☯︎ 06. Nouvelle facette.

____CHAPITRE 06____

-Je la préfère droguée. Au moins, je m'appelle Hulk et non connard-

☯︎___Jake___☯︎

ISTANBUL - TURQUIE - APPARTEMENT.

— Et tu sais ce qu'il m'a dit ? Que j'étais la plus belle fille qui existe sur Terre.

Ouais et moi je suis Johnny Depp, rétorqué-je tout en conduisant, mes doigts serrant le volant à chaque mot qu'elle prononce.

Elle rit. Elle rit, merde. Je suis sur le bord de l'explosion. Je veux du silence, un tout petit peu de silence. En ce moment même, j'ai envie de me foutre une balle dans la tête. Cela semble être une option raisonnable, non ? J'ai le cerveau en compote avec ses réflexions à deux balles. Si vous étiez à ma place, vous auriez dit la même chose. J'en suis persuadé.

Tu sais que tu es beau, Jake ? J'adore tes joues et tes grains de beauté.

Je sais. Tu me l'as répété au moins dix fois depuis qu'on est rentré dans cette voiture.

Elle mâche et avale ses mots en essayant de parler. Je ne comprends que le tiers des mots. On doit obtenir un bac +4 pour la comprendre. Mais ce n'est pas ce qui m'énerve le plus. Je repense à la soirée de tout à l'heure, celle qu'on a échappé de justesse. Je ne sais pas pourquoi elle a fait la maline et s'est rebellée durant la soirée mais ses actes l'ont ramené presque à une agression. Et je ne permettrai à personne de faire ça à quelqu'un. C'est ignoble et déroutant.

J'ai envie de vomir rien que d'y penser.

J'ai dû faire face à cette gamine et ses conneries tout au long de la soirée. Mais, j'ai aussi pu me focaliser sur la vraie raison de notre voyage en Turquie. Quand Judith s'est volatilisé avec ce mec j'ai pu passer au plan de base : chercher des informations. Je m'étais faufilé dans la foule, là où les enchères avaient débuté. Je ne ne quittais pas Ryle et son micro des yeux. Le micro que j'avais envie de lui enfoncer dans le cul pour lui offrir une branlette gratuite. J'ai été raisonnable, figurez-vous. Car si vous saviez les horreurs qu'il exerce sur ses victimes, personne n'aura pitié de lui. Ryle est un homme à abattre et j'espère le tuer dans les semaines à venir. Pitié, que la chance et le miracle soient avec moi.

Tu sais c'est quoi la différence entre un perroquet et toi, mon prince ?

— Non et j'en fiche.

Même un perroquet ça parle plus que toi.

 Elle éclate de rire dans la voiture. Je serre les dents. Qui a une corde pour que je me pende s'il vous plaît ? Je ne pourrai pas la supporter encore une journée et demie. Jamais. Pour mon plus grand bonheur, le trajet se passe vite. Je me gare dans le parking souterrain. Elle se colle contre mon bras mais, sans hésiter, je la repousse — dans un geste raisonnable — contre la fenêtre de la voiture.

Tu bouges pas, ordonné-je en sortant de la voiture.

Je claque la porte, fais le tour de la voiture et ouvre la porte. Elle s'apprête à tomber, je lui saisis rapidement le bras et la hisse en dehors de la voiture. Elle n'est pas contre. Bien. Je l'aurai laissé dormir dans le véhicule sinon. En dernier temps, nous montons — enfin, je monte — jusqu'à l'appartement.

Il est dans les alentours de deux heures du matin. Je veux me changer et dormir comme un enfant. C'est comme si je ne m'étais pas reposé depuis des jours entiers. D'ailleurs en parlant de repos, ma première nuit dans cet appartement a été l'une des meilleures sauf après l'arrivée de Judith en train de mater mon tatouage. L'un des seuls tatouages que je me suis fais faire. Juste pour combler un vide en moi et une histoire profondément dure à encaisser.

 D'après mon père, Louis XIV, c'était mon ancêtre parce qu'il contrôlait tout sur son passage comme moi.

Tu ne contrôles que ton sommeil là, et dans les minutes à venir, tu vas dormir, Judith.

— Jake, c'est ça ? Mon prince, tu es costaud, répète-t-elle en pinçant l'un de mes biceps.

— Jude, ferme ta gorge.

Elle sourit et éclate de rire en balançant sa tête en arrière. Elle chantonne quand je retire mes chaussures devant l'appartement avant de refermer la porte sur nos deux corps. Je me dirige vers sa chambre à coucher.

— Bonne nuit, ajouté-je après l'avoir déposé sur le matelas.

Elle attrape mon poignet. La prise de ses doigts sont faibles et tremblent comme si elle avait peur de quelque chose ou de quelqu'un. De moi ? Je la regarde dans les yeux pendant que le chaton roux passe entre mes jambes et sautille presque sur mon pantalon hors de prix.

Où vas-tu, Jake ? Reste ici...

Je regarde ses yeux sur le point de s'endormir dans un sommeil profond mais d'un autre côté, son regard montre en quelque sorte une vérité, disons qu'elle ne se fout pas de moi.

Tu n'es plus une gamine, Jude. Dors toute seule avec ton animal pourri.

Je me contredis moi-même, je ferai mieux de me décider un jour.

J'attrape son poignet et retire son bras de la mienne.

Ne me laisse pas comme ma mère... Reste avec moi.

Je m'arrête spontanément, sa voix reste éraillée vers la fin de sa phrase. Qu'est ce qu'elle a voulu me dire ? Sa mère ? Son histoire ? Son passé ? Je suis intrigué et je veux le savoir. Pourtant je ne peux pas, je ne suis pas là pour ça. Je ne suis rien d'autre qu'un homme de main qui doit la protéger. Je ne suis qu'un pion sur l'échiquier de Matthieu, un simple garde du corps pour cette mission, pas un psychologue. Son histoire familiale ne me concerne pas, j'en ai assez avec la mienne.

— Bonne nuit, Jude, dis-je fermement.

Je remonte la couverture sur elle, jusqu'à son menton. Elle murmure des mots incompréhensibles avant de rejoindre les bras de Morphée. Son visage est apaisé et je me surprends à la fixer. Pourquoi je fais ça ? Je ne suis pas net, merde. Je secoue la tête et dirige cette dernière vers Kitty qui saute sur son lit et qui se met en boule pour s'endormir à son tour.

Je sors de sa chambre et me dirige vers la mienne. Je me déshabille, retire mes vêtements et les balance sur le fauteuil à côté. Je décide d'enfiler un simple jogging qui cache le bas de mon corps. Enfin, je m'étale sur le matelas, il m'accueille à bras ouvert. Je ferme les yeux espérant ne pas être dérangé par cette fille. Cela s'annonce plus dur que je le pense. Je repense à son visage endormi et apaisé. Elle m'intrigue. Un tout petit peu.

Ne dit pas de conneries Jake, merde. Dors. Dors et rêve de quelque chose de moins intriguant. 

***

Mon bras s'agite dans tous les sens. J'entends des miaulements ainsi que des soupirs profonds parvenir au-dessus de mon oreille. Une voix marmonne près de mon oreille. Est-ce mon rêve qui prend vie ?

— Jake. Je n'arrive pas à dormir dans ma chambre... Il y a un monstre...

Je grogne. Mes yeux sont à moitié ouverts. Je lui fais un signe de la main pour la pousser en dehors de mon lit.

Jude, retourne dormir. Il n'y a rien dans ta chambre, je murmure de ma voix rauque somnolente.

Si si... J'ai entendu quelque chose dans l'armoire. Jake, il va me manger. Protège-moi de lui...

Elle me supplie presque. Je soupire en ouvrant un œil puis l'autre. Je tente de déterminer la silhouette en face de moi.

Jude ! Putain, qu'est ce que tu fous en sous vêtements ?!

Elle recule d'un pas face à mon exclamation. Le chat miaule en sortant rapidement de ma chambre sous la terreur.

Je n'arrivais pas à dormir avec ma robe alors je l'ai enlevée. Pourquoi ? C'est mal ? Papa va m'en vouloir ? panique-t-elle.

Je serre les dents. Je sais et suis persuadé que la drogue circule encore dans son sang. Elle retrouvera sa mémoire de jeune garce irrespectueuse pas avant cinq bonne heure. Pourtant, je vois que cette drogue montre l'esprit d'une fille faible et dangereuse.

Je me lève lentement du lit qui grince sous mon poids. Jude recule, je la vois se coller à moitié à poil vers le mur derrière elle.

— Je n'aurai pas dû ? Tu n'as pas le droit de me voir, c'est ça ? balbutie-t-elle avant de parler à elle-même. Je foire tout... Papa...

Elle s'agenouille devant moi et murmure des mots inaudibles. Même sous la fatigue et la faible lumière de la lune, je remarque des perles scintiller au coin de ses yeux.

Jude, tu n'as rien fait de mal, ajouté-je.

Je la laisse seule dans ma chambre et file dans la sienne. Je fouille ses affaires à la recherche d'un pyjama adéquat. Résultat ; je trouve un pantalon ample et fluide et attrape un tee-shirt qui traîne à côté. En revenant,  — sur le chemin de ma chambre — je sens cette odeur, son odeur. Son empreinte est sur ses vêtements. Elle est douce, sucrée. Un parfum qui s'accroche à chaque vêtement enfilé.

Tu as vérifié si le monstre était là-bas ? demande-t-elle en relevant la tête, ses cheveux sont à présent ébouriffés et tombent autour de son visage.

Il n'y en a pas. Ta chambre est impeccable, je réponds en m'abaissant vers elle, devant elle. 

Je l'aide à enfiler son haut qu'elle est incapable de faire seule.

La lumière du lampadaire qui passe à travers la fenêtre se cogne directement sur sa poitrine. Je la cache sous son tee-shirt blanc. 

Noir. Son soutien-gorge est noir. Il se verra à travers le tee-shirt blanc. Je devrais le changer, non ? Elle en sera mécontente ? 

Je secoue la tête. Jake arrête de te prendre la tête pour des choses qu'elle n'en verrait l'intérêt, elle ne va même pas te remercier. On pari ?

 Elle m'attrape soudainement la main ce qui me ramène à la réalité.

Dans mon rêve, je t'ai vu, Hulk, me confesse-t-elle avec un sourire enfantin.

Après mon prince, je suis Hulk ? Cette fille veut me tuer à petites gouttes ou quoi ?

Qu'est ce que je faisais ?

Ce n'est pas une réelle découverte. D'après les sondages, nous voyons, dans nos rêves, la personne dont nous avons eu une discussion le jour même.

Tu vendais des glaces. J'étais l'une de tes clientes, et tu m'as souri comme un ange

Suis-je si ridicule dans le rêve des gens ? À ce moment-là, cela serait mieux d'appeler ça un cauchemar.

Je ricane silencieusement. Si seulement elle savait.

Je commence à lui enfiler son pantalon fluide, mes yeux s'attardent sur sa lingerie. Elle agite les jambes pour me compliquer la tâche. Je vais la tuer si elle continue, bordel. J'observe la peau lisse de ses jambes pendant qu'elle joue avec quelques-unes de mes mèches de cheveux.

Jake cesse de trop penser. Ne sois pas comme lui. Tu n'es pas comme lui. Pas du tout même.

Je finis par remonter son pyjama puis me redresse. Jude retire ses mains de mes cheveux. Je m'arrête subitement. Je la fixe et observe ses traits sur chaque recoin de son visage.

Tu aimes bien le rêve que j'ai fait ? Tu ne parles pas..., demande-t-elle presque innocemment.

Ça me correspond plus ou moins, si tu m'aurais vu il y a plus de dix ans. Maintenant je ne suis plus comme ça, Jude.

Elle regarde mes yeux, l'un puis l'autre. Jude relève doucement sa main tout en m'informant que mes yeux ne sont pas identiques. Ça, pour un secret, j'en suis surpris. C'est pas comme si je voyais mes yeux devant chaque miroir que je croise...

C'est anormal mais c'est ce qui fait ta différence, chuchoté-t-elle en posant sa main sur ma joue.

Sa paume est chaude, agréable mais je m'en écarte aussitôt, presque brusquement.

Arrête de me toucher, Jude. Tu vas le regretter. Dans quelques heures, tu vas regretter tout ce que tu as pu me dire.

Elle déglutit mais sourit. Je crois qu'elle m'a enfin comprise. Sans que je lui demande, elle se redresse et s'écrase sur le matelas. Elles est fatiguée, assoupie et tellement vulnérable. Je la fixe et la détaille du regard. Une divinité, Matthieu. Tu as créé une divinité qui même en dormant ou en étant droguée par des connards est érotique.

J'hésite à la laisser dormir seule dans mon lit mais mon corps est contre. Je m'allonge à ses côtés, lui place tout d'abord la couverture sur son corps puis je finis par me retourner. Elle reste belle même en plein sommeil.

J'aurais tellement voulu savoir ce que mes parents ont fait pour créer un visage si horrible. Ils n'ont même pas raté la déformation.

Je n'avoue pas mes secrets et je ne le ferais sûrement pas. C'est tellement mélancolique qu'on s'éloignera de moi. Mais j'étais un gamin, je ne savais pas encore tout. C'est pourquoi au fil du temps, j'ai pris mes repères. Je ne laisse personne dormir à mes côtés. Seulement mon ami, quand il fait un cauchemar. Mais suis-je pas le cauchemar en question finalement ?

Jake ne t'en veux pas, c'est passé. C'est fini, ça fait neuf bonnes années maintenant...

Jake... Tu es beau et gentil. Pas comme ces hommes, ces pédophiles ou ces violeurs...

Le dernier mot me vaut une dizaine de secondes de réflexion. J'entends sa respiration se calmer. Elle s'endort pour rêver d'un tout nouveau décor? Peut-être que là, elle me verra faire de l'acrobatie sur un éléphant ?

Je pense que tu vas me bouder en te réveillant, honteuse de toi-même, meleğim.

Sous ces mots, mes paupières s'éteignent. Le sommeil prend possession de mon corps. Pourtant un poids s'écrase sur ma poitrine. Jude a posé sa tête. Et pour je ne sais quelle raison apparente, je ne bouge pas. 

-À suivre-

Humm des révélations sans réponse ? Attendons encore un peu pour découvrir la sombre histoire de Jake

2308 mots

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top