Chapitre 20

Petit, j'ai développé un attrait particulier pour la curiosité. On me le disait souvent, j'étais un enfant curieux. Peut-être même trop curieux. Pourquoi le ciel est-il bleu ? Pourquoi tout le monde marche droit si la terre est ronde ? Pourquoi appelle-t-on un « chat », un chat ?

Pourquoi les gens tombent-ils amoureux ?

Et surtout...Comment ?

Souvent, je venais voir ma mère ou mon père pour leur demander comment ils pouvaient être si sûrs de s'aimer et à chaque fois, mon père me regardait avec un sourire plein de tendresse et me disait « Je le sais, c'est tout ». Ma mère, elle, se contentait de me dire « C'est venu comme ça ».

Comme ça ? Mais comment ?

Comment sait-on que l'on aime quelqu'un ?

Ça m'a intrigué. Honnêtement, l'amour a été pour moi un vaste sujet de recherche et d'expérimentations. Principalement en maternelle, j'étais un gamin précoce.

« - Cindy, tu veux être mon amoureuse ? »

Mais tout ce que je récoltais, c'était une succession de baffes, d'échecs et d'égo froissé.

Je ne comprenais pas. Je faisais tout bien pourtant.

J'étais gentil.

J'étais doux.

J'étais attentionné.

Je faisais des blagues pourries, mais ça faisait rire, donc j'étais même drôle.

Mais à chaque fois que je me suis confronté à l'amour, ça a été un choc. Un choc plutôt violent. C'était comme se prendre un mur en pleine face.

« - T'es mignon Milo...Mais... »

Mais « non » c'est ça ?

Puis, il y a eu Keena.

Keena, elle a révolutionné ma vie. Elle a chamboulé mon cœur. Elle m'a renversé. Elle a été comme le bulldozer me permettant de franchir ce mur. Elle a été si gentille. Si douce. Elle disait toujours : « Tu es tellement parfait Milo. C'est fou. »

Alors, je la croyais. Aveuglément.

Le problème c'est que je crois que je me suis laissé aveugler trop longtemps. C'était comme un lavage de cerveau. Je buvais ses mots et je me noyais dans ses paroles. Keena ça a été la première à faire attention à moi. À ne pas rire de moi quand je me tournais trop en ridicule. À être gentille avec moi. À m'aider de temps en temps.

Je l'aimais Keena. C'est fou. C'est là que je me suis aperçu qu'être amoureux, ça vous rendait bête comme vos pieds.

Être amoureux, ce n'est pas idéaliser ni idolâtrer l'autre.

Quand j'ai redemandé, en étant plus grand cette fois, à ma mère comment l'on savait quand on est amoureux, elle m'a dit alors « C'est quand tu estimes pouvoir être pleinement toi-même avec quelqu'un. Quand tu es juste « bien » en présence d'une autre personne. »

Être juste bien.

Ce n'était pas être bouleversé, être angoissé, être stressé, être réservé...Ce n'était définitivement pas être tout ce que j'étais en présence de Keena.

C'était pouvoir être moi. Pouvoir être vraiment moi.

Mais y'a-t-il seulement une personne avec laquelle je peux être « moi » ?

Et ce n'est qu'en me retournant, le bras complètement engourdi par le poids s'y trouvant, que j'ai enfin compris.

Que j'ai enfin réalisé.

La réponse à la question que je me pose depuis tellement longtemps, elle est là, sous mes yeux à moitié endormis.

« - C'est toi. »

Margaux.

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