Chapitre 4 - La course
Ses cheveux noirs avaient suffisamment poussé pour qu'elle se fasse une tresse. Celle-ci lui fouettait les épaules dès qu'elle faisait une rotation rapide sur elle-même. Comme pour ce coup de pied retourné qui fit chuter son adversaire. Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever et le salua avant de reprendre position.
La sueur perlait sur son front et dégoulinait le long de son cuir chevelu. Elle aimait cette chaleur et cette sensation de bien-être qui se diffusait dans tout son corps. Sentir ses muscles bouger, contrôler chacun de ses mouvements à la perfection, appréhender la difficulté puis la dépasser. Se dépasser. Encore et encore.
Elle leva son avant-bras, bloqua et l'enroula autour du bras de son adversaire. Dans un enchaînement fait des dizaines, des centaines de fois, elle fit pression sur l'articulation du coude et le força à s'allonger et demander grâce. Il frappa le tatami, elle le relâcha. Il se releva, ils se saluèrent à nouveau et se remirent en position.
L'enseignant sonna la pause, ils se saluèrent et rejoignirent le bord de terrain pour boire et se rafraîchir. Il faisait encore chaud pour ce début de mois de septembre. Alya et Nino était dans la cour avec les élèves qui se rendaient sur les différents terrains aménagés pour présenter les clubs sportifs.
- Dupain-cheng !
Ce cri entama la sérénité de Marinette qui commençait à sentir la fatigue retomber.
- Alix, que puis-je faire pour toi ? Tu souhaites entrer dans mon club ? lui demanda-t-elle en connaissant d'avance sa réponse.
- Je suis venue te lancer un défi ! Toi, moi, une course de trois tours de la cour du lycée. La plus rapide amène son petit-déj' à l'autre pendant une semaine !
La jeune fille souffla d'agacement.
- Si j'étais fille de poissonniers, quelque chose me dit que l'enjeu ne serait pas des filets de maquereaux. Oublie-moi un peu, Alix, je ne suis pas d'humeur.
- Oh ? C'est peut-être l'enjeu qui ne te motive pas assez, alors ? fit la jeune sportive avec défi.
Marinette l'ignora et commença à faire quelques étirements.
- Que dirais-tu de ça ? Si je perds, ce sera le dernier défi que je te lance pour tout un mois !
La jeune artiste martial s'arrêta et se retourna vers la sportive, l'air intéressé.
- Pour tout le lycée ! renchérit Marinette.
- Trois mois ! contra son adversaire, pas peu fière de l'avoir appâté.
- Deux ans !
- Six mois !
- Un an !
- Vendu ! conclut Alix avec un air triomphal.
Elles se serrèrent la main pour conclure ce pacte, toutes les deux avec un sourire féroce.
Adrien était très heureux d'être parmi ses nouveaux camarades pour présenter le club d'escrime avec leur éminent professeur, Monsieur d'Argencourt. Sans se vanter, il se débrouillait bien. Il s'entraînait avec un camarade plutôt doué, un certain Lionel, lorsqu'il entendit des éclats de voix de l'autre côté de la cour. Ils s'arrêtèrent tous et relevèrent leur casque pour mieux observer ce qu'il se passait.
- Ha ! fit son camarade avec un sourire entendu. C'est Alix qui défie encore Marinette. Et à la course, en plus. Elle doit vraiment aller pas bien, en ce moment.
- De quoi tu parles, Lionel ? demanda Adrien dans l'incompréhension.
- Je connais Alix depuis longtemps, elle aime les défis mais elle a tendance à s'acharner sur Marinette, commença son camarade. Surtout quand elle va mal. Je me suis toujours demandé si ce n'était pas justement pour lui changer les idées. A la manière d'Alix, bien sûr.
Le jeune homme reporta son attention sur les deux jeunes filles placées sur une ligne de départ imaginaire. Au signal donné par Kim, elles s'élancèrent toutes les deux. Marinette devait vraiment être une fille géniale pour avoir autant d'amis qui se préoccupaient autant d'elle. Tandis qu'il suivait des yeux sa silhouette courir à vive allure, il ne pouvait qu'admirer sa force et sa détermination.
Elles venaient de terminer le deuxième tour de la cour du lycée sous les ovations de tous leurs camarades et les siens. Marinette et Alix étaient au coude-à-coude, aucune ne voulait lâcher l'affaire, ni s'avouer vaincue. Elles étaient à la moitié quand Alix dépassa Marinette d'une foulée et demie. Sa victoire était quasiment acquise. Sauf qu'au dernier moment, Marinette prit l'intérieur du dernier virage et la doubla pour dépasser Kim en trombe.
Tout le monde cria de joie pour célébrer la victoire de la lycéenne et la détermination de son adversaire. Essoufflées, ses deux camarades de classe se serrèrent l'avant-bras en signe de respect mutuel. Adrien discerna ses joues rougies par l'effort et l'étincelle victorieuse dans ses yeux brillants. Il était assez évident qu'elle s'était amusée quoi qu'on en dise.
Il reçut un coup dans les côtes qui lui arracha un petit cri. Adrien se massa en jetant un regard interrogateur à Lionel.
- Prends un ticket et fais la queue, Adrien. T'es pas le seul à la convoiter, rigola ce dernier.
- Tu parles... y a de bonnes chances qu'elle me déteste, répliqua-t-il sans pouvoir contrôler le sourire idiot qui lui venait.
Lionel haussa les épaules comme si cela n'était qu'une broutille. Pour le moment, Adrien ne voulait pas trop réfléchir à la plaisanterie de son camarade. A la fin de la session de présentation, il se changea rapidement et sortit pour attendre Marinette, et -enfin- s'expliquer avec elle.
Assis sur les marches du perron, il l'entendit discuter vivement en compagnie d'Alix et Alya. Il se releva pour l'aborder lorsqu'il remarqua une silhouette à quatre pattes sur le trottoir non loin de là. Il eut spontanément envie d'aller aider le vieil homme en difficulté mais il manquerait l'occasion de lui parler. Alors qu'elle était de bonne humeur. Il grimaça, jeta un regard au groupes de filles qui sortaient puis alla porter secours à la personne âgée.
Il ramassa la canne vers laquelle il tendait désespérément la main et l'aida à se relever.
- Merci, mon garçon. C'est très aimable à toi, lui sourit le vieil homme.
- Je vous en prie, monsieur. Vous n'avez rien de cassé ? Vous n'êtes pas blessé ?
- Non, non. Je vais bien grâce à toi, lui répondit-il en époussetant sa chemise hawaïenne à fleurs.
Adrien se retourna pour chercher les filles du regard. Mais il constata avec déception qu'elles n'étaient plus là. Il voulut saluer l'homme qu'il avait secouru mais il avait disparu lui aussi. Il le chercha un moment avant de se rendre à l'évidence qu'il était parti sans demander son reste. Son chauffeur arriva et il monta à l'arrière, perdu dans ses pensées.
Deux silhouettes les avaient observé avec attention.
- Êtes-vous sûr de votre choix, maître ? Le jeune garçon est le candidat idéal mais... elle ? Je sens de la noirceur dans son coeur.
- Certain, Wayzz. Moi aussi, je l'ai senti mais il y a beaucoup de générosité aussi. Ce sera l'occasion pour elle de se relever.
Wayzz n'eut pas besoin d'ajouter "Ou de sombrer". L'un comme l'autre savaient que même le candidat idéal pouvait mal tourner.
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Les choses sérieuses commencent maintenant /0/
Des théories sur la suite ? Je suis curieuse de ce que vous pouvez déjà déduire à partir du peu d'éléments à votre disposition :3
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