Chapitre 24

« Croix de bois, croix de fer, si je mens j'irais en enfer ! »

Pourquoi est-ce qu'il a fallu que je lui dise ça ? Dis-moi Margaux, y'a-t-il des choses que tu ne veux pas me dire ? Que tu n'oses pas me dire ? Je pensais que toi et moi, nous étions un peu plus proches et que peut-être tu me confierais deux ou trois petites choses sur toi.

Tu sais, je ne demande que ça.

Je réalise que depuis le début, c'est moi qui parle. Moi qui te raconte. Moi qui me plains, et ce, sans prendre le temps pour toi. Pour t'écouter. Pour te consoler. Pour te rassurer. Je n'ai jamais pris le temps pour toi.

« - Bon, on se met en route ? »

Non, attends.

Je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas du tout satisfait de cette situation.

Pourquoi m'as-tu fait promettre une telle chose ?

« - Milo ? Tu viens ou pas ? »

Je crois que...Je crois que j'ai eu comme un choc.

« - J'arrive. »

Je la suis, silencieusement. Il y avait toutes ces pensées dans ma tête. Ses mots. Mes mots. Sa promesse. Mes espoirs. Mes souhaits.

Alors, comme je suis un garçon avec beaucoup d'imagination, je me suis mis à faire ce que je fais de mieux : Imaginer le pire.

Je sais que Margaux est diabétique, mais allait-elle mourir ? Non. Elle n'a pas l'air de quelqu'un qui a l'air malade. Enfin...Elle m'a l'air bien. En pleine forme malgré tout.

On parle de Margaux là...Elle dit toujours « Je suis une grande fille », mais qu'est-ce qu'elle cache derrière ce prétexte ? Qu'est-ce qu'elle ne me dit pas ?

« - Margaux...Je...

- On est arrivés ! »

Hein ? Déjà ?

Je lève les yeux pour apercevoir en face de nous tout un immeuble. Elle habite en réalité à vingt minutes de chez moi ? Vraiment ? Et l'on ne s'est jamais croisé dans les environs ? Cette fille est-elle un ninja ?

Elle serait presque la voisine de Roméo.

« - Fait comme chez toi, je vais juste me changer. Je reviens. »

Elle ne se doute de rien. Elle ne voit rien.

Elle ne se rend pas compte à quel point notre conversation m'a perturbé. Je veux dire...Comment peut-on demander à quelqu'un de ne pas aimer ? On ne contrôle pas ses sentiments. On ne peut même pas lutter. C'est ce qui rend l'amour si injuste comme bataille. C'est juste là, comme ça et puis il faut faire avec. Il faut tenter de se contrôler. De se maîtriser et de ne pas souffrir.

Mais souffrir, on le fait tous.

Un amour à sens unique fait souffrir.

Un qui ne se passe pas bien fait souffrir.

Un qui finit mal fait souffrir.

L'amour nous piétine, nous marche dessus et nous laisse là, au sol. Incapable de nous relever, blessé, heurté, déchiré.

Jusqu'à ce que la prochaine main vienne nous relever.

Et nous revoilà partis pour un tour en se disant toujours la même phrase stupide : « Cette fois, c'est la bonne. »

Tandis que Margaux est ailleurs, je me surprends à détailler son salon. Il n'y a pas grand-chose à part deux ou trois meubles, quelques fausses plantes et autres bibelots.

Il n'y a pas de photos.

Ni de famille, ni d'elle-même enfant. Pourtant, les parents adorent ça d'habitude : Nous afficher partout. Ma mère s'amuse à mettre en avant les photos les plus embarrassantes qu'il soit.

« - Au fait ! Tu comptes aller discuter avec Keena demain ? Je veux dire, sa fête fut quelque chose quand même ! Je suis certaine que t'as dû marquer des points. »

Quoi ? Marquer des points ?

« - C'est-à-dire ?

- Bah, tu t'es battu avec Lorenzo.

- Battu ? Pas vraiment, j'ai même pas répliqué. Il m'en a mis une, fin de l'histoire.

- Mais tu devrais parler à Keena. C'était sa fête et peut-être qu'elle s'en veut. »

Dis-moi....Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi tu insistes autant ?

J'essaye de ne pas penser à elle. J'essaye d'aller de l'avant. J'essaye de me faire une raison concernant mon amour idiot et à sens unique et toi..Toi, tu me pousses vers elle. Tu me pousses dans ses bras.

Pourquoi ? Pourquoi t'es comme ça ?

« - Ouais, j'irais peut-être... »

Mais je n'ai rien à lui dire.

« - T'es bizarre quand même. Y'a encore peu, ton visage s'illuminait comme un sapin de noël quand elle était dans le coin. Tu sautais sur chaque occasion pour aller lui parler...C'est même pour ça que t'es allé à sa fête non ? C'était pour te rapprocher d'elle ?

- En quoi ça te regarde ? »

Tu sais, je ne trouve pas ça juste.

Vraiment.

Ce que tu fais actuellement est injuste.

« - On passe un bon moment tous les deux et puis tu me fais promettre une absurdité et maintenant tu ne cesses de me parler de Keena. Pourquoi ? Pourquoi t'agis comme ça ?

- C'est plutôt moi qui devrais te demander ça. Qu'est-ce qui te prend tout à coup ?

- Je te trouve injuste. C'est tout.

- En quoi j'suis injuste ? Je t'encourage à aller vers la fille que t'aimes. Je ne te comprends pas.

- Dis-moi Margaux, pourquoi je n'ai pas le droit de tomber amoureux de toi ? »

Elle détourne les yeux.

Paraît que la communication passe aussi par le langage corporel. Mon père me dit souvent : « Si tu arrives à lire le langage du corps d'une femme Milo, t'auras tout compris » Sauf que là, papa, je ne comprends plus rien. Je suis perdu. Complètement.

« - Pourquoi tu ne me réponds pas, hein ? Dis-moi ! Pourquoi tu m'as fait promettre ça ?

- Comme le dirait une certaine personne : En quoi ça te regarde ? C'est mon problème, non ? Si je n'ai pas envie de m'emmerder avec ce genre de connerie tel que l'amour.

- Je te trouve bien égoïste sur ce point-là.

- Et c'est mal selon toi ? J'ai pas envie, j'ai pas envie, point. Je pense que tu devrais rentrer chez toi, maintenant. Tu devrais aller te reposer.

- Ouais, c'est ça. C'est toi qui devrais prendre du temps pour réfléchir. Tu sais, tu ne peux pas empêcher les gens de ressentir des choses. Tu peux encore moins les empêcher d'aimer.

- Je ne vais pas te faire un dessin, mais l'amour, ça marche à double sens.

- T'es égoïste alors.

- Et alors ? C'est mon problème, pas le tien. »

Hé..Dis-moi...Pourquoi est-ce que l'on se dispute ? Je pensais que...Je pensais que toi et moi, on s'était rapproché ? Pourquoi est-ce qu'il faut que tout à coup, tout nous échappe et déborde ?

« - Rentre chez toi Milo. On se verra en cours demain.

- Ouais... »

J'aurais tellement aimé pouvoir te dire autre chose. Trouver les mots. J'aurais aimé pouvoir te dire que ce n'est pas mon souhait de nous voir ainsi. J'aurais aimé que tu me comprennes. J'aurais aimé que tu me dises de rester.

Tu sais, je crois que c'est moi l'égoïste dans l'histoire.

T'as peut-être raison, c'est à double sens que ça marche.

Je ne peux pas aider, soutenir et aimer quelqu'un qui ne souhaite pas l'être pour je ne sais quelle raison aussi stupide soit-elle.

Finalement, je ferais comme tu m'as dit.

Demain, j'irais voir Keena.

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