Bonus I.
Carmine.
Je haïssais le sable.
Il s'infiltrait partout, venait bloquer les engrenages du destin, engloutissait tout ce qu'il pouvait... Et il filait entre les doigts, insaisissable.
Autour de moi, d'immenses dunes se dressaient, creusant des vallons et des sillons toujours en mouvement entre les parois escarpées d'un canyon ocre dont les roches escarpées et saillantes s'élevaient jusqu'à atteindre un ciel rougis par des feux invisibles. Tout était rouge ou brun, balayé par un vent incandescent qui soulevait mes boucles sombres, caressait mon visage. Je plissai des yeux, scrutant autour de moi l'immobilité parfaite de cet endroit maudit.
Je n'avais jamais mis les pieds dans le cinquième cercle avant cela. Ma vie entière s'était composée des ténèbres de l'antre du Mal et, depuis mes dix ans, des mortelles forêts du cercle des damnés, là où Béatrice m'avait recueilli alors que j'errais, à moitié mort de froid.
Dante avait longtemps hésité. Mais il avait tout de même accepté de m'y envoyer, au milieu de toutes ces âmes errantes, perdues, qui y plongeaient chaque fois qu'elles sombraient dans les limbes du sommeil. N'étant qu'à moitié démon, je ne pouvais traverser les cercles à ma guise. J'avais eu besoin qu'on me le permette.
C'était pour cela qu'au fond de ma poche reposait une feuille de laurier, censée me guider dans ce désert innommable vers sa sortie lorsque j'aurais trouvé ce que j'étais venu chercher.
Puis... Puis le reste ne dépendrait plus vraiment de moi.
Il me fallait une âme.
C'était ce que je cherchais là. Une âme. Pas n'importe quelle âme. Mais une suffisamment forte pour passer les différentes épreuves que lui imposerait Regana. Il fallait qu'elle puisse survivre, surmonter les tourments qui se dresseraient sur notre route.
Et à côté... À côté, je me faufilerai dans son sillage, j'exploiterais cette faille que l'âme ouvrirait. Et je pourrais enfin véritablement l'atteindre. Lui.
Mon père.
Cela faisait quatorze ans que je préparais ma vengeance. Je m'étais entraîné sans relâche, jour et nuit, avec Dante et Béatrice, pour maîtriser mes pouvoirs, devenir plus fort et être enfin prêt. La démone m'avait tant de fois envoyé au sol, avait tant de fois brisé mes os, chacun de mes os, qu'aucune douleur physique ne parviendrait à m'arrêter. Si le poète démoniaque doutait encore que je fus véritablement paré, je m'étais enfin lancé dans notre mission « Virgile ».
Il était hors de question que j'attende encore. Hors de question qu'Il puisse encore décider de nos destins, après tout ce qu'il m'avait fait. Chaque once de mon corps s'éveillait à cette idée, protestait presque douloureusement et me rappelait les sévices qu'il avait laissé en moi. C'était comme un inlassable calvaire, une chanson maudite qui résonnait à mes oreilles, détruisant ce qu'il y avait d'humain en moi, excitant ces ténèbres qui me venaient de lui.
Je le haïssais. Si fort. Si violemment. Je ne rêvais que de le détruire, de l'anéantir et de m'emparer de tout ce qui lui était cher. C'était la seule chose qui comptait. Ma seule obsession.
Il n'y avait qu'ainsi que l'étau effroyable qui comprimait ma poitrine et obscurcissait mon être entier se relâcherait. Qu'ainsi que cet orage qui faisait rage en moi, anéantissant la moindre once de bien, annihilant tout le reste, pourrait enfin se calmer. Qu'ainsi que la souffrance cesserait... Il le fallait ! Cela ne pouvait être autrement.
Je ne pourrais pas respirer véritablement tant qu'il demeurerait en vie.
Une brûlure atroce, latente, remontait le long de mon bras, de mes paumes jusqu'au creux de mon coude, avant de grimper jusqu'à mes épaules et d'irradier mon cœur. Des étincelles fourmillaient au bout de mes doigts et je sentais mes dons s'éveiller, animés par cette vague de haine qui m'avait gagné, alimentée par la frustration et la rage. Mais l'impatience était là, grouillante, grondante, ne cessant de me rappeler que la réussite n'était pas loin.
Je serrai le poing, canalisant aussitôt mes pouvoirs qui avaient menacé, l'espace d'un instant, de s'échapper, avant d'inspirer profondément, retrouvant une plaine maîtrise de moi-même.
La véritable descente aux enfers avait commencé. Il ne me manquait plus que la clé.
Secouant le sable qui s'était infiltré dans mes bottes, je m'avançais vers le canyon, dévalant la pente abrupte d'une dune.
Au loin, un rugissement menaçant retentit, m'indiquant qu'un monstre s'y trouvait. Je ne les craignais guère mais si je voulais trouver ce que j'étais venu chercher, je ferais mieux de m'éloigner d'eux. Les pauvres condamnés fuyaient comme la peste les créatures.
Je m'avançais dans le canyon, entre les roches saillantes et dressées. Parfois, d'immenses crevasses se dessinaient. J'évitais de chuter dedans. Ce serait une très mauvaise manière de débuter ma mission.
Soudain, je me figeais, tous mes sens en alerte.
Il y avait une âme errante pas loin. Je percevais les battements affolés de son cœur et des bribes de pensées décousues, noyées sous une peur dévorante. Guidé par ce tambourinement aliénant et si terriblement humain, je suivis une piste. Ce n'était pas ma première rencontre. Mais jusque-là, aucune ne m'avait satisfait. Aucune n'avait démontré suffisamment de capacité et de force pour tenir le coup. Les âmes avaient toutes été trop faibles, trop dévorées par le mal... Ou tout simplement pas à mon goût !
Soudain, alors que je contournais un piton rocheux, une tornade rousse me percuta de plein fouet. Le choc se diffusa dans ma poitrine, violent. Aussitôt un juron s'éleva dans les airs.
« Bordel de merde de...
Ça commençait bien. Amusé, peu troublé par tout ceci, je m'exclamai, narquois :
— Que c'est charmant.
L'intruse recula de quelques pas, relevant la tête pour me dévisager, les yeux écarquillés, dans un mélange de surprise et d'horreur.
C'était une jeune femme, à peine une adulte. Petite de taille, je la toisais sans difficulté. Son visage fin et émacié, marqué par une fatigue certaine, était entouré par une épaisse chevelure rousse, d'un roux presque pâle, se parant d'étranges reflets dans ce désert où tout semblait s'embraser sous les rayons d'un soleil brûlant invisible. Ses yeux noirs ressortaient exagérément sur son teint blafard. Et elle était si frêle, si fine, que j'étais à peu près certain qu'un rien aurait pu la balayer. Mais il y avait dans son attitude, dans son port de tête, une force raide, presque insaisissable, qui se reflétait dans la noirceur de son regard, animé d'une lueur quasi-sauvage. Celle d'un animal traqué. Mais bien décidé à échapper à ses bourreaux.
Ce même regard était posé sur moi, me dévisageant sans vergogne, comme si j'étais une apparition. Ce que j'étais peut-être après-tout... Ses pensées me parvinrent enfin, à travers le brouillard de sa surprise alors que son attention se focalisait sur mes propres pupilles.
« Minute ! Des yeux violets ? Ne te laisse pas déconcentrer Sam' ! »
Aussitôt, elle tourna des talons, prêtes à détaler comme un lapin.
Poussé par l'instinct, je la rattrapai, me saisissant de son coude.
La douleur qu'elle ressentit aussitôt envahit les liens télépathiques, m'électrisa tout entier, engloutit ma raison. J'appuyais sur d'anciennes plaies, pas encore cicatrisées. Mais je ne parvins pas à me détacher. Car je venais de plonger dans l'esprit de cette inconnue, de m'y enfoncer toujours plus profondément, accédant à ses pensées, ses secrets, ses souvenirs...
Tout n'y était que chaos, souffrance, lutte acharnée. Tout s'emmêla un instant dans ma boîte crânienne. Entièrement assourdi, je n'entendais plus que des hurlements, des ricanements mauvais, je ressentais un tourbillon d'émotions si vivantes, si humaines m'envahir, m'enlacer, me broyer...
C'était si douloureux. C'était... Elle !
Je m'arrachai à cette torpeur abominable, retrouvant le contrôle, remontant vers la surface, vers ses pensées plus claires, moins étouffées par les plaies de son subconscient. Battant des paupières, je la toisais quelques instants, détaillant son expression. Dix années qu'elle errait ? Et elle n'avait pas encore perdu la raison ?
Je dissimulai ma surprise. J'avais croisé de nombreuses autres âmes ayant entièrement basculée dans la folie ou le désespoir, ayant laissé le mal les anéantir après avoir passé bien moins de temps dans le cinquième des cercles infernaux. Après tout, comment ne pas comprendre : chaque instant passé ici se résumait à une torture atroce entre les griffes de démons ou de créatures monstrueuses. Et j'étais bien incapable de dire lequel des deux était le pire.
Mais cette petite rousse avait résisté. Et même si je devinais au fond de son être que cela ne durerait peut-être pas longtemps, que bientôt, elle aussi sombrerait, elle possédait encore suffisamment de hargne et de force pour courir et se cacher chaque nuit. C'était ce qui comptait. C'était exactement ce que je recherchai.
C'était elle.
Elle était celle qu'il me fallait.
Elle n'avait rien à perdre, tout à gagner. Et en elle, brûlait un brasier dévorant, celui de la combativité, à la recherche de la moindre brindille pour prendre et s'embraser. Une brindille que j'allais lui tendre. L'espoir.
Il ne me restait plus qu'à la convaincre, la manipuler pour la mener là où je le désirais, pour qu'elle m'ouvre la voie jusqu'à mon père et qu'elle me mène à la dague.
— Qui êtes-vous ? s'exclama cette furie en me toisant, enragée.
— Ça n'a aucune importance.
Elle fulminait face à ma réponse évasive alors même que je me composais un masque d'impassibilité, raffermissant ma prise autour d'elle lorsqu'elle voulut s'échapper. Il était hors de question que je la laisse partir. J'entrevoyais véritablement ma vengeance enfin exaucée. Sans me soucier de ses petits sourcils qui se fronçaient, conférant à son minois une expression renfrognée, je m'enquis :
— Comment tu t'appelles, l'étrangère ?
Je demandais pour la forme puisque je l'avais déjà lu en elle.
Samaëlle !
Un prénom idéal pour une âme condamnée aux enfers...
Un instant, nos regards se croisèrent pour la première fois, véritablement. Elle parut quelque peu se calmer, sa vindicte se soufflant pour être remplacée par autre chose, quelque chose de plus attrayant encore.
— Ça n'a pas beaucoup d'importance, rétorqua-t-elle, détachant chaque syllabe, reprenant mes propres mots.
Et bien, et bien... Bien malgré moi, mes lèvres s'étirèrent en un véritable sourire. Vraiment, cette Samaëlle se révélait pleine de surprise. Entre ses pensées incongrues et sa langue acerbe, je devinais qu'elle transformait sa peur comme elle le pouvait en un flot de rage et de violence, prêt à se tourner vers n'importe qui. Un des effets de Regana.
— Pour une âme damnée tu en as du courage. J'en conclue que tu n'es qu'une simple visiteuse pour le moment !
Elle ne répondit pas, mais ce qui traversa son esprit en cet instant valait réellement toutes les réponses du monde. Que de sarcasme en un si petit être... Je devais l'avouer, à cette première impression, je l'aimais bien. C'était évidemment biaisé. Après tout, elle était la première jeune femme de mon âge – bien qu'elle fût sensiblement plus jeune – que je rencontrais réellement, et ce, malgré le contexte étrange de cette rencontre. C'était presque rafraichissant et bien différent de ce que je partageais avec Dante et Béatrice.
Mais je ne perdais pas de vue mon véritable objectif.
Alors que son regard glissa sur mes doigts, toujours fermement serrés autour de son bras, une nouvelle voix s'éleva, à quelque mètre de nous, détournant aussitôt notre attention vers sa source.
— Toi là ! Bas les pattes. C'est notre petite chérie !
Je grimaçai à la vue de Katrina et Morval. De tous les démons qui habitaient les cinq cercles de Regana, ils étaient ceux que je haïssais le plus. Après mon père. Peut-être justement parce qu'ils étaient autant dévorés par le mal que lui.
La dernière fois que je les avais croisés, c'était au palais. Avant que je ne m'enfuie...
Je chassais ce souvenir de ma mémoire, aussitôt déconcentré par toutes ces émotions qui me parasitaient. Après tout, aujourd'hui, ils ne pouvaient plus rien contre moi. Je n'avais plus rien du petit garçon effrayé de l'époque. Mes dons s'étaient développés et s'ils étaient suffisamment stimulés, je ne doutais guère qu'ils dépassaient les leur en puissance. Ce sale chien et sa sœur ne valaient rien à côté de moi. Mais le désespoir et la fureur de la petite âme étaient si flagrants qu'ils me submergèrent. Elle était enragée, effrayée... Elle craignait déjà ce que ces deux êtres abjects allaient lui faire à nouveau et d'un autre côté, elle me maudissait, s'imaginant déjà mille moyens de me faire payer pour l'avoir empêché de se cacher. La violence de son ressentiment en cet instant me laissait presque sans voix. La pensée qui suivit finit par m'achever.
« Flûte, les jumeaux commençaient à déteindre sur moi. »
Je ne pus m'empêcher d'esquisser un rictus face aux ses idées si peu charitables et orthodoxes. Je commençais à me poser de sérieuses questions concernant la santé mentale de la jeune femme.
Me tournant vers elle, je ricanai :
— Tu dois vraiment être douée pour t'attirer l'attention des deux pires molosses de cet endroit.
Son indignation me percuta de plein fouet. Bon, je n'aurais peut-être pas du dire ça. Mais avant qu'elle ne réponde, Katrina reprit avec véhémence :
— Lâche la, elle appartient au seigneur de Regana.
Même si elle tentait de le cacher, la démone était agitée. Un tic agita sa joue gauche, trahissant sa nervosité. Une nervosité dont j'étais à l'origine. Ce dernier constat me remplissait d'une satisfaction presque malsaine. Sans me départir de mon calme, jugulant une vague d'orgueil, je répliquai avec nonchalance, haussant des épaules :
— Comme vous tous.
Cette fois, mon interlocutrice perdit patience et à ses côtés, l'immense molosse coucha ses oreilles en arrière, menaçant.
— Bouge de là, créature maudite. Rends-moi ma petite chérie.
Je secouai la tête.
— Hors de question.
J'avais pleinement conscience de la tension qui régnait en ce lieu. Insoutenable, dangereuse, fatale... Lorsqu'elle exploserait - et elle allait exploser - cela ferait des dégâts.
Soudain, la petite âme rua, guidée par un instinct de fuite toujours plus pressant. Un éclair me frappa en quelques secondes alors qu'un vif élan de refus me parcourut.
Elle allait me glisser entre les doigts.
Hors de question !
La rattrapant, je la ramenai à moi, dégainant une dague pour la glisser sous sa gorge, la menaçant d'une lame tranchante. Mais c'était moins pour lui faire du mal que pour narguer les deux démons face à nous. Ce qui fut une réussite !
Un grondement sourd s'échappa de la gorge de Morval.
Samaëlle voulut se débattre, se libérer. Tout son être s'était raidi contre moi, c'était à peine si elle osait emplir ses poumons d'air. Ses suppliques internes m'assaillirent alors même que son imagination s'emballait quant à ce que pourraient lui faire les deux tarés.
« Non, non, lâchez-moi ! J'irais avec eux... »
Face à sa panique, je tentai de la rassurer sur mes intentions, rompant pour la première fois mon silence et soufflant dans le secret de son esprit d'un ton conciliant :
« Du calme petite étrangère, je ne te ferai aucun mal. »
Elle se figea. À ma grande surprise, elle comprit tout de suite d'où venait cette voix, ma voix, qui venait de résonner dans sa tête. Ce que je lui confirmais aussitôt.
« Télépathie. »
Elle cessa brutalement de respirer, cette fois, pétrifiée. Cette dernière information parue l'achever. La terreur referma sur elle des griffes terribles et j'attrapai au vol chacune de ses pensées, confuses, peu lucides, son espoir presque étouffant ce bientôt être réveillée et tirer de son cauchemar... Un espoir que je ne pus rien faire d'autre que briser, face à l'amère et cruelle vérité :
« Nous ne sommes qu'au milieu de la nuit. »
De nouvelles obscénités s'échappèrent d'entre ses lèvres gercées au moment même où le désespoir s'abattit sur elle.
Sa haine à mon égard était perceptible, tangible. J'en ressentis un pincement au cœur. C'était la première fois que je me laissais autant atteindre par les émotions d'un autre. Mes voies télépathiques étaient grandes ouvertes, il le fallait bien puisque je devais à tout prix savoir comment la manipuler, mais elles laissaient entrer des émotions trop humaines qui venaient brouiller les miennes. Seulement, ma soif de vengeance était plus forte que ce petit bout de femme.
Je demeurais calme. Cette situation n'avait rien de dangereux pour moi, même si j'avais cruellement conscience que je jouais avec une menace mortelle pour la jeune femme prisonnière de mon étreinte. Elle savait très bien que ses bourreaux, s'ils ne pouvaient la faire souffrir ce soir, se montreraient deux fois pire la prochaine nuit. Une menace que confirmait la démone lorsqu'elle susurra à son intention, comme une promesse obscure :
— Ne t'inquiètes pas petite chérie, nous nous chargerons de lui, puis ce sera ton tour.
— J'aimerai bien voir ça, ricanai-je, peu impressionné par les menaces des jumeaux démoniaques.
Ces derniers semblaient prêts à passer à l'attaque. Katrina avait dégainé ses couteaux tandis que son frère ouvrit plus grand encore sa gueule, menaçant de refermer cette mâchoire infernale sur nous. Il n'attendait que le signal de sa sœur pour bondir.
Et entre mes mains, l'âme errante avait cessé de respirer, pétrie d'un désespoir et d'une fureur destructrice face à son impuissante. Un instant, je me figeai.
Elle était à ma merci, entièrement prise au piège. Mais contrairement aux démons, je n'éprouvais aucune satisfaction à cette idée. Il n'y avait réellement rien de grisant à tenir entre ses doigts la vie de cette si frêle créature, déjà brisée, déjà condamnée. J'éprouvais presque du dégoût envers mes actions. Mais je n'avais pas le choix.
Je devais me libérer. Et elle allait m'aider.
Lentement, j'éloignai ma dague de sa gorge, la libérant de ma menace. Et avant qu'elle ne puisse s'échapper, encore sous mon emprise, j'embrassai sa tempe, dans un geste inexplicable, sans m'empêcher d'esquisser un rictus narquois. Malgré mon apparence nonchalance, ce geste me submergeait tout entier. Je n'avais jamais été aussi proche de qui que ce soit. Surtout pas d'une humaine, si réelle, si... vivante. Son âme était là, contre moi, alors même que j'en étais dénué. Son sang pulsait contre ses veines, ce lieu si sacré aux yeux des vivants...
Samaëlle avait tout de suite compris ce que je faisais. En cherchant à pousser à bout ses tortionnaires c'était à elle que je ne laissais aucun choix. Elle aurait besoin de moi. Ses insultes résonnaient dans mon esprit comme une délicieuse mélodie.
— Nous nous reverrons bientôt, Sam'. Je rentre dans le jeu » murmurai-je contre sa tempe.
Elle se figea à l'entente de son prénom, stupéfaite. Elle peinait à saisir le sens de mes mots et moi-même, j'aurais voulu lui en dire plus. Mais pas ce soir. Pas cette nuit. Katrina et Morval n'allaient pas tarder à attaquer, je le sentais, et je ne pourrais guère nous protéger tous les deux. Ce ne serait pas comme ça que je parviendrais à la convaincre de me suivre dans mon aventure. Et si elle tombait entre leurs griffes, j'étais bon pour aller me chercher une nouvelle âme.
Il fallait qu'elle se réveille. Maintenant.
Mes lèvres se détachèrent d'elle, presque à contre-cœur et je m'écartai légèrement, quittant la chaleur de son corps si frêle. Et soudain, profitant de sa paralysie, j'enfonçai ma lame dans son dos.
Un spasme la secoua, un hoquet lui échappa et elle s'effondra au sol, assaillie par la souffrance.
Au même moment, Morval me sauta dessus, toutes griffes dehors. Levant la main devant moi, je le repoussai avec hargne, déterminé à rester hors d'atteinte de ses appendices mortels.
Un instant, mon regard se posa sur la petite rousse au sol, agonisante, prête à se réveiller dans la réalité. Sa douleur explosait, s'évadait avant de refluer, s'enfonçant dans les ténèbres de l'inconscience qui la gagnait petit à petit. Mon cœur se serra étrangement dans ma poitrine tandis même qu'une nouvelle assurance prenait possession de moi. Je renvoyais peut-être son âme à son corps, mais désormais, nos destins étaient liés.
« Au fait, je m'appelle Carmine, soufflai-je dans son esprit, avec douceur. Ne me considère plus comme un inconnu. »
~
Bonjour, bonsoir à tous et à toutes 🖤 comment allez-vous ?
Et non, vous ne rêvez pas, c'est un petit bonus de Mission "Virgile" que voila ! Et c'est le premier d'une petite série, tous du point de vue de Carmine ! Vous allez enfin pouvoir rentrer dans la tête de mon adorable et séduisant fils des ténèbres !
Je sais que certains d'entre vous étaient curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer dans la tête de Carmine lors de sa rencontre avec Sam' ! Et bien voilà la réponse 😉
J'espère en tout cas que ce premier bonus vous aura plu ! Pour ma part, je me suis vraiment amusée à l'écrire ! 😍
Si jamais vous avez quelques suggestions de scènes qui vous intéresseraient de son point de vue, n'hésitez pas ;) en attendant, je vais enfin pouvoir débuter le second tome 🙈 Je tiendrai au courant de l'avancée sur Instagram !
À bientôt pour de nouveaux bonus,
Je vous aime diaboliquement,
Aerdna 🖤
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