❁ 05. Contrat d'enfer.

____CHAPITRE 05____

-Il est impossible de rester en colère contre quelqu'un que vous aimez vraiment. La colère qui dure plus de trois jours indique que vous n'êtes pas amoureux de cette personne - Anonyme-

❁___Adriana___❁

14 décembre - 21h03
LOS ANGELES - RESTAURANT ITALIEN.

Le restaurant italien où nous sommes est vraiment magnifique. Les murs en briques propagent ce côté chaleureux à la pièce. Les tables sont joliment dressées avec des nappes blanches et des bougies. Et la douce musique italienne qui résonne dans l'air ajoute une touche de charme à ce restaurant chic.

Je prends un moment pour ajuster ma tenue. Je porte une robe noire qui met en valeur ma silhouette et à mes pieds des escarpins Louboutin sont enfilés. Mes boucles d'oreilles et mon collier ajoutent une touche de brillance à cette tenue simple mais élégante.

Pendant ce temps, je suis en train d'écouter Jacob qui observe attentivement l'homme à mes côtés. Le trentenaire a un regard bienveillant. Il porte une chemise bleue impeccablement repassée et son visage légèrement ridé s'illumine d'un sourire chaleureux.

Mon malaise s'estompe peu à peu et je retire mes doigts du diamant sur mon collier.

Je décide de prendre un moment pour observer discrètement Aaron, assis à côté de moi. Je remarque ses cheveux bruns soigneusement coiffés qui virent presque au noir, ce qui lui donne un air séduisant, je dois l'admettre. Ses yeux bridés semblent indiquer des origines asiatiques. Il porte un trench-coat noir assortie à l'entièreté de sa tenue, dont son costume trois pièces.

Il savoure chaque bouchée de son délicieux plat de pâtes aux fruits de mer. Son visage s'illumine d'un sourire satisfait à chaque fois que Jacob lui parle de sa fille ou des missions qu'il a accomplies dans sa jeunesse.

Pendant que nous dégustons nos plats, nous sommes aussi entourés par les conversations des autres clients, des couverts qui s'entrechoquent et des verres qui trinquent. Et ces délicieuses odeurs de cuisine italienne qui flottent dans l'air... me transportent instantanément en Italie.

Et toi Adriana ? Ne penses-tu pas que Valentina a fait le bon choix ?

Je lève la tête vers Jacob, mon cœur s'emballe à l'entente de sa question et du prénom de ma mère qui résonne entre ses lèvres.

Quel choix ?...

C'est ta mère qui t'a recommandé à Jacob, ajoute le fameux flic à côté.

Depuis quand je lui ai permis de me tutoyer, celui-là ? Son audace me surprend, mais je décide de ne pas m'en occuper pour le moment, j'ai mieux à faire.

Je tourne mon regard vers Aaron, essayant de sourire pour donner une bonne impression au mari de l'amie de ma mère.

Jacob fait un peu partie de ma famille et je me sens obligée de lui montrer du respect. D'une part parce qu'il est bien plus âgé que moi, et d'autre part parce qu'il a un sourire sincère que je ne veux pas faire disparaître.

Adriana. Valentina a décidé de te confier à moi. Je suis responsable de ta sécurité et Aaron pourra le faire davantage.

Je voudrais leur demander : De quoi vous parlez ? Mais je crains d'être vu comme quelqu'un qui n'écoute pas, et je déteste être humiliée.

Tu sais... Vous me devez une énorme dette. Tu peux aider ta mère en participant à cette mission.

Je ne me suis jamais vraiment posé de questions sur le travail de Jacob ni sur sa relation avec ma mère. Mais ce que je sais, c'est qu'il ne travaille pas dans quelque chose de légal, et ce qu'il s'apprête sûrement à m'annoncer me brûle l'estomac.

Tu es grande maintenant, tu peux faire tes propres choix. Soit tu retournes en Espagne et vous vivez dans la difficulté pour pouvoir rendre cet argent qui m'appartient à moi et ma propre famille. Soit tu acceptes cette mission. Si on peut le dire ainsi.

Il y a quelques années, mon père, le grand Emilio Gonzalez, avait foutu son argent dans les jeux hippiques et ceux des casinos. Quant à la famille Black, elle lui avait offert un crédit de plus de 401 600 Couronne norvégienne ce qui donne l'équivalent de 35 000 Euros. Aujourd'hui à l'heure qu'il est, mon père a arrêté les jeux et tente de payer ses dettes, ce qui n'est pas véritablement un grand succès.

Quelle est la mission, Jacob ? interroge Aaron en perdant spontanément patience face à cette mission dont il ne connaît pas l'existence.

Et moi non plus, punaise ! Comment peut-il me choisir, moi, pour porter sur le dos les dettes que mes parents ont accumulées toutes ces dernières années ?

Jacob sort son cartable en cuir noir et en sort une seule et unique feuille. Il la passe au-dessus des bougies et la pose entre nous. Je me penche vers Aaron pour pouvoir lire ce qui est écrit.

Mon cœur se serre et mes yeux s'écarquillent en voyant ce qui est inscrit sur cette fichue feuille.

Hors de question ! Non, je refuse !

Je tourne la tête vers le flic, n'entendant aucune protestation de sa part. Et mes réponses se justifient quand je vois ce petit coin de lèvre se retrousser en un sourire espiègle.

Bien sûr qu'il est content. Pourquoi serait-il contre ça, après ce qu'il m'a dit hier soir ?

Vous allez devoir vous marier et vous faire passer pour un couple amoureux pendant quatre semaines.

Ma bouche refuse de parler, mais reste ouverte face au discours de Jacob. Je reste figé comme un iceberg.

C'est impossible. Tout, sauf un mariage... Pas avec lui.

Dans un mois, cette mission prendra fin. Seulement quatre semaines, pas une de plus. Notre temps est compté et nous devons agir en fonction des informations que vous nous récolterez.

Sur Ryle. C'est ça ? Ce fils de pute sera entre mes mains et je vengerai la mort de Stewart, tranche sèchement l'Asiatique à mes côtés.

Venger ? Mort ? Mission ?

Je sais que Jacob travaille dans quelque chose de pas très légal. Mais purée ! Comment aurais-je su qu'il allait me ramener ici pour que je m'imprègne d'un monde qui n'est pas le mien ?

Oh, eh !? Je n'ai pas donné mon accord. Et je refuse, catégoriquement.

Je m'apprête à me lever, laissant ce dîner virer à un repas ne contenant même pas de dessert mais je m'arrête aux paroles de Jacob et pose mes coudes sur le rebord de la table.

Adriana, si tu acceptes cette alliance et que tu rapportes ce dont nous avons besoin, toutes vos dettes seront payées. Les Black en font serment. Ton père n'aura plus besoin de travailler 18/24h, ta mère se reposera et ton petit frère partira normalement à l'école.

Tout va trop vite. Ce Aaron qui se pointe comme une fleur après qu'il m'ait menti sur sa profession. Oui, parce que si c'était vrai, un flic ne serait pas en train de discuter avec un homme qui travaille dans l'illégal. Puis cette mission, ces dettes et ce mariage.

Je reste sans voix, mon cœur bat frénétiquement, tambourine de gauche à droite, puis dans tous les sens.

Les dettes de ma famille seront-elles vraiment toutes remboursées ? Tout cela pour un simple mariage, un mariage fictif qui ne dure que quatre semaines.

Quatre semaines, Jacob ? Pas une de plus ? demandé-je.

Pas une de plus, répond-t-il.

Je veux connaître tous les détails de cette mission, un par un. Je veux savoir si cela vaut la peine de sacrifier un mois de ma vie.

Aaron s'appuie contre le siège rouge, tenant sa coupe de champagne entre ses doigts. Jacob croise les siens, pose ses coudes sur la table et appuie sa tête sur ses mains.

Ryle Carter est un homme qui aurait dû mourir il y a bien longtemps. Il manipule les gens, s'approprie des territoires qui ne lui appartiennent pas. À travers plusieurs pays, il fait circuler toutes sortes de marchandises : drogues, voitures, organes.

Mon cœur ne peut plus supporter cette révélation. Plus Jacob avance dans son récit, plus ses mots deviennent flous dans ma tête.

Ryle ? Territoires ? Drogues ? Marchandises ?

Alors, c'est ça le métier de ces deux hommes à table ? Des membres de gangs secrets, violents et sans pitié ? Jacob travaille dans ce genre de choses. Ma mère le sait, elle m'en a parlé quelques fois, mais ses explications sont si vagues que je n'y ai pas vraiment prêté attention.

Je suis assise sur un siège, entourée de deux hommes qui pourraient me faire du mal à tout moment, si leur vie en dépendait. Je suis vraiment dans la cata.

Et maintenant, je me retrouve dans l'obligation de me marier avec un homme que je suis censée connaître depuis des mois, mais en réalité, je ne le connais que depuis 48 heures. C'est vraiment difficile à gérer.

Vous devez voyager en Italie, puis en France, et enfin en Corée du Sud. Chacun de ces pays occupe les territoires de Ryle. Dans quelques jours, il y aura un club de prostitution, des enchères et un bal masqué qui seront mis en place. Tout cela est basé sur une seule chose : l'argent.

J'ai donc fait plusieurs heures de vol pour me retrouver dans cette situation où je vais devoir voyager avec Aaron en tant que couple en lune de miel. Ça craint...

Vous devez vous rendre dans trois pays différents et vous comporter comme un vrai couple en lune de miel. Votre mission est de rentrer et de rester le plus discret possible. Agissez avec ruse et faites-nous savoir dès que vous trouvez une information qui permettra de mettre fin une fois pour toutes aux activités de Ryle Carter et à son business.

Je prends la feuille entre mes mains et la regarde encore et encore, comme pour me rassurer que ce que j'ai lu est véritablement ce que j'ai vu.

Soudain, le portable de Jacob sonne, coupant clair dans son discours. Il nous demande de patienter et se lève, le cellulaire collé à l'oreille.

Non, ne me laisse pas seule, purée. Pas avec lui.

Et puis, Aaron, cet idiot, commence à me parler de fonder une famille...

À quand les enfants, butterfly ? Tu vois, maintenant que je suis ton mari, je suis dispo. Il y a un hôtel pas très loin de ce resto... susurre-t-il d'un ton taquin, près de mon oreille.

Quel imbécile. Je n'ai jamais voulu accepter cet accord...

Je reste concentré sur la feuille, ne détournant en aucun cas mes yeux, mais je sens le poids de son regard sur mon profil.

Tu penses réussir à faire ce dont t'as envie ? Et puis, qu'aurais-tu fait devant tout ce monde, Estúpido ?

Oh... Gonzalez. Si Jacob n'était pas là, j'aurais pu te prendre devant tout le monde pour qu'ils sachent à qui tu appartiens. Mais dommage, je ne dois pas salir la réputation du gentil petit garçon.

À chaque mot prononcé, mon cœur manque un battement. Il est trop proche et ses mots sonnent comme une menace.

Tu es tout autre quand nous sommes seuls, M. Le flic.

Tu comprends vite, butterfly.

Il pouffe en s'écrasant contre le siège.

Mon envie de lui prendre la tête et de la plonger dans ses pâtes s'accentue de seconde en seconde. Je risque de craquer durant cette mission. Cette fichue mission qui m'oblige à aider ma famille. La seule chose qui compte pour moi en ce moment.

Je lève le regard vers Jacob, adossé contre un poteau. Il parle toujours et son expression est complètement différente de celle qu'il aborde à table. Je me sens privilégié de pouvoir assister au sourire de cet homme.

Quant à l'Asiatique à mes côtés, il semble vraiment insupportable, égocentrique et joueur. Rien qu'en pensant à la soirée d'hier, la colère monte en moi, comme si de la lave bouillonnait dans mon cerveau.

Je fixe la feuille, fronçant les sourcils alors que mes yeux glissent sur les écritures que je n'ai pas pris le temps de lire. Aaron s'approche de la feuille et, par un étrange instinct ou une simple coïncidence, nos yeux se rencontrent.

Bordel ! Depuis quand tu as vingt-neuf ans ?!

Et toi ? Depuis quand tu as l'âge d'une adolescente ?!

Putain, j'ai dix-neuf ans, espèce d'enfoiré ! C'est toi que je devrais interroger. T'as bientôt l'âge à Jacob !

Il recule, posant sa main sur son torse pour exprimer son étonnement. Ses yeux grands ouverts, plongés dans les miens, témoignent de son choc face à mes paroles.

Tu me traites de vieux, là ? Je suis offensé, Gonzalez.

Merde. On a dix ans d'écart. Jacob ne pouvait pas choisir quelqu'un de mon âge ?

Faut dire que je fais plus jeune aux yeux de tout le monde. Tu t'en es même pas aperçue. Mes soins du visage servent à quelque chose.

Il hausse les sourcils deux fois dans ma direction, comme pour se vanter. Je lui donne une tape sur l'épaule, les lèvres pincées, sentant des pulsions meurtrières monter en moi.

La mission risque d'être vraiment difficile à gérer. Quand je dis mission, je parle du fait d'avoir Aaron constamment à mes côtés, à m'envoyer des messages sans arrêt dès que je croise son regard.

Moi qui pensait trouver mon Sugar Daddy... C'est moi qui le devient, murmure Aaron, avec un soupçon de sarcasme.

Je claque ma langue contre mon palais et lâche un soupir désespéré. Cet homme ne va vraiment pas me laisser tranquille.

Et puis, pour couronner le tout, mon proche s'installe à sa place et demande :

Alors les jeunes, vous vous êtes arrangés ? Vous acceptez ce contrat ?

Il a vraiment osé dire "jeunes" ? Ou bien mes oreilles me jouent des tours ?

C'est moi la jeune ici, et même en Amérique, je suis limitée par pas mal de choses. Vive l'Espagne ! J'ai hâte d'y retourner.

Je n'ai jamais renoncé ou exprimé mon opposition à ce contrat, Jacob.

Mais il a vingt-neuf ans, Jacob. J'aurais pu accepter deux, quatre ans d'écart, mais dix ? je réplique, frustrée.

Aaron fait moins que son âge Adriana. Tu es majeure. Je te laisse faire le choix. Tu signes, ou tu rentres.

Il perd peu à peu patience.

Ma petite voix dans ma tête me dit de rentrer en Espagne, mais mon cœur me dit de rester, pour le bonheur et le réconfort de ma famille.

Je gère, butterfly. Tu pourras rembourser ces dettes et je gagnerai l'argent de l'autre.

Je tourne la tête vers l'interlocuteur et le juge. Vêtu de son costume impeccablement taillé, d'une couleur sombre qui met en valeur sa silhouette. La veste épouse ses épaules donnant une allure sophistiquée.

Son visage est encadré par des cheveux soigneusement coiffés. Ses boucles d'oreilles scintillent légèrement à la lumière. Sa gorge abrite un papillon de nuit. Son regard est perçant, avec des yeux en amande d'un brun profond et à l'air confiant mais je peine à croire s'il est vrai. Son sourire, charmeur et légèrement en coin, dévoile des dents d'une blancheur éclatante. Il dégage une aura de classe que j'ai envie de bousiller.

J'ai deux règles à mettre en place pour cette mission. La première : ne parle pas à mes amies de cette mission. N'utilise pas ce contrat comme moyen de te rapprocher et...

Ça fait déjà deux, butterfly...

Je le coupe net dans son dialogue.

Il me regarde, intrigué. Je me rapproche de lui, mon visage à quelques centimètres du sien, et je murmure d'une voix douce :

La deuxième règle : ne met pas les sentiments à travers cette mission et ce contrat. Je ne t'aime pas, tu ne m'aimes pas, tout cela est seulement fictif.

Le dernier mot lui assène un coup de couteau contre la poitrine dès lors où je remarque ses pupilles se dilater. Je me dois de mettre quelques règles en place. Hors de question d'avoir de quelconques sentiments alors qu'une dizaine de générations nous séparent.

Jacob nous regarde, sort son stylo et le glisse vers nous, sur la feuille où deux places attendent nos deux signatures.

Deal. Mais, moi aussi, j'ai une règle à t'imposer.

Je lui demande de le dire, mais il se rapproche et m'ordonne de m'abaisser pour pouvoir chuchoter sa règle au creux de mon oreille.

Durant ce mois, mes lèvres se poseront au moins une fois sur cette bouche affreusement envieuse.

Mon cœur s'arrête de battre tandis qu'il se penche pour attraper le stylo, prêt à signer la case. Ce qu'il me demande n'est pas une simple règle, mais une contrainte qui pèse sur moi...

Cette mission va vraiment être palpitante, tu ne trouves pas, Gonzalez ?

Je saisis le stylo de ma main gauche avec force et je signe, prête à déchirer la feuille si nécessaire. Puis, je tends la feuille à Jacob qui la prend avec un sourire fier, admirant les deux signatures.

Rendez-vous dans trois jours, préparez vos bagages. L'Italie n'attend plus que vous, les tourtereaux.

Je saisis mon sac, les sourcils froncés, et je pousse le bras de l'homme qui vient d'être officiellement surnommé mon mari. Il se lève, me laisse passer et je jette un dernier regard à ses deux complices.

À dans 72 heures, ma femme.

Je ne suis pas ta femme ! Estúpido ! répliqué-je en marchant vers la sortie du restaurant sans lui adresser un regard.

Et même si je ne prends pas le temps de l'observer, je sais pertinemment qu'il garde ce même sourire que j'ai envie de déformer à ma guise.

AHH ! IL M'ÉNERVE ! FLIC DE MES DEUX !

-À suivre-

Les choses se mettent en place peu à peu. Adriana fait son apparition au côté d'Aaron hihihi et elle adore ça ? 🌝🙇🏼‍♀️

J'espère que vous avez aimé le point de vue d'Adriana ? On se dit à la prochaine et en Italie pour suivre les aventures de nos deux jeunes mariés ! 🙇🏼‍♀️

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