Chapitre 34 - Je suis là
C'était une erreur.
C'était une grosse erreur.
Mais c'était certainement la plus belle erreur qu'il commettait de toute sa vie.
L'embrasser.
Il l'avait désiré ardemment au point d'en devenir presque fou.
Ses lèvres étaient d'une somptueuse douceur. Cependant, il n'osa pas approfondir leur baiser comme le lui commandait pourtant sa part irrationnelle, celle qui n'exige que la satisfaction immédiate et se fiche des conséquences.
Lordbug rouvrit les yeux et colla son front contre le sien. Il soupira d'aise.
Non. Il en mourrait d'envie et il sentait qu'elle aussi. Mais il y avait un temps et un lieu pour chaque chose. Et l'hôpital n'était vraiment pas le cadre le plus romantique pour leur premier baiser.
- Comment... ? lui demanda-t-elle en posant sa main droite sur son torse.
Il couvrit sa main de la sienne.
- Je n'en ai pas la moindre idée.
- Je l'ai sentie... la puissance du cataclysme. Je l'ai sentie se relâcher. Tu devrais être mort, gémit-elle.
- Je suis là. Bien vivant.
- J'ai essayé de m'arrêter, j'ai même tenté de l'utiliser sur mon autre main, expliqua-t-elle bouleversée.
- Je sais que tu as fait de ton mieux, et il semblerait que cela ait suffi. Chat Noir m'est décidément indispensable, lui sourit-il avec douceur.
Elle reposa sa tête contre son épaule et le prit dans ses bras, reconnaissante qu'il soit en vie. Elle était tellement soulagée de le savoir sain et sauf. Il était tellement bon d'être dans ses bras, de sentir sa chaleur et son odeur comme si rien d'autre n'importait.
- Je n'ai plus mon miraculous, annonça-t-elle finalement.
Il sentit ses mains se crisper dans son dos en prononçant ces mots.
- Moi non plus.
Marinette s'écarta de lui et l'observa des pieds à la tête. Elle leva une main vers son oreille et constata l'absence de ses bijoux.
- Mais ? Tu es transformé ! répliqua-t-elle sans comprendre.
Lordbug ferma les yeux, l'air de se concentrer. Des étincelles rouges illuminèrent furtivement sa chambre remplie de fleurs. Il était redevenu Adrien. Tikki n'était pas là.
- Je ne comprends pas.
- Moi non plus, fit-il tout bas.
- Mais ! Qu'est-ce qui s'est passé après que j'ai perdu connaissance ? Pourquoi es-tu parti ? lui demanda-t-elle avide de savoir le fin mot de l'histoire.
Il alla refermer la fenêtre pour préserver la chaleur, puis il la rejoignit sur le lit sur son invitation. Adrien tenta de rassembler ses idées, il se sentait épuisé. Rongé par l'inquiétude, il n'avait pas vraiment dormi ces derniers jours. Il passa une main sur ses yeux et essaya de synthétiser ce qu'il savait.
- Après l'explosion, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'étais dans ma chambre, toujours transformé. En reprenant ma forme civile, Tikki n'était pas là et je n'avais plus mon miraculous. Et il y avait ce mot sur ma table de chevet à côté du peigne contenant l'akuma. Je l'ai purifié, ne t'en fais pas.
Joignant le geste à la parole, il sortit une feuille de papier plié de sa poche et la lui tendit. Curieuse, Marinette alluma sa lampe de chevet et déplia le mot.
- C'est une adresse écrite en chinois, conclut-elle en relevant la tête. Tu y es déjà allé ?
Il secoua la tête.
- Non, j'attendais que tu te remettes pour qu'on y aille ensemble.
- Penses-tu que ce soit prudent de s'y rendre ? Cela pourrait être un piège, non ? suggéra la jeune fille.
- Je ne sais pas, avoua-t-il. Mais la personne qui m'a laissé ce mot m'a ramené chez moi. Elle sait qui je suis et que je peux comprendre le chinois, peut-être qu'elle sait pour toi aussi. Si elle nous avait voulu du mal, je pense qu'on en aurait déjà entendu parler.
Marinette replia le mot et le lui rendit. En le rangeant dans sa poche, Adrien se réjouit quand elle lui prit sa main libre. Il la regarda amoureusement, souhaitant que ce moment de complicité dure le plus longtemps possible.
- On a besoin de réponses, continua-t-il avec gravité. Je peux me transformer et je pense que toi aussi, mais cela m'inquiète de ce que sont devenus nos kwamis.
Elle soupira et s'allongea dans le lit, la fatigue venait réclamer son dû.
- D'accord. Je dois sortir demain de toute façon. Ma mère avait insisté pour que je reste le plus longtemps possible à l'hôpital mais je n'ai rien qui le justifie. J'ai même l'air de cicatriser assez rapidement, commenta-t-elle en bâillant.
Il lui caressa les cheveux en lui souriant.
- Je vais te laisser, tu es fatiguée.
Adrien se pencha vers elle puis changea d'avis pour embrasser son front. Elle eut l'air déçu mais ne fit pas de commentaire.
- Tu ne veux pas savoir ce qui m'est arrivée ? lui demanda-t-elle en rabattant la couverture sur elle.
- Si. Mais cela peut attendre un peu, lui assura-t-il en se transformant sous ses yeux. Dors bien.
Avant qu'il ne sorte par la fenêtre, elle l'interpela.
- Est-ce que tu l'as vue ?
Il se tourna vers elle et eut l'air d'hésiter.
- Oui.
Marinette sembla vouloir lui poser d'autres questions mais elle n'en fit rien.
- Bonne nuit, Milord.
- Bonne nuit, Kitty.
- Tu vas aller la voir ou pas ? lui demanda Nino en fixant l'écran de télévision où il jouait à Ultimate Mecha Strike 4.
- Je dois te rappeler que sa mère lui a interdit de me voir ? dit-il avec amertume.
- Bah, étant donné qu'elle croit que Marinette ne s'intéresse pas aux mecs... il est logique de penser que tu serais à nouveau le bienvenu, suggéra son ami en finissant sa mission. Je n'aurais jamais cru dire ça, mais t'avais raison, mec ! Le mode histoire est vraiment super !
Adrien prit un air très satisfait, très vite remplacé par un autre air plus contemplatif. Puis il réalisa tout à coup quelque chose.
- Eh, Nino ?
- Hm ?
- "Elle croit que Marinette ne s'intéresse pas aux mecs" ?
Le garçon mit le jeu sur pause et posa la manette sur son bureau. Ils étaient calés dans la chambre de ce dernier.
- Je sais pour elle et toi. Dans les grands lignes, précisa ce dernier.
- Oh.
Nino eut son éternel sourire qui disait que tout allait bien.
- Vous êtes assez transparents, cela ne m'étonne pas que Chloé ait pété un câble. Non que j'approuve sa réaction, hein !
- Tu crois qu'on a mal agi ?
C'était sa plus grande peur.
- Non, lui répondit aussitôt son meilleur ami. Aimer quelqu'un n'est jamais mal. Vous avez fait au mieux. Je ne sais pas comment vous allez régler cette histoire mais je vous souhaite le meilleur.
La sonnette d'entrée résonna dans l'appartement. Le père de Nino frappa à sa porte et entra sur son invitation.
- Fiston, une camarade de classe est là. Elle a dit vouloir parler à Adrien.
Les deux amis se regardèrent avec interrogation. Ce n'était pas Alya, elle serait déjà dans la chambre. Ce n'était pas Marinette, elle aurait fait de même. Ce ne serait pas... ?
- Ah ? Qui ça ? demanda Nino avec curiosité.
- Elle a dit s'appeler Sabrina.
- Sabrina ?! s'exclama Adrien, abasourdi.
- Je lui dis de repartir ? proposa aimablement M. Lahiffe.
- Attendez, je...
Le jeune Agreste se leva et consulta Nino du regard.
- Je vais lui parler, sur le palier. Pour ne pas vous déranger.
Le père de son meilleur ami acquiesça et repartit vaquer à ses occupations. Adrien traversa le séjour et ouvrit la porte d'entrée. Sabrina était assise sur les marches de la cage d'escalier, en proie à une grande agitation. Lorsqu'elle l'aperçut, elle se leva en bondissant littéralement.
- Adrien ! Merci d'accepter de me voir !
- Je t'en prie. Que puis-je pour toi ?
La rousse sembla redoubler de nervosité. Elle jouait nerveusement avec les boutons de son manteau, les enlevant et les remettant sans arrêt. Ses lèvres bougeaient comme si elle parlait à voix basse mais aucun son ne les franchissait. Adrien crut perdre patience.
- Il faut que tu restes loin de Marinette et de Chloé ! lâcha-t-elle d'un coup.
Son interlocuteur écarquilla les yeux et eut du mal à maîtriser son ressentiment. Elle dut s'en rendre compte car elle recula d'un pas ou deux.
- Après ce que tu leur as fait, ce serait à moi de me tenir éloigné d'elles ? J'ose espérer que c'est une plaisanterie ! répliqua-t-il d'une voix où perçait la colère.
- Ce n'est pas moi qui ait provoqué sa jalousie l'ayant mené à être akumatisée ! lui répliqua Sabrina sur le même ton.
Adrien grinça des dents.
- Non, en effet. C'est de sa propre responsabilité si elle ne fait pas confiance à Marinette et c'est le Papillon qui l'a transformée. Pas moi !
La jeune fille le regardait d'un air hautain derrière ses lunettes rondes.
- Si ça peut te rassurer d'y croire...
- Et toi ? Pourquoi tu te soucies d'elles puisque tu as voulu les détruire ?
Son self-control était mis à rude épreuve, autant changer d'angle d'attaque. Cela fonctionna puisqu'elle changea du tout au tout d'expression. La jeune Raincomprix se prit le bras et fixa ses chaussures.
- Je ne voulais pas... je voulais juste qu'elle ne m'oublie pas, dit-elle piteusement. Je pensais... je pensais que Chloé et moi...
Des larmes silencieuses roulèrent sur sa joue. Soudain, Adrien comprit et se dit que l'univers avait un très mauvais sens de la mise en scène. Sa colère s'évapora aussitôt, remplacée par la compassion.
- Tu veux que je reste éloigné d'elles parce que sinon Chloé sera malheureuse. Et c'est ça, que tu ne veux pas. N'est-ce pas, Sabrina ?
Cette dernière hocha la tête sans la relever et s'essuya la joue d'un revers de main. Il soupira et lui tendit un mouchoir qu'elle accepta.
- Je ne peux pas faire une telle promesse, lui dit-il enfin. Elles restent mes amies, quels que soient les liens qui nous unissent.
Sabrina se moucha en le regardant timidement, semblant comprendre ce qu'il voulait dire.
- Tu crois... qu'elle me pardonnera ? lui demanda-t-elle, la voix enrouée.
- Je ne sais pas. Chloé a un caractère très entier, tu le sais mieux que tout le monde. Mais si tu n'essaies pas, tu ne le sauras jamais, lui dit-il en haussant les épaules.
Elle acquiesça à nouveau en silence puis elle s'en alla en le remerciant pour son attention.
- Qu'est-ce qu'elle te voulait ? lui demanda Nino quand il revint dans sa chambre.
- Je n'en suis pas certain moi-même. Peut-être du soutien de la part de la seule autre personne qui la comprend vraiment ?
Son meilleur ami haussa ostensiblement les deux sourcils pour exprimer sa perplexité.
- Ah-ha, fit-il après avoir résolu l'équation. Cela explique beaucoup de choses. J'aurais dû m'en douter après tout, rigola-t-il en reprenant sa manette.
- Pourquoi ça ? s'étonna Adrien, intrigué.
- Tu sais quel est le sentiment opposé à l'amour ?
- Euh... la haine ?
Nino eut un sourire sibyllin.
- On fait souvent cette erreur. Non, le sentiment opposé à l'amour est l'indifférence, mec. L'amour et la haine sont les deux faces d'une même médaille. Dans les deux cas, notre attention est focalisée sur une personne. L'indifférence, c'est pire que tout quand tu y réfléchis bien. Tu n'existes même pas aux yeux de l'autre. Certains préfèrent même être haïs qu'ignorés, conclut-il en terminant son niveau.
- Je ne l'avais jamais envisagé comme ça.
Nino lui sourit en lui tendant une autre manette.
- Allez, assez philosophé. Il faut que je t'éclate proprement !
- Rêve toujours ! lui répliqua Adrien.
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Petit chapitre de transition.
Mais qui est cet inconnu qui a sauvé la mise à Lordbug ? Qu'est-il arrivé aux kwamis et aux miraculous ?
Vous le saurez dans les prochains chapitres de Mixed Up /o/
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