Chapitre 30
Il y a des jours où j'aurais aimé être une fille. Bon sans les règles, sans devoir me m'épiler toutes les semaines, ni même me demander chaque matin ce que je vais mettre – quoi que non, ça, je le fait déjà –, mais il y a des jours où j'aurais sincèrement aimé être une fille.
Pourquoi ? Parce que les filles, surtout les filles amoureuses, quand elles cherchent des réponses, elles n'ont qu'à regarder une comédie romantique, lire un roman ou discuter entre elles...Tout est fait pour qu'elles aient les réponses, mais nous les mecs...Quelqu'un a un jour écrit pour nous ? Y'a-t-il des romans où le héros traverse une phase comme la mienne ? Se pose-t-il les mêmes questions ?
Je veux dire, vous vous rendez compte à quel point la vie sentimentale est compliquée pour un garçon ?
Je crois que l'on doit se poser le même genre de questions qu'une fille en général. Savoir comment l'aborder, comment interagir, savoir quoi lui dire.
Trop souvent on entend alors dans ce genre de moment, la phrase la plus stupide au monde :
« Tu n'as qu'à rester toi-même. »
Je panique quand je dois présenter un exposé alors vous imaginez le bordel que ça peut être dans ma tête et dans mon cœur quand je suis amoureux ?
Non, vous ne pouvez pas, vous êtes sûrement une fille.
« - Yo ! Tu fais une de ces têtes.
- Roméo !!! Il faut que tu m'aides !!!
- Wow ! Wow ! Pourquoi ces larmes de croco et cet appel à l'aide ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Il faut que tu m'aides avec Margaux. »
Bien sûr, nous ne sommes pas du genre, à screener toute une conversation pour la montrer à une copine en lui demandant « Je dois lui répondre quoi ? », mais...On a aussi notre petit génie de la lampe et je dois avouer que grâce à Roméo, parfois, je me sens un peu comme Aladin devenant du jour au lendemain le Prince Ali.
« - Et tu stresses pour ça, toi ? »
Sauf que normalement, le génie n'est pas supposé se foutre de la gueule d'Aladin.
« - Milo, Milo, Milo...T'es sûrement le seul gars que je connais qui réfléchit autant. T'es sûr que ce n'est pas ton côté féminin qui ressort là ?
- J'en sais rien...Je t'assure que je suis au bout de ma vie !
- Respire. Pète un coup. J'en sais rien, mais détends-toi. Est-ce que t'as vu Margaux ?
- Je crois qu'elle est partie étudier dans une salle ou peut-être à la bibliothèque. Pourquoi ?
- Est-ce que déjà tu lui a proposé d'aller boire un truc avec elle ? Ou juste de vous promener. Ou mieux ! La raccompagner. J'ai cru comprendre qu'elle n'habitait pas loin de chez nous. »
Ah, mais oui.
En fait, c'est tout simple.
« - Roméo...Si j'étais pas déjà occupé, je t'embrasserais là, tout de suite.
- Non merci...Je ne suis pas de ce bord-là. Bon, tu n'as pas une jeune demoiselle à rejoindre toi ? Et n'oublie pas Milo, détends-toi. En amour, il suffit de rester soi-même ! »
Je déteste cette phrase.
En faisant le tour des salles d'étude disponibles, je ne l'ai vue nulle part.
Sans doute à la bibliothèque à cette heure-ci ?
« - Bingo ! »
Elle est là, sur une petite table, le nez plongé dans les bouquins. Comment faisait-elle ? Ne se reposait-elle jamais ? Comment peut-on avoir une telle puissance de travail ?
« - Hé !
- Salut. Qu'est-ce que tu viens faire là ? La bibliothèque n'est pas ton endroit préféré à ce que je sache.
- Non, mais ma personne préférée s'y trouve figure-toi. »
Reste toi-même. Ne joue pas le dragueur de bas étage et ne fait pas ton lover moyen.
« - C'était pas mal ta présentation tout à l'heure. Tu t'es bien débrouillé.
- Ouais, mais t'as fait tout le boulot...J'avais un peu la pression. Être à ton niveau et tout ahaha !
- Ça viendra..Et tu n'as toujours pas répondu à ma question Milo. Qu'est-ce que tu viens faire là ?
- Je voudrais savoir...Tu ne veux pas faire une pause et aller boire un verre ? Un diabolo menthe ? Un coca ? Un thé glacé ? Ou je pourrais te ramener chez toi ? Ouais on pourrait faire le chemin ensemble et...
- Milo...
- Et comme ça on discuterait toi et moi, de tout, de rien. De tout ce que tu veux puis ensuite...
- Milo...
- Ensuite on pourrait, enfin..on pourrait...
- Milo ! »
Pardon. Je me suis un peu emballé.
« - Un thé glacé, ça m'ira très bien. »
Rangeant ses affaires sous mon nez rougissant, elle rigole avant de prendre les devants, se dirigeant vers la sortie.
« - Allez, vient Rudolph.
- Hé ! »
En passant devant un panneau d'affichage, je m'arrête quelques secondes avant d'apercevoir les affiches pour le bal de fin d'année.
Le bal. Dans un mois.
Déjà.
Et dire qu'il y a encore quelques secondes, mon objectif premier était t'y emmener Keena. Mon dieu, tout est allé si vite et puis...Pas du tout comme je le prévoyais.
« - Dis-moi...
- Hmmm ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je peux te prendre la main ? »
Margaux s'arrête et me regarde, interloquée.
« - Parce que tu as besoin de ma permission pour ça ?
- Je préfère demander...On ne sait jamais...
- Je ne vais pas te manger non plus.
- Pardon...
- Bon aller, viens. »
Vous avez déjà tenu la main de quelqu'un ? Je veux dire, pour la première fois ? On ressent comme une légère excitation mélangée avec une pointe de légèreté. De sécurité. De bonheur. On est heureux.
Pourtant, ce n'est qu'une main. Ce n'est qu'un membre, mais je ne sais pas...Tenir la main de quelqu'un, ça vous fait un petit quelque chose.
Ça vous apaise.
Elle s'est alors arrêtée prenant une grande inspiration avant de me regarder droit dans les yeux comme si elle était contrariée.
Non.
Déterminée.
« - Quoi ? J'ai un truc sur la tête c'est ça ?
- Milo...
- Oui ?
- Non, tais-toi, laisse-moi trouver mes mots.
- D'accord. Pardon.
- Chut.
- Ok..
- Milo !
- ...
- Est-ce...Est-ce que tu viendrais au bal de fin d'année avec moi ? »
Ses mots sont sortis comme une balle de fusil. À toute vitesse et en toute hâte.
Sur le coup, ça m'a scotché.
« - Milo ? Milo ? Allô la lune ici la terre ! »
Oh.
Mon.
Dieu.
« - Oui ! Oui ! Ouiiiii !!! J'accepte !! »
J'ai hurlé.
J'ai crié.
Mais j'étais heureux, que voulez-vous. On ne peut pas l'expliquer ce genre d'émotions.
Ce sentiment.
« - Oui !! Allons-y ensemble ! »
Soudainement, elle s'est mise à éclater de rire comme jamais encore je ne l'avais vu rire.
« - Tu es bizarre toi comme garçon. »
Désolé d'être bizarre.
« - Mais j'aime bien. »
Vraiment ?
« - Non...Toi, je t'aime bien.
- Ou tu pourrais dire que tu m'aimes tout simplement.
- N'abuse pas. »
J'aurais essayé.
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