❁ 45. Aimer et être aimé.
____CHAPITRE 45____
-La vie c'est comme un papillon. Elle ne dure jamais assez longtemps. Alors profitez-en au maximum jusqu'au bout pour ne pas regretter ce que vous n'avez jamais pu faire-
❁___Adriana___❁
05 février - 09h00
BARCELONE - ESPAGNE - MAISON DES GONZALEZ.
C'est l'heure de se lever et pourtant je reste sous ma couverture ne voulant pas me lever. Me lever pourquoi de toute façon ? Je n'ai toujours pas trouver de travail et je ne poursuis pas mes études.
— Allez, Adriana ! S'il faut commencer un nouveau départ, il faut changer ce look ! hurle Ava dans mes oreilles avant de tirer sur ma couverture.
Je grogne de mécontentement et ramène le drap sur ma tête.
— Pourquoi je t'ai dit ça déjà... ? Ah oui... Parce que son absence me rend malheureuse.
Cela fait huit jours que je suis rentrée à la maison, à Barcelone, et dix jours que j'ai vu Aaron. J'ai dit que je l'attendrai après avoir vu toutes les horreurs de la soirée mais je crois que je me suis un peu sous-estimée. Non seulement l'absence d'Aaron est comme un poison dans un alcool mais je me défais trop lentement des images de la soirée ensanglantée que j'ai vu.
Honnêtement, je ne sais pas comment j'ai réussi à ne pas tomber dans les bas-fonds des profondeurs en ayant vu l'enfer devant mes yeux. Je suis bouche bée par mes efforts contre la peur et le dégoût. Mais ce qui me fait le plus stressée c'est de me dire que si Aaron décide de rester auprès de Jude et Jake, je ne le reverrai peut-être plus jamais.
— Adriana, si tu as confiance en lui et que vous vous aimez, il n'y a pas de raison d'avoir peur. Il viendra. Ce genre de choses ne se fait pas en quelques jours. Il faut des semaines.
Des semaines... Comment attendre Aaron des semaines alors que mon simple retour dans l'avion pour Barcelone m'a demandé un effort considérable ?
Les larmes me montent aux yeux. J'ai envie de pleurer, de fermer les yeux.
Je pourrais dormir jusqu'à ce qu'il revienne même si ça doit prendre des mois...
— Juste les pointes. Si ton amoureux arrive, il doit tout de même te reconnaître, non ? Sinon, un carré...
J'ouvre enfin les yeux et me redresse précipitamment, retirant la couverture de mon corps.
— Va pour les pointes.
Elle rit et remporte encore la partie.
***
12 février - 16h30
BARCELONE - ESPAGNE - PATINOIRE EN PLEIN CIEL.
— Je t'ai dit que c'était une mauvaise idée ! m'exclamé-je en essayant de me stabiliser sur mes patins.
— Pouhaha ! Adriana, fais un effort ! hurle Ava en patinant sur la glace au lieu de m'aider.
Tous les vrais amis sont comme ça, ils rient au lieu d'aider. C'est ce qui fait l'amitié.
Je dirige mon regard vers Ava mais sans m'en rendre compte, fonce sur le corps de quelqu'un. Nos corps s'entrechoquent et nous tombons en même temps sur la glace. En un frisson, mes fesses gelées se brisent en frappant la surface dure de la patinoire et commencent peu à peu à tremper le tissu de mes vêtements. Je grogne intérieurement.
— Vous allez bien ? Désolé, je n'ai pas su diriger la trajectoire de mes patins.
Je relève les yeux vers la voix masculine qui vient de me parler. L'homme m'a parlé en anglais, je déduis donc que c'est un touriste. Il porte un trench noir et une montre hors de prix au poignet. Je me surprends à penser à Aaron à la moindre chose que je vois, qui pourrait lui appartenir. J'ai mal. Il n'y a pas de doute, son absence me détruit peu à peu.
— Ne vous excusez pas, c'est de ma faute. J'ai pas regardé où j'allais.
Je pouffe faiblement, gênée. L'homme tend sa main que j'attrape amicalement puis il nous remet sur pied. Ava se poste à mes côtés et pose son bras sur mon épaule. Elle observe l'homme qui dépoussière son trench. Il fait la même taille qu'Aaron, un tout petit peu plus grand je dirais.
— Silas. Viens. Laisse-les s'amuser ! hurle un autre homme un peu plus loin.
Le dénommé Silas souffle et s'excuse une dernière fois avant de patiner sur la glace. Ava ne dit rien mais je sais qu'elle me regarde. Quand je me tourne vers elle, je la surprends en train de me regarder.
— Tous les beaux mecs te trouvent, c'est ouf ça. Quand est-ce que moi je vais avoir droit à ma belle fin avec un homme capable moi ?
— Dans les magazines que tu regardes en cachette dans ta chambre.
Elle semble surprise puis pour toute réponse elle abaisse rapidement mon bonnet de Noël jusqu'à ce que je ne fixe plus rien.
— Eh ! Ava ! Je vais t'attraper ! m'exclamé-je en essayant de relever mon bonnet.
Quand j'arrive enfin à retrouver ma vue, sans surprise, je vois qu'elle est déjà partie patiner.
***
18 février - 14h23
BARCELONE - ESPAGNE - MAISON DES GONZALEZ.
— Félix ! C'est l'anniversaire de ta sœur, fais un effort et range tes jouets bon sang de bonsoir ! s'écrit ma mère.
Je souris en coin en entendant Félix protester.
Et oui... Aujourd'hui j'ai vingt ans. Vingt ans. C'est un tout nouveau départ pour moi. J'ai réellement vécu des centaines de milliers d'événements inoubliables à mes dix-neuf ans. En passant par des études que j'ai dû arrêter pour payer ensemble les dettes de ma famille puis par cette mission qui a chamboulé ma vie mais aussi la perception que j'avais sur le monde illégal.
En parlant de dette, Jacob a tenu parole et tout est redevenu dans l'ordre. Ma mère et mon père ont pleuré ensemble quand ils ont su que leur fille avait finalement réussi à rembourser leurs dettes qu'ils essayaient tant bien que mal de rembourser depuis des mois. Mon père m'avait dit : tu es notre sauveuse, Adriana. D'un côté je suis redevable pour Jacob, de nous avoir donné la possibilité de corriger nos erreurs. D'un autre côté, je remercie Aaron car sans lui, jamais je me serais sentie aussi à l'aise à jouer le rôle d'une femme mariée en plein voyage de noce.
En parlant d'Aaron, aujourd'hui, cela va bientôt faire un mois dans quelques jours que nos chemins se sont séparés. Je l'attends toujours. J'ai confiance en lui. Je sais qu'il reviendra. Je suis persuadée.
Pour ce qui est de l'effondrement des réseaux Black Iron et Dead Heart, je n'en sais pas plus. J'ai voulu en savoir plus en demandant à Jacob, mais celui-ci était déjà trop occupé par l'enterrement de Matthieu Davis. Jacob était l'un de ses proches. Matthieu était le père de Jude. J'ai su peu après que Jacob avait été le parrain de Jude pendant plusieurs mois quand elle avait environ neuf ans. En bref, Jacob est un homme qui adore rendre les enfants heureux.
— Il peut jouer maman tu sais... C'est pas la fin du monde...
— Aujourd'hui tu as vingt ans, Adriana. Ça ne se fête pas tous les jours. Tout le monde payerait pour avoir ta place, ma fille.
Ahlala, la grande et bavarde Valentina Gonzalez, femme d'Emilio Gonzalez et ma maman adorée. Tous deux toujours si amoureux et protecteurs depuis ma naissance.
— Ne reste pas planté là, viens faire les roulés à la cannelle. Allez ! Hop, hop, hop.
— J'arrive, j'arrive !
Je m'en vais l'aider après avoir allumé une playlist de musique classique qui résonne dans l'entièreté de la pièce. Je remonte mes manches et m'attaque aux préparatifs.
***
Cette année, je n'ai pas voulu de grande soirée. Ma mère et Ava ont insisté, mais j'ai refusé. Je veux profiter de mes vingt ans en famille, en compagnie de mes amies. En parlant de mes amies, je retrouve Ava et Azzura. Azzura est celle qui m'a accueillie aux États-Unis et qui m'a poussé à trouver un mec en soirée. En réalité, j'en ai trouvé un, c'est un Flic et je l'attends toujours.
Le salon se remplit peu à peu de visages familiers. Quelques-unes de mes cousines discutent tandis que mes cousins se trouvent dans le coin d'une pièce. Même Juan, le fils du cousin de mon père, est ici. Le cousin qui me colle comme si nous n'avions pas de lien de parenté.
— Tu es magnifique, Adriana, susurre-t-il dans ma direction.
— Merci...
Je porte une robe noire à bretelles, qui descend jusqu'à mes chevilles, longue comme j'ai l'habitude de mettre. Mes bras sont dénudés. J'en profite après m'être remise de mes blessures et c'est plaisant de se balader comme on le souhaite.
— Bon. On fête cet anniversaire, oui ou non ? demandé-je tandis que la sonnette de la maison retentit.
Tous les regards se tournent vers la porte. Je jette un regard vers l'horloge accrochée au mur. Il est déjà tard. Une autre de mes amies doit arriver ?
— Va ouvrir, Adriana. Peut-être qu'un admirateur secret t'a envoyé un cadeau.
Je roule des yeux, mais souris, amusée. Je me lève du canapé et me dirige vers la porte d'entrée. Je l'ouvre et ma respiration se coupe. Se tient devant moi, un homme robuste, grand et long, dos tourné.
Un trench noir.
Il se retourne avec un cadeau dans la main. Un sourire parsème mes lèvres quand je revois ce magnifique visage.
— Surpriiise ! hurle Aaron.
Sans attendre, je me jette sur lui. Il enroule instinctivement ses bras musclés autour de ma taille et presse nos corps l'un contre l'autre. Cette chaleur si familière m'avait tellement manqué. Ce parfum boisé et musqué à la fois aussi.
— Aaron... Tu m'as tellement manqué... murmuré-je en resserrant mes bras enroulés autour son cou.
Puis, je le regarde dans les yeux, les larmes risquant de détruire mon mascara. Nos regards se croisent. Il profite de ce moment pour embrasser chaque partie de mon visage : joue, nez, front, tempe.
— Un calvaire sans fin d'attendre le départ des clients. J'ai cru m'endormir.
Des clients ? Quelles sortes de clients ?
— Alors... Tu n'es plus dans tout ça ?
Il me sourit de plus belle. Il me repose doucement sur le sol et secoue la tête.
— Non, butterfly. Je ne suis plus dans ça. C'est terminé. Le réseau a été repris par Jude et Jake. J'ai décidé de m'en éloigner et d'accepter la proposition de Jacob. Je travaille en tant qu'assistant, dans l'entreprise Black. Plus de sang, plus d'armes. Juste du business, légal cette fois.
Et c'est l'une des plus belles réponses que j'attendais qui ressortent de la bouche de l'homme que j'aime.
— Aaron...
— Je te souhaite un joyeux anniversaire Adriana. Je n'ai pas trop eu le temps de trouver un cadeau original, alors...
— C'est toi mon cadeau. Tu es le plus beau cadeau qu'on m'a offert cette année, dis-je avant d'écraser tendrement mes lèvres contre les siennes.
— Hé ! Moi aussi j'ai un très beau cadeau à te donner ! hurle la voix d'Ava, provenant du salon.
Nous rions, Aaron et moi, lèvres contre lèvres, corps contre corps.
— Nous devrions les rejoindre. Ne reste pas devant la porte. Il fait frisquet.
Je lui prends la main. Sa chaleur entre en contact avec la mienne. Son autre main tient toujours le cadeau. Il ferme la porte derrière lui et comme pour la première fois, il retire ses chaussures et les range naturellement.
Il est chez lui, dorénavant. Aaron est chez lui.
***
— C'est magnifique, merci beaucoup maman.
Ma mère m'a offert une nouvelle robe, une que j'avais mise dans ma liste de souhaits il y a presque deux ans. Elle a économisé et m'a offert avec amour ce cadeau. Et rien que de savoir ça, ça me réchauffe le cœur.
Azzura, elle, m'a offert un bon pour une journée entière en spa tout frais payé, contenant coiffure, ongles, massage et repos ( comme quand j'en avais profité à Paris avec Aaron ).
Ava m'a offert l'intégralité des DVD de Teen wolf. Elle sait à quel point j'en suis fan. Stiles Stilinski, je t'attends toujours.
Mon père m'a choisi un bracelet en plaque gravée. Il me l'attache quand Félix m'apporte son dessin avec essoufflement.
Il avait oublié de terminer son dessin. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.
— J'y ai passé beaucoup de temps dessus, sœurette !
Je déplie son dessin puis plisse les yeux, me projetant dans l'entièreté de son dessin. Je vois qu'il nous a dessiné : papa, maman, lui et moi. Mais il y a aussi quelqu'un à mes côtés, dépassant carrément les arbres...
— C'est lui ! dit-il en pointant Aaron du doigt. C'est ton amoureux. Il a tenu sa promesse, il t'a rendue heureuse, alors je l'ai dessiné.
J'ouvre les yeux. Aaron sourit et tous les deux se font un check comme s'ils se connaissaient depuis des années.
— Vous complotez des choses derrière mon dos tous les deux, je vois.
— Chut. Ça reste secret mon pote, dit Aaron en mimant une fermeture éclair avec ses lèvres.
Félix hoche vivement la tête puis me fait un câlin avant de courir dans la maison pour continuer à jouer avec ses Lego. Si ça continue, honnêtement, toute la famille va terminer en Lego...
Le principal, c'est qu'il a pensé à moi, non ? Même si Aaron ressemble à une girafe sur son dessin. Ou alors, c'est moi qui suis trop petite.
Juan m'offre un collier. Je le remercie, bien que je porte déjà le collier avec le pendentif en papillon qu'Aaron m'avait donné et attaché avec une sensualité qui m'avait fait chavirer.
Juan et Aaron se lancent des piques. Je décide de couper ce moment de tension en tapotant le genou d'Aaron. Il détourne le regard et me sourit automatiquement en glissant entre mes mains son cadeau.
Je veux savoir. Je veux savoir ce que c'est.
Quand je déballe le cadeau, des souvenirs remontent dans toute l'entièreté de mon cerveau.
— Oh... On n'y avait pas pensé. Tu connais bien notre fille, Aaron. Elle adore prendre des photos.
— Et vidéos. Elle adore aussi prendre des vidéos, ajoute-t-il.
Les larmes aux yeux, je sors l'appareil photo dernier cri. Je repense aux moments où j'avais filmé Aaron, à Paris, devant la tour Eiffel. C'est des moments qui malgré les mauvais souvenirs restent mémorables à mes yeux.
Tout le monde continue de papoter quand je remercie Aaron. Puis le gâteau au chocolat arrive, vêtu de vingt petites bougies.
— Fais un vœu, Adriana, chuchote Aaron à mes côtés.
J'inspire profondément, ferme les yeux et pense à un souhait très fort. Et enfin, je souffle mes bougies qui célèbrent ainsi mon vingtième anniversaire.
— Qu'est ce que tu as souhaité ?
Je regarde Aaron en mangeant le gâteau que ma mère nous a découpé.
— Ça ne se dit pas un vœu, Aaron.
Il fronce les sourcils et se remet à sa place pour manger sa petite part et au fond, je souris.
— J'ai fait un vœu pour nous deux. J'espère que malgré les choix que nous ferons, nous nous aimerons. Et puis même si un jour le destin nous éloigne, nous savons que le papillon prend toujours son envol pour retrouver l'amour.
Il sourit et se penche pour venir m'embrasser sous le regard de Juan. Je ne sais pas s'il le fait pour qu'il le remarque mais c'est gagné. Juan détourne le regard, vexé et énervé.
***
— Tu dois le comprendre. Nous venons presque de la même famille, Juan.
Après le gâteau terminé, j'ai demandé à Juan de me suivre pour le plus grand regret d'Aaron. Juan est un homme bon, je le sais mais je ne peux pas me permettre de le laisser m'aimer alors que ce n'est pas réciproque. Aaron, évidemment, n'a pas pu s'empêcher de nous suivre avec comme seule excuse ? Une cigarette qu'il fume adossé au mur.
— L'amour ça ne se contrôle...
— Moi je me contrôle à peine pour ne pas foutre mon poing dans ta figure ! s'exclame Aaron.
Je me retourne pour le fusiller du regard. Il tapote les résidus au sol. D'ailleurs pour la cigarette aussi, je devrais lui mettre une restriction. Il a commencé car il ne se sentait pas bien dans sa vie. Maintenant, je suis ici et je ferai tout pour l'aider à combattre cette addiction.
— Tu sais, tu n'avais de l'œil que pour moi que tu n'as même vu ce qu'il se passait à côté.
— Quoi ?
— Azzura, Juan. Elle t'observait beaucoup. Même quand vos doigts se sont effleurés, elle était sur le point de faire une syncope.
Il n'en croit pas ses yeux et se gratte la tempe pour le montrer. Ses joues se teintent d'une légère couleur rosé.
— Il n'y a pas que moi dans ce pays. Trouve toi quelqu'un qui a les mêmes passions que toi. Par exemple, Azzura adore la F1.
— Merde. Moi aussi j'adore ça.
— Tu vois ? Vous en avez des choses à vous dire. Allez. J'en suis sûre d'ici demain soir, vous vous embrasserez !
Je le booste. Il me remercie et s'engouffre dans la maison à la recherche d'Azzura.
C'est là qu'Aaron se rapproche, cigarette au coin de la bouche. Sans lui demander son accord, je l'attrape et la jette par terre, l'écrasant sous ma chaussure. Et puis, quand je relève la tête, je vois son expression outrée.
— Hé... ! Tu sais combien ça coûte une cigarette ?
— Ta santé aussi peut devenir très vite chère si tu continues de consommer cette merde. Alors jette peu à peu ça car je suis ici pour toi dès à présent.
Il vient cueillir ma main et m'invite à marcher avec lui, dans le jardin. Peu de temps après, il me demande de m'asseoir sur la balançoire de notre enfance, qui pourrait céder à tout moment.
— Ce chat... Kitty... Il est sain et sauf ? j'ose demander alors que je prends possession des chaînes rouillées de la balançoire.
— Nous avons demandé à Kyle son emplacement. Il l'a fait de lui-même et l'a ramené. Kitty est en parfait état, comme si nous l'avions chouchouté pendant son absence. C'était le cas. Kyle l'a gardé chez lui et l'a nourri comme il le fallait.
Il faut se dire que derrière un cœur de pierre se cache un cœur tendre. Il en est l'exemple.
— Jude a été profondément blessée psychologiquement. Non seulement par la mort de Matthieu mais pour la manipulation qu'il a exercée sur elle. Tu te rends compte ? Savoir que ton ennemi n'a jamais été le fautif. La mère de Jude et Ryle s'aimaient énormément. Matthieu l'a empêché en produisant une guerre entre les deux réseaux.
Je l'écoute alors qu'il commence à balancer la balançoire. Je serre ma poigne sur les chaînes.
— Même si je t'ai répété à plusieurs reprises de laisser tomber la dernière partie du plan, je m'excuse de t'avoir entraîné là-dedans.
— C'est moi qui ai insisté. C'est moi qui devrais m'excuser de m'être opposé. Tu voulais seulement me protéger.
Il est derrière moi, je ne le vois pas mais je sais qu'il sourit quand il pousse la balançoire avec plus de puissance. Le vent encore un peu glacial tape sur mon visage et fait voler mes cheveux.
— Où en est Alexeï ?
Quelques secondes passent avant qu'il ne reprenne.
— Les funérailles de son frère se sont faites en Russie. Quand il a tué Ryle, il n'avait aucune pitié mais au fond...
— Au fond il était dévasté. Perdre son jumeau doit être une épreuve épouvantable...
J'ai assisté au dernier souffle d'Adrian. Même si ce dernier était parfois têtu, il apportait le rayon de soleil à travers les nuages.
Peu à peu, la puissance de la balançoire diminue. Aaron marche sur l'herbe avant de se placer devant moi. Il demande ma main et je la prends dans la sienne. Puis il me redresse et brusquement je me retrouve collé contre son torse.
— J'ai... décidé d'augmenter mes séances avec le psy. Si cela me permet d'oublier les souvenirs passés, je veux faire des efforts. Pour moi et pour toi.
Aaron a eu l'une des pires enfances que j'ai pu entendre. C'est méchant à dire mais c'est la pire vérité. Il m'a raconté avant notre départ de Paris qu'il avait perdu un ami dans un incendie. Comme si cela n'arrangeait pas les choses, sa famille le voyait comme une erreur et son frère comme un moins que rien. Ji-Han se trouve dans les mains de son ancien chef : Tatsuo Saito. Et je suis persuadé qu'il prend bien soin de lui. Au sens péjoratif.
— C'est une excellente nouvelle, Aaron. Les efforts que tu fournis pour notre couple mais plus spécialement pour ta personne me rendent fière de toi.
Son sourire s'élargit sur son visage. Il caresse doucement ma joie de sa main légèrement froide.
— Tu t'en rappelles de notre première rencontre ?
Je hoche la tête. Bien sûr que je m'en rappelle.
— Le fameux flic en patrouille qui ne savait pas comment se raser la barbe ?
Il s'exclame et je ris. Il prend mon visage entre ses grandes mains. Ses paumes chaudes me réchauffent et ses pouces effleurent doucement mes pommettes.
— Si je n'avais jamais suivi Jake et que Jacob ne m'avait jamais proposé ce contrat, qui sait où tu serais ?
— Sûrement à côté de Juan.
Il fronce les sourcils en ouvrant grand les yeux face à mes mots. Je veux rire mais je me retiens.
— Ton parfum caramel m'a envoûté dès l'instant où nous nous sommes baissés pour attraper les bouts de verre. J'ai su à cet instant que je n'allais pas te lâcher de sitôt.
Aaron n'a jamais eu besoin d'énormes déclarations pour trouver une place dans mon cœur. Tout s'est fait si naturellement que je n'ai même pas vu mes sentiments se développer pour lui, comme une rivière trouvant son chemin, droite et lisse, contournant les pierres. Il est têtu et drôle et ses tentatives de rapprochement ne m'ont jamais dégoûté. Il a su me mettre à l'aise dès notre premier vol.
— Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré, Adriana. Je n'ai jamais autant souri de ma vie en si peu de temps. Chacun de mes sourires a été le plus sincère alors je te remercie.
— Parfois j'ai été égoïste... Parfois je t'ai repoussé alors qu'au final tu voulais juste être aimé, murmuré-je, la gorge nouée.
— Le passé est derrière nous, le présent est aujourd'hui et le futur est notre avenir à tous les deux. Aujourd'hui, je vois à quel point la femme qui me traitait de connard m'aime et sourit à chacune de mes petites actions et n'empêche, savoir que tu aimes Batman me fait vriller.
— Pas plus que Stiles Stilinski ! je dis avant de me mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser puis m'échapper.
Mais plus rapide que moi, il me rattrape le poignet et me retourne face à lui.
— Qui est-ce ?
— Quoi ?! Tu ne sais pas qui est Stiles Stilinski ? Aaron, Aaron... Mon cher et tendre Aaron, tu en as des choses à apprendre...
— Ça tombe bien, j'ai tout mon temps dès à présent, mon amour.
Et il passe ses bras, l'un sous mes genoux et l'autre pour maintenir mon dos. Je me retrouve collé à son torse parfumé et en profite pour nicher ma tête contre le tissu épais de son trench noir qui dégage un parfum boisé.
Je l'aime.
Je l'aime tellement que ça en devient fou.
Je l'aime tellement que je serais prête à signer un nouveau contrat pour voyager à ses côtés et découvrir le reste du monde. Milan, Paris, Séoul nous ont rapprochés. Mais pourquoi ne pas essayer une nouvelle fois pour en profiter comme un vrai couple ?
Non plus pour résister, mais pour aimer.
Non plus pour survivre, mais pour vivre.
-À suivre-
Mes stars... 🥹 Le prochain chapitre est l'épilogue... Je vais pleurer 😭
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