Chapitre 29 - Un début de solution ?
Janvier passa tranquillement. Enfin, aussi tranquillement qu'on pouvait s'y attendre entre cours, attaques d'akuma, vie sociale et préoccupations diverses.
Notamment comment supporter avec flegme le bonheur affiché de la fille de ses rêves avec une autre que soi. Ou comment sauvegarder les apparences pour préserver son partenariat avec cette dernière qui est également Chat Noir.
Adrien faisait du scrolling sur son ordinateur. Comme prévu, la supposée romance entre Lordbug et Chat Noir éclipsa celle bien réelle de Chloé et Marinette. D'un côté, il était content d'avoir détourné l'attention des paparazzi. Mais de l'autre, les photos du Bal du Nouvel An inondaient internet et semblaient le narguer.
Inutile de dire que le couteau dans sa plaie eut largement l'occasion d'être retourné un certain nombre de fois avant que Tikki n'éteigne son écran.
- Tu te fais du mal pour rien, Adrien, lui dit-elle avec sollicitude.
- C'est étrangement la seule chose qui me fait sentir vivant en ce moment, ironisa-t-il le menton dans la main.
- Tu pourrais peut-être faire quelque chose pour son anniversaire, non ?
Il releva la tête, étonné.
- Son anniversaire ?
- Oui, Alya demandait à Marinette si elle allait fêter son anniversaire le 14 février ou le jour d'après. Tu ne l'as pas entendu ?
Le jeune Agreste dut reconnaître que non, il ne l'écoutait pas. Ces derniers temps, il était trop occupé à être rongé de jalousie pour avoir les idées claires. Voilà, il le reconnaissait. Il était vert de jalousie et il se haïssait pour ça. Chloé et Marinette avaient tous les droits d'être heureuses après tout ce qu'elles ont traversés.
- Non. J'avais la tête ailleurs, dit-il à voix basse.
- Hm-hm. Et donc ? Tu vas lui offrir un cadeau ?
- D'anniversaire ou de St Valentin ? lança-t-il acerbe. Bah ! Le cadeau romantique est hors de question de toute façon.
- Rien ne t'empêche !
Le jeune homme se tourna vers son kwami et plissa des yeux en la regardant avec méfiance.
- Tikki ? Depuis quand tu pousses les gens à faire des choses socialement répréhensibles ?
- Depuis que cela peut les rendre heureux, lui répondit la divinité rouge en lui souriant.
- Ça va me rendre heureux de me languir inutilement après Marinette ? répliqua-t-il avec humeur.
- Non. Rendre heureuse la personne que tu aimes te rendra heureux.
Il soupira. Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. Mais déjà, il réfléchissait au cadeau qu'il pourrait lui faire. Lui acheter quelque chose semblait un peu facile. Adrien voulait marquer le coup. Mais n'étant pas très dégourdi, lui fabriquer quelque chose se révélerait au contraire difficile.
De dépit, il se leva en quête de nourriture pour compenser son état de déprime. Il était perdu dans ses pensées quand il entendit du bruit dans la bibliothèque. Curieux, il s'approcha doucement de l'encadrement de la porte et risqua un coup d'œil. Le jeune espion retint une exclamation de surprise. Puis aussi discrètement que possible, il prit la direction des cuisines.
- Eh bien, il y en a au un moins qui est heureux en amour dans cette maison, marmonna-t-il à la fois amusé et chagriné.
Marinette regardait les tickets d'avion dans ses mains. Elle se répétait qu'elle devrait se sentir heureuse mais elle ne l'était pas.
- Alors ? lui demanda Chloé avec des étoiles dans les yeux.
- Eh bien, je ne suis jamais allée à St-Tropez, avoua-t-elle mal à l'aise.
- Parfait ! Ce sera une super occasion pour ton anniversaire et notre St-Valentin !
L'enthousiasme de Chloé était à la mesure de l'embarras de sa copine. La fille du maire le remarqua et s'inquiéta.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as peur que ta mère s'y oppose ?
- Oh ! Euh, non. Tant qu'on est pas sous ses yeux, elle devrait pouvoir y survivre. Non, c'est juste que... ça me met mal à l'aise, avoua-t-elle en craignant sa réaction.
- Hein ?
La jeune Dupain-Cheng s'assit dans un fauteuil en cuir capitonné et prit le temps de rassembler ses pensées. C'était le weekend et elles avaient passé la journée ensemble. Promenade, cinéma, arrêt chez un crêpier. Très romantique.
Mais bien qu'elle soit heureuse avec Chloé, Marinette sentait grandir en elle un vide que rien ne semblait pouvoir combler. Une sensation de manque l'accompagnait à toute heure de la journée et de la nuit. Et si elle devait continuer sur ses bonnes résolutions de ne pas se voiler la face sur ce qu'elle ressentait...
Force était de constater que deux yeux verts en particulier apaisaient ce manque.
Elle avait l'impression de lui mentir et de la trahir parce qu'elle ne lui était pas entièrement dévouée et qu'elle soupirait après un autre. Mais dans le même temps, il lui était inenvisageable de rompre avec elle. Elle l'aimait. Cela lui était aussi évident que le jour succédant à la nuit. Chaque fois qu'elle l'entendait rire, chaque fois qu'elle l'embrassait, chaque fois que le désir l'enflammait.
Elle l'aimait.
Mais qu'est-ce qu'elle pouvait faire ? Mis à part devenir folle, bien sûr.
- C'est beaucoup d'argent, répondit-elle piteusement.
Elle avait besoin de parler à quelqu'un. Alya. Alya était son seul espoir. Elle était partiale juste ce qu'il fallait et toujours de bon conseil.
- Ne t'embarrasse pas pour ça ! L'argent, c'est fait pour être dépensé ! Et si je ne peux l'utiliser pour faire plaisir aux personnes qui me sont chères... à quoi pourrait-il me servir ? lui demanda la jeune Bourgeois en haussant des épaules.
La jeune fille lui sourit et hocha de la tête.
- Faut encore que je demande la permission à mes parents, la prévint néanmoins cette dernière.
Chloé lui sauta au cou et l'embrassa avec passion. Très vite, Marinette sentit la chaleur habituelle qui précédait leurs étreintes enfiévrées. Dans un dernier instant de lucidité, elle se fit la réflexion qu'elle était la seule à se mettre dans une situation pareille.
Le lendemain, Alya l'invita à passer l'après-midi chez elle. Très curieuse, cette dernière ne s'attendait pas à recevoir ce message d'appel à l'aide de Marinette. Bien que cela la peinait de le reconnaître, les deux jeunes filles s'étaient éloignées avec le temps. Pas de beaucoup mais assez pour qu'il y ait un malaise quand elles se retrouvaient seules.
Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle.
- Alors ? Ta mère est toujours aussi charmante ? lança la jeune Césaire mal assurée.
- Oh bah oui. Pourquoi voudrais-tu qu'elle change ? lui répondit Marinette sur le même ton.
Nouveau silence.
Elles s'étaient posées dans sa chambre. Sa mère était au travail et ses deux petites sœurs étaient chez leur père et ne rentreraient que plus tard dans la soirée. Elles étaient tranquilles pour parler autant qu'elles le voulaient. Mais sans encouragement, les deux amies passeraient l'après-midi à se regarder en chien de faïence.
- Et donc ? tenta Alya.
Prise de tics nerveux, Marinette se leva et marcha de long en large et en travers dans sa chambre. Son regard s'attarda sur des figurines articulées de Lordbug et Chat Noir mais elle continua son rituel en se frottant les mains avec anxiété. Alya appréhenda la suite. Quand elle faisait ça, cela voulait dire qu'elle allait lâcher un gros morceau.
- J'aime Adrien, dit-elle avec raideur comme si elle crachait quelque chose.
Un très gros morceau.
Alya écarquilla les yeux et inspira pour parler mais referma la bouche. Au bout d'un moment, elle l'ouvrit :
- D'accord.
Son amie haussa les sourcils, semblant attendre un peu plus que la confirmation que l'information était arrivée au cerveau.
- Mais pourquoi ? lui demanda-t-elle, abasourdie. Enfin, je veux dire... depuis quand ?
La jeune Dupain-Cheng souffla et se laissa tomber dans la poire.
- Je ne sais pas. C'était progressif, j'imagine. Je l'ai réalisé le mois dernier.
Le cerveau de la future journaliste carburait à toute allure. Elle recoupait des éléments anodins a priori mais qui prenaient sens maintenant qu'elle avait la clé de voûte.
- Et il le sait.
Ce n'était pas une question.
- Oui. On se l'est dit, lui confirma Marinette, un bras sur les yeux.
- Mais et Chloé ?
Elle se releva sur les coudes et fixa son amie de ses yeux bleus. Alya y vit distinctement de la douleur.
- Chloé ne le sait pas. Je l'aime et je ne veux pas la quitter, affirma-t-elle d'un ton un peu sec.
- Ok, ok ! Je ne faisais que poser une question. Je n'étais pas au courant de ta vie amoureuse jusqu'à dernièrement, je te rappelle.
Ses paroles avaient été plus amères qu'elle ne voulait le laisser paraître. Cela n'échappa pas à Marinette qui prit une expression peinée.
- Désolée, j'ai du mal à parler de moi. Je fais des efforts.
- Je sais, et c'est cool. Mais si tu aimes Chloé et Adrien, et que tu ne veux pas quitter la première pour le second... Qu'est-ce que tu veux ?
La jeune fille se mordit la lèvre inférieure puis se prit la tête entre les mains. Alya compatissait au tourment de son amie.
- Je voudrais pouvoir les aimer tous les deux, sans avoir à culpabiliser ou à mentir à qui que ce soit. Mais ce n'est pas possible ! gémit-elle.
- Ben si, c'est possible, la détrompa Alya amusée.
Marinette releva la tête, les yeux embués de larmes.
- Tu pourrais avoir une relation avec Chloé et avec Adrien, sans qu'ils ne soient forcément en relation. En polyamour, on appelle ça une relation "pivot", expliqua sa meilleure amie.
- D'où tu sais ça, toi ?
La jeune fille remit ses lunettes en place avec un sourire suffisant.
- Les voies d'internet et de wikipédia t'amènent dans des endroits insoupçonnés, dit-elle avec philosophie.
- O-k. Sur le papier, ça a l'air cool mais je doute que ce soit applicable dans mon cas.
- Pourquoi ça ?
- Faudrait que tout le monde soit d'accord, j'imagine ? Il doit y avoir des règles de conduite, non ?
Alya chercha un peu dans sa mémoire puis acquiesça.
- En fait, il n'y a pas de loi absolue. J'ai surtout retenu que c'était dépendant de l'entente des personnes entre elles. Personne ne doit être laissé sur la touche, c'est surtout ça qui compte.
Marinette souffla, c'était trop beau pour être vrai. Mais elle ne se faisait pas d'illusions sur la probabilité de sa réalisation. Elle-même n'était pas certaine que cela lui conviendrait non plus.
- Je me demande pourquoi je m'emmerde à chercher des solutions, soupira-t-elle, défaitiste. De toute façon, Chloé n'acceptera jamais.
- Pourquoi ça ? lui demanda Alya en anticipant un peu sa réponse.
- Parce qu'elle est un poil possessive et jalouse ? Tu te souviens de la sortie ciné d'il y a un mois ?
- Pas vraiment, non. Enfin si, je me souviens que tu l'as pris à part pour lui parler. Mais sinon...
La jeune fille souffla et se frotta la tempe.
- Elle se mettait systématiquement entre Adrien et moi. Et ça a continué les sorties suivantes. Tu n'as rien remarqué ?
Après un instant de réflexion, Alya dut se rendre à l'évidence.
- Chloé n'est pas stupide. Si elle agit ainsi, c'est qu'elle se sent menacée même si rien ne se passe entre vous deux.
- Qu'est-ce que je suis censée faire alors ?
- Parler à Chloé à cœur ouvert, lui conseilla Alya. Si tu lui expliques simplement les choses, en la rassurant. Peut-être que l'issue sera heureuse, peut-être pas. Mais au moins, tu sauras à quoi t'en tenir. Tu n'arriveras qu'à être malheureuse en laissant les choses telles quelles.
Marinette hocha de la tête, mais elle savait pertinemment qu'elle n'aurait pas le courage de lui faire face prochainement.
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Vous la sentez venir la shitstorm ? *rire diabolique*
A bientôt pour la suite /o/
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