❁🂱 43. Vengeance scellée.
____CHAPITRE 43____
-Quand quelqu'un vous dit de partir, faites-le car les représailles seront d'autant énormes par la suite...-
❁___Adriana___❁
25 janvier - 20h03
SÉOUL - CORÉE DU SUD - SOIRÉE MASQUÉE.
Les voitures roulent sur la route en direction de la soirée masquée. Le silence me frappe de plein fouet, seul le bruit des moteurs brise le silence à l'intérieur du véhicule. Je tourne le regard vers la main d'Aaron posée sur ma cuisse. Dans l'autre, il tient le masque qu'il portera cette nuit.
Je pose ma main sur la sienne. Il lève les yeux vers moi et me sourit naturellement malgré le stress qui parcourt son corps. Je le sens. Je l'ai appris. Je sais qu'il a peur de ce qu'il pourrait se passer. Des semaines que nous avons signé un contrat juste pour cette unique et seule soirée.
— Jude, Jake, Akio et les autres sont juste derrière nous. Les jumeaux russes seront là aussi. J'espère que nous serons assez nombreux en cas d'attaque. Jacob est certain que Ryle a préparé le coup fatal, surtout après les dires de Ji-Han.
En cas d'attaque... Mes pressentiments sont parfois foireux mais je sais que ce soir, je ne fais pas d'erreur car il y a aura une attaque. J'en suis sûre.
— Reste à mes côtés tout au long de cette soirée...
Ses yeux fixent la route devant nous. Il prend ma main entre sa main, sa chaleur rentre en contact avec la mienne.
— Je ne peux rien te promettre mais je vais faire de mon possible si Ryle entre en action.
Sa voix reste ferme et tranchante. Il continue d'observer la route et je décide de faire de même avant l'attaque finale.
***
— Vous allez tellement bien ensemble, commente Adrian, l'un des deux jumeaux russes. Mais si tu veux, je peux...
Je pose mon index sur mes lèvres, l'interdisant ainsi de terminer sa phrase. Le masque noir sur son visage tressaute quand j'entends ses ricanements. Il le prend bien puis lâche un baiser volant avant de s'éloigner pour rejoindre son jumeau au loin. Je les regarde un instant. Ils sont si identiques que les reconnaître est compliquée, même si leur manière d'agir est différente. J'ai eu du mal à les reconnaître au tout départ. D'autant plus que les masques ne facilitent pas la tâche.
— Il a sûrement oublié qu'il n'y avait que moi dans ta vie, murmure la voix grave d'Aaron contre mon oreille.
Je lève les yeux vers son masque en forme de lion. Il dissimule ses yeux et une partie de sa joue, ne laissant voir qu'une partie de sa mâchoire serrée. Mon propre masque représente un paon. Un oiseau typiquement envoûtant pour ses plumes. Nos masques restent la pièce maîtresse de nos tenues simples. Aaron porte un costume gris clair et moi un gros manteau en fourrure blanc au-dessus d'une robe bleu canard qui cache tout de même mes formes. La raison ? Le gilet par balle qu'Aaron m'a demandé de mettre.
— Je lui avais pourtant dit de ne pas boire, intervient Jude en marchant face à nous. Il devait supporter ça avec moi. Quel insolent.
Jude est magnifique ce soir, mais quelque chose cloche. Mon regard glisse involontairement vers son ventre plat.
— Tu... ?
— J'ai des doutes, finit-elle par dire. Mais je veux que cette soirée se termine avant d'en être sûre. Si Jake le savait, il ne m'aurait jamais laissée venir ici.
— Oh... murmure la voix Aaron sous les enceintes de la forte musique.
Honnêtement, Aaron aurait fait la même chose après avoir vu ce que son absence provoquait quand il disparaît de ma vue. On dirait presque que le destin fait son possible pour que nous nous retrouvions...
Un raclement de gorge attire mon attention. Je lève les yeux du verre à champagne que j'ai entre mes mains et mon estomac se noue. Debout sur la balustrade, se tient l'homme qu'on redoute le plus depuis des semaines, Ryle Carter. Celui qui m'a aussi permis de rentrer dans leur monde et de donner l'idée du contrat à Jacob.
— Bonsoir, mesdames et messieurs. Je n'ai plus besoin de me présenter. Ryle Carter, pour vous servir. Si vous êtes ici, c'est que vous avez reçu une invitation ces dernières semaines. Je vous prie de m'excuser pour le retard de cet événement, mais j'avais... des obligations urgentes à régler.
Mon cul des choses à faire. Préparer son prochain coup avec une soirée masquée comme mise en scène pour exécuter un rival n'est pas des obligations urgentes, c'est seulement mettre en péril sa propre vie.
Car oui, sous ton costume flamboyant, ton sourire charmeur, ton visage à moitié brûlé par une explosion produite par les Black Iron, tu brûleras tout de même en enfer, Ryle Carter.
Nous sommes une trentaine. Une dizaine en place et les autres attendent sagement nos ordres avant d'attaquer l'ennemi. Cette soirée est le début et la fin d'un conflit qui règne depuis des années. Et moi, Adriana Gonzalez, issue d'une famille tout à fait normale, ayant vécu avec des parents aimants, je me retrouve dans le prochain script d'un film d'horreur.
Mon destin m'a ramené ici et ce n'est sûrement pas pour rien.
Sur environ trois cent personnes se mêlent mercenaires, mafieux, dirigeants et bien d'autres. Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a aussi des victimes, des personnes qui n'ont rien demandé et qui vont se retrouver dans un endroit où leur dernière vision sera un bain de sang.
Je déglutis rien qu'en y pensant. Avec un peu de recul, je ne suis pas prête. Je n'ai jamais fait face au corps d'un homme en sang, blessé ou sur le point de mourir. J'ai déjà ressenti la sensation d'une balle dans l'épaule, j'ai déjà vu Aaron recevoir une balle dans le dos. Le sang m'a retourné le cerveau et l'estomac mais comment agir face à une telle vue ?
Ryle rejoint son bras droit, Kyle Sabbatini, le patron du club Luci Rosse. Près d'eux, ses hommes de main rôdent. On les remarque tous malgré leurs efforts. Ils ne sont pas discrets. Parmi eux, Luca, toujours pas démasqué. Quand je pense à lui, je revois Leonardo. D'après ce qu'Aaron m'a dit, Leonardo est mort des mains de Ji-Han.
— Madame, vous êtes ravissante.
Je tourne la tête vers la voix féminine qui m'a parlé. Se tient là, un couple de quarantenaire d'après leur posture. La femme tient un masque vénitien par la manche en bois, tout comme son mari. Ils vont si bien ensemble et je me surprends même à me trouver à leur place, Aaron et moi.
— Elle rend notre couple éblouissant.
Aaron parle, j'écoute. La femme sourit.
— Moi c'est Roberta et voici mon mari Milo.
— Vous avez de très jolis prénoms. Moi c'est...
— Noah et Lucia, tranche Aaron en serrant la main de Milo. Enchanté.
Je cligne des yeux, surprise, mais garde le silence. Après une petite discussion sur l'ambiance de la soirée, Aaron m'emporte loin d'eux.
— Pourquoi leur mentir sur nos prénoms ? chuchoté-je. Ce couple est inoffensif.
— On ne sait jamais. Ryle a des taupes partout.
Je ne rajoute rien car je sais qu'il a raison. Ryle est le loup en recherche de sa proie.
***
L'œuvre de Johannes Brahms - Hungarian Dance No.5 s'infiltre dans mes oreilles comme une mélodie annonçant le début de la tempête.
J'en suis à mon deuxième verre de champagne. Aaron m'a quitté il y a quelques minutes jusqu'à ce qu'un homme l'appelle pour parler des affaires que je ne veux honnêtement pas savoir si cela concerne le meurtre et le sang.
Je pose mon verre sur la table. Les rires des invités me font rêver. Les lumières sont douces et se reflètent dans les verres en cristal devant mes yeux. Je pose ma main sur le bord de la table. Tout est parfait depuis maintenant deux heures ? Trois ? Rien ne s'est passé. J'en suis ravie. On va pouvoir rentrer à la maison et je vais pouvoir revoir Félix et le serrer dans mes bras.
Je me retourne, mes yeux se posent sur l'immense écran suspendu au centre de la pièce. Elle n'est pas allumée mais si elle est là, c'est qu'il y a une raison, non ?
— Mesdames et messieurs, merci d'être venus ce soir.
Les rires, murmures et musiques s'arrêtent au début des mots de Ryle. La pièce est un simple silence. Tous les regards sont sur Ryle, debout sur l'estrade, flûte de champagne à la main. Il la lève pour porter un toast.
Je ne le sens pas. Je ferai mieux de retrouver Aaron. Merde ! Qu'est ce qu'il fait ? Où est-il ?
— Ce soir, nous célébrons non seulement cette soirée, mais aussi les liens que nous partageons... et que nous pourrons partager plus tard.
AARON ! OÙ ES-TU !
— À la paix après la guerre ! conclut-il en levant sa coupe plus haut.
Double signification... Car bientôt la menace sera mise à exécution...
Quand il finit de boire son verre d'un seul trait, je vois qu'il tient quelque chose dans l'autre main. Avant que je puisse réagir, il presse sur un bouton. Je me cache les yeux à l'aide de mes mains attendant une explosion mais c'est juste l'écran gigantesque qui s'allume.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? demande une femme de sa voix tremblante.
Des hommes cagoulés tiennent un chat roux par la patte arrière. Sans attendre, l'un d'eux le jette violemment contre le sol. Je pose ma main sur ma bouche entrouverte. Rien n'est flouté, le sang s'échappe de son pauvre corps et s'étend sur le béton.
J'entends des personnes marmonner et le cri d'une femme emplit la pièce. Pas n'importe laquelle : Jude. Jude vient de crier à la vue du chat sur l'écran qui s'avère ce surnommer Kitty.
Ce n'était pas un toast, c'était un piège pour faire réagir Jude.
Quelqu'un m'attrape rapidement l'épaule. Je hurle et envoie un coup de poing mais mon assaillant me le rattrape de justesse. Je reste sans voix.
— Adriana, c'est moi... mon amour.
Je regarde Aaron puis l'écran à ma droite. Les mots ne passent pas. Je veux partir, m'échapper d'ici avant que tout dégénère.
— Aaron, on ne peut pas... Je ne peux pas rester ici. J'ai l'impression d'étouffer...
Avant qu'il ne réagisse, un silence passe à travers mes oreilles. Non. Dans toute la pièce. Tout semble flou, même mes yeux. Et soudain, des vitres éclatent suivies d'un énorme bruit. Une bombe éclate dans la salle de réception. Les vitres se plantent sur certaines personnes. Aaron ne réfléchit pas et me protège avec son corps. Sa chaleur m'enivre pour une courte durée quand il me prend la main pour m'éloigner des fenêtres.
— AARON !? Où l'on va ?!
— Je vais te mettre en sécurité ! Je dois aider Jake et les autres !
— Non !
— Comment ?! Je dois te mettre à l'abri ! crie-t-il en se tournant vers mon corps, malgré la foule paniquée autour de nous.
— J'ai dit non ! Je reste avec toi !
— C'est putain de dangereux !
Une autre bombe éclate, des cris se font entendre. Je regarde Aaron dans les yeux après avoir retiré mon masque de paon.
— On s'est dit quoi, tu t'en rappelles ? On reste ensemble quoi qu'il arrive, Aaron. Tu ne te l'es peut-être pas promis, mais moi si !
Un lustre à plusieurs centaines de lumière se détache et tombe sous nos yeux. Avant qu'elle n'atteigne le sol, Aaron détourne mon regard. Mais je le sais, des victimes ont été prises au piège sous le lustre.
— Écoute moi Adriana...
Je l'arrête en prenant son visage entre mes mains.
— Non. C'est TOI qui va m'écouter ! Pour la première fois de ma vie j'aime autant quelqu'un, et je refuse de le laisser affronter ses ennemis, seul ! Tu m'as assez protégé comme ça. Laisse-moi te protéger à ma manière en restant près de toi.
Aaron me regarde. Les cris remplissent la pièce.
— Et puis merde ! dit-il avant de m'embrasser et d'emprisonner mes lèvres contre les siennes.
Il souffle contre mon visage, comme si sa respiration venait à se terminer dans les quelques minutes à venir. Nos langues viennent s'effleurer, ses mains glissent sur ma taille et me pressent contre son corps. Mon genou frôle son entrejambe et mes mains arrachent le masque pour le faire tomber au sol sans que je n'entende le bruit.
La panique éclate dans la salle, les invités masqués, crient, hurlent, se précipitent vers les sorties. Et au milieu de tout ça, Ryle reste debout tout en savourant un autre verre de champagne.
Un coup de feu est tiré. Les coupes de champagne se fracassent contre le sol, les lustres tremblent et certains tombent. Mais moi, j'embrasse l'homme que j'aime et m'en détache à contrecœur quelques secondes plus tard.
— Aaron...
— Adriana... Je t'aime. Jamais une personne n'avait risqué sa vie pour rester auprès de la mienne mais toi...
Il ne termine sa phrase qu'une poutre enflammée au-dessus de nos corps se détache par le feu qui s'introduit dans la pièce. Je baisse la tête et me fait projeter en arrière, Aaron me pousse juste à temps et la poutre enflammée tombe devant moi.
— Aaron !
— Je vais chercher un moyen de t'éloigner de ça, Adriana ! Cherche au moins une sortie de secours !
Je me lève et tente de passer mais il me l'interdit. Je regarde de gauche à droite, l'emplacement n'est pas fait pour que je passe à côté.
— Adriana ! Bouge ! Trouve une sortie.
— Aaron...
— S'il te plaît Adriana, fais-le pour moi... me supplie-t-il avant de s'éloigner de mon champ de vision à la recherche de son équipe.
Fais-le pour moi...
Je me lève et marche à reculons avant de courir vers un couloir. Mon estomac se retourne. Des nausées remontent quand j'emprunte un autre couloir. Je vois des corps étendus sur le sol et l'un des leurs reste le plus attristant que j'ai pu voir...
Roberta et Milo.
Main dans la main, tous deux ont les yeux ouverts, une balle en pleine tête.
Je hurle, sanglote, tente de chercher une sortie mais ne trouve rien. La panique m'envahit. Des bouffées de chaleur remontent en moi.
— Aidez-moi...
Personne ne m'écoute. Je m'effondre en hurlant face à ce que je vois. Mais avant même que je bouge, je sens quelque chose de froid et métallique se poser contre ma nuque.
— Ne fais plus un geste, murmure la voix rauque de l'ennemi.
🂱___Aaron___🂱
J'arrache presque mes cheveux à la recherche d'une issue pour pouvoir aider Adriana de l'autre côté de la poutre.
Merde. Tout s'est déroulé si vite. Je ne sais pas qui trouver, chercher, aider. Je regarde en boucle le corps étendu face à moi tout en sortant mon flingue de ma poche arrière et quand je me redresse, je vois un groupe d'individus entrer. L'homme placé au début du rang me ravive des souvenirs lointains.
— Quoi...
Cigarette entre les lèvres, droit comme un poteau, son regard plonge dans le mien. Mon ennemi juré de mon enfance. Il a tellement grandi.
— Da-Yoon...
Il regarde à gauche puis à droite, observant le chaos dans cette grande salle qui n'en est plus une d'ailleurs.
— Aaron ? Ça faisait longtemps.
Da-Yoon a été vu en train de discuter avec Ryle sur une vidéo soutirée par mon équipe. Il dirige les Black Snake. Un gang en Corée du Sud.
Je pointe mon flingue contre son front, la sueur dégoulinant sur celui-ci. Je reste figé, prêt à attaquer.
— Tu as l'air bouleversé, continue-t-il en mettant ses mains dans ses poches après avoir jeté la cigarette. Tu pensais vraiment que je resterais les bras croisés après tout ce que j'ai appris ?
Il ne sourit pas. Ses hommes restent en retrait derrière lui. Je garde mon arme dirigée sur son torse.
— Tu fais quoi ici, hein ?
— Je suis venu t'aider.
Je lève un sourcil, confus. Da-Yoon était mon ennemi d'enfance et est lié à Ryle avec ce qu'on a pu voir. Il faut être con pour ne pas le reconnaître.
— M'aider ? Toi ?
Un sourire parsème ses lèvres.
— Nous ne sommes plus les gamins d'autrefois. Ton frère m'a expliqué ce qu'il comptait faire. Il m'a demandé mon aide. J'ai refusé. Car même si je ne te traitais pas comme il le fallait, jamais j'aurais osé me venger d'un gamin comme toi. On a grandi. La vengeance n'est pas dans mon dictionnaire.
Pour la première fois de ma vie je suis avec lui. Effectivement. Il a changé.
— Ji-Han s'est allié à Ryle Carter. J'ai entendu dire qu'il a été attrapé par votre réseau. Ryle m'avait parlé quelques semaines d'ici là, j'ai refusé. Me prendre pour un con et demander mon aide car mon gang habite en Corée est du foutage de gueule. Et quand j'ai su que c'était ton réseau, ma réponse était claire, dit-il avant de reprendre tout en extirpant une autre cigarette de sa poche. Je hais Ryle. Et crois moi mon cher Aaron, avec ce que je viens de voir, vous avez besoin de moi. Accepte mon aide.
Naturellement, j'aurai refusé son aide. Mais nous ne sommes pas nombreux et je ne sais toujours pas si Adriana est saine et sauve.
Quand je vois ses hommes, armés derrière son dos, je baisse mon flingue et me redresse.
— Je te déteste pour ce que tu m'as fait. Mais Ryle reste notre ennemi à tous les deux, alors j'accepte ton aide, seulement pour cette nuit.
Je m'étais préparé pendant des jours. J'avais relu les plans. Et voilà qu'une poutre enflammée nous a séparés, Adriana et moi. Voilà que Ryle a montré la mort, la vraie mort de Kitty en plein écran pour nous démasquer.
Je serre la main de Park Da-Yoon quand il affiche un sourire triomphant. Les Black Iron et les Black Snake sont alliés pour une nuit.
— Alors. Qu'est ce qu'on attend ?
❁___Adriana___❁
— Où penses-tu aller, ma belle ? marmonne-t-il contre mon oreille.
Son souffle est chaud, son flingue est froid.
Je sanglote, le canon de son arme est posé contre mon cou et avant qu'il ne réagisse, son corps s'effondre en arrière. Mon cou est de nouveau libre. Je regarde par terre, l'homme cagoulé se vider de son sang. Je veux hurler mais je décide de regarder la prévenance du tir.
Au loin, l'un des jumeaux russes, le blond, Adrian, me sourit, le canon de son arme étant toujours en l'air. De la fumée s'échappe encore du canon.
— Attention !! hurlé-je quand un homme arrive vers sa silhouette.
Il l'évite comme une habitude puis lui plante une balle mais un autre ennemi arrive hors de son champ de vision et un coup de feu part, se plantant dans le corps du russe.
Je n'ai pas le temps de cligner de l'œil que le corps d'Adrian s'effondre et tombe lourdement par terre. Ma respiration se coupe. L'assaillant s'éloigne, moi, j'approche, cours presque. Le torse d'Adrian s'imprègne d'un rouge sang. Il pose doucement une main tremblante sur sa poitrine.
— Alexeï... murmure-t-il dans un souffle.
Dans l'intersection d'un couloir, une voix grave surgit en hurlant le prénom d'Adrian. L'homme lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Ses cheveux sont bruns. Je déduis que c'est son frère et quand ce dernier voit son jumeau étendu au sol, il lâche son arme dans un bruit sourd et son visage se déforme par la douleur.
— Adrian ?! Non ! Non !
Le masque de son frère tombe au sol et ses genoux de même. Je pose mes mains sur ma bouche, mes sanglots emplissent la pièce. Les frères ne font pas attention à ma présence. Pas du tout même.
— Reste avec moi, reste avec moi, Adrian... Allez mon frère... Tu ne peux pas... Tu ne peux pas mourir dans de telles circonstances !
— Alexeï...
Il lui prend la main, il la serre dans les siennes et l'embrasse en posant sa tête sur son torse touché.
— Reste avec moi, Adrian... S'il te plaît... Reste avec moi... Je vais trouver quelqu'un...
— Alexeï... Je... Je sens plus mon corps...
— Reste avec moi ! À l'aide !! hurle-t-il. (Son regard se tourne vers le mien). Va chercher de l'aide !
Les larmes aux yeux, son frère jumeau étendu au sol lui tire le tissu de son haut.
— Je me sens partir, Alexeï... Je... Je veux que tu rendes fier papa Alexeï... Tu peux faire ça pour moi... ?
— Adrian... Mon frère... Nous sommes deux. Deux contre le reste de notre vie...
— Je t'aime Alexeï... Je t'ai aimé comme mon grand frère et comme mon seul meilleur ami... murmure-t-il en affichant un léger sourire.
Il sourit... Il sourit même si son cœur le lâche et que son frère jumeau pleure sa future mort.
— Reste avec moi...
— Idiot... Ne pleure pas. Venge moi. Ne pleure pas... Souris pour moi...
Et son sourire reste la dernière chose qu'il a pu offrir à son frère avant que son cœur ne lâche. Alexeï pousse un cri strident, déchirant, qui résonne dans la longitude du couloir.
Le Yin venait de perdre son Yang et je venais d'y assister...
— Adrian... Je te vengerai mon frère, je te vengerai...
Et il referme les yeux de son propre jumeau, qui n'ont pas eu la force de s'éteindre, sous une seule larme qui s'écrase sur la joue de son défunt frère.
Ne supportant plus la scène qui se dresse devant moi, je cours à la recherche d'une sortie. Mon cœur se contracte, mon estomac se retourne, mes jambes tremblent. Je tourne en rond. Et une bonne dizaine de minutes plus tard, mes pas me ramènent vers un endroit que je reconnais : La salle de réception. J'ai juste fait le tour du bâtiment et des couloirs ! Quelle blague !
Suis-je dans un film ? Quand est la fin ? Quand tout cela va se terminer ?!
Je sanglote. Devant le grand écran, sur l'estrade se trouve Jude et Ryle, seuls, en pleine discussion. Les coups de feu jaillissent autour de moi mais moi je ne regarde que Jude et Ryle. Je suis figée. Ils se parlent. Parlent ! Parlent ?
Je marche, ma robe s'accroche à quelque chose mais un bras fort me rattrape et m'attire contre son corps.
Aaron.
— Adriana... Je suis là... dit-il à bout de souffle.
— Aaron... Adrian... Il est...
Il me comprend dès que je prononce son prénom et m'invite à le suivre mais je refuse. Je n'ai pas fait tout ça. Je n'ai pas vécu tout ça pour ne pas voir Ryle mourir. Et encore moins quand son ennemi, Matthieu Davis se place près de nous, à quelques mètres, entouré de ses propres hommes.
— Adriana, il faut partir, dit-il en me tirant le bras mais je refuse.
— Non.
— Adriana...
— Non ! hurlé-je. Je refuse putain ! Je n'ai pas survécu à tout ça pour fuir maintenant !
Ma voix se casse sous ma voix. Mes yeux humides laissent échapper des larmes mais je détourne le regard vers Ryle Carter.
— Et tu pensais qu'elle l'aimait ? glousse Ryle.
— Je... je ne comprends pas.
Ryle sourit et son verre glisse de sa main pour taper et se briser en plusieurs morceaux sur le sol.
— Ta mère ne voulait pas d'enfant, elle ne voulait jamais en avoir. Pas avec cet homme en tout cas.
Les yeux de Jude se remplissent mais aucune larme ne s'échappe.
— Ma mère aimait mon père. Même s'il la frappait... elle avait tout encaissé car elle l'aimait.
J'entends une voix hurler à en perdre haleine.
— Jude ! Meleğim !
Jake est prisonnier par les ennemis. Deux hommes le frappent et il tombe à genoux. L'un des leurs lui attrape une touffe de cheveux et lui relève la tête vers sa bien-aimée. Jude veut lui dire quelque chose mais ils se jettent un regard et elle détourne les yeux se concentrant sur Ryle.
— Ta mère a réussi à s'échapper de ses mains grâce à moi. Ton père était toxique pour elle. Leur mariage était forcé.
— Qu'est ce que vous dites... Non...
— Brooklyn Davis n'était amoureuse que d'un seul homme. De moi.
Jude recule comme si elle n'en croyait pas ses yeux. Certains regards se tournent vers Matthieu Davis qui serre la mâchoire. Il le savait. Il était au courant.
— Non... Non...
Aaron colle mon dos contre son buste avec un bras. L'autre main tient son arme. Ça n'annonce rien de bon. Qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce qu'il se trame ?!
Le grand écran sur l'estrade s'allume. Une lumière illumine la pièce détruite. Tous les regards pivotent vers l'écran. Les coups de feu cessent, le silence s'installe laissant place à des images qui figurent deux hommes. Matthieu Davis et Ryle Carter, d'un temps passé, d'il y a quelques années.
C'est là que je comprends les paroles de Luca Rossi lors de notre séjour en Italie.
« Sa vengeance concerne une erreur familiale. On en sait pas plus. Les informations ne vont pas plus loin. »
Le passé déroule sous nos yeux quand une femme apparaît sur la vidéo sous le nom de Brooklyn.
-À suivre-
Je pense avoir écrit le plus long chapitre de MNAM et j'en suis fière. Vous devez en avoir des questions. Le plot twist tant attendues après deux Tome est enfin révélé 🫴🏼
4168 mots
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top