🂱 24. Nuit mouvementée.
____CHAPITRE 24____
-Et si les mots blessent, l'acte l'est tout autant...-
🂱___Aaron___🂱
01 janvier - 22h40
PARIS - FRANCE - CLUB.
Je suis sorti sans réfléchir. Pour la première fois, j'ai laissé Adriana planté en pleurs dans la suite. Mon cœur s'est serré, tant par son visage mais aussi par les mots qu'elle a prononcés. Ça résonne toujours en moi : Collant, chiot, oppressant.
Après avoir fumé deux clopes, je marche sans savoir mon chemin, juste pour mettre de la distance entre nous, entre elle et moi. C'est ce qu'elle veut, non ? La colère et la déception se mélangent en moi, je ne sais même plus comment agir.
Les lumières clignotantes d'un club attrapent mon regard, et sans réfléchir, j'y pénètre. La musique est forte. C'est exactement ce dont j'ai besoin : du bruit pour noyer mes pensées.
Le club sent l'alcool mais aussi le sucre. Des lumières rouge et violet l'habitent. Des femmes se mouvent comme des félins autour des tables, des bars et s'approchent des hommes excités en s'installant sur leurs genoux. Elles frôlent leurs épaules et leur visage tout en embrassant certaines lèvres qui leur plaisent. Elles sont là pour plaire et sont payées pour faire oublier aux hommes leurs tracas, leurs problèmes, leur venue.
Je m'accoude au bar. Le barman me serre un verre. Je prends une longue gorgée, le whisky me brûle la gorge.
J'essaie de ne pas penser à Adriana et à ses mots qui m'ont littéralement déchiré mais à chaque nouvelle gorgée, c'est son visage qui revient, ses yeux qui me hantent, son sourire qui m'a toujours paru sincère. Comment ai-je pu me tromper à ce point ? Certes, elle n'est pas la personne qui m'aime le plus mais quand même...
— Salut, toi.
Je lève les yeux et découvre une femme assise à côté de moi. Je vois son sourire bien trop suspect mais aussi ses yeux bleus qui scrutent chaque parcelle de mon visage. Elle s'approche de moi, son parfum sucré envahit mes narines. Elle passe une main délicate sur mon épaule, et je sens ses doigts se poser sur ma nuque.
Trop familiers, trop intrusifs.
Ce parfum n'est pas au caramel, bouge d'ici Aaron...
Je ne bouge pas, je n'ai même pas l'énergie de la repousser. Elle me parle, je ne sais même pas de quoi. Puis une autre femme se joint à elle. Elles se pressent contre moi, leurs mains effleurent mes bras. Elles me sourient comme si j'étais le seul homme ici. Je les laisse faire, incapable de trouver la force de m'en dégager. Je suis trop faible pour bouger, je ne veux plus faire d'efforts qui n'en valent pas la peine à ses yeux.
— Arrêtez...
Ses femmes ne me demandent rien. Elles remplissent le vide qu'Adriana a laissé en moi. Tout ça ne fait qu'accentuer le dégoût que je ressens. Pas pour elles, mais pour moi, pour ce que je suis en train de faire, pour la façon dont je me perds ici, dans ce lieu où je ne veux même pas être.
Ma place est au côté d'une jolie Espagnol qui m'attire irrésistiblement... Plus j'essaye de l'oublier, plus elle est là, gravée en moi.
Je prends une autre gorgée et termine le fond de mon verre. Mais malgré ça, Adriana est encore là.
— Qu'est ce que tu me provoques, butterfly... ?
Je ressens une main se poser sur ma nuque puis une bouche se rapprocher de la mienne. Je n'ai pas la force de reculer, ses lèvres se pressent contre ma bouche.
— Putain...
Mes mains se perdent dans ses cheveux, et je ferme les yeux, essayant de me convaincre à un quelconque échappatoire.
L'autre femme se rapproche en riant faiblement et sans vraiment réfléchir, je relâche la première femme et attire vivement l'autre à moi, nos bouches se rencontrent violemment. Les baisers se succèdent, se superposent. Les gémissements se multiplient autour de moi.
Puis elles me prennent par la main et m'éloignent de la foule. Je les suis, sans vraiment réfléchir.
On marche dans un couloir sombre, seulement quelques lumières rouges nous guident.
Enfin, après des secondes que je m'imagine être des minutes une porte s'ouvre, et je me retrouve plongé dans un tout autre monde. Des couples sont installés, là, tous accrochés dans des draps défaits, des corps se cherchent, se heurtent, baisent à droite et à gauche. Gémissements, murmures et soupirs sont l'ensemble de la mélodie.
Où est-ce que je me suis encore foutu ? On dirait carrément un rassemblement dans une secte sexuelle...
— Tu verras, tu vas aimer ça, me souffle l'une des femmes à mon oreille.
Je ne devrais pas être là, pourtant je les laisse me guider vers un lit, loin de tout le monde. Ce n'est pas l'alcool qui y joue, c'est le besoin d'oublier. Nous ne partageons rien avec Adriana, rien qu'un jeu cruel. J'ai tous mes putains de droits.
— Moi c'est Ella... susurre la brune.
Je me place devant leur lit et elles se positionnent à quatre pattes dessus. Sans attendre, leurs mains déboutonnent ma chemise et me déshabillent. Mes vêtements tombent au sol l'un après l'autre.
— Qu'avons-nous là... Il est beau, notre charmant petit trésor, chuchote Ella d'une voix provocatrice.
Leurs mains explorent ma peau puis leur bouche suivent, effleurent mon torse et mon cou. Mais honnêtement rien ne parvient à chasser le visage d'Adriana de mon esprit. Tout devient confus. Je prends rapidement les devants, pour essayer d'oublier, pour combler le vide.
Je me place au-dessus d'Ella, la brune plante ses yeux dans les miens. Elle se met à quatre pattes, sa respiration rapide se mêle à la mienne. J'agrippe une touffe de ses cheveux. Elle n'hésite pas, ses mains glissent sur mon corps. Je la regarde, mais mon esprit n'est pas là.
Je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool mais je suis partagée entre le réel et le fictif. À côté de moi, la blonde me presse contre elle, ses mains saisissent ma mâchoire et ses lèvres capturent les miennes. Le baiser est fougueux, rapide, ses dents mordent légèrement ma lèvre. Mais ce n'est toujours pas la même sensation que celle que j'ai connue avec Adriana.
Ce n'est rien à côté de ce que je ressens quand je l'embrasse ; quand c'est elle qui est contre moi.
La blonde continue de m'explorer et de m'embrasser. Ses mains tracent des lignes invisibles sur ma peau. Ella débute des mouvements que je n'aurai jamais voulu faire car je réalise rapidement que mon esprit est ailleurs, retenu par une autre.
C'est Adriana qui me hante. C'est elle qui devrait être là, pas ces femmes sans visage, sans âme. Elle seule a cette emprise sur moi, ce pouvoir.
— Arrête...
Je m'arrête soudain, désorienté. Je lâche prise même si Ella continue de me prendre en bouche.
Aucune autre femme ne pourra me faire oublier celle qui m'obsède vraiment.
Bordel, qu'est ce que je fais en ce moment ???
Cinq minutes plus tard, je suis face au club, ma tête est posée contre un lampadaire en métal. J'ai donné ce qui leur fallait. L'argent. Rien d'autre ne les intéresse.
Je suis venu pour me changer les idées, mais rien y fait, je n'ai pas réussi. En fait, qu'est ce que j'ai réussi dans la vie ? Trouver un boulot illégal bien payé ? Fuire mes démons alors qu'ils attendent simplement le bon moment pour m'anéantir ?
Je cogne mon front contre le métal froid de l'hiver. Je sens une larme fraîche glisser sur ma joue que j'essuie à la va-vite tout en retenant un sanglot.
Alors est-ce ça m'a destinée... ?
La bile remonte dans ma gorge tandis que je marche dans les rues sombres de Paris. Ma chemise est à moitié ouverte, mes cheveux vont dans tous les sens et mon esprit se balance entre l'euphorie et le chaos.
— Fichu connard ! N'es-tu pas celui qui était loyal ?! Celui qui ferait tout pour ne plus mentir à qui que ce soit ?!
Mon téléphone sonne encore une fois, son écran vibre de notifications incessantes, mais je n'ai même pas la force de regarder. Je hurle de frustration, ma voix se perd dans le bruit lointain des klaxons. Je me fraye un chemin dans une ruelle étroite tout en respirant l'odeur de l'humidité et des poubelles.
Mon regard se pose sur un homme assis contre un mur, vêtu d'un bonnet sale et des couches de vêtements usés. Il tremble. La maigreur de son corps se voit de loin. Je détourne les yeux un instant et aperçois un kebabier de l'autre côté de la rue. Sans trop y réfléchir, je me dirige vers le comptoir.
Vingt minutes plus tard, je reviens avec deux sacs en plastique, les odeurs de la viande grillée titillent les narines.
Assis dans la même position, je m'arrête devant lui et tends l'un des sacs.
— Vous avez une petite faim ? je demande en anglais.
C'est un réflexe idiot de lui parler en anglais alors qu'il ne comprend peut-être pas. Mais honnêtement je m'en fou du danger qui peut accourir si je l'aide ou non. En ce moment, je n'ai envie de faire que deux choses : m'asseoir et manger.
Il relève la tête, stupéfait. Je ne sais pas si c'est ma présence, celle de la nourriture, ou juste le simple fait que quelqu'un lui adresse la parole à une heure si tardive, mais il semble surpris.
Tout doux l'agneau, je ne vais pas te manger.
— Ça ne vous dérange pas ? dis-je en désignant la place à côté de lui.
Je pointe la place à ses côtés où se situe un carton à peine utilisable. Il m'autorise à m'asseoir. Je m'en fiche de voir mes vêtements hors de prix se salir quand je m'assois sur le sol crasseux. Maintenant, je n'ai qu'une simple hâte, c'est manger.
L'homme au bonnet ne perd pas de temps et se goinfre rapidement avec le pain farcie. Je le regarde au coin de l'œil et souris faiblement tout en mangeant à mon tour sous la pénombre de la nuit.
— Comment un homme comme vous, se trouve à me donner à manger et à s'asseoir avec moi pour me tenir compagnie ?
Je tourne la tête en mâchant mon pain. Alors il comprend l'anglais. Il a un accent lourd, mais ses mots sont clairs. C'est cool car je n'ai aucunement l'envie de chercher un dictionnaire en ce moment.
— Parfois les choses les plus simples sont les meilleures.
— Les choses simples amènent à la perte. La complexité, elle, nous montre le chemin qu'on a fait jusqu'à arriver au but final.
Je ne sais pas si c'est la vie en tant que SDF qui lui fait dire ça ou autre chose, mais je m'en moque. Peut-être qu'il a raison, peut-être que non. Je n'ai pas envie de philosopher ce soir. J'ai juste besoin de manger et de ne pas penser à autre chose.
— Pourquoi êtes-vous à la rue ?
— Ma femme a divorcé, lâche-t-il d'une voix neutre, presque mécanique. Elle a récupéré l'héritage, l'appartement. Je ne peux même plus voir ma fille. Elle refuse que je la vois.
Je hoche la tête, prenant une gorgée de soda. Mais je suis beaucoup plus curieux que ça et quoi de mieux que de poser des questions à un parfait inconnu ?
— Pourquoi a-t-elle divorcé ?
— Elle disait que je ne faisais rien de mes journées, que je n'étais qu'un homme au chômage. On s'entendait plus aussi.
Je bois une autre gorgée, réfléchissant à sa réponse. En toute honnêteté, je m'en branle un peu, mais cet homme a une façon de dire les choses, ce qui me remet en question.
— Moi, c'est Aaron. Et vous ?
— Raphaël, dit-il en souriant faiblement. Enchanté.
Malgré les événements difficiles que j'ai vécus, jamais je ne me suis retrouvé à la rue. Je trouve ces gens encore plus courageux que pleins d'autres. Ça doit être l'enfer de se trouver dans la rue, sans nourriture, dans le froid, sans chauffage.
— Dites Raphaël... Avant votre divorce, comment avez-vous su que vous aimiez votre femme ?
— Oh... Quelle belle question. Mh... Je crois que c'est la première fois que je l'ai vu. Elle travaillait dans un petit café, nous avons sympathisé puis au fil des jours, je n'arrivais pas à me la faire sortir de ma tête. Je venais chaque soir à 17h, la voir, une fleur différente à chaque fois. J'ai fait ça car elle s'appelle Rose. C'est joli comme prénom, pas vrai ?
Je souris en terminant mon kebab. Jake avait raison sur ces sandwichs. Ils sont délicieux bordel.
— Et vous, Aaron ? Qu'est-ce qui vous amène à partager votre repas avec un inconnu ce soir ?
Je détourne le regard. Je pourrais lui parler de mes soucis durant mon travail qui consiste à buter des gens, mais aussi de la pression constante, ou de ces démons qui me rongent un peu plus chaque jour. Je peux aussi lui parler de ce qu'il se passe entre Adriana et moi ?
Il n'y a rien qui se passe entre elle et toi, abruti !
— Disons que je cherchais un peu de compagnie, moi aussi. Les gens ne se rendent pas compte à quel point on peut se sentir seul, même entouré de monde.
Raphaël hoche la tête, comme s'il comprenait parfaitement ce que je ressens. Lui a perdu sa famille, sa maison, et pourtant, il est encore là, à sourire. Moi je détruis ma vie en fumant, en me droguant de médicaments et en baisant à droite à gauche.
— Vous savez, la rue m'a appris des choses. J'ai compris qu'on peut tout perdre, sauf ce qu'on a vécu et ce que l'on a dans notre tête. Personne ne peut me retirer mes souvenirs de Rose. C'est ce qui me tient debout.
Je repense à mes propres souvenirs, à ceux que j'essaie d'oublier. Verdict : Mieux vaut les oublier. Mais au moins, c'est pas plus hard qu'un chaton qui fait du surf entouré de chaussettes volantes.
— Raphaël, est-ce que vous avez encore l'espoir de retrouver votre fille, de vous en sortir ?
— Chaque jour, Aaron. Chaque jour, j'espère. Parce que si je perds ça, alors je n'ai plus rien.
Ces quelques mots me touchent plus que je ne l'aurais cru... J'ai toujours gardé espoir pour tout et rien. Mais l'espoir que j'ai donné à ma famille, elle, n'a jamais marché et ne marchera sûrement jamais.
Je me relève lentement, défroisse mon pantalon et ma veste pour effacer les plis. Mon regard se pose une dernière fois sur Raphaël. Je fouille dans ma poche, en sors mon porte-monnaie et en tire quelques billets que je lui tends.
— Je vais vous laisser, Raphaël. J'espère que votre bonté et votre gentillesse vous apporteront plus que ce que vous espérez.
Il secoue immédiatement la tête, et met ses mains en avant pour refuser mon argent.
— Non, non, c'est beaucoup trop. Gardez-les pour vous, Aaron.
Il sourit, gêné. Je prends ses mains et coince les billets dans ses poings.
— J'insiste. Vous en avez besoin plus que moi. Ça me fait plaisir d'aider quelqu'un.
Puis d'un dernier coup de tête, je glisse mes mains dans les poches et tourne les talons. Mais alors que je m'éloigne, mon téléphone se met une fois de plus à vibrer dans ma poche.
Je m'arrête et décroche rapidement en voyant le nom de mon ami sur l'écran.
— Jake ? Qu'est-ce qui se passe ? Ne me dis pas que quelque chose a mal tourné sur la mission.
— Aaron, on a un gros problème avec la cargaison située dans la couronne périurbaine de Paris, dit-il presque essoufflé. Les informations que tu m'as transmises ne sont plus fiables.
Je fronce les sourcils, cherchant à le comprendre à travers sa voix essoufflée.
La cargaison en question contient des armes. On avait pour but de les retrouver pour obtenir une preuve concrète à transmettre à la police, afin de leur donner une raison de lancer des recherches sur Ryle. Hormis, depuis sa prétendue « mort », la police ne prend plus au sérieux aucune information à son sujet, et les recherches ont cessé lorsqu'ils ont découvert que Ryle n'était qu'un simple dirigeant d'une entreprise de haute technologie.
J'ai obtenu ces informations grâce à Adriana, qui les avait découvertes lors de la soirée aux enchères. J'ai ensuite transmis à Jake toutes les coordonnées et les horaires nécessaires pour envoyer des hommes dans l'endroit précis.
— Comment ça, plus fiables ? Ces infos venaient de notre source directe. Tout devait se dérouler comme prévu.
— Eh bien, elles ont été modifiées ou faussées. Quand nos hommes sont arrivés sur place, la cargaison n'était pas là. À la place, ils ont trouvé un entrepôt vide. Ryle a dû changer ses plans à la dernière minute une fois s'en être aperçu.
Si la cargaison a disparu, c'est que Ryle ou l'un de ses hommes a anticipé nos mouvements. Ils étaient déjà préparés à une attaque de notre part. Ou peut-être qu'ils nous ont cramés durant cette soirée en apercevant que le dossier n'était plus à sa place. J'avais pourtant formellement interdit à Adriana de le prendre en main propre, mais avec le stress, elle n'a pas réfléchi à deux fois.
— Ryle savait qu'on viendrait. Soit quelqu'un l'a prévenu, soit la source nous a fait balader. On a des pistes sur l'endroit où elle pourrait être maintenant ?
— Pas pour l'instant. Le seul indice, c'est un camion aperçu en train de quitter les docks à toute vitesse juste avant l'arrivée de l'équipe. Mais on n'a rien de plus précis.
Je serre les poings. Cette cargaison était essentielle pour couper l'approvisionnement de Ryle. C'est impossible qu'il ait deviné nos plans à moins qu'il ait été prévenu. Mais comment a-t-il pu deviner exactement le moment et l'endroit ?
— Tu penses qu'il savait qu'on serait là ? Ça n'a pas pu être un hasard, Jake.
— C'est ce qu'on craint, oui. Soit il y a une taupe dans les parages, soit on a été piégés avec de fausses infos. Dans tous les cas, on doit réagir vite.
Je passe une main nerveuse dans mes cheveux tout en avançant dans l'une des rues de Paris.
— Envoie Chan et James, je vais fouiller l'entrepôt demain pour voir s'ils ont oublié quelque chose, un indice qui pourra nous faire avancer dans notre enquête.
De mon côté, je ne peux pas faire grand-chose étant donné que je suis en mission. Je dois attendre les ordres de mes supérieurs, en l'occurrence Jacob. Une fois reçus, Adriana et moi pouvons décoller pour la Corée du Sud. Mais, honnêtement, Jacob met un temps fou à nous informer, ce qui signifie que Ryle n'a toujours pas encore quitté le pays.
— Je te les envoie pour une heure pétante.
***
Quelques heures plus tard, vers 3 heures, je pousse la porte de la suite. Chacun de mes pas résonne dans le silence de la chambre. Pas d'Adriana en vue. Je me détends même si la dispute avec Adriana me revient en mémoire.
La lumière de la chambre éclaire un peu l'espace, et c'est là que je la vois. Adossée contre le mur, les jambes repliées contre elle, la tête penchée sur le côté. Elle dort paisiblement.
Je vois de sa position qu'elle a attendu mon retour. Sa nuit n'aurait pas dû être comme ça.
Je m'approche d'elle. Son visage se reflète à travers la légère lumière que la lune émet.
Quand je m'agenouille près d'elle. Une mèche de cheveux s'est échappée de son chignon et lui tombe sur le front. Elle fronce légèrement les sourcils par ma soudaine présence. Je ne mérite peut-être pas son pardon, mais je refuse de la laisser dormir dans un coin froid.
Je glisse un bras sous ses jambes et l'autre derrière son dos et la soulève. Elle est légère contrairement à ce qu'elle paraît être, Adriana est vulnérable à mes côtés, ce n'est qu'un simple masque qu'elle se donne
Quand j'atteins le lit, je la dépose délicatement sur les draps, Adriana remue légèrement, et ses paupières papillonnent avant de s'ouvrir lentement. Elle cligne des yeux, troublée, et m'aperçoit. Son regard rencontre le mien. Non seulement je vois la fatigue mais aussi la tristesse qu'elle tente de camoufler.
— Aaron... Je... je suis désolée pour ce soir. Je n'aurais pas dû...
Elle essaie de se redresser, mais je l'en empêche en posant doucement ma main sur son épaule pour l'allonger.
— Chut... repose-toi, Adriana. On parlera demain, d'accord ? Tu as besoin de dormir.
Elle secoue faiblement la tête, des larmes se forment au coin de ses yeux.
— Non, Aaron, je veux vraiment que tu saches... je n'aurais pas dû dire ça. Je regrette...
— Adriana, ça va. On réglera ça. Mais pour l'instant, tu as besoin de dormir, et moi aussi.
Sa main serre la mienne. Elle lutte entre rester et dormir. Pourtant contre toute attente, elle se rapproche et me prend dans ses bras. Je la sens se blottir contre moi, sa chaleur me consume. Sa tête s'enfouit dans mon cou et ses mains rejoignent mes omoplates.
Je reste là quelques instants, hésitant à rendre son étreinte, cependant c'est la première à le rompre, en reculant. Je crois apercevoir ses sourcils se froncer et ses yeux me détailler du regard.
— Tu sens l'alcool et... le sexe... Qu'est ce que t'as fait dehors ?
— Ce que je fais ne te regarde pas.
— Tu as couché avec une femme cette nuit. Je le vois dans ton regard. T'as essayé d'oublier notre dispute en tripotant une autre.
Une autre ? Fait-elle sa putain de crise de jalousie ou je rêve ?
— Je ne l'ai pas fait. Et même si c'était le cas, qu'est-ce que cela te ferait ? On n'est pas en couple, c'est toi-même qui le dis.
Elle reste figée, sans voix et perd ses mots.
— J'admets que j'ai bu quelques verres et que j'ai embrassé d'autres que toi, mais nous...
Un bruit sourd retentit dans la pièce. Sa main s'abat contre ma joue avec une force qui me surprend. Ma tête pivote brusquement sur le côté. Je ramène ma main à ma joue en ressentant la brûlure de l'impact.
— Et t'es content de toi, en plus ? Imagine toi si l'un des hommes de Ryle t'avait vu ! Ils auraient tout rapporté et auraient su ce qui se passe entre nous. Une femme naïve qui ne voit pas que son mari a des maîtresses, c'est tout ce que je serais à leurs yeux ! crache-t-elle avec dédain.
Je serre les dents, et tente de retenir les pulsions grandissantes qui montent en moi face à la gifle qu'elle m'a mise. Elle n'a pas peur de moi, elle ne me redoute pas, du moins plus.
Je prends une profonde inspiration et essaye de me calmer. Je dois prendre ces putains de médicaments.
— Tu crois vraiment que je m'amuse ? Tu n'as aucune idée de ce que je traverse. Mais si tu veux continuer à me juger sans comprendre, vas-y. Ça ne changera rien.
Elle me fixe, le regard brillant de larmes.
— Tout ce que je veux, c'est que tu réalises qu'on ne joue pas à un jeu. On risque gros, tous les deux. Ma vie et la tienne. Ce n'est pas le moment de perdre le contrôle, Aaron.
Je m'approche d'elle, malgré la distance qu'elle essaie de mettre entre nous en se collant contre la tête de lit.
— Je ne vais pas m'excuser d'être ce que je suis. Tu veux jouer les dures avec moi après avoir découvert qui je suis avec toi. Mais ne me reproche pas d'essayer de survivre à ma façon.
Elle détourne le regard, les poings serrés. Mais je ne bouge pas. Si je le voulais, je pourrais partir plus loin dans mes mots, mais je n'ai aucunement envie de la perdre.
Je soupire et sors une cigarette que je coince entre mes lèvres. Je me relève et m'avance vers la baie vitrée. Mais avant de la fermer, je m'adresse une dernière fois à elle pour cette nuit.
— Ne fouille plus jamais dans mes affaires. C'est mon dernier avertissement, Adriana. Ma confiance à des limites.
Aaron 1. Adriana 0. Soit plus discret petit papillon.
-À suivre-
Disons qu'Adriana tu n'es pas crédible 🫣 on sait tous que tu es jalouse...
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