec ce qu'il venait d'apprendre, il était urgent de mettre un terme aux agissements du Papillon. Tant de vies en dépendaient et la leur plus particulièrement. Plus ils utiliseraient leurs pouvoirs, plus ils risquaient de rompre l'équilibre précaire qui les maintenaient en vie.
Adrien inspira profondément et parla :
- Il m'a dit qu'il devait se rendre à la boulangerie Dupain-Cheng.
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Tantantaaaaaaaaan /0/
Je sens qu'il y en a qui vont criser, ne me remerciez pas ^^
La fin approche, vous la sentez ? *hume l'air*
À tout bientôt <3
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