Chapitre 25 - Complices
Limonade en vue ^^
Les jours suivants, Marinette et Adrien s'évitèrent autant que possible.
Suite à la migration de Chloé et à l'exclusion de Sabrina, il s'installa au premier rang. Ils étaient dans un état de nervosité qui ne pouvaient être entièrement imputé aux derniers contrôles et exposés du semestre. Leur identité secrète envolée, ils se sentaient exposés au regard et au jugement de l'autre.
Marinette est Chat Noir.
Il avait encore du mal à réaliser que la fille qu'il aimait était également l'héroïne en combinaison noire et à l'humour dévastateur. C'est atterré qu'il réalisa avoir reçu avec un certain dédain son flirt, qui se révélait -à sa plus grande surprise- tout ce qu'il y a de plus sérieux. Le jeune Agreste massa ses yeux fatigués et jeta un coup d'œil à Chloé par-dessus son épaule. Jamais il n'aurait cru pouvoir autant l'envier et être heureux pour elle dans le même temps.
Il était heureux que ses sentiments soient finalement réciproques mais souffraient de ne pouvoir les concrétiser. Chaque fois que son regard se posait sur Marinette, il sentait son cœur lui faire mal en même temps qu'une agréable chaleur en irradier. C'était une sensation qu'il qualifiait volontiers de doux-amer. Et c'était étrangement addictif.
En repensant à leur dernière discussion, il réalisa à quel point Tikki avait raison : les élus du Chat Noir sont brisés. Il en conçut un immense chagrin.
Adrien est Lordbug.
Adrien est Lordbug.
Adrien est Lordbug.
Elle répétait cette phrase mentalement comme un mantra. Comme si le dire encore et encore l'aiderait à en intégrer le sens. Mais rien n'y faisait, elle n'y arrivait pas. Déjà que faire face à la réalité de ses sentiments pour le héros était un choc en soi. Mais découvrir que Lordbug était Adrien et en tirer les conclusions qui s'imposaient, c'était trop pour elle.
Tant qu'ils ne savaient pas qui ils étaient, la situation se révélait confortable. Après tout, qu'importe la nature de ce qu'on éprouve quand on ne peut le concrétiser. Elle pouvait aimer Lordbug sans que cela ne prête à conséquence. Plus maintenant. Et qu'est-ce que cela voulait dire par rapport à Chloé ? Elle l'aimait, cela ne faisait aucun doute. La culpabilité la rongeait néanmoins. N'était-ce pas tromper sa copine que d'éprouver quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un d'autre ?
D'ac-cord. Elle venait de se l'avouer à demi-mot, en pensée, en plein contrôle de littérature. Parfait !
Le peu de temps libre que Marinette avait, elle le passait avec Chloé. Et c'était peu, bien trop peu pour se laisser distraire par un autre blond après lui avoir mis, non pas un, mais deux magnifiques râteaux. Aujourd'hui, elles passèrent leur pause déjeuner dans la salle de stockage du gymnase. Malgré l'inconfort de leur situation, elles essayaient d'en tirer partie, le côté clandestin pimentant la situation.
Échevelée et haletante, Chloé était plaquée contre un mur tandis que Marinette était agenouillée, une de ses jambes sur son épaule. Cela faisait trop longtemps qu'elles n'avaient pu être intimes. La tension accumulée des derniers jours, pour l'une comme l'autre, était devenue insupportable. Rien qu'un peu de sensualité féminine ne puisse résoudre toutefois. Une main agrippant ses cheveux noirs, la jeune fille blonde sentit la dernière vague l'emporter et eut de la peine à se retenir de s'exprimer.
Sa compagne se releva pour dévorer ses lèvres avec avidité. Des bras possessifs lui entourèrent la taille pour la presser contre son corps apaisé. Elles se sourirent, complices.
- Je pourrais presque y prendre goût à ces séances de gymnastique, fit Chloé, pantelante.
- Je croyais que tu détestais transpirer pour le plaisir, rétorqua Marinette en léchant son épaule avec volupté.
- Ça dépend comment et avec qui, gémit-elle avec contentement.
Elles s'allongèrent sur des tapis de sol pour se faire des câlins. Jouant avec les boucles de l'une, caressant la peau de l'autre, savourant juste la présence de chacune.
- Tu as une idée de combien de temps la ronde des paparazzi va durer ? lui demanda Marinette avec hésitation.
- Quelque semaines ?
Elle grogna en imaginant les "quelques semaines". La fille du maire se releva et caressa sa joue.
- Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, Mari. Dans notre malheur, nous avons de la chance que ça arrive juste avant les vacances de Noël. Les fêtes et la nouvelle année vont passer dessus, et tout sera vite oublié. Il faudra juste être patiente.
- Je sais, je sais. Mais justement ! On se reverra pas avant la nouvelle année. Je ne vais pas pouvoir sortir et il est impossible que tu viennes chez moi, soupira la brune, anticipant déjà les longues vacances. Tu vas me manquer.
- Toi aussi.
Son amante jeta un coup d'œil à l'heure avant de lui sourire et de l'embrasser en passant sa main sous sa jupe.
- Encore ? gloussa Marinette contre ses lèvres.
- Carpe diem, Mari. Carpe diem.
La cloche sonna la fin des cours ainsi que le début des vacances de Noël. Le groupe d'amis se sépara en se souhaitant de bonnes fêtes en famille. Mais tout le monde savait que pour au moins l'une d'entre eux, ce ne serait pas vraiment la joie.
- On s'appellera tous les jours, fit Chloé avec un grand sourire.
- Oh ? Parce que Madesmoiselle Bourgeois aura du temps à consacrer à une modeste fille de boulanger ? la taquina Marinette avec un sourire en coin.
- Bien sûr ! s'exclama-t-elle en l'embrassant. C'est dommage que tu ne puisses venir au Bal du Nouvel An. Tu aurais été magnifique dans une robe de grand couturier ! Comme une princesse de conte de fée !
Voyant ses yeux brillants d'étoiles, sa copine lui sourit avec tendresse avant de se rappeler de l'évènement dont elle parlait. Elle jura intérieurement.
- Et je regrette tellement de partir en Guadeloupe à cause de ça ! maugréa Alya en s'arrachant presque ses cheveux flamboyants. Chat Noir et Lordbug sont conviés pour leur rendre hommage ! Je vais manquer l'occasion du siècle de leur demander une interview exclusive !
Nino entoura les épaules de sa copine pour lui offrir son soutien, prenant la chose avec philosophie.
- Ce n'est que partie remise, Babe. Le Papillon fêtera peut-être Noël lui aussi ? Ce doit être un homme comme les autres avec une famille.
Adrien et Marinette échangèrent un regard entendu. Ou plutôt Lordbug et Chat Noir. Ils se sourirent timidement, c'était la première fois qu'ils osaient se regarder depuis des jours. La peur peut faire faire des choses stupides. Après tout, ils étaient toujours les mêmes personnes. Ce n'était que leur perception d'eux-mêmes qui avait changé.
- Et toi, Adrien ? Des projets pour les fêtes ? lui demanda Marinette, un peu hésitante.
- Hm ? Pas vraiment, mis à part Noël avec mon père et Nathalie. Mon père sera au Bal du Nouvel An et je resterai certainement chez moi à jouer en ligne, expliqua-t-il sommairement.
Chacun savait parfaitement où l'autre serait.
- Quoi ? Tu ne seras pas là, Adrichou ? se récria Chloé, déçue.
- Désolée, Chlo', s'excusa-t-il. Ce sera juste moi, mes jeux, des pizzas et le silence. De toute façon, je pense avoir eu assez d'attention sur moi-même pour le reste de mes jours.
- Comment ça ? lui demanda Nino, intrigué.
- Je ne comptais pas vous le dire avant la nouvelle année mais je vais arrêter le mannequinat, déclara-t-il.
- Ah oui ? Pourquoi ? Si ce n'est pas indiscret, rajouta Alya précipitamment.
Le futur ex-mannequin émit un petit rire amusé. La jeune Césaire avait déjà la promptitude d'un professionnel à sauter sur le moindre scoop.
- Non, ce n'est rien. J'aime bien faire le mannequin mais sans plus. Une fois, il leur a manqué quelqu'un au shooting qui devait lancer la fashion week. J'étais là par hasard et je me suis proposé. C'était une expérience sympa. Ça m'a permis de faire autre chose en-dehors des cours à la maison et de l'escrime. Mais, j'ai d'autres centres d'intérêt maintenant, expliqua-t-il simplement.
Et d'autres responsabilités, ajoutèrent les deux héros en pensée.
- Bonnes fêtes, alors ! conclut Nino en exprimant le sentiment général.
Lorsqu'ils se séparèrent, les filles restèrent un peu plus longtemps ensemble. Se tenant par les mains, elles se dévisageaient mutuellement.
- Hey, ne me regarde pas comme si c'était la dernière fois ! lui lança Marinette sur le ton de la rigolade.
Chloé fronçait les sourcils en une expression soucieuse.
- J'aimerai tellement qu'on puisse vivre comme tout le monde, expliqua-t-elle, un peu triste. Pouvoir venir chez toi, que tu viennes chez moi. D'ailleurs, tu sauras que mon père s'en fiche, ajouta-t-elle l'air de rien.
Marinette ne fut pas dupe de sa fausse désinvolture mais joua le jeu.
- Monsieur le Maire "s'en fiche" ?
- Pour toi et moi, précisa-t-elle même s'il n'y en avait pas besoin.
- C'est une bonne chose, non ? tenta la brune.
Chloé soupira.
- C'est une bonne chose tant qu'il peut continuer à me combler de cadeaux, et que je fais ce qu'on attend de moi. Mais il ne s'intéresse pas vraiment à moi, ni à toi, conclut-elle en haussant les épaules.
La fille du maire se retrouva dans les bras de sa compagne et y trouva le réconfort dont elle avait désespérément besoin. Sur un ultime baiser, chacune prit le chemin du retour. Marinette se donna encore et toujours l'impression de retourner en prison.
Mais cette fois-ci, elle avait étrangement le cœur plus léger.
Lorsqu'elle descendit pour dîner, Marinette eut l'impression de tomber dans une embuscade. Ses parents étaient autour de la table de la cuisine et semblaient l'attendre.
- Assieds-toi, Da Xia, l'invita placidement sa mère.
Elle s'exécuta, le cœur battant, appréhendant grandement la suite.
- Nous aimerions parler des derniers événements, commença son père.
Tom Dupain, malgré sa carrure d'armoire normande, était un véritable nounours. Il était pourvu d'un caractère très doux et d'un cœur en or. Ce pourquoi sa fille lui était particulièrement attachée.
- Notamment à propos de ta relation avec... la fille du maire, précisa Sabine avec un pli boudeur.
- Mais tout d'abord, l'interrompit son époux, nous voulions t'expliquer les démarches que nous avons effectué. Nous avons porté plainte contre ta camarade Sabrina ainsi que contre les journaux ayant publié illégalement ton image. Nous avons également demandé à notre avocat de contacter Monsieur Bourgeois s'il désirait faire une plainte conjointe.
- D'accord, fit Marinette qui ne savait pas quoi dire d'autre.
- Ensuite, ta mère et moi souhaiterions te dire que nous t'aimons et que rien ne pourra jamais le changer. Si tu es heureuse avec Chloé, c'est le principal. N'est-ce pas, chérie ?
Marinette tourna un regard perplexe vers elle, attendant sa réponse avec angoisse. Sabine avait une expression indéchiffrable.
- J'imagine que tes préférences ne changeront pas ?
- Non, répondit Marinette en se gardant bien de lui expliquer toute l'étendue des dites préférences.
Sa mère soupira avec résignation.
- Je ne peux approuver votre relation mais je ne peux rien faire contre... alors fais ce que tu veux, lâcha-t-elle finalement.
Un silence pesant s'installa. Son père se gratta la tempe, embêté par la forme mais heureux du fond de son discours.
- Est-ce que ça veut dire que j'ai à nouveau le droit de sortir ? demanda Marinette, pleine d'espoir.
- Oui, ma chérie, répondit son père en lui souriant.
- Et que je peux inviter Chloé à la maison ? s'enhardit-elle.
- Non ! trancha sa mère d'un ton dur. Il y a des limites à ce que je peux supporter. Je ne veux pas de ça sous mon toit !
Si elle l'avait giflé, le résultat aurait été le même. Mais c'était déjà une petite victoire ! Attristé, son père secoua la tête avant de servir le repas. La jeune fille trépigna d'impatience avant de pouvoir enfin partager la bonne nouvelle avec tous ses amis.
Ces vacances s'annonçaient bien mieux que prévu.
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Papa Tom se sort enfin les doigts et défend sa fille !
Prochain chapitre, le bal du Nouvel An /o/
Un grand merci à CLylyV pour la couverture /o/
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