V. Do you miss New Orleans ?

And there's one thing more,

I miss the one I care for

More than I miss New Orleans

Le froissement des vêtements qu'on retire, mêlé à nos halètements, étouffent les murmures du crépuscule. Mes mains glissent sur son ventre, chaud, ferme et soyeux. Allongée au fond de la barque, Ash me recouvre entièrement. La lune brode sa lumière sur le contour de ses épaules... Son torse nu est un cadeau pour mes yeux. Tout en m'embrassant à perdre haleine, il nous débarrasse des dernières pièces de tissus.

Sa bouche se promène sur mon cou qu'il honore longuement. Quand il le délaisse, c'est pour mieux explorer le reste, s'abreuvant de la sueur qui coule entre mes seins ; ses lèvres chaudes se referment sur l'un de mes tétons. Je me cambre, mes reins s'embrasent. Son corps m'enveloppe et me submerge. Je me noie dans sa peau.

Sa paume se niche enfin contre mon secret brûlant. Son pouce joue doucement avec mes poils humides. Je suffoque, mes hanches oscillent. Ses longs doigts, doux mais audacieux, tracent les contours de ma chair mouillée, gonflée, ouverte, puis ils s'enfoncent entre mes pétales, aussi trempés qu'une rosée du matin. Je ruisselle à n'en plus finir sur ses phalanges expertes. Il se redresse pour mieux me contempler.

Ses obsidiennes flambent dans la nuit. Il se mord la lèvre, comme s'il retenait une bête en lui.

— Clara, tu es... Fuck, j'ai tellement envie de toi, gémit-il.

Je ne désire qu'une chose, être à lui. Il place ses mains sous mes genoux et relève mes jambes. À l'intérieur de mes cuisses pâles, il grave des baisers carnassiers, sinuant jusqu'à mon aine. L'air me manque. Quand je sens le bout de sa langue récolter mon miel, j'exulte. Je vibre toute entière. Impatiente, j'emprisonne sa tête.

— Hum, Clara... grogne-t-il contre mon sexe.

Ash se dévoue à la tâche en frottant son visage contre ma source effervescente. J'ai l'impression de me dissoudre sur sa langue. Je le repousse, au bord du précipice.

— Ash...

— De quoi tu as envie, ma douce ?

— En moi. Viens, en moi.

Il ne se fait pas prier. Il caresse ma pommette, les yeux mi-clos, embrumés. Mon regard ne peut s'empêcher de dévorer sa silhouette sculptée. Entre ses hanches, niché dans sa toison brune, son sexe large se dresse, glorieux. Mon propre cœur malmène mon souffle.

Il fouille la poche de son jean abandonné à nos pieds, en sort un préservatif. De nouveau, il épouse mon corps nu, offert. On tangue un peu, dans la barque, et ça m'effraie. Ash me rassure.

— Tout va bien, ma puce.

Il scelle ses lèvres aux miennes, et ça y est, il me pénètre.

Je sens chaque aspérité de son être, le relief de son gland humide, sa longueur intraitable qui m'accorde à son épaisseur. Ses gémissement meurent dans mon cou, je frissonne de partout. Ash s'insère crescendo jusqu'à être tout au fond de moi. C'est si bon, d'être simplement là, remplie de lui. Sa chaleur, sa tendresse, son intime.

Il cherche mon regard, sonde mon visage. J'acquiesce, empressée et fébrile. D'un mouvement lancinant, il bouge en moi, il me conquiert. Et je sombre en eaux troubles, dans les abysses.

Ses poussées s'affirment, je griffe son dos. Il suce mes lèvres, entrouvertes sur un souffle infime. Son membre lourd me percute à un rythme obsédant, jusqu'à m'étourdir.

— Je vais y aller plus fort, OK... ?

Sa supplique me met à l'agonie. Il avait raison, c'est lui, mon plus grand péril en ces lieux...

Affamé, Ash ne retient plus la bête féroce assoupie en lui et accélère ses coups de rein. Je hoquette sous sa puissance inébranlable. Son ardeur n'a plus de limite et je me délite sous le clair de lune.

Mes cris se fondent dans le chant du marais de l'Île-de-Miel.

***

L'été me file déjà entre les doigts, Ash se dérobe peu à peu de mon horizon, un songe qu'on peine à retenir. Après cette échappée sur les bayous, je n'ai plus tellement fait de tourisme, à part entre les bras de mon musicien. J'ai découvert ses vallées, il a colonisé mes courbes, m'adorant sans retenue, derrière un piano, sur un tapis de mousse ou sur sa couche, dans son appartement du Vieux Carré. Nous avons dansé des nuits entières, baignés dans la sueur, l'alcool et la fièvre, écumé des ruelles turbulentes jusqu'à l'aurore, nous sommes endormis l'un contre l'autre en libérant nos rêves les plus intimes, les plus incandescents.

Suzanne n'a pas vu ça d'un très bon œil, au début, et j'ai craint que son cher époux n'émette l'idée d'un exorcisme ou d'un châtiment. Finalement, ils m'ont laissée achever mes vacances à ma guise. J'ai même vu Suzanne sourire de malice devant mon enthousiasme ressuscité. Je lui suis reconnaissante de m'avoir permis d'écrire ma propre épopée au bord du Mississippi...

Je rentre à Paris, le cœur débordant de souvenirs, le corps incrusté de frissons et les mains transpercées par l'électricité du Jazz. Je n'ai qu'une seule hâte, m'offrir un synthé et poursuivre l'apprentissage initié par mon guide : l'art est un voyage et je ne suis qu'à l'orée du chemin.

Le jour de mon départ, Ash m'avait conduite à l'aéroport. Les aux revoir étaient lourds, mais vibrants. Ses caresses écrivaient des messages secrets au bord de mes lèvres, dans le creux de mon oreille. Je me souviendrai toujours de ses dernières paroles : « Clara, partout, où que tu ailles, emporte un peu de Nouvelle-Orléans avec toi. »

***

Dix ans plus tard, Madison Square Garden, New York

Les murs tremblent, les basses grondent. Percussions, contrebasse et violoncelle accompagnent ma prestation dans ce lieu immense, iconique. Quand j'appose le dernier Fa mineur de cette sublime sonate de Brahms, le silence vibre longuement dans le Colisée monumental.

Les spectateurs acclament la réinterprétation audacieuse de ce morceau, celui grâce auquel j'ai échoué, dix ans auparavant. Ma poitrine menace d'éclater. Je frémis, à l'unisson de mon piano, de mes musiciens et du public exalté. Épuisée mais comblée, je rejoins ma loge sous les applaudissements.

Sur la table, quelques missives d'admirateurs s'empilent.

Je me mire un instant dans le miroir de la coiffeuse. Drapée d'une robe à sequins, je parais enrobée de diamants. Je n'ai jamais eu autant l'allure d'une grande dame, malgré le feu sauvage qui crépite au bout de mes doigts.

L'année qui a suivi mon audition pour l'Orchestre de Paris, j'ai rompu avec les institutions et me suis consacrée à forger mon empreinte. J'ai visité tous les clubs de Jazz parisiens, j'ai voyagé très loin, j'ai fondé mon propre orchestre symphonique aux sonorités contrastées, singulières. À l'aube de mes trente ans, je fais rugir les salles de concert les plus mythiques et je vis de mon art.

Accroché au cœur, toujours, telle une amulette, ou un métronome, il y a un jazzman électrique qui swingue.

Alors que je m'étends sur la banquette de la loge, soupirante, l'esprit peuplé de vieux souvenirs, quelqu'un toque à ma porte. Je me redresse, et je l'entends avant de le voir.

— Grenouille ?

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