❁🂱 38. Amour sanglant.
____CHAPITRE 38____
-On peut être héros sans ravager la terre - Nicolas Boileau-Despréaux-
❁___Adriana___❁
21 janvier - ??h??
ENDROIT INCONNU.
L'atmosphère autour de moi est si pesante que des picotements surviennent dans l'entièreté de mon corps. Ma poitrine est comprimée si bien que j'arrive à peine à avoir une respiration correcte.
J'entends des voix à peine audibles passer dans mes tympans. J'essaye d'écouter, de déduire les voix autour de moi mais n'y arrive pas. Ma tête se balance entre le réel et l'irréel.
Où suis-je ? Qu'est ce qu'on m'a fait pour que je me retrouve dans cet état ? Mon corps me fait mal, mes joues me picotent si fort. Ma tête tourne. Je tente de lever les paupières. En réponse, elles papillonnent, s'ouvrent lentement, et devant moi, des chaussures apparaissent avant de se poser face à moi.
— Aidez-moi..., soufflé-je dans un murmure.
Je baisse le regard vers ma main, du sang se trouve dessus, réparti par quelques tâches éclaboussées. Qu'est ce que j'ai fait ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?
Les chaussures restent immobiles. Puis, une ombre se penche vers moi. Quand mon regard devient net, je ne cache pas ma surprise, mes yeux s'ouvrent grand comme un ballon. Cet homme... Cet homme est Robin, celui à la cicatrice, celui que j'ai vu nous observer Ava et moi dans ce café.
Et maintenant qu'il est proche de moi je vois à quel point il ressemble à Aaron, tellement qu'il reproduit les mêmes expressions de mon mari quand il est frustré par quelque chose.
— Alors, tu comprends maintenant ?
Aaron a un frère, un frère qui vit dans l'ombre depuis le début pour nous anéantir petit à petit. Il nous a suivi tout au long de ce voyage. En tentant de m'empoisonner, en envoyant un assassin dans un appartement puis en lançant une fusillade dans un parking souterrain. C'est lui qui est à l'origine de tout ça. Lui seul qui a fait d'Aaron un homme détestable.
Je me jette sur lui, mes poings frappent son corps mais Robin arrête mes coups comme s'ils étaient de vulgaires noyaux. Mais je refuse de rester sans rien faire.
— CONNARD ! je hurle en me jetant sur lui, ma voix se casse sous mes injures.
La haine parcourt mon corps. J'ai fini par savoir qui il est quand tout est sur le point de finir. Et si je ne sors pas d'ici, si je ne sors pas prévenir quelqu'un, je vais mourir sous ses coups.
En parlant de coup, il m'envoie son poing dans mon ventre. Je recule, lève le regard. Il esquisse un sourire. Bordel, cet homme ressemble vraiment à Aaron, c'est presque flippant... Et pourtant je veux arracher ce sourire, écraser son ego puis son âme.
— Pauvre fille. Aaron est ce qu'il est aujourd'hui à cause de moi, oui. Mais il a toujours eu cette part sombre en lui. Je n'ai fait que l'exposer au grand jour. Ça doit être fantasmant de traîner avec un homme de son genre.
Mes poings se serrent. Mes veines palpitent. Je n'aime pas la façon dont il me regarde et ce n'est pas seulement ça. Je déteste sa voix arrogante. Je déteste voir quelques traits d'Aaron sur son visage. Je déteste ce qu'il aspire. Je n'ai aucun sentiment qui me traverse quand je le regarde seulement de la haine et de la vengeance pour tout ce qu'il nous a fait endurer depuis des semaines.
— T'es qu'un salaud ! Un enfoiré ! Tu ne mérites rien d'autre que de pourrir dans l'enfer que tu nous crées...
Il s'avance. Je recule. Ma mâchoire se resserre et je me retourne pour pouvoir courir où je trouverai une quelconque issue. Bien évidemment, je ne le sais pas... et pour enfoncer le couteau dans la plaie, sa poigne m'attrape le bras et me retourne face à lui. Sa grande taille me surplombe. Je lance ma main dans sa direction, il la saisit et m'offre la gifle violente que je devais lui assigner.
— Tu penses m'arrêter ? Vous pensez m'arrêter ? Bordel, des années que je vis dans l'ombre, ce n'est pas une femme aussi insignifiante qui va me tuer !
Sa main se resserre autour de mon poignet. Moi je tiens ma joue en feu entre ma paume. Le parfum de cet enfoiré remplit mon espace vital.
Je recule, il s'avance.
— Une perte de temps dans sa vie mais un gagne temps dans la mienne. Aaron ne pourra pas te sauver cette fois. Regarde où tu te trouves. Regarde où il se trouve.
C'est vrai... Aaron se trouve à Los Angeles, moi à Barcelone. Jamais il ne pourra me retrouver... Jamais...
Il se penche davantage. Je tourne la tête et fuis son regard. Il glisse ses lèvres au creux de mon oreille.
— Aaron a toujours eu une faiblesse qu'il n'a jamais su recoller. Et cette faiblesse je l'ai détruit peu à peu durant mon voyage.
— Qu'est-ce ?
— L'amour qu'il porte pour toi bien sûr.
Mon cœur rate un battement. Je le regarde dans les yeux quand il se redresse. Je secoue la tête, ne voulant pas croire ses mots.
— Tu ne l'as pas détruit enfoiré, tu lui as donné une force de vivre sa vie.
Car la femme est et restera la faiblesse mais aussi la force de l'homme.
— Nous verrons s'il aura encore cette force quand il apprendra ta mort.
Sa main se resserre douloureusement sur mon bras. Je tente de m'arracher de son emprise mais son autre main glisse brutalement sur ma gorge et son sourire s'élargit. Ma main libre vient se poser sur son bras. Ma vision commence à se brouiller.
— Tu penses me faire peur, Robin... ? Tu penses que tu peux nous anéantir juste parce que tu as tout planifié ? C'est toi, l'idiot. Aaron n'est plus l'enfant de votre enfance. Il a changé et la haine qu'il a pour toi est si profonde que t'es mort. T'es cuit, mec.
Une gifle soudaine m'envoie valser contre le sol et ma tête percute une surface dure. Je n'ai le temps de me lever que je sombre complètement et le noir devient la nouvelle nuance dans la pièce inconnue.
***
🂱___Aaron___🂱
Quand j'étais passée chez Adriana, je lui avais demandé la permission d'aller aux toilettes. En réalité, j'ai cherché son téléphone et durant une bonne quinzaine de minutes, j'ai placé un traceur dedans. C'est ce qui m'a permis de connaître l'emplacement exact d'Adriana.
Elle se trouve entre les mains de Ji-Han, à Barcelone, dans un hangar abandonné.
Quand je l'ai su, j'ai pris le premier jet privé à destination d'Espagne. Jake mais aussi Jude et quelques hommes m'ont suivi. Moi qui pensais combattre mon frère seul. J'ai, en réalité à mes côtés, une famille qui me soutient et qui est prête à risquer pour sauver la femme que j'aime.
La main sur le genou, je regarde l'extérieur. Il fait nuit. Heureux de savoir que le sommeil ne passe pas. Mes pensées sont toutes ancrées sur le visage d'Adriana. Il était capable de tabasser son frère à mort, il pourrait la tuer, la tabasser, la piétiner. Si je vois ne serait-ce qu'un bleu sur son corps, je le bute à main nue et personne ne pourra m'arrêter.
— Aaron, nous allons la retrouver, chuchote la voix de Jude.
— Akio se rend plus vite sur place. Il y a quelques heures, il a découvert l'identité de ton frère. Il n'a pas eu la connexion adéquate pour nous prévenir, dit Jake, ses yeux restant ancrés dans son téléphone.
Je ne réponds pas, mais je pince ma langue. Plusieurs minutes s'écouleront, elle pourra succomber de ses blessures et jamais je n'aurais eu le temps d'avouer l'amour que je porte pour elle.
Car oui, je suis amoureux d'Adriana Gonzalez.
Pitié que Akio arrive à temps...
***
❁___Adriana___❁
Une douleur énorme envahit mon ventre, je gémis entre mes lèvres, mes yeux s'ouvrent à l'entente de mon prénom dont la voix est celle qui a planifié toute cette mascarade.
Je le vois, il m'attrape le menton sans que je m'y attende. Des gouttes de sueur glissent le long de ma colonne vertébrale. Le sourire sur ses lèvres en dit long. Il sait exactement qu'il m'a cassé certains os et il en savoure chaque seconde de ma souffrance douloureuse.
Je suis assise, posée sur une chaise, mes mains sont ligotées derrière mon dos. J'essaye de bouger mais une vive douleur dans mes côtés m'arrache un cri. Je ne peux plus bouger, plus maîtriser mon corps. Il m'a brisé des os...
— Pourquoi... Pourquoi putain...
Assis à présent à califourchon sur une chaise, il pose ses coudes et joue avec une arme entre ses mains. Il l'admire tout en lâchant un léger rire qu'il ne peut cacher.
— Je vous ai suivi. Je vous ai observé. Dire que notre famille le battait n'est pas une surprise à mon avis. Voilà Adriana. Aaron n'a pas été voulu. Entre son air innocent, ses crises d'épilepsie à longueur de journée...
Il continue de parler mais je reste coincé sur ses quelques mots : ses crises d'épilepsie. Aaron fait des crises d'épilepsie. C'est ça qu'il essayait de me cacher dans la salle de bains. C'est pour ça qu'une partie des médocs sont destinés à des pulsations non contrôlées...
— Et malgré tout ça, il volait MA vedette. Je l'ai détesté pour que nos parents m'aiment MOI ! Tout revenait à lui, toujours lui ! Il a volé la femme qui m'aimait et celle-ci m'a lâché comme un connard.
— Tu m'étonnes, j'ajoute sans pouvoir me retenir.
Il m'entend mais continue son monologue.
— Depuis plus de six ans, je le traque, et j'ai enfin réussi à trouver des informations à propos de lui. Kang Ha-Jun se transformant en Aaron Walker, ayant été yakuza à ses heures perdues puis ayant rejoint l'organisation Black Iron.
— Lourd. T'as perdu six ans de ta vie à traîner derrière les chaussures d'un homme qui n'en a plus rien à foutre de ta personne. Devrais-je t'applaudir ? Ah non merde, je peux pas.
— Je m'appelle Kang Ji-Han et j'ai su détruire le cerveau d'un homme que tu penses être capable, Adriana. Je suis allié à Ryle Carter depuis plusieurs années. C'est moi qui lui ai donné le nom mort d'Aaron pour qu'il poursuive ses recherches de son côté. Astucieux, non ? La soirée qui est censée se dérouler dans mon pays natal va être plus sanglante que ce que vous ne pensez.
Voilà que certains de ses mots sont intéressants... Si j'arrive à m'en sortir, je pourrais raconter la vérité à Aaron. Car oui, depuis longtemps que mon esprit redoute la soirée masquée en Corée du Sud.
Il se lève de la chaise et approche son visage du mien, si près que je peux sentir son souffle contre ma peau endolorie. Ses yeux sombres qui cachent des pensées malsaines me font reculer malgré la douleur qui me transperce les côtés.
— C'est toi qui a ordonné à Kyle Sabbatini de mettre de la drogue dans mon verre en Italie. Vous êtes alliés, lui et toi...
— Bingo ! Une médaille te sera donnée prochainement, Adriana.
À ses mots, une porte en métal, lourde et assourdissante s'ouvre laissant entrer deux touffes de cheveux blondes.
— Enfoiré de mes deux. Vous méritez de crever !
Leonardo et Ashley s'avancent et se placent près du dénommé Ji-Han. Mais avant qu'il ne parle, des sauts se font entendre derrière eux. Je bouge pour observer et remarque une femme brune avancer vers les trois malfaiteurs.
— Bordel Oriana qui t'a autorisé à venir ici ? surgit la voix de Ji-Han, sa main tenant toujours son arme.
— Je ne pouvais pas rater ça, dit-elle en se collant à son bras.
Je me retiens de pouffer avant qu'Ashley n'attrape une touffe de mes cheveux pour relever ma tête vers la sienne. Je grimace, la douleur m'empêche de parler.
— Tu pensais que ça n'aurait pas de conséquences ? Qu'être avec Aaron te protégerait de tout ? Pauvre idiote...
— C'est toi l'idiote, connasse.
— La connasse qui a pu être baisée par Aaron.
Mon cœur rate un battement. Aaron. Juste prononcer son nom me fait l'effet d'une lame enfoncée dans mon cœur.
— T'as baisé avec ce connard ? s'exclame Ji-Han et Leonardo, les deux en même temps.
— Oui mais je ne l'avais jamais avoué. J'ai une fierté à tenir.
Ashley finit par relâcher mes cheveux. Mon visage en feu me brûle jusqu'aux muscles. Je veux pleurer. Pleurer de douleur. Pleurer pour ma fin mais je refuse de leur donner cette satisfaction. Je serre les dents, le goût métallique du sang sur mes lèvres et qui coule de mon nez se répand dans ma bouche. La haine que j'ai pour eux est énorme et c'est la seule chose qui me reste en ce moment.
Aaron doit savoir... Il doit savoir que je l'ai découvert, que j'ai découvert qui est vraiment Robin. Mais à quoi cela me sert-il maintenant ? Je suis si vulnérable...
— L'histoire que tu t'es construite autour de mon frère ? Tout ça s'écroulera sans que tu t'en rende compte, Adriana.
Voilà donc la fin qu'on m'offre. Une fin brutale, sans un adieu à ma famille, sans même un au revoir à celui qui hante mes pensées depuis des semaines. C'est donc ça, mon destin ? Être livrée à des ennemis et puis mourir sous leurs coups ?
Si Aaron était ici, si seulement je pouvais lui parler, tout ce que je voudrais lui dire serait plus qu'un roman. J'ai tellement vécu à ses côtés, tellement plus que ce que ma vie entière m'a donnée.
Avec Aaron j'ai perdu le contrôle de mes émotions, de mon corps, de mes rires. J'ai rougis à de simples frôlements. J'ai aimé nos baisers, même ceux qui nous ont fâchés. Aaron m'a offert la vérité, son passé, à quel point sa vie était la raison de son combat contre ses démons. Il a essayé de me protéger de lui et c'est moi qui suis rentré dans sa vie sans m'en éloigner.
Les larmes ne cessent de couler.
J'ai découvert l'affection que j'ai pour un homme qui m'est interdit...
Je suis devenue une nouvelle femme en étant à ses côtés...
Ji-Han s'avance. Je frissonne, je bats des cils et le premier coup puis le deuxième s'abattent dans mon corps. Je hurle de douleur, ne cherchant pas à dissimuler la rage que j'ai pour eux. Comme un poison en pleine action, ses coups se multiplient, je reviens à la réalité quand son poing s'éclate contre ma mâchoire.
— Arrêtez... ! je hurle douloureusement.
Mon corps est un pantin qu'on utilise à sa guise. Je ne suis pas apte à l'utiliser, j'ai des os cassés, du sang séché, des bleus sur l'entièreté de mon corps et des larmes qui coulent sur mes joues.
Mon corps et mon esprit deviennent deux éléments distincts. Pourtant mes oreilles, eux, entendent des éclats de voix beaucoup plus forts que la norme. Je ne peux pas le voir, mes paupières se ferment quand mon corps bascule en arrière.
🂱___Aaron___🂱
— Sale connard ! s'exclame Akio en tirant dans un corps.
Seuls Akio, Jake et moi sommes ici. Quand j'entre dans le hangar, je vois tout d'abord Leonardo puis Ashley. Cette pute égocentrique qui pense tout contrôler en s'infiltrant dans notre organisation. Enfin, quand je tourne la tête, je vois une femme que je n'ai jamais vu de ma vie et à ses côtés. Cependant, elle m'a l'air familière...
— Putain, tu m'as trouvé.
Le temps semble stagner. Mes oreilles bourdonnent. Voilà, le moment est venu de confronter le frère qui m'a pourri l'existence dès mon plus jeune âge. Rien n'a changé en lui. Je vois cette même cicatrice que je lui ai causé étant enfant en lui balançant ma lampe de chevet.
— 이 새끼야. ( = I saekkiya. : Espèce d'enfoiré. )
C'est la seule insulte qui me passe par la tête avant que je ne porte mon flingue dans sa direction. Pourtant il est plus rapide que moi et le flingue dans ses mains pointe une autre personne.
Mon cœur se brise telle une vitre cassée.
— Adriana... Mon amour... murmuré-je.
En sang, inconsciente, avachie comme une poupée, elle garde les yeux fermés.
Garde-les fermés, mon amour. Ce qui se passe maintenant risque de te faire peur.
— Tu me tues, je la bute.
— C'était toi depuis le début... Comment t'as su où je me trouvais connard !?
— Ryle Carter m'a aidé en échange de mes infos. Nous travaillons ensemble depuis sa réapparition.
Je vois Akio et Jake du coin de l'œil pointer leur arme sur Ashley, Leonardo et cette femme. Je ne peux m'empêcher de poser une question.
— C'était toi qui nous espionnait lors du nouvel an. C'était toi derrière le poteau. T'étais un homme bon. Pourquoi as-tu fait ça, Moretti ?
— Si je l'aidais à me kidnapper, il me laisserait la vie sauve. C'était notre accord. Je vous jure que j'ai fait ça pour garder ma famille loin de lui. Je suis un homme d'honneur, je n'ai que...
Une balle traverse son front et son corps tombe à la renverse dans un bruit sourd. J'écarquille les yeux. Les cris d'Ashley remplissent la pièce. L'auteur du crime reste mon frère, impassible, sans émotions, sans scrupules.
— Il parlait trop. Et mon but a pris fin. Je t'ai enfin sous les yeux, Ha-Jun.
Akio gigote, je l'interdis de bouger en levant la main.
— Non. Si tu bouges, il va lui tirer dessus. Je ne peux pas risquer ça.
Mon regard se pose sur celui de mon frère qui pointe toujours son flingue sur Adriana. Son visage est pâle, elle est profondément endormie et du sang dégouline de son nez.
J'inspire profondément.
— Si tu la tues, je te laisse la vie sauve.
Mensonge. Je le connais trop bien pour qu'il me fasse une demande pareille.
— Je préfère me sacrifier pour qu'elle puisse appuyer sur la détente et te tuer à ma place.
Il lâche un rire grave, se frotte les cheveux avec son flingue et le repose vers le corps d'Adriana.
— Quel est ton but depuis le début ? Me tuer car je t'ai gâché une amourette ?
— Les parents ne m'ont jamais porté d'attention. Tous les deux étaient rivés sur toi.
— Ils ne m'aimaient pas bordel ! Si tu préfères me faire souffrir pour avoir l'affection des parents, vas-y ! Je ne t'ai jamais retenue ! Mais je te préviens, ne viens pas t'attaquer à ma vie comme si c'était moi qui avait demandé à ma mère ma naissance dans ce monde corrompu !
Il serre les dents, gardant toujours l'arme rivée sur Adriana.
— Tu mérites l'enfer. M'avoir manipulé, l'avoir manipulé durant ce voyage en mettant en péril la vie d'une innocente ! Et si ça avait été ta chère maman, aurais-tu agi de la même façon ?
— C'est ta mère bordel !
— Ma mère est morte quand j'ai su la haine qu'elle avait pour moi ! Si elle ne voulait pas d'un gosse, elle n'avait pas à être baisée par mon père ! Tous les deux, je les ai rogné de ma vie le jour où j'ai su que j'aurai dû mourir pour l'enfant que j'étais.
Tout le monde écoute.
Tout le monde entend.
Tout le monde sait.
Tout le monde est surpris.
Fais-je pitié ? Non, aujourd'hui, heureusement j'ai une famille sur qui compter.
— Aaron...
Je baisse mon regard vers Adriana. Ses yeux brillent. Ses larmes roulent sur ses joues. Mon Dieu, elle vit.
— Adriana. Mon amour. Écoute-moi, je suis ici, là... Fais moi confiance... Je ferai mon possible pour te protéger quoi qu'il en coûte. Je suis prêt à me sacrifier pour ta vie. Ta vie contre la mienne...
Je lève le regard vers Ji-Han, il observe Adriana. Je prends ce moment d'inattention comme un cadeau et fonce. Je me jette sur lui. Je n'hésite pas. J'attrape son poignet pour diriger le canon de l'arme sur le toit, une balle jaillit. Nous tombons au sol. À califourchon sur lui, je n'attends pas, je réfléchis pas, j'envoie un poing dans sa mâchoire, puis un deuxième et un troisième. Il tente de se débattre, rien ne marche, ma haine est si profonde que je hurle à en perdre haleine.
— Tu penses m'avoir battu ? Ce n'est que le début. Ryle saura tout, et il fera pire !
— Ce n'est pas ton problème !
Akio et Jake restent en retrait. Je hurle, pour ce qu'il m'a fait endurer, ce qu'il m'a fait subir, je me venge. Je me venge enfin. Du sang dégouline de sa bouche, des gargouillis se font entendre. Je brise son nez, il fait tomber son arme. J'en profite pour lui asséner un coup qui le fait trembloter.
Essoufflé, je recule, le visage en sang et ris. Je ris. Encore et encore.
Peut-être que tu ne me fais pas confiance, butterfly, mais la mienne dépasse celle que j'ai partagée avec la famille.
— Aaron... Ne le tue pas... Tu n'es pas cet homme... Si tu veux réellement de moi, tu ne le feras pas, tu penseras à moi et tu me choisiras... murmure-t-elle alors que mon arme pointe le front de mon frère.
Je me tourne alors vers Adriana. Elle me regarde. Je serre la mâchoire et traîne mon corps vers le sien. Je prends son visage entre mes mains, l'effleure puis lui caresse les cheveux après avoir jeté mon arme sur le sol.
— C'est terminé, Adriana. Tant que je suis là, personne ne te touchera.
Elle baisse la tête, sa main vient difficilement cueillir la mienne comme pour me dire qu'elle est encore là, malgré les horreurs qu'il a commises sur elle. Je pose mon front contre le sien et viens lui embrasser l'entre des sourcils.
— Adriana... je souffle doucement. J'ai été aveugle trop longtemps...
Mes paupières s'ouvrent faiblement, et nos regards se croisent. Sa main chaude reste sur la mienne.
— Je n'ai jamais fait semblant. Je refusais d'admettre l'amour que j'ai pour toi. Même mon cœur se pliait à toi à chaque occasion... Je t'aime, Adriana, je t'aime tellement.
Quand je l'admets, ses lèvres forment un sourire qui se dissipe quand la voix d'Akio hurle derrière moi. Je me retourne, ouvre grand les yeux en apercevant Ji-Han tenir son arme et tirer dans ma direction. Jake dévie la trajectoire et la balle se plante dans un mur.
Je baisse la tête vers le visage d'Adriana.
— Adriana... Mon amour... murmuré-je en voyant ses paupières éteintes.
Je touche son visage, palpe certaines parties puis arrive vers son oreille où un liquide chaud et rougeâtre tâche ma main.
Du sang.
Il a touché son oreille.
Et le bruit de l'impact l'a évanouie.
— DES URGENCES ! Il faut l'emmener à l'hôpital !
Je hurle à m'en faire mal à la gorge. Le temps presse, et mes craintes se multiplient quand la main d'Adriana tombe à la renverse, sur le sol, dans un bruit sourd.
-À suivre-
J'aime le suspense. J'aime Aaron et Adriana 🫣🤍
3783 mots
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