🂱❁ 41. L'hôpital aux sentiments.

____CHAPITRE 41____

-Je suis fort(e) parce que j'ai été faible, je suis méfiant(e) parce que j'ai été trahi(e), je ris parce que j'ai été triste et je vis le jour car demain rien n'est sûr - Anonyme-

🂱___Aaron___🂱

22 janvier - 15h20
BARCELONE - ESPAGNE - HÔPITAL.

Assis à son chevet, j'attends qu'elle se réveille. De la gaze entoure son crâne et une perfusion est introduite dans sa main. Son visage aux traits fins est parsemé par des pansements et diverses compresses cachant l'arcade sourcilière et la commissure de ses lèvres. La gaze autour de sa tête protège l'oreille qui a été touchée au moment des faits.

Voilà environ quatorze heures qu'Adriana a été transférée dans cette chambre. Au début, nous l'avons ramené à l'hôpital, les infirmiers l'ont prise en charge sans se poser de questions, trop inquiets à la vue de la quantité de sang qu'elle perdait au niveau de l'oreille. Quand le médecin est revenu en disant qu'Adriana avait besoin d'une transfusion et que son groupe sanguin a été prononcé, Jude s'est immédiatement porté volontaire et est allé sans discuter.

Adriana a été touchée à l'oreille. Des blessures superficielles au visage ont pris place et l'une de ses côtes a été effleurée. Le manque de sommeil, la fatigue et les traces de drogue retrouvées dans son corps ont augmenté la douleur mentalement. Tout était dans la tête. Mon frère a pris plaisir à la droguer et la frapper à sa guise. Si Akio et Jake n'avaient pas été là, je l'aurai piétiné sous mes coups comme il l'a fait, sans aucune pitié pour Adriana.

Et pour conclure le tout pour le tout, je ne sais même pas si Adriana se souviendra de ce que j'ai pu lui avouer avant qu'elle ne s'évanouisse. Mais sa santé m'est primordiale avant tout le reste.

Tiens, tu devrais en boire, ça va te réchauffer.

Je lève la tête vers le gobelet que Jake me tend. Lui aussi est tout aussi fatigué par le manque de sommeil. Il dort presque debout. Je prends le gobelet entre mes mains et me les réchauffe après avoir pris une gorgée de café fumant.

Dans trois jours c'est la soirée costumée de Ryle. Le temps qu'elle se réveille et retrouve ses forces, la soirée sera finie.

Allez-y sans nous. Je veillerai sur elle le temps qu'il le faudra. Je ne peux pas laisser seule.

Il me tapote l'épaule et me laisse seul. Je décide alors de continuer à boire mon café en regardant son visage de profil dormir paisiblement après toute la torture qu'elle a subit.

***

Les machines, notamment le moniteur cardiaque, détruisent le silence qui règne dans la pièce. Je ne peux même pas dormir. Habituellement, je ne suis pas quelqu'un qui dort excessivement mais depuis l'hospitalisation d'Adriana c'est encore pire. Comme le son d'une comptine pour enfant les bip réguliers de la machine m'apaise mais ne me fatigue pas, alors, pour me changer les idées, j'observe ma femme.

La perfusion au-dessus de sa tête injecte le produit dans ses veines assoiffées. Son visage affaibli, innocent et endormi me paraît presque comme celui d'une princesse tout droit sortie d'un Disney. La seule lumière dans la pièce est celle d'une lampe de chevet qui tape sur le profil d'Adriana mais qui me donne tout le droit de l'observer. Sa poitrine monte et descend mais le reste de son corps ne bouge pas. Malgré les blessures et les ecchymoses, je trouve Adriana tellement belle que je pourrais la regarder pendant des jours s'il le fallait.

Je passe rapidement une main sur mon visage et rabat une mèche de cheveux de mon front. Puis je m'étale sur la chaise et soupire. Je ne veux pas quitter cette chambre. Je veux la voir éveillée, à me sourire, à me parler et surtout à avoir le courage de m'aimer malgré les erreurs que j'ai pu faire en sa présence.

***

❁___Adriana___❁

Mon doigt tressaute et mes paupières papillonnent malgré la fatigue. Une lumière jaune m'aveugle. Mon crâne et mes tempes me font affreusement mal. J'entends les battements d'un cœur mais plus machinal. C'est un moniteur cardiaque... Et mes questions ont leur réponse quand une odeur différente des autres glisse dans mes narines : celle d'une chambre d'hôpital neuve.

Je tente de bouger mais mon corps refuse de le faire. Seulement de légers mouvements dans mes doigts et dans mes yeux répondent à mes appels.

Tu es réveillée ? Oh mon Dieu, tu es enfin réveillée ! s'écrit doucement une voix féminine à ma gauche.

Je tourne légèrement la tête et une femme s'approche de ma présence. Brune, typiquement américaine, magnifique, stressée mais soulagée par mon réveil.

Tu vas bien ? Mon Dieu, j'arrive vraiment pas à y croire, je pensais que t'allais y passer...

C'est gentil...

Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Pour récapituler le tout. Moi c'est Jude, la fiancée de Jake, un des seuls amis d'Aaron. Quand on a su ce qu'il s'était passé, on a pris le premier vol pour Barcelone. Heureusement que tu es forte. On t'a transféré ici quand Aaron a vu que tu perdais beaucoup de sang.

Les souvenirs ressurgissent, ma tête tourne vers le plafond. Le supermarché ; Robin qui vient me kidnapper, me torturer, m'humilier. Et Aaron qui vient me sauver des mains de son frère.

Il dort enfin. Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas dormi. Il est resté à ton chevet depuis ton transfert dans cette chambre.

Je suis son regard, elle fait un léger mouvement du menton et je tourne la tête vers la droite. La vue qui s'offre à moi me met les larmes aux yeux. Assis près de moi, Aaron dort à poing fermé, son souffle chaud caresse ma main qu'il tient avec la sienne dont je remarque que maintenant. Son visage est fatigué et ses yeux sont cernés. Mon cœur s'emballe. Jamais j'aurais été soulagé de voir quelqu'un dormir à mes côtés. Il me paraît si détendu, si innocent...

Je vais vous laisser, je dois prévenir Jake.

Merci... Merci pour tout... murmuré-je alors qu'elle marche vers la porte.

C'est nous qui te remercions pour nous avoir aidé à trouver Ji-Han, le frère d'Aaron. Sans toi, cet homme aurait commis bien pire.

Elle ferme la porte de la chambre, ce qui réveille doucement Aaron. Je l'observe se réveiller doucement et quand il voit mon visage, il ne prend même pas la peine de bâiller que ses prunelles s'écarquillent.

Adriana... chuchote-t-il de sa voix rauque que je connais parmi mille.

Ma gorge est si sèche que seuls des murmures sortent de mes lèvres. Sans que je puisse le contenir, les larmes montent à mes yeux.

Je suis là. Je suis avec toi.

Adriana, répète-t-il en serrant un peu plus fort ma main. J'ai eu tellement peur, j'ai cru que t'allais y passer, que je n'aurais plus jamais vu tes jolis yeux bruns.

Ses doigts sont chauds et me rassurent. Je ne saurai après tout ce temps pourquoi sa présence me fait autant d'effet. Mais je crois avoir la réponse du moins, je le pense.

Tu es là... dis-je faiblement.

Oui, je suis là. Et je ne partirai pas.

Ses mots m'apaisent, ils sont tout ce dont j'ai besoin après mon réveil. Je me contente de le regarder, malgré les larmes qui coulent sur mes joues. Je suis fatiguée mais je veux rester éveillée pour lui, je ne veux pas qu'il parte, je le veux à mes côtés.

Adriana... Je suis désolé, tellement désolé. Tout est de ma faute...

Bien sûr que non... Ce n'est pas de sa faute. Pourquoi ça serait la sienne ? C'est la faute de son frère, c'est lui qui a tenté de me tuer à plusieurs reprises.

C'était Robin... C'était ton frère depuis le début...

Il se penche vers moi, sa main chaude rejoint ma joue blessée et humide. Ses doigts caressent doucement ma joue meurtrie et effacent mes larmes.

Je te promets que je ne laisserai plus jamais personne te faire du mal. Je resterai à tes côtés jusqu'à ce que ça aille mieux.

Et après que j'irai bien, tu me laisseras partir ? C'est ce que je lui aurais dit si j'avais eu le courage.

Je sens mon cœur se serrer rien qu'en y pensant. Aaron continue de me regarder tout en effleurant ma joue. Il n'a presque pas dormi par inquiétude. Il est resté à mon chevet pendant des heures et moi la seule chose que je peux faire, c'est me perdre dans son regard. Il est là, réellement là, il me touche et je n'en suis pas dégoûté. Au contraire, je veux son souffle chaud contre ma peau et ses doux mots traverser mes tympans.

Des souvenirs douloureux rentrent dans ma tête. Les moments où je me faisais battre mais les moments apaisants où Aaron m'avait pris dans ses bras, qu'il avait posé ses yeux seulement sur les miens même si j'étais sur le point de m'évanouir.

Il pose son front contre le mien et des images que j'aurais préféré ne pas oublier reviennent face à moi. Sa main glisse lentement sur ma nuque, ses doigts passent dans mes cheveux et mon cœur bat plus vite.

« Je n'ai jamais fait semblant. Je refusais d'admettre l'amour que j'ai pour toi. Même mon cœur se pliait à toi à chaque occasion... Je t'aime, Adriana, je t'aime tellement. »

Il m'aime... Aaron m'aime... Et mon cerveau a complètement oublié ce détail.

Je resserre le drap. Mes lèvres tremblent légèrement et je tente de respirer normalement quand je le vois si près de mon visage.

Ma main posée sur la fine couverture se déplace vers sa joue. Il jette un coup d'œil puis continue de m'observer.

Je me souviens de tout... Je me souviens de ce que tu m'as dit et... J'ai besoin de toi Aaron, j'ai tellement besoin de toi... Je ne veux pas que tu partes... Ne pars plus, reste avec moi...

Dis-le Adriana... Dis-le-moi pour qu'on puisse briser ces secrets qui nous rongent de l'intérieur.

Ma main se déplace autour de son cou et l'attire près de moi. Je ferme les yeux, ma voix reste tremblante mais je n'hésite pas, je ne veux plus mentir à moi-même.

N'est-ce pas assez clair de te dire que je ne veux plus de ton éloignement ? Des jours que les sensations que j'ai en ta présence sont plus que platoniques. Je veux ta présence comme je veux de tes caresses. Je veux tes mots comme je veux tes lèvres. Je veux ton amour comme je veux que tu acceptes le mien...

La surprise traverse ses yeux et disparaît aussi vite qu'elle est venue. Maintenant une autre forme de tendresse envahit son regard.

Je ne partirai pas. Plus jamais.

Ses lèvres effleurent les miennes et c'est comme si, seul lui et moi existaient en ce moment dans ce monde. La chaleur qui se forme dans mon ventre augmente quand nos lèvres s'écrasent tendrement et deviennent plus qu'un. Je ne le repousse pas, au contraire, je le tire vers moi et accentue notre baiser malgré la fatigue dans mon corps.

Il m'aime. Il m'aime à en devenir fou depuis des jours. Il m'aime et m'a sauvé plusieurs fois tellement il tenait à moi. Il m'a tenu compagnie à en perdre le sommeil car il avait peur que je ne survive pas.

Mes yeux brillent quand il s'éloigne de moi. Je me sens en sécurité à ses côtés. Je sais qu'il ne me fera pas de mal.

Je t'aime. Je t'aime tellement Adriana que ça me ruine l'esprit de te voir dans ce lit à cause de mon frère.

Sa voix grave reste si douce que mon cœur bat fort. Je me redresse légèrement malgré la douleur dans mon corps.

Ce n'est pas ta faute, Aaron... et je ne veux pas que tu t'en veux. Tout ce que je veux moi, c'est que tu restes à mes côtés parce que... parce que je t'aime, Aaron.

Voilà quelque chose que je n'aurai jamais pensé dire au début de notre relation.

Le faux flic et la femme qui cherchait un coup d'un soir à cause de ses amies.

Il me prend dans ses bras, tellement doucement que j'ai l'impression d'avoir un coussin contre ma poitrine. Nous restons ainsi, il caresse mes cheveux malgré le bandage autour de mon crâne. Il m'aime comme je suis, comme je dois l'être : naturelle. Il m'a aimé même quand je me trouvais en pyjama à motifs d'ours, il m'a aimé sans maquillage, chez moi, dans ma vraie personne.

Je me love contre lui et resserre sa chemise. Il m'embrasse la joue, puis la tempe et je souris malgré la position dans laquelle je me trouve.

Mais, même si un poids a été relâché, je me questionne encore sur d'autres questions. Aaron et moi ne sommes pas du même monde et je ne peux pas risquer de mettre ma famille en danger car j'aime un homme dans un milieu illégal, j'aime un homme détruit par son passé et ses démons intérieurs. Est-ce ça, un amour interdit ?

Je veux profiter du présent. Je ne veux pas penser au futur. Le futur ruine mes pensées et le présent me rend heureuse.

Il m'embrasse une nouvelle fois, mes doigts glissent dans ses cheveux et l'attire contre moi. Il m'embrasse comme si c'était le dernier moment de répit qu'on peut avoir avant un certain moment mais je reste concentré sur nos souffles, nos baisers et notre proximité.

Quelques minutes plus tard, il se retrouve sur le lit, les trois premiers boutons de sa chemise ouverts dont le collier argenté avec une clé pendouille au-dessus de ma tête. Je souris, mes larmes ont cessé de couler et sont remplacées par des rires.

Quand je suis rentré à Los Angeles, j'ai regardé Batman. Je me suis imaginé, toi, sous le costume de Catwoman. On arrêtait les méchants, ensemble. Tu me pardonnes d'avoir pensé à toi quand je regardais mon héros préféré ?

Je souris en observant ses cheveux en bataille. Et en entendant son souffle erratique, je baisse le regard vers son corps à califourchon sur le mien.

Pourquoi je t'en voudrais alors que je suis dans chacune de tes pensées ?

En réponse, il lâche un rire et glisse ses lèvres dans mon cou. Il en profite pour lécher le dessous de mon oreille meurtrie, là où la balle m'a laissé une trace de son passage mais au lieu de gémir de douleur, je ris par les chatouilles que ça me provoque.

J'ai dit à Jake que nous restions ici, me dit-il d'une voix plus sérieuse et moins rieur. Que nous ne partions pas en Corée. Tu dois te reposer.

Je ne ris plus, je le regarde et mon sourire s'évapore à cette confession.

Je veux y aller. Je vais bien. Si tu restes à mes côtés, il ne m'arrivera rien.

Il secoue la tête.

Tu es à peine réveillée, Adriana. Je ne peux pas risquer l'ouverture de tes blessures en allant là-bas. Je refuse de te mettre une fois de plus en danger.

Je ne sais pas comment ça se passera si cette soirée prend fin car notre contrat prendra fin tôt ou tard et je veux profiter du maximum de ma vie au côté d'Aaron.

Je veux y aller, je répète. Avec toi. Je veux aussi voyager en Corée. Je veux rester à tes côtés.

Adriana... C'est pas une bonne idée...

Je préfère risquer ma vie à tes côtés, qu'être une fois de plus éloigné de toi. On a vu où ça a mené. Je me sens en sécurité à tes côtés alors s'il te plaît ne me prive pas du peu de bonheur qu'il me reste.

Il réfléchit. Je sais que c'est un risque mais j'ai vu qu'en étant éloigné d'Aaron c'était pire qu'être avec lui, alors si je dois mourir demain, je voudrais être à ses côtés.

À une seule condition. Tu porteras un gilet pare-balles sous ta tenue.

J'ouvre grand les yeux.

Sérieusement ? En plus d'avoir un visage à moitié amoché, tu veux que ma tenue soit aussi laide qu'un tarsier ?

Il lâche un léger et se penche.

Les personnes qui te trouveront laide seront ceux qui s'attaquent au physique pour booster leur ego, dit-il avant que la porte de la chambre ne s'ouvre.

Jake et Jude rentrent à l'intérieur. Aaron tourne précipitamment le regard. Nos yeux passent les uns sur les autres et Aaron se rend compte de la position dans lequel il est quand Jake rétorque :

Je crois qu'on n'est pas venu au bon moment... dit-il alors qu'un sourire s'affiche sur le coin de sa bouche.

C'est pas ce que vous croyez, tente-t-il de se justifier en se redressant mais je l'attrape par le col de sa chemise et sa tête se tourne vers la mienne.

Assume.

Et les rires éclatent dans la pièce sous le regard innocent d'Aaron qui finit par sourire.

Moi je te ferai assumer tes mots un jour, Adriana, ne t'inquiètes même pas.

Et il vient cueillir mes lèvres dans un doux baiser.

Malgré les péripéties qui nous ont suivi depuis le début de ce voyage, malgré un contrat qui s'avère être faux, j'ai tout de même gagné une famille, qui me voit à ma juste valeur et qui m'accepte telle que je suis. J'espère que du côté d'Aaron, c'est le même ressenti car je ferai tout pour qu'il pense de la même façon.

-À suivre-

KIKIKIKIKI je suis fan fan fan 🫣

2916 mots

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