Chapitre 16

Je ne sais pas s'il existe ne serait-ce qu'un mot pour décrire l'état dans lequel je suis. J'ai mal. Je suis poisseux. J'ai deux visages inquiets qui ne cessent de me regarder comme s'ils attendaient le moment où j'allais m'évanouir ou pire.

Je ne dirais pas que « ça va bien », mais j'ai connu pire.

Bon, j'ai aussi connu des jours meilleurs.

« - Tu vas avoir un beau coquard avec toute cette histoire.

- Blessure de guerre, ça me rendra plus viril.

- Non, juste plus vilain.

- Tu as toujours le mot pour plaire Margaux, c'est fou. Dis-le tout de suite que tu me trouves moche.

- Pas « moche », mais tu n'es pas non plus un canon de beauté Milo.

- Ah ouais ? C'est quoi un « canon de beauté » pour toi ?

- Moi ? Honnêtement, un homme du style de Jason Momoa. »

Jason Momoa ? Comment veux-tu que je rivalise avec un homme pareil ? C'est de la triche.

« - Dans ce cas, je pourrais dire la même chose pour toi.

- C'est-à-dire ?

- Tu n'es pas belle.

- Non, mais ça...Je le sais déjà. Le matin, quand je me regarde dans un miroir, on dirait que je sors de réanimation ou d'un coma de trois ans. »

Un soupir nous échappe alors tous les deux tandis que Roméo continue de discuter à droite et à gauche avec deux filles par-ci, par-là.

« - J'ai envie de lui demander son secret.

- A qui ? Roméo ?

- Ouais...Je veux dire...Regarde-le. Il est sympa, cool, toutes les filles du bahut lui court après. Il n'a qu'à claquer des doigts et elles sont toutes là. Je l'envie, vraiment.

- Tu ne crois pas que c'est juste une façade ?

- Comment ça ?

- Tu crois vraiment que les gens dits « populaires » sont à envier ? Tu crois qu'ils ont envie d'être comme ça ? JE pense que Roméo doit penser exactement la même chose que toi en te regardant dans ton petit coin. Dommage qu'on ne puisse pas inverser les rôles hein ? Genre une semaine dans le corps de l'un, une semaine dans le corps de l'autre.

- Ça serait la catastrophe si tu veux mon avis.

- Oui, mais ça serait drôle. »

Je me demande ce que ça donnerait. Une semaine dans le corps de Roméo.

« - Bon, vous deux, vous allez continuer à rester dans votre coin ?

- Parce que tu crois que j'ai une chance de draguer qui que ce soit avec la tête que j'ai ?

- Qui sait ? Les filles me disaient justement tout à l'heure que ton intervention avait quelque chose d'héroïque et de, je cite, « cool ». Tu vois Milo. Tu vas bien trouver chaussure à ton pied !

- Franchement, être Cendrillon, ce n'est pas mon truc. J'ai une préférence pour Aladin.

- À condition que tu sois Abou »

Me retournant vers Margaux qui pouffe de rire devant sa propre blague, j'évite de trouver ça vexant.

« - Au moins Abou, il est mignon.

- Ouais, mais il a un horrible caractère. »

Ce qui n'est clairement pas mon cas.

J'ai un caractère dés plus appréciable. Je suis poli, respectueux, gentil, attentionné, patient, calme.

Que dis-je...Je suis parfait !

Et encore « parfait » semble être un euphémisme pour me décrire.

Bon. OK. Je ne suis pas modeste. C'est un réel problème.

« - Donc vous n'allez pas profiter du reste de la soirée tous les deux ? Vous allez rester là...A...Faire ce que vous faites.

- On discute si tu veux tout savoir. Parfois, juste s'asseoir dans un coin et discuter avec quelqu'un, ça fait du bien. »

Un point pour Margaux.

« - Et puis si je ne reste pas, qui veillera sur Milo ? Imagine il se prend un autre coup ? »

Ah. En fait, tu me sers de nounou, c'est ça ?

« - Pas faux. Bon, eh bien, je te confie mon ami. Keena n'est pas encore revenue ?

- Sûrement morte avec la glace. Tant pis pour elle.

- Margaux !

- Pardon. Roh ! C'était une petite blague.

- Je vais aller voir. Je reviens. Restez là surtout.

- Je ne vois pas où est-ce que l'on pourrait aller d'autre. »

Ce n'est pas comme si l'on était tenté par le placard à balai ou par la buanderie.

« - On pense à la même chose Milo ?

- Ouais. »

Il ne reviendra pas.

« - Tu sembles bien le prendre.

- De quoi ?

- Que Roméo et Keena...

- Oh...Je ne le prends pas « bien », mais ça ne sert à rien d'en faire tout un fromage non plus.

- Donc tu abandonnes ?

- Pourquoi m'acharnerais-je ?

- Ne dit-on pas que l'amour est un combat perpétuel ?

- Un amour à sens unique vaut-il le coup de se battre ? Dis-moi.

- Je n'en sais rien, mais je sais sûrement qu'après ce soir, ta cote de popularité auprès de la gente féminine va sûrement grimper en flèche. Keena va sûrement se jeter corps et âme dans la bataille.

- Tu dis ça pour me faire plaisir en pensant que c'est ce que je veux entendre.

- Pas forcément. Je te dis ça, parce que y'en a déjà deux qui ne t'ont pas lâché du regard depuis cinq minutes. »

Me faisant un léger signe de la tête très discret, je me retourne pour voir deux filles assises sur le canapé derrière nous, me faisant toutes les deux un signe de la main.

« - Tu devrais aller les voir. Ce n'est pas les filles de la classe qui a sport avec nous ?

- Tu les connais ?

- Agathe et...Maëlle, je crois. Pas certaine. Elles ne sont pas vilaines en plus.

- Tu veux te débarrasser de moi ? Me jeter dans les bras d'une autre ?

- Pourquoi le voudrais-je ? C'était une simple remarque. Vas-y si tu veux. Je ne t'oblige à rien.

- Et si je te dis que je suis bien avec toi ? »

Si je te dis que je suis vraiment bien avec toi ?

« - Dans ce cas, c'est simple. »

Ah bon ?

« - Reste avec moi. »

Ah oui. C'est simple.

« - Tu sais, tu devrais faire attention de comment tu dis les choses Margaux.

- Pourquoi ? Attends...Comment tu viens d'interpréter ce que je viens de dire ?

- Bah...Y'as pas 36.000 interprétations possibles non plus.

- Wow ! Wow ! Wow ! Milo ! Je ne l'ai pas dit dans ce sens-là.

- Pourtant, tu m'as bien dit « Reste avec moi ».

- Pour la soirée triple idiot !

- Ah d'accord...Je trouvais ça très...entreprenant de ta part. Je t'avouerais que ça me surprenait venant de toi. »

Je la sais franche, mais pas à ce point-là.

« - Oh pitié ! T'es gonflé quand même !

- De quoi ?

- De croire que toi et moi...on...on...Enfin, voilà quoi ! Je n'ai pas besoin de te faire un dessin à ton âge.

- Ah si, parce que là, je ne vois pas de quoi tu parles.

- T'es gonflé de croire que toi et moi...On...

- Ah ça ! Bah écoute...T'as dit que j'étais moche en plus, je l'ai pris comme un compliment.

- Ne t'emballe pas, non plus.

- T'as raison. On ne sait jamais. On pourrait bien s'aimer ça se trouve.

- On s'aime déjà bien là, non ?

- Ouais...C'est bizarre d'ailleurs.

- Ne m'en parle pas.

- T'as peut-être raison...On pourrait peut-être s'aimer au final...

- Margaux ?

- Quoi ?

- Tu ne trouves pas que la soirée nous tape un peu trop sur le cerveau ?

- On rentre ?

- Je préviens Roméo. »

Avant que les mots ne dépassent nos pensées.

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