Chapitre 32 - Cat-astrophe

Lordbug n'était pas dans son état habituel. La fille qu'il aimait était en danger et sa façon de se battre s'en ressentait. D'ordinaire, il tentait de déséquilibrer ou d'entraver son adversaire. Pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, il visait la tête et les membres dans le but délibéré d'infliger de la souffrance. Marinette assistait, impuissante, à ce spectacle horrifiant. Malgré sa nouvelle combativité, le héros ne touchait pas sa cible. Son immense chevelure lui servait aussi bien d'arme que de défense impénétrable.

La rage du héros se calma quand il réalisa que les attaques de front étaient inefficaces. Il fallait trouver un moyen de libérer Marinette mais Meduzhair ne la lâchait pas. Elle avait assez de cheveux pour la garder prisonnière et se défendre, voire l'attaquer. C'était à se tirer les cheveux... Chat Noir déteignait vraiment sur lui.

- LUCKY CHARM !

Les trois personnes en présence fixèrent avec étonnement l'objet qui retomba dans les mains de Lordbug.

- Une bouteille de soda, vraiment ?! s'exclama-t-il en plongeant sous des bancs.

Il évita de justesse de se faire attraper. Un courant d'air lui frôla les cheveux et arracha le banc boulonné au sol. Il se releva et courut se mettre à l'abri derrière des distributeurs automatiques. Son regard fut attiré par des bonbons qui clignotèrent en rouge pendant l'analyse de son environnement. Il récupéra un rouleau de bonbons à la menthe et regarda les deux objets en sa possession.

Un sourire sournois étira ses lèvres.

Meduzhair réduisait en miettes tous les éléments de décor sur son chemin. Bancs, poubelles, distributeurs automatiques, éclairage, piliers etc. Une bouteille roula à ses pieds. Cela n'aurait pas retenu son attention en temps normal mais celle-ci était rouge à pois noirs. Elle l'observa, méfiante. Sans crier gare, la bouteille explosa en l'éclaboussant d'une mousse abondante. L'akumatisée dérapa sur la flaque de liquide et perdit l'équilibre.

Perdant sa concentration, elle relâcha sa prise sur Marinette qui en profita pour prendre le large.

- Mari ! cria Meduzhair en tendant le bras dans sa direction.

Elle se retourna vivement vers Lordbug et le frappa avec des mèches de cheveux roulées en boule pour faire plus de dégâts. La servante du Papillon dut se résoudre à abandonner l'idée de poursuivre sa captive en fuite. Le héros ne lui laisserait pas l'occasion de lui tourner le dos sans en profiter. Tant pis ! Elle jeta toutes ses forces dans la bataille, dans le seul but de lui arracher son miraculous.

Le protecteur de Paris se rendit vite compte qu'avec les "mains" libres, son adversaire était encore plus dangereux. Impitoyable, même. Elle ravagea le hall trois et quatre avant que Chat Noir n'arrive.

- Oh-ho ! Quelqu'un a besoin d'une petite coupe ? lança-t-elle en parant le lancer d'un pot de fleur avec son bâton.

- Tu peux la retenir le temps que je recharge ? lui demanda-t-il en esquivant.

- Tout ce que tu veux, Milord ! Allez file !

Il s'éloigna aussi vite que possible et trouva refuge dans une boulangerie-pâtisserie. Dans la précipitation, il n'avait rien emporté avec lui. Adrien eut à peine le temps de passer derrière le comptoir qu'il se détransforma. Tikki s'effondra presque dans ses mains quand il lui tendit des cookies.

- Je fais au plus vite, Adrien... dit-elle faiblement en mastiquant.

Les bruits des combats ponctuaient le repas du kwami de la coccinelle. Le jeune homme rongeait son frein en espérant que sa partenaire s'en sortait sans trop de mal. Au bout d'une interminable attente, la divinité lui fit savoir qu'ils étaient prêts pour le second round.

- Tikki, transforme-moi !

Encore une fois, la magie le transformait d'adolescent ordinaire en héros habité d'une puissance magique insoupçonnée. Il bondit et se dirigea vers le hall numéro cinq. Elles n'avaient pas chômé, se dit-il en passant devant le champ de ruines qu'était devenu le hall quatre. Chat Noir devait vraiment se surpasser niveau jeux de mots et provocations.


- Et moi qui pensais que les plans de Milord étaient capilo-tractés ! lança cette dernière en faisant une pirouette qu'un squelette ordinaire ne pourrait pas faire.

En tout cas, pas sans conséquences malheureuses.

Lordbug rejoignit sa partenaire derrière un comptoir d'embarquement et fit rapidement le point avec elle.

- Tu as repéré l'artefact ?

- Non. Malheureusement, je crois qu'il est caché par ses cheveux, fit-elle en se réfugiant derrière un pilier.

Le héros tentait d'évaluer la situation. Ils étaient deux contre un, mais leur adversaire n'était plus entravé par la protection de sa prisonnière.

- OU EST MARINETTE ?! hurla-t-elle en démolissant les comptoirs.

Des éclats de bois volèrent dans tous les sens.

- PAS TRÈS LOIN ! lui répondit Chat Noir les mains en entonnoir.

- OU ?! répéta-t-elle en détruisant le pilier.

- DANS TON CUL !

Lordbug écarquilla les yeux en changeant de refuge. Elle n'était pas grossière d'ordinaire. Bon, la situation était particulière aussi. L'héroïne passa par un portique de sécurité qui se mit à sonner frénétiquement. Avant d'être réduit en paillettes de plastique par l'akumatisée. Elle sautait et bondissait dans sa course d'obstacles pour laisser le temps à son partenaire de trouver un plan.

Ce dernier hésitait à refaire usage de son pouvoir si vite mais morts, cela ne lui servirait à rien de l'avoir économisé. Le nouvel objet était pour le moins... proportionné de manière inhabituelle. Il siffla quelques notes, un signal qu'il avait mis au point avec Chat Noir. Celle-ci déboula de nulle part pour écouter ce qu'il avait à dire, haletante de l'effort physique intense auquel le combat la soumettait. Meduzhair serait là dans quelques secondes.

- Tu vois la voûte là-bas ? La structure est déjà affaiblie par la destruction d'un des piliers.

Chat Noir le regarda avec un air épouvanté.

- Tu n'y penses pas ? Cela pourrait la tuer !

- Tu me fais confiance ? lui demanda-t-il.

Elle pinça les lèvres jusqu'à presque les faire disparaître en une mince ligne puis elle hocha de la tête. Il compta jusqu'à trois et ils quittèrent leur abri pour mettre en œuvre le plan démentiel de Lordbug. Chat Noir, comme d'habitude, attira l'akumatisé jusqu'à l'endroit indiqué par son partenaire.

- CATACLYSME !

Sa main se chargea du pouvoir de la destruction tandis qu'elle bondissait vers le dernier pilier intact de la zone. La prenant en tenaille, Lordbug bondissait à ce moment-là avec une fourchette géante pour neutraliser sa chevelure. Malheureusement pour elle, Meduzhair avait anticipé son action. Elle saisit Lordbug par le bras et le projeta vers le pilier.

Sur sa trajectoire.

Il était trop tard pour s'arrêter ou même dévier ne serait-ce qu'un peu.

Elle voulut crier mais même pour ça, il était trop tard.

Lordbug croisa son regard paniqué au moment où sa main le touchait.

- Ma...


Il ne put terminer sa phrase.

Le silence.

Puis une immense explosion souffla le hall.

Des flashs lumineux blancs et noirs aveuglèrent les services de l'ordre et les secours attendant la fin de la bataille pour intervenir.

Le pilier qui devait servir le plan des héros fut détruit, le toit s'effondra dans un fracas assourdissant.

Le hall cinq n'était plus qu'un tas de gravats.

Les minutes passèrent et le silence retomba.

Mais nulle trace des héros, ni de l'akumatisé.

L'officier Roger aurait tout donné pour voir Chat Noir débarquer en faisant des cabrioles.

Mais rien.

Rien qu'un silence aussi assourdissant que le bruit qui l'avait précédé.

- Qu'est-ce qu'on fait, chef ? lui demanda timidement un agent au bout d'un moment.

Le protocole voulait qu'on attende le retour des protecteurs avant d'investir les lieux. Ce qui l'angoissait particulièrement, c'était que la magie de Lordbug ne s'était pas déclenchée. Il se mit à craindre le pire.

- Deux agents avec moi. Formez des groupes de trois et quadrillez la zone. Restez à portée de voix et soyez prudents ! Que quelqu'un appelle des pompiers en renfort et vite !

Il prit la direction du hall cinq et pria pour qu'ils soient sains et saufs. Évoluer dans les décombres se révéla plus ardu que prévu. Impossible de savoir si la dalle les soutenant avait résisté à l'effondrement ou non. C'était trop dangereux. Bien vite, ils durent renoncer à avancer et durent attendre les renforts.

Par un "heureux" hasard, une brigade d'intervention spécialisée dans les catastrophes type tremblement de terre était de passage pour en former d'autres. Les apprentis eurent l'occasion de mettre en application leur savoir fraîchement acquis. Cela requérait un travail de fourmis et de patience.

Le temps passait et l'officier Roger en était réduit à mâchonner sa casquette pour occuper ses nerfs. Il se souvenait du jour de leur apparition, il les avait dénigré en disant que personne n'avait besoin d'eux. Il se sentit affreusement coupable d'avoir eu des paroles aussi insensées. Bien sûr qu'ils avaient besoin d'eux et de leur force. Même les dix meilleurs de ses agents ne pouvaient faire face à un akumatisé et espérer en ressortir indemnes.

C'était décidé. Si jamais il les retrouvait, il s'excuserait en bonne et due forme. Pourquoi ne l'avait-il pas fait d'ailleurs ? Par fierté, très certainement. Il s'était senti tellement impuissant ce jour-là, et envieux. C'était son devoir d'agent de police de protéger la paix de ses concitoyens, et voilà qu'il s'était retrouvé désarmé devant une nouvelle menace qui le dépassait. Ils avaient débarqué de nulle part et avait réglé la situation en un tour de main. Ce qu'il était censé faire lui-même.

Si on les retrouvait, il ferait des pieds et des mains pour qu'on érige une statue à leur effigie ! Ils ne méritaient rien de moins que ça pour risquer leur vie tous les jours. Le père de Sabrina se réconfortait comme il pouvait, mais le temps passant... il dut envisager que ces statues orneraient peut-être bien leur tombeau commémoratif.

Il se gifla avant de visser sa casquette mâchonnée sur la tête.

Non, il fallait qu'il aient survécu. Il le fallait.

Ils avaient encore besoin d'eux.

Il. Avait encore besoin d'eux.


Le silence.

La douleur.

Son univers n'était plus que souffrance.

Respirer.

Tousser.

Inspirer.

Les poumons qui brûlent.

S'étrangler en avalant sa salive mêlée de poussière de béton.

Tenter de bouger.

Ouvrir les yeux.

L'obscurité.

Cligner des yeux.

Faire la mise au point.

Il faisait vraisemblablement nuit.

Où était-elle ?

Ah oui. L'aéroport d'Orly. Plus jamais. Plus jamais, elle ne s'approchera d'un aéroport de toute sa vie. Elle jurait de ne jamais quitter le plancher de vaches. JA-MAIS !

Chat Noir reprenait peu à peu ses esprits. Jusqu'à ce qu'elle se souvienne de la dernière chose qu'elle ait vu avant l'explosion. Sans se soucier de sa dignité ou de qui pouvait l'entendre, elle lâcha un long cri de souffrance mêlé de désespoir. Secouée de sanglots, elle n'osait regarder sa main droite. La main meurtrière.

Lordbug. Adrien. Par ses ancêtres, elle l'avait tué. Elle l'avait tué de sa propre main. C'était un cauchemar, elle allait se réveiller. Ce n'était pas possible. Pas possible ! Malheureusement pour elle, les blocs de bétons qui l'écrasaient lui confirmaient qu'elle était bien éveillée. L'héroïne voulut juste rester là et se laisser mourir. Plus rien n'avait d'importance.

Elle avait tout perdu.

Chloé.

Adrien.

Et c'était sa faute.

Elle n'avait pas eu le courage de parler.

De dire la vérité.

Elle se frotta un œil avec une main blanche de poussière.

Non, attendez une minute... ce n'était pas de la poussière.

Chat Noir se redressa autant que possible et leva sa main gauche.

Elle rayonnait d'une lueur blanche éblouissante. C'était familier et en même temps nouveau. Elle réussit à mettre le doigt sur ce que cela lui évoquait.

C'était l'exact réplique du Cataclysme, en négatif peut-être ?

Mais qu'est-ce que... ?

Plus loin, des gravats tremblèrent puis volèrent dans tous les sens. Une masse de cheveux blonds formant une sphère parfaite se dégagea des décombres. Meduzhair en sortit avec grâce, indifférente au chaos ambiant.

- Toujours vivante, Chat Noir ? On ne peut en dire autant de Lordbug. Le pauvre chou, assassiné par son chat de gouttière de moitié ! lui lança-t-elle, méprisante.

Ses cheveux attrapèrent son bras droit sans qu'elle ne puisse rien y faire. L'héroïne paniqua rien que de penser à la suite. Des larmes de frustrations coulaient sur ses joues. Pas comme ça.

- Je prends quand même ton miraculous ! Les veuves ne portent plus leur alliance ! se moqua Meduzhair en tendant la main vers son annulaire.

Elle lutta mais les cheveux resserrèrent leur prise, manquant de lui casser l'articulation du coude.

- Quoi ?! Où est-il ?

Hein ?

- Où est la bague du Chat Noir ?! Tu es toujours transformée ! lui hurla-t-elle dessus.

Sans prendre la peine de réfléchir, elle plaqua sa main gauche sur son visage. En sentant la puissance se diffuser en même temps que la lumière s'intensifiait, Marinette implora le pardon de son kwami.

Elle venait de rompre sa promesse.

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Woh. Ce fut intense. Je sais pas pour vous, mais je suis vidée là.

Il faudra attendre pour la suite. Ne m'en voulez pas :3

Des bisous /o/


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