🂱 21. FLASHBACK³ - Aaron 🂱

____CHAPITRE 21____

-En toute honnêteté, cette vie ne m'a jamais été destinée-

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( ∆ Violence sur enfant ∆ L'acte de tout personnage confondus n'est pas à prendre au sérieux. C'est avant tout, fictif et non réel )

🂱___Aaron___🂱

30 septembre 2007 - 18h40
SÉOUL - CORÉE DU SUD.

La chambre est alimentée par une lumière de chevet. Je suis projeté, mes mains et mes genoux tapent le sol.

Me voilà dans une situation que je n'ai jamais voulu imaginer. Mon frère s'avance vers mon corps, dans l'une de ses mains se trouve son téléphone, caméra allumée et l'autre tient fermement une ceinture en cuir enroulée autour.

Regarde-moi, Aaron, grogne-t-il.

Je fixe le sol, refusant de relever les yeux. Ses mots sont si blessants que je ne réponds pas, par peur d'allumer une autre flamme dans ses yeux.

Ji-Han appuie sur le bouton d'enregistrement du téléphone. Mon cœur bat trop fort, mais je reste immobile.

Tu penses que je fais ça pour m'amuser ? Que je prends du plaisir à te voir comme ça ? Regarde-moi !

Il lève la ceinture et l'abat sur moi. Le cuir claque contre ma peau, mon dos, et la brûle à chaque impact. Je me mords la lèvre pour ne rien laisser sortir. Pas un cri, pas une larme.

Tu me dégoûtes. T'es qu'un raté. Un putain de gosse pas voulu. Tu fais pitié avec tes crises. Tu t'inventes une vie car la tienne est misérable.

Tout ça a commencé juste parce que j'ai fait tomber son jeu vidéo au sol. Il affirme que je l'ai cassé alors que quand j'ai voulu y jouer, il ne marchait déjà pas...

Dis quelque chose ! Crie, pleure, je m'en fous, mais dis quelque chose !

Sa main tremble, mais il continue, comme si frapper était la seule façon de vider ce qu'il a sur le cœur.

Je suis un simple objet à ses yeux. Je ne suis pas humain et je ne suis certainement pas son frère...

Je reste muet. Mes muscles se tendent face à la douleur mais je ne cède pas. Je ne lui donnerai pas ce plaisir... J'ai grandi, je sais y vivre avec...

Ji-Han finit par lâcher la ceinture, la laissant tomber au sol. Il recule et je lève lentement la tête, nos regards se croisent.

Il y a quelque chose dans ses yeux que je n'ai jamais vu avant : la vulnérabilité, une fissure dans sa façade de haine. Mais pourtant elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue.

Il arrête l'enregistrement, puis éteint le téléphone d'un geste brusque. Le silence retombe. J'inspire profondément. Ji-Han me tourne le dos mais se reprend en envoyant son pied dans mon ventre.

Il m'a frappé, filmé, humilié. Sa haine pour moi, c'est tout ce qu'il lui reste. Moi je suis prisonnier. Je le laisse faire car si lui arrête, mes parents reprendront le relais.

Ne crois pas que je te pardonnerai. Pour une fois, une fille s'intéressait à moi ! Et toi, il a suffi d'un regard pour que tu me voles la vedette ! Tu m'as foutu la honte de ma vie, espèce de bâtard !

Alors c'est pour ça que tu me massacres à chaque occasion ?

Ji-Han s'avance vers moi, le visage rouge de colère.

T'es rien pour moi, Aaron. Rien du tout. Je vais te détruire comme tu as détruit ma vie. Tu crois que je vais te laisser tranquille après ça ?

Je serre discrètement les mains. M'opposer à Ji-Han ? Jamais je ne l'ai voulu...

JE N'AI RIEN DÉTRUIT DU TOUT ! C'est quoi cette haine que t'as contre moi ? On est frères, Ji-Han ! Je suis ton petit frère...

Ji-Han éclate de rire, d'un rire amer et sans joie mais il se reprend immédiatement.

Frères ? Ça fait longtemps que je n'ai plus de frère. Tu me voles tout... Même ce qui me rend heureux.

Je me tais et baisse la tête pour cacher les larmes qui risquent d'inonder mes joues.

Je veux juste que ça s'arrête. Je te demande rien d'autre.

Je ressens le regard de Ji-Han. Je vois ses poings serrés, sa mâchoire crispée. Le silence qui laisse est le pire, je déteste quand il fait ça, ça m'angoisse...

Arrête de me regarder comme ça ! C'est toi qui pleures, mais c'est moi qui souffre, putain !

Sans prévenir, Ji-Han balance un coup de poing en plein visage. Le choc m'est brutal. Je recule, mais je ne tombe pas. Je sens la bile remonter. Le goût métallique du sang envahit ma bouche. Il a coupé ma lèvre et le sang glisse sur mon menton.

Tu vois ? C'est ça que tu mérites. T'as détruit tout ce qui comptait pour moi... et je continuerai jusqu'à ce que tu comprennes.

Il me crache presque dessus, je recule légèrement, ma main se pose sur ma joue endolorie.

Fais ce que tu veux. Si ça te soulage de me frapper, vas-y. Mais moi, je reste ton frère, que ça te plaise ou non...

Je le dis mais je n'y pense pas. Cela fait un moment que je ne le considère plus comme mon frère. Je n'ai plus de famille à mes yeux. Seulement Yu-Na et Jung-Ho le sont.

Prise de pulsions, je prends la lampe de chevet entre ma main et la balance sur son visage. Elle se brise et les vitres atteignent sa peau. L'un des morceaux effleure excessivement sa joue laissant une coupure dont une goutte de sang en sort.

Qu'est ce que j'ai fait... ?

Ji-Han recule d'un pas. Il me regarde comme si j'avais changé car oui, je ne lui ai jamais autant répondu. Pourtant, sans faire quoi que ce soit d'autre, il se détourne brusquement et se dirige vers la porte.

T'es qu'un faible. Un faible qui se croit fort... Mais tu verras. T'as encore rien vu.

Sans un mot de plus, Ji-Han tourne les talons et s'en va, les épaules tendues. Il me laisse seul, la lèvre enflée mais je peux enfin souffler et pleurer en silence. Je peux enfin me libérer... me soulager...

***

25 octobre 2007 - 15h55
SÉOUL - COURS DE RÉCRÉATION.

J'ai quatorze ans et dans moins de six mois c'est mon anniversaire. Le neuf mars ! J'ai hâte de grandir et d'atteindre ma majorité avant de quitter cette vie minable.

Je suis assis à côté de Jung-Ho, Yu-Na est partie voir ses amies au loin. Nous profitons de cette pause car après nous avons mathématiques et je déteste cette matière.

Wow, il a l'air incroyable comme ami. Tu dois avoir d'autres choses à dire sur lui ?

Il m'a fait découvrir Batman et puis ce n'est pas mon ami pour rien. Mais malheureusement ce n'est plus le cas pour lui, j'ajoute en parlant à Jung-Ho.

J'avais en quelque sorte bon dans mes prédictions. Jung-Ho n'a pas seulement perdu ses connaissances sur Batman... Il a complètement oublié qui nous sommes. D'après les médecins, il a la maladie d'Alzheimer. Une maladie qui lui fait oublier des choses simples comme des choses plus difficiles.

Ce n'est pas une joie pour nous. Nous perdons peu à peu un ami avec Yu-Na... Je perds déjà beaucoup de choses alors si le diable s'en prend à mes amis, ma fin est proche.

Tu pourras me le présenter un jour ? me demande-t-il.

Cet ami c'est toi Jung-Ho... C'est toi mon ami...

Je suis au bord des larmes mais la sonnerie retentit. Je lui prends la main et le guide à l'intérieur du bâtiment sans qu'il ne comprenne pourquoi il est là.

Je suis content de t'avoir à mes côtés.

Moi aussi je suis contente Jung-Ho...

***

12 janvier 2008 - 22h30
SÉOUL - CORÉE DU SUD - RUE.

Cela fait deux heures que je suis dehors en train de me vider l'esprit. Avant de sortir, mes parents m'ont tiré les cheveux et mon frère m'a ''accidentellement'' fait un croche-pieds.

J'en ai affreusement marre... Mes pensées suicidaires reprennent le dessus. Mais je ne leur laisserai pas l'opportunité d'avoir ce qu'ils veulent. Ils veulent ma mort, moi je veux leur effondrement.

Le froid hivernal tape contre mon corps. J'adore la nuit, mais j'adore la pluie par-dessus tout. Quand je pleure, au moins, nous ne voyons pas mes larmes. Le vent souffle, je décide donc de rentrer chez moi, dans le temple de l'enfer.

Mais quand je passe l'intersection d'une rue, je vois là, des lumières rouges, jaunes, orange. Des flammes jaillissent d'une maison. Mais pas n'importe quelle maison.

Mon cœur rate un battement car je sais exactement qui sont les habitants de cette maison. C'est celle de Jung-Ho... Sans réfléchir, je commence à courir, mes pieds me traînent devant la maison, là où des habitants sont regroupés plus loin.

La maison de Jung-Ho est en flammes. Un incendie la détruit. Des pompiers s'agitent pour éteindre le feu. Pourvu qu'ils ne sont pas à l'intérieur...

Mais c'est là que je vois deux secouristes porter un corps recouvert d'un drap. Sans même voir le visage, je sais que c'est lui... Son petit corps se fait transporter.

Non... non, non, non...

Je sais que mes jambes tremblent mais je m'en contre fou, je me précipite vers mon ami. Le drap glisse légèrement, et je vois son visage avec horreur... Jung-Ho... Mon ami... Celui qui partage ma minable vie... Non...

Je le prends dans mes bras. Mes larmes coulent à flots sur mes joues. Les secouristes tentent de m'éloigner mais je ne le veux pas... Je refuse putain !

Je suis là... je suis désolé... j'aurais dû... j'aurais dû être là... Je t'en supplie, réveille-toi... Jung-Ho !

Ma voix se brise sous mes cris. Je caresse ses cheveux emmêlés, ceux que j'avais tant ébouriffés en riant. Tout semble irréel, injuste. Pourquoi lui ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi maintenant ? Il est trop jeune pour mourir...

Je te promets... je te promets que je ne t'oublierai jamais ! Je te le jure !

Je le berce doucement, comme si je pouvais encore le protéger. Mais Jung-Ho ne bouge pas, ne me répond pas. Il est parti, emporté par de foutus flammes.

Les secouristes me poussent, une femme me prend le bras. Je hurle, crie ! Un bout de bois éclate soudain et tombe juste devant moi.

Pitié... Pourquoi lui... J'ai personne... Je n'ai jamais eu de véritable famille... Pourquoi me retire-t-on le peu de bonheur que j'ai ??

C'est de ma faute ! J'aurais dû être là... J'aurai dû être plus présent... Je savais qu'il était malade...

Une femme - une mère -  s'agenouille devant moi et me prend dans ses bras. Je ne sais pas qui elle est, mais à cet instant, ça n'a pas d'importance. Elle me serre contre elle. Ses mains glissent dans mes cheveux, avec la tendresse d'une vraie mère, celle que je n'ai jamais eue.

Elle pleure elle aussi, silencieusement. Ses larmes coulent mais elle reste forte. Ses doigts se posent doucement sur mon visage pour encadrer mes joues mouillées de larmes. Je relève les yeux vers elle.

Tu n'es pas seul... souffle-t-elle d'une voix douce mais aussi tremblante. Je sais que c'est dur... mais tu n'es pas seul.

Elle inspire doucement, cherchant les mots justes dans ce moment plus que horrifique, du moins, à mes yeux. Jamais j'avais vu d' aussi grandes flammes mais aussi un ami sur un lit de mort.

Je sais que c'est injuste. Je sais que ça fait mal, si mal que ça te coupe le souffle. Mais regarde-moi... s'il te plaît.

Je lève les yeux vers elle, même si c'est difficile.

Ce n'est pas ta faute. Et je sais que tu as l'impression de tout perdre, que tout s'effondre autour de toi... mais tu n'es pas seul.

Elle caresse ma joue du pouce, essuyant mes larmes. Je déteste le monde. Je déteste ma mère, je déteste le futur et ce qu'il me réserve car ça sera toujours aussi pire qu'avant...

Je regarde cette dame. Je repense au corps inerte de mon ami et je me blottie rapidement contre cette madame.

Pourquoi n'es-tu pas ma maman... ? Pourquoi je n'ai pas atterri dans une bonne famille, dans un monde qui veut de moi... ?

Je ne l'entends pas, j'entends simplement les bruits des sirènes en fond. Le monde autour de moi est une ruche prête à s'écrouler et je suis l'abeille, l'abeille qui butine pour garder le monde en vie...

-À suivre-

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