❁ 26. Un réveil à la Tim Burton.

____CHAPITRE 26____

-Pourquoi ai-je fait ça ? Pourquoi est-il aussi tendre avec moi ?-

❁___Adriana___❁

02 janvier - 21h00
PARIS - FRANCE - SALLE DE SPORT PRIVÉE.

Je n'y pense pas, je fonce et mes lèvres se pressent contre les siennes. Je ferme les yeux en glissant mes mains dans ses cheveux et je l'attire vers moi.

Je le sens se crisper, mais il répond à mon baiser. Ses mains trouvent mon visage, glissent dans mes cheveux. Deux secondes plus tard, je me retrouve les jambes enroulées autour de sa taille. La chaleur de sa peau contre la mienne, son visage près du mien... Tout cela me fait vriller en cet instant.

Je me laisse emporter. Il me soulève et me plaque contre un meuble dans cette salle privée. Le choc fait tomber des équipements sur le sol, mais je m'en moque complètement. Je veux le sentir près de moi, voir son corps me réclamer. Il ne résiste pas. Il cède. Je le vois dans ses yeux, dans la façon dont il me tient...

Mes mains passent sous son tee-shirt et viennent toucher la peau brûlante de son dos. Je suis incapable de penser à quoi que ce soit d'autre. Je veux tout de lui, tout de suite.

Et puis, brusquement, il s'arrête. Ses lèvres se détachent des miennes. Il pose ses mains sur mes avant-bras et me tient à distance. Je suis sous l'incompréhension la plus totale.

Adriana, arrête... murmure-t-il de sa voix rauque.

Mes yeux se perdent dans les siens, mon esprit reste entre les mains de l'alcool. Je fronce les sourcils. Pourquoi s'arrête-t-il ?

 Je le veux... Je veux continuer.

T'es bourrée, Adriana. Je peux pas. Pas comme ça.

Il s'éloigne. La chaleur de son corps disparaît laissant place à la froideur entre le sien et le mien. Il ne veut pas qu'il parte. Je veux le retenir, mais je n'y arrive pas. Je me sens soudain bête et excessivement fatiguée. 

Je vais bien... Je t'assure...

Tu devrais te reposer.

Je veux répondre, mais tout devient flou. Aaron prend mes mains. Je tente de parler mais l'alcool me rattrape, mes paupières deviennent lourdes. Avant même de comprendre ce qu'il compte faire, je tombe dans ses bras et m'endors.

***

Je ne sais pas quelle heure est-il exactement, mais la lumière du jour s'infiltrant dans la pièce où je dors les poings fermés me réveille. Ce n'est pas seulement la lumière mais également ce mal de crâne immense qui me pompe la cervelle.

J'ouvre les paupières, la tête dans un coussin moelleux et m'efforce de comprendre où je suis. Un lit, ça c'est sûr. Celui sans doute de l'hôtel. Néanmoins, je n'ai pas le souvenir d'être arrivée jusqu'à là, à pied, seule.

La couverture blanche est froissée et la pièce est étrangement calme. Je me redresse lentement puis balaye la pièce du regard. Je pivote la tête vers ma gauche puis vers ma droite mais personne n'y est. 

Aaron n'est pas là.

Et puis, tout me revient : La salle de sport. L'alcool dans ma gourde soigneusement mis par mes mains prétentieuses et le tout pour le tout, le baiser échangé avec l'homme que je pensais détester au début de cette mission.

Un scénario me vient en tête. Je frotte mon visage pour m'en dégager au plus vite. Mes lèvres contre les siennes. Ce baiser tant désiré, par moi... Bordel, par moi !? Non. J'étais bourrée.

Je deviens rouge de honte. J'ai pris l'initiative de l'embrasser, de l'attirer vers moi et j'ai même tenté d'aller plus loin. C'est ce que je voulais, mais pas comme ça... Pas dans cet état.

Je laisse échapper un soupir dans la pièce. Que s'est-il passé ensuite ? Je me souviens de lui qui me posait avec douceur sur un matelas mou. Et puis... plus rien. On a sûrement pas couché ensemble sinon je m'en souviendrai. Et puis Aaron n'est pas ce genre d'homme. Du moins, je le pense ?

Je me lève, trébuche presque et me dirige vers le miroir de la salle de bains. J'examine mon reflet. J'ai l'air d'un personnage tout droit sorti d'une animation réalisé par Tim Burton. Mon teint est fade, j'ai les gros yeux et mes cheveux sont plus qu'en bataille. J'ai l'air d'un véritable cauchemar. 

Je passe de l'eau froide sur tout mon visage pour mieux comprendre la chose : J'ai insisté, j'allais franchir bien plus mais il m'a repoussée. Il m'a arrêtée avant que je fasse un acte que je regretterai plus tard.

Je devrais lui parler.

Parler à qui ? surgit une voix derrière moi.

Je sursaute d'abord puis me retourne rapidement, mon fessier tapant le lavabo. Je vois Aaron situé à l'embrasure de la porte en train de manger une poignée d'oursons en gélatine.

Qu'est ce qui te passe par la tête pour manger des bonbons de bon matin ?

Pour ta gouverne Adriana, il est exactement midi vingt-cinq, me répond-il en regardant la montre attachée à son poignet.

Midi vingt-cinq ?

Il hoche la tête, un demi-sourire scotché au visage, comme si tout était parfaitement normal, comme si rien ne s'était passé hier soir.

J'imagine que c'est techniquement le midi, dit-il en haussant les épaules avant d'englober un autre bonbon rouge dans sa bouche. Pourquoi tu voulais me parler ?

Je détourne les yeux, ne sachant pas par où commencer. La honte me brûle la gorge.

Je repense au baiser. À ses grandes mains veineuses sur mon corps quand il m'a repoussée. À son regard quand il m'a répondu négativement. 

Adriana, tu dérapes là... susurre la voix dans ma tête.

À propos d'hier soir... Je suis désolée, Aaron, je me suis comportée comme une idiote. J'ai trop bu et j'ai... agi sans réfléchir.

Je m'attends à ce qu'il dise quelque chose, n'importe quoi pour estomper mon malaise, mais il reste silencieux, me regardant simplement en mangeant ses fichus bonbons. Je jure devant son regard de velours que c'est moi qui va les faire bouffer s'il continue de les manger devant moi.

Tu m'as arrêtée, et tu as eu raison de le faire. Cela va dans les deux sens en réalité. Merci pour ça. Je ne sais pas ce qui me serait passé par la tête si...

Je laisse ma phrase en suspense. Aaron s'approche, abandonnant enfin son appui contre la porte. Il s'arrête juste devant moi, suffisamment pour que je puisse sentir l'odeur familière de son parfum boisé et musqué.

Adriana. Pourquoi as-tu mis de l'alcool dans cette gourde ?

L'une des questions que je redoutais le plus... Si je devais lui répondre, ça partira de beaucoup trop de choses. Non seulement par le manque grandissime de ma famille mais aussi par la peur que j'ai pour la suite de cette mission. Néanmoins, ce qui m'a poussé à en consommer autant était le fait d'oublier les paroles d'Aaron concernant ces femmes qu'il avait embrassées le soir de notre dispute. 

Je suis coincée, je ne peux rien dire. Notre relation est fausse. Pourtant l'avoir entendu dire ça alors que j'avais pleuré dans mon coin, seule, sans personne, m'a attristée et m'a rendue... jalouse... J'étais jalouse de l'entendre avouer ça, alors j'ai inventé le mensonge concernant nos ennemis et leurs tactiques de reconnaissances.

Ma famille me manque. J'avais besoin d'oublier son absence.

Je ne me rappelle pas de tout ce que j'ai pu lui annoncer quand j'étais bourrée mais ce qui est certains, c'est que non seulement j'ai fait échapper des mots que je pense haut et fort mais aussi des secrets que je garde enfoui au fond de moi-même depuis des lustres.

Je reste silencieuse. Son calme m'angoisse. Je préfère entendre ses blagues à tout va que son silence.

Je comprends... Enfin j'imagine. Je ne suis pas le mieux placé à propos de la famille. Mais n'empêche, l'alcool n'est pas le meilleur moyen pour oublier. J'ai mieux. Sortir dehors et visiter Paris, ça te dit ?

Mon cœur rate un battement face à l'intonation qu'il emploie. Il ne m'en veut pas d'avoir vidé une gourde entière d'alcool, il me dit simplement de faire attention à moi. Disons qu'il me protège à sa façon, sans m'oppresser. Ai-je balancé le fait qu'il me colle beaucoup trop, hier ? Je m'en souviens plus.

D'accord. Je veux bien sortir dehors et décompresser un peu...

À tes côtés...

Il sourit enfin et lève un ourson vert en gélatine.

En attendant, tu veux un ourson ? Ça aide contre les lendemains de soirée difficiles.

Je laisse échapper un petit rire. Aaron tend sa main, et je prends le bonbon avant de croquer dedans. 

En fin de compte, les bonbons ne sont pas aussi détestables que je le pensais.

-À suivre-

Le chapitre à l'air plus court que les précédents car je l'ai divisée en deux pour ne pas avoir un chapitre plus que long 👩🏼‍🦯🧘🏼‍♀️

1467 mots

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