____CHAPITRE 33____

-C'est un rêve, je suis en train de rêver, bordel pas maintenant, pourquoi maintenant ! Qu'est ce que tu es venu foutre encore dans ma vie ?-

☯︎___Jake___☯︎

Les portes se sont fermées. Son visage plus que convivial s'est transformé en un démon sur le point de me réduire en cendres. J'y suis un peu allé fort et maintenant celle-ci m'en veut. Quel dommage. Je me sens presque coupable d'avoir entendu la vérité sortir de sa magnifique bouche.

Il faut donc la pousser à bout pour qu'elle avoue la vérité qui n'en était pas trop une, cela se voyait à des kilomètres que celle-ci me cachait quelque chose derrière son visage d'ange. Matthieu a fait naître un ange destructeur qui donne fin à tout ce qu'elle touche sur son passage.

Et même si je voulais parler à Jude, en tête à tête, autour d'un verre, devant une belle vue qui donne sur la mer profonde d'Istanbul, je n'aurai pas la force de lui dire ce que je ressens profondément envers elle. Même si je le voulais, rien ne pourra marcher car nous sommes deux êtres différents à la recherche d'un objectif qui nous garde encore sur deux pieds à l'heure qu'il est. Alors je reste où je suis. Ma gorge s'étouffe déjà assez quand je la vois. Pourquoi je continuerai de détruire mon corps et mon esprit ?

J'ai un problème. Je n'arrive pas à garder ce que je ressens envers elle trop longtemps. Et si je le garde, à quoi ça sert ? Je crois que je suis comme Jude. Je dois admettre que j'ai peur bordel. De me faire rejeter. De me retrouver seul encore une fois.

Réfléchie Jake. Imagine que ton pote le plus con de la terre est décédé, tu t'aurais retrouvé seul et quand Jake tu te retrouves seul qu'est ce que tu fais ? Tu t'orientes vers la personne que tu connais et en qui tu fais confiance ? Jude est cette personne fais chier.

Jude arrive vers moi, une robe verte. La robe qu'elle s'est choisie durant la journée shopping. Je plonge dans l'eau est me noies dedans sans que je le veuille. Il est vrai qu'elle a de bons goûts. La robe la rend encore plus attrayante et son regard me fuis d'un coup de vent. Elle ne compte pas en parler. J'imagine.

Et moi, si je lui disais ? Et si elle ne comprenait pas le message que je voulais lui faire passer ? Et si ce secret que je garde au fin fond de mes blessures n'était qu'un jeu. Un jeu pour la protéger simplement. Je veux la protéger de mon passé et de tout ce que je peux lui causer.

J'ai un problème putain. Mon cerveau ne rassemble pas la réalité des choses.

Et si tout ça n'était qu'un rêve ? J'aurai pu retrouver ma princesse à mes côtés, vivre ma vie à côté d'elle. Je n'ai plus le même sourire depuis qu'Ivy est partie. Ni le même cœur et les mêmes pensées car celle-ci me manque et personne n'a réussi à combler le vide qu'elle a laissé dans ma vie merdique.

Mais ma mère me disait le contraire. Je dois avancer. Mon passé douloureux ne doit pas m'arrêter dans mon futur. C'est une bataille que j'ai gagnée et supporté depuis mon adolescence.

«Güçlü kal ve sonuna kadar aşık ol meleğim» ( = «Reste fort et soit amoureux jusqu'au bout meleğim» )

Je croise les bras derrière mon dos et tente de toucher ce tatouage à travers mes vêtements. Ce tatouage. Cette phrase que Jude essaye de déchiffrer depuis mon entrée dans sa vie.

Mais la douleur et le deuil submergent mon passé, mon présent et mon futur prochainement.

Je suis persuadé de ressentir quelque chose pour Jude mais je ne suis plus sûr de moi depuis qu'elle a avoué ce qu'elle pense de moi, alors je ne voudrais pas contredire mon tatouage. Je ne voudrais pas trahir ma mère en utilisant les gens qui m'entourent car j'ai peur de les blesser comme j'ai pu le faire récemment, à celle qui me fait tomber au fin fond de l'eau.

- Jude je-

- Ne me parle pas. Rentre. M'ordonne-t-elle.

L'étonnement s'affirme à travers mes pupilles. Je marche et rentre les mains dans les poches de mon pantalon avant de la suivre dans le bureau de mon patron.

Mais quand je ferme la porte d'entrée, mon corps se fige et le volcan qui avait arrêté de couler depuis des années se déclenche et bouillonne dans mon corps.

Quelqu'un d'autre se tient à côté de Matthieu Davis et sa tête me dit vivement quelque chose.

- Ferme la porte je t'en prie Jake.

J'avale ma salive et le stress prend possession de mon corps. J'ai vu cette tête quelque part, j'en suis sûr punaise et ça n'annonce rien de bon.

- Je voudrais vous présenter quelqu'un. Il nous aidera plus tard afin de détruire les territoires de Ryle.

Ma gorge s'assèche et ma tête commence à me faire un mal de chien. Mon visage se décompose et mon corps se brise en deux comme si je voulais mourir décapité. Pour ça je dois retourner en France durant le XVIIIe siècle.

L'homme aux cheveux courts m'observe comme si on se connaissait. C'est le cas. Il sait ce qu'il fait, ça se ressent à des kilomètres.

- Ce n'est pas Emir ? Demandait-il les mains dans les poches.

Et voilà l'allumette a été allumée et le feu se propage doucement dans mes entrailles encore ouvertes.

Jude grimace et je passe ma main sur mon visage en sueur.

Bordel je ne vais pas bien. Qu'est ce qu'il m'arrive ? Pourquoi je vois tout flou tout à coup ? Je le sens, il est là, devant moi, à me hanter une seconde fois comme si ça ne lui avait pas suffit.

- Emir est son deuxième prénom oui. Bref, il est venu tout droit du Mexique.

Non bordel...

- Ahh ! Tonton Park ! S'exclame Jude d'un enthousiasme extrême.

- Tonton !? Balbuta-je sur le point de m'écrouler.

Tout mais pas ça, pas lui, pas ce connard.

- Je te présente Cole Jake. Cole Park, il va travailler auprès de nous durant quelques jours le temps de trouver un plan.

Jude se tourne vers moi et remarque mon état. Le connard en question me sourit narquoisement et tourne autour du bureau l'air de vouloir se rapprocher de moi.

- Dégage ! Ne bouge pas putain !! Hurla-je en tendant mon bras vers lui pour le stopper.

Mes yeux veulent sortir subitement de leur place, je sens même mes veines se contracter et mes muscles se dresser prêt à une attaque organisée de sa part.

- Jake qu'est ce qu'il t'arrive ? Me demande-t-elle ne comprenant pas ce qu'il m'arrive, mais trop tard je suis déjà sortie du bureau.

**

L'oiseau sur le rebord de la fenêtre tapote la vitre avec son bec. Je souris faiblement face à cette vue. La nature a si bien été créée. Elle a juste oublié quelque chose. Me détruire.

Je prends de l'eau dans mes paumes qui forment moyennement un bol et l'écrase sur mon visage. Puis je regarde le miroir des toilettes en posant mes mains mouillées sur le lavabo.

- Allez Jake, c'est juste l'enfoiré qui t'a baiser il y a neuf ans. Rien de grave. Il a compris la leçon et va arrêter ça.

Mais je commence subitement à pleurer en sachant que c'est mon propre patron qui l'a ramené ici.
Mais il ne sait pas. Il ne sait pas que je me suis fait violer par son quoi ? Son frère, son cousin ?

Bordel je me dégoûte. Il avait qu'à prendre mon cœur, me réduire en miettes, me faire saigner mais pas voler ma virginité.

Je m'accroupis et rentre ma tête dans mes bras.

Voir et revoir ce moment. Celui où il m'a attrapé, m'a attaché, m'a fait taire à sa façon. M'entendre hurler, pleurer. C'est un lointain souvenir mais j'entends et je visionne encore la même scène à la lettre.

Il a fait ce qu'il voulait, il a pris mon corps comme jouet et l'a ramené sur le chemin de la prostitution. Comme si j'étais fait pour ça.

Mon souffle tremble quand j'essaye de me calmer. Je me redresse, remarque mes yeux rouges de peine et de haine et débarbouille mon visage afin d'essuyer la petite merde que j'ai pu voir dans ce bureau.

C'est difficile d'avoir cette patience quand tu sais qui se tient devant toi. L'envie de partir de ce monde te monte jusqu'au cerveau.

Mais je ne me suiciderai pas pour ce couillon et encore moi le laisser gagner dans ce combat déjà assez difficile à acquérir.

Je boutonne les derniers boutons de ma chemise à moitié trempée tout en prenant une bonne inspiration puis je décide enfin de sortir des toilettes.

- Allez Jake, tu as grandi maintenant, neuf ans te séparent de cet incident.

Ça a été écrit sur papier, brûlé et enfin détruit. Rien ne me fait peur à présent (Bon à part Jude).

- Tu vas bien mon pote ? M'interpelle un homme de couloir, tu es pâle, tu voudrais que j'appelle de l'aide ?

- Non c'est bon Adam, juste un coup de mou. Gloussa-je faussement.

De ces mots, je marche dans le couloir, puis me place devant la porte et toque. J'y pénètre, sans attendre une réponse positive de leur part qui pourrait affirmer que je peux entrer.

J'avale ma salive quand je les vois, tous les trois autour d'une table ronde.

- Tout va bien Jake ? Tu es sortie furieusement, on aurait dit qu'un fantôme avait apparu devant tes yeux. Me dit l'ange.

J'abaisse la tête en signe d'excuse face à mon retard et marche. Je m'installe ensuite sur une chaise en face de Cole.

- Je vais bien, je vous en prie, vous pouvez continuer ce que vous avez commencé.

Matthieu détourne le regard et pose ses doigts entrelacés entre-elles sur la table.

- Bien, comme dit précédemment, Cole pourra nous aider pour détruire les bases illégales de Ryle. Étant doué sur les marchés, il va faire un pacte avec celui-ci et remportera les bases.

- Park n'habite pas au Mexique ? Pourquoi vouloir des bases aux États-Unis ? Alors que celui-ci n'en a pas besoin.

- De quoi tu parles Jake ? Cole est mon cousin, on se partagera tout cela équitablement.

Il va prendre toute l'affaire à ses côtés. Les territoires, les bases et le pouvoir. Je l'ai su lorsque je l'avais entendu poser une base en Turquie seulement pour buter mes parents. Quel gâchis.
On n'avait même pas réussi à traverser cette frontière qu'il a ordonné de les tuer.

- Depuis quand connaissez-vous Cole, Matthieu ? Vous savez, la famille peut trahir l'autre en un simple claquement de doigt. Alors êtes-vous sûr de connaître Park ?

- Jake ! Mon tonton est très gentil, qu'est ce qui ne va pas chez toi ? Me demande la petite brune que j'ai envie de baiser depuis que je l'ai imaginée à quatre pattes sur la table.

Je contracte la mâchoire et croise mes bras.

- Continuez et expliquez-moi votre plan. Je suis prêt à vous écouter.

Matthieu commence ainsi son petit récit tandis que je fusille ce connard du regard. La tension est électrique. J'ai envie de prendre une chaise et de la lui balancer en pleine figure.

- Je pense que Cole fera diversion en misant sur les informations personnelles qu'on a pu récolter de Ryle durant toutes ses années d'espionnage. Qu'en dites-vous ?

- Une bonne idée, il faut ajouter aussi que la moitié des informations viennent de ma part car oui Matthieu, j'ai risqué ma vie et mon corps pour me battre contre des connards en tout genre.

Cole me regarde, sourit narquoisement et me fait un clin d'œil.

Une pelle, de la terre et un fusil. Ces trois choses me serviront plus tard pour dissimuler son corps.

- Oui en effet et je te remercie pour ce détail Jake. Alors revenons au plan. Cole n'est pas connu dans les affaires de Ryle. Simple. Premièrement il se rend devant Carter et demande de lui passer gentiment ses territoires. Deuxièmement, si celui-ci refuse, un message programmé à telle heure divulguera toutes les informations qu'on a pu récolter de Ryle au commissariat de chaque ville où il possède ses territoires illégaux. Et les recherches débuteront dans ce cas là.

- Donc après que toutes ses recherches avancerons, Ryle sera coupable et envoyé à la police. Prétend Jude.

Matthieu secoua la tête.

- Première partie du plan Jude. Le deuxième est de buter Ryle. Ainsi ses hommes seront coupables et les territoires auront leur place pour de nouveaux arrivants.

Intéressant. Matthieu ne va pas récupérer les territoires. Il veut simplement donner la place à des habitants en besoin avec l'aide de son cousin le connard.

- Cela veut dire que vous êtes le gentil dans cette histoire ? Vous apportez une grande aide aux citoyens défavorisés des villes concernées afin qu'ils puissent enfin acheter des terres raisonnables ?

- Tu as tout compris Baker. Je n'ai jamais été le méchant, mais le gentil au fond.

Jude n'aurait jamais dit ça de son père après ce que j'ai pu entendre de sa part.

Oui, je commence à la connaître et je suis loin de savoir toute sa vie de fond en comble.

**

Je sors en dehors du bureau de mon patron mais me fait rapidement interpellé par ce connard.

Je racle ma gorge et pivote mon corps face à lui. Son sourire sournois est toujours fixé sur son visage. Je veux le bousiller, heureusement que la chirurgie existe, il pourra se faire une nouvelle tête.

- Ne m'adresse plus jamais la parole c'est clair ? La réunion est terminée, va retrouver tes sales chiennes. Elles au moins voudront sucer ta bite.

- Ton visage est devenu si pâle Baker, ma queue en toi t'a fait revivre ?

Je sors les mains de mes poches et le pousse violemment contre le mur. Il rebondit et je le bloque en attrapant son haut.

- Ne répète plus jamais ça Park ! Je ne suis plus ce gosse de quinze ans, tu piges ?!

- J'ai encore les mots que tu m'avais évoqué en tête Emir. «S'il vous plaît monsieur, ils vont vous payer ; non pas moi ; je suis encore jeune».

- Comment tu oses te pointer devant mes yeux après ce que tu as pu faire vivre à ma famille connard !?

- Ils s'appelaient comment déjà ? Ah oui, Andrew et Alya Baker ? Des poules mouillées même pas capables de payer des dettes.

- On avait presque fini de tout rembourser ! Qu'est ce que tu avais après nous putain !

- Mes 3000$. Simplement Emir.

- Tu as détruit trois vies pour simplement 3000$ ?

Je ris sarcastiquement mais au fond je veux bousiller sa cervelle. Je ne veux plus qu'il prononce les prénoms de mes parents. Sa bouche de suceur ne mérite pas de porter de si jolis prénoms.

- J'ai tué que deux vies, soit heureux que tu sois vivant salop.

- Tu m'as détruit ! N'admet pas le contraire sale violeur ! Je ne sais pas pourquoi tu es venu ici mais tu t'es mis dans la merde tout seul.

- Matthieu est mon cousin, s'il m'arrive quelque chose durant ces prochains jours, tu seras mort couillon.

- J'avais une règle face à ta situation Park. Te retrouver, te faire souffrir lentement comme tu me l'as fait dans cette salle renfermée. Te massacrer, te menacer et enfin te tuer.

Je recule et prend la route sans lui adresser un dernier regard. Il ne mérite pas de voir mes si beaux yeux.

- Tu crois que j'ai peur de toi pédale ! Tu vas rester le même gosse que j'ai baisé il y a dix ans !

- Ne doute pas de moi Cole. Comme je l'ai dit, je n'hésiterai pas à te faire subir ce que tu m'as fait trimballer dans mon cerveau depuis neuf ans !

Et de ce pas, je me disperse et m'éloigne le plus possible de ce connard.

Car oui, une promesse est une promesse. Une règle est une règle et je ferai tout pour l'exécuter quand j'en ai l'opportunité.

Par malchance, mon violeur s'est mis entre mes pieds. Le lapin rentre dans son terrier et le chasseur le fait exploser. Je suis le chasseur à présent Cole Park.

Et si tu oses utiliser mon ange pour me mettre à terre, je n'hésiterai pas à te tuer sans la moindre hésitation car Jude est tout ce qui me préoccupe en ce moment.

-À suivre-

Cole est malheureusement revenu voir notre Jake. Mais qui sait ? Maintenant tout peut se passer dans cette histoire et vous êtes loin de vos surprises.

Aviez-vous prédit l'arrivée soudaine de Cole le connard ?

( J'ai fait un big effort pour la description de ce chapitre )

2764 mots