1 an plus tard.
William.

Un an a passé. Emma et moi sommes restés en contact, nous nous voyons au moins une fois par semaine.
Je n'ai pas mis longtemps à retrouver du travail et aujourd'hui je suis psychologue scolaire dans le secondaire. J'interviens auprès de collégiens et lycéens et je travaille en étroite collaboration avec des personnes qui viennent faire de la prévention contre les drogues, entre autres.
C'est Emma qui m'a inspiré. Et lorsque je lui en ai parlé, elle m'a totalement soutenu et m'a même confié que ça l'aurait peut être aidé, en avouant toutefois que lorsqu'on est ado, on fait tout pour entrer dans le moule des gens populaires et qu'une fois la drogue commencée, on refuse de voir la réalité en face.
Parfois elle vient témoigner avec moi. Comme elle n'a que 19 ans, cela touche beaucoup plus les élèves.
Elle et moi nous sommes mutuellement aider ; elle a trouvé en moi l'appui dont elle avait besoin, et j'ai puisé en elle la force de reprendre ma vie en main sans plus culpabiliser pour ma sœur.

***

Je sens mon téléphone vibrer. C'est un message d'Emma :

" Toujours ok pour ce soir ? "

Emma.

Un an s'est écoulé depuis tous les évènements. J'ai repassé mon bac en candidat libre tout en travaillant au McDo pour me payer mon studio. J'ai eu mon diplôme, mention bien, et j'ai bien évidemment fêté cela avec William.
Dans le même temps, et dans le plus grand des secrets, j'ai écrit un livre, une sorte de témoignage, dans lequel je raconte toute mon histoire, comment j'ai plongé, pourquoi, et comment je m'en suis tiré. J'ai changé les noms dans un soucis d'anonymat mais les personnes qui m'ont connus se reconnaîtront sans difficultés.
Au départ, c'était surtout un exutoire de coucher mon histoire sur papier, comme si écrire les mots noirs sur blancs me permettrait d'oublier ou d'annuler ce qui a été fait.
Et puis j'ai voulu qu'on connaisse mon histoire. J'ai donc publié ces quelques chapitres de ma vie et très rapidement j'ai été repérée par une maison d'édition qui a souhaité me publier en chair et en os.
J'ai d'abord hésité, ne voulant pas qu'une partie de ma vie soit transformée pour les bienfaits de la vente. J'y ai pensé jours et nuits et j'ai fini par mettre William dans la confidence.

" Mais évidemment que tu dois accepter Em'!" M'avait-il dit en me donnant une tape amicale, me reprochant de ne pas lui en avoir parlé avant.
Ce souvenir m'arrache un sourire alors que je suis entrain de me préparer pour la séance de dédicaces.
Contre toute attente, mon livre s'est vendu rapidement et les critiques n'ont pas été si mauvaises.

"Malgré une écriture parfois un peu simpliste, cette jeune auteure sait nous transporter dans les tourments de l'adolescence et nous entrons facilement dans le récit de ses personnages."

"Mistake peut paraître peu originale de prime abord. Mais l'écriture de cette histoire est rondement menée et le lecteur de laisse vite prendre au jeu souhaitant connaître le dénouement."

Toutes les critiques étaient du même acabit. Je les ai toutes gardées, et je les portes même avec moi ce soir.

J'envoie un message à William pour être certaine qu'il ne m'oublie pas. J'ai tellement besoin de lui pour me rassurer.

19h30. Les portes de la librairies s'ouvrent pour laisser entrer une foule de personnes. Avant d'entamer les signatures, je dois lire un passage du roman. J'attends que tout le monde soit bien installé et je commence.
J'ai choisi de lire un des passages où mes amies me tournent le dos. C'est celui que j'ai eu le plus de mal à écrire car je savais que c'était de ma faute mais je n'arrivais pas à l'accepter.

À la fin de ma lecture, je relève les yeux et regarde mon public. Je croise les yeux de William, debout, derrière, comme s'il n'osait pas entrer. Il me fait un sourire et je sens toute sa fierté m'envahir.
Puis mon regard se perd dans l'assistance et je tombe alors sur 5 paires d'yeux envahis par les larmes. Mes anciennes amies et ma mère sont là... Après plus d'un an, elles sont venues... Je ne sais comment réagir. Mon cœur s'emballe, les larmes me montent aux yeux. Que vais-je leur dire ? Si elles sont là, c'est qu'elles ont dû lire le livre. Qu'en ont-elles pensé ? Vont-elles croire que j'ai déformé les évènements ?

La foule se met à former une colonne devant la table pour commencer les dédicaces. La plupart sont des adolescentes qui me remercient, me confiant parfois des moments intimes de leur vie que mon histoire a rendu moins difficile à vivre.

Inquiète, je lève les yeux régulièrement pour voir la progression de ma mère et mes anciennes amies. Elles sont restées à l'écart et je me sens soulagée.

Les dédicaces se terminent après environ une heure de signature. Je cours vers William et me jette dans ses bras. Il m'enlace et me répète à quel point il est fière de moi. Je lui explique que ma mère et les filles sont là et que je vais avoir besoin de lui pour les affronter.
Je lui prends la main et nous nous dirigeons vers ces femmes qui m'attendent.

- Salut, dis-je, gênée.

Elles se tordent toutes les doigts, nerveuses.

- Oh, Emma ! S'exclame ma mère en me prenant dans ses bras tandis que les miens restent le long de mon corps. C'est cette même femme qui m'a abandonnée au moment où j'avais le plus besoin d'aide. Je vais avoir besoin de plus de temps pour lui pardonner.
Ne sentant pas de retour à son étreinte, elle me relâche et s'éloigne. Je me tourne alors vers Julie.

- Écoute Julie, je suis désolée pour toutes les horribles choses que je t'ai dite. Et si ça peut t'aider, tu avais raison, j'ai tout perdu.

Julie se précipite vers moi et me serre dans ses bras. Je lui rends son étreinte et j'entends Leatitia dire :

- On sait que ce n'était pas toi Emma. On est désolé de t'avoir tourner le dos.

Jess, Mélanie et Leatitia se joignent à Julie pour me prendre dans leurs bras. Et à cet instant , je sais que ma vie va pouvoir reprendre son cours.

Fin !