Chapitre 11 - Chat barde !
Elle était forte. Il le savait. Il l'avait vu en action à maintes reprises. Elle était en train de se battre au corps à corps avec l'akumatisé. Chaque coup de poing, de coude, de pied, de genoux frappait fort et durement. Elle était impitoyable mais n'y prenait aucun plaisir. Chat Noir était une fille qui savait se battre dans la vie de tous les jours, cela ne faisait aucun doute.
Lordbug, en revanche... s'était fait ensevelir sous les gravats de deux étages d'un immeuble en construction. Des poutrelles d'acier l'écrasaient et sa force augmentée n'était pas suffisante pour qu'il se dégage seul. Il commençait à paniquer en sentant peser ces gravats sur lui. La claustrophobie commençait à s'emparer de lui tandis qu'il luttait pour respirer. La poussière de béton lui piquait les yeux, irritait ses narines et sa gorge.
Il entendait au loin le combat se dérouler. Chat Noir devait en faire baver à leur adversaire malgré son pouvoir. Ce dernier consistait à affaiblir les structures qu'il touchait. Incluant celle des os du corps humain ? Il ne voulait même pas imaginer ce qui arriverait à sa partenaire si elle se faisait toucher.
Quelque chose percuta violemment le tas de gravats, quelques grognements puis plus rien.
- Cataclysme !
Tout autour de lui se transforma en poussière couleur rouille, le libérant enfin. Sa cage thoracique se souleva à nouveau sans contrainte et il inspira en toussant. Chat Noir l'aida à se relever et brisa le casque de chantier de l'akumatisé. Il captura le papillon noir avec son yoyo, puis le purifia. Lançant son arme en l'air, l'immeuble retrouva son état premier et ses côtes fêlées n'étaient plus qu'un lointain souvenir.
Étendu plus loin et inconscient, la victime du Papillon était redevenue un ingénieur du bâtiment. Chat Noir était à son chevet et vérifiait sa respiration. Satisfaite de l'examen, elle le prit dans ses bras, prête à l'emmener vers les secours en contre-bas.
- Ça va ? lui demanda Lordbug avec sollicitude.
En se retournant vers lui, ses yeux bleus de félins, d'habitude si rieurs, exprimaient une colère qu'il n'avait jamais vu chez elle. De la tête, elle désigna un immeuble haussmanien voisin.
- Ce toit. Dix minutes.
Elle sauta dans le vide. Le héros parisien déglutit avec peine. Il se sentait soudainement très coupable pour une raison qu'il ignorait.
Après avoir confié l'ex-akumatisé au SAMU, Chat Noir s'était réfugiée dans une ruelle le temps que Plagg reprenne des forces. Elle ruminait sa colère, elle ne devait pas exploser. Cela ne lui avait jamais été favorable. Et ici, les enjeux était bien trop importants.
Pourquoi ? Pourquoi cet adorable imbécile avait fait ça ? Elle ne pouvait nier que cela l'avait touché mais cela l'avait aussi rendu folle de rage. Son kwami dévorait son camembert avec une passion indifférente au tourment de sa porteuse.
- Tous les porteurs de la coccinelle sont aussi stupides ?
Plagg avala lentement la dernière bouchée, la savourant avec félicité.
- D'habitude, ce sont des porteuses. Et cela dépend du caractère de chacun, ou chacune. Pour ton information, le dernier Chat Noir était plus... taciturne.
- Je suis une exception à la règle ? demanda Marinette, étonnée.
- Pour être tout à fait honnête avec toi, j'étais destiné au garçon qui se fait appeler Lordbug, lui révéla-t-il. En général, ce sont des porteurs mâles qui héritent de mon miraculous, et des porteurs femelles pour celui de la coccinelle. Les exceptions sont rares mais possibles.
- Pourquoi ce changement ?
Le kwami leva ses pattes vers le ciel en signe d'ignorance. Marinette cligna des yeux, il était inutile d'en rajouter.
- Prêt ?
- C'est parti pour le savon, fit le kwami avant d'être aspiré par la bague.
Après avoir nourri Tikki de cookie, Lordbug constata avec une certaine anxiété qu'il était le premier arrivé sur le toit. Il détestait attendre quand il savait que ce qui suivrait serait désagréable. Chat Noir apparut de nulle part et atterrit souplement au bord du toit. Elle combla le vide entre eux d'un pas raide et déterminé. Le héros de Paris recula devant son regard.
- Je peux savoir ce qu'il t'a pris ? s'exclama-t-elle, en contenant difficilement sa colère.
- Comment ça ?
- Tu te fous de moi ?! Comment môsieur s'est-il retrouvé sous deux étages de béton armé et de poutrelles d'acier ? Ça te rappelle quelque chose ?
- Ah. Ça.
Il se passa la main sur la nuque, embarrassé.
- Je gérais parfaitement l'akumatisé, il ne m'aurait jamais touché, Lordbug ! Pourquoi tu t'es interposé ?! Tu t'es mis en danger ! Tu nous as mis en danger ! Pour rien !
C'était la première fois qu'elle l'appelait par son pseudonyme. Pas de "Milord" cette fois, elle devait vraiment être en colère.
- Je...
- Oui ? le relança-t-elle, impatiente, les poings sur les hanches.
Il soupira, leva les bras puis les baissa.
- Je ne voulais pas que tu sois blessée, je voulais te protéger.
L'expression de son visage s'adoucit. Elle passa une main dans ses cheveux rebelles et reprit d'une voix plus posée :
- Je t'en remercie mais c'est mon rôle de prendre les coups à ta place. Le tien est trouver de un plan farfelu et de capturer l'akuma. Ta sécurité est prioritaire sur la mienne.
Un sentiment de révolte explosa dans sa poitrine tandis qu'elle lui parlait.
- Ta sécurité est aussi importante que la mienne ! Elle l'est même plus ! protesta-t-il vivement.
Chat Noir cligna des yeux, sans comprendre. Elle regarda sur le côté avant de revenir vers lui, semblant ne pas vouloir croire ce qu'elle allait dire.
- Est-ce que tu dis ça... parce que je suis une fille ?
Son partenaire ne lui donna pour toute réponse qu'un silence éloquent.
Ulcérée. Elle était ul-cé-rée.
Lancement du protocole de gestion de la colère. Étape un, respirer profondément. Continuer l'étape un jusqu'à amélioration. Étape deux, tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire quelque chose sur le coup de l'impulsivité. Étape trois...
- VA TE FAIRE FOUTRE !
Échec du protocole, veuillez réessayer ultérieurement. Bonne journée.
- Tu te fous de moi ? C'est MAINTENANT que tu réalises que j'ai des... attributs féminins ?! Ça fait deux semaines qu'on se bat ensemble, que je me prends des mandales et que je distribue des pains comme le messie... et c'est MAINTENANT que ça te dérange ?!
Elle pressa ses mains sur son visage, se retenant de se jeter sur lui pour le gifler.
- Je peux savoir ce qui a motivé cette soudaine prise de conscience ? Je doute que ce soit mon chat-rme rat-vageur, fit-elle en lui lançant un regard irrité.
Même dans ces circonstances, elle ne pouvait s'empêcher de faire des jeux de mots.
- Je ne sais pas. En fait, si... Tu n'es pas uniquement Chat Noir, tu es également une fille dans la vie de tous les jours. Et je veux que cette fille puisse retourner chez elle saine et sauve, expliqua maladroitement le héros.
- Quitte à ce que le garçon derrière le masque de la coccinelle ne le puisse pas ? répliqua-t-elle aussitôt.
Il ne trouva rien à dire, elle avait raison. Comme un signe de prière, elle joignit ses mains griffues devant son visage avant de continuer.
- J'apprécie ta sollicitude, ça me touche vraiment. Mais, je suis plus badass que toi. Je suis plus forte et j'ai de l'expérience dans le combat. Comme tu as pu le constater depuis qu'on se connaît, j'espère. Est-ce vraiment mon sexe qui te dérange tant que ça ? Ou tu ne me fais pas confiance ?
- Je... écoute, c'est tout nouveau pour moi tout ça. J'ai été élevé avec l'idée qu'il faut protéger les filles et...
Chat Noir ouvrit la bouche en faisant un "o" parfait et l'encadra de ses mains qui faisaient deux "L".
- Et puis, de toute façon, c'est toi qui aurais dû hériter du miraculous de la coccinelle. Pas moi ! C'est moi qui devrait être en première ligne pour te protéger et non l'inverse. Mon kwami me l'a dit !
Elle croisa les bras et s'approcha de lui, jusqu'à ce que leur nez se touche presque. Par orgueil, il refusa de reculer cette fois-ci. Lui-même commençait à sentir la colère monter tout doucement. Néanmoins leur proximité physique le mit mal à l'aise.
- Donc, c'est à toi-même que tu ne fais pas confiance, conclut-elle dans un souffle en le fixant de ses pupilles verticales.
Lordbug écarquilla tant les yeux que son masque se serait déchiré, s'il n'était pas magique. Cette vérité l'assomma autant que les deux étages l'avait fait précédemment. Sa partenaire s'écarta pour retrouver une distance acceptable et le laisser respirer, elle porta son regard sur les toits de la capitale.
- Tu te souviens de ce que je t'ai dit quand tu t'es découragé devant la Tour Eiffel ? reprit-elle avec calme.
Il acquiesça.
- Je ne suis pas née avec ce costume, et je ne suis pas née superhéroïne. Pas plus que toi. Nous sommes littéralement nés en même temps ! Ce que je veux dire, c'est que je comprends que tu ais des doutes sur ton rôle. Tu as la lourde responsabilité de capturer l'akuma pour éviter un nouvel épisode "Lacrimosa".
Elle croisa les bras et changea son pied d'appui. Il l'écoutait religieusement.
- J'ai les mêmes doutes, les mêmes peurs aussi, même si je ne les montre pas. Parfois, je revois les passages où je sauve tes fesses en me disant... et si j'étais intervenue une seconde trop tard ? Et si je tombais au combat te laissant ainsi seul et sans soutien ? Mais ce n'est pas en pensant au pire que le meilleur advient.
Chat Noir se tourna vers lui. Il était bouleversé par cette confession. Quel idiot égoïste, il était ! Bien sûr qu'elle passait par les mêmes épreuves que lui. Elle vivait littéralement la même chose. Sa fixette sur son sexe n'était qu'une excuse.
- Nous devons tous les deux devenir les héros dont Paris a besoin. Et nous ne pouvons le faire l'un sans l'autre, Milord, dit-elle avec un sourire encourageant.
Il lui sourit avec reconnaissance.
- Je suis désolé. A côté de toi, je ne me suis pas senti à la hauteur. Tu sembles si forte, si inébranlable, dit-il avec admiration.
- Tu connais le dicton ? Fake it until you make it, fit-elle avec un clin d'œil.
Elle était vraiment une partenaire extraordinaire. Elle lui tendit un poing et il joignit le sien. Ils échangèrent un sourire complice.
- Bien joué ! firent-ils ensemble avant de rire.
- Bon, on va remarquer mon absence, faut que je file, fit Lordbug en lançant son yoyo.
- Ah, une dernière chose, commença Chat Noir avant de l'attraper par son col pour l'amener près de son visage.
Le héros en rougit, mal à l'aise. Elle se pencha à son oreille.
- N'essaie même pas d'envisager de me voler Plagg. Il est des sorts bien pire que la mort, Milord, susurra-t-elle d'une voix grave.
Sur ce, elle déposa un baiser sur sa joue et s'enfuit à son tour. Le laissant, abasourdi.
Qu'est-ce qu'il venait de se passer ?
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Okay. Alors, je commence sérieusement à être insatisfaite par le nom de notre héros. Depuis qu'on m'en a fait la remarque, j'entends "anus" à chaque fois que je lis son nom. Vous êtes fiers de vous ? xD
Je compte le changer, et je me tâte. J'ai pensé à Coccino pour garder l'idée originelle. Lordbug me paraît assez moche mais est toujours une amélioration.
Un avis ? Des suggestions ? Je prendrai ma décision d'ici une semaine, alors n'hésitez pas à me laisser un commentaire ! /o/
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