Le Paschnebus Irackus
A peine Iknos a-t-il franchi le précipice qu'il se retrouve face à Ephemis.
- Alors, fait celui-ci, d'une voix légèrement moqueuse, tu vois que tu ne risques rien ! Je te l'avais bien dit.
Iknos hausse les épaules, contrarié de paraître si frileux par rapport à son coéquipier.
- Où est-ce que l'on est ? demande-t-il, tout en observant le monde qui l'entoure.
- Je n'en ai pas la moindre idée mais cet endroit est magnifique !
En effet, devant eux, un chemin enherbé semble les inviter à le suivre. De chaque côté de ce sentier et, au-dessus de lui, une arche de fleurs multicolores illumine le paysage. Elle est posée tout au long de cette route qui s'étire sur un pont de pierre qui paraît flotter dans l'espace. Il domine un précipice dont on ne voit pas le fond, des nuages bouchant la vue.
- Il est impossible que ce décor féerique soit uniquement l'œuvre de la nature, contaste Ephemis, toujours aussi pragmatique. Il est certain que quelqu'un a pris le temps de s'occuper de ce lieu pour le rendre si hospitalier.
- Que fait-on maintenant ? lui demande Iknos, peu enclin à admirer le paysage. C'est toi le spécialiste visiblement !
Ces paroles ironiques ne perturbent pas Ephemis, habitué au ton boudeur de son coéquipier quand il n'a pas la direction des opérations.
- Nous allons suivre ce chemin et nous verrons bien où ça nous mène, lui répond Ephemis, le plus naturellement du monde, comme si se retrouver ici ne le perturbait pas outre mesure.
Iknos soupire une fois de plus et emprunte, à la suite de son ami, ce merveilleux sentier. Les senteurs qui se dégagent sont envoûtantes. Leur IA décrypte un nombre incalculable d'odeurs différentes qui se mêlent dans un parfum enivrant. Des fleurs de toutes sortes s'entremêlent , mélangeant des couleurs et des formes hétéroclites. Si Iknos et Ephemis avaient eu connaissance de ce concept, ils auraient pu se dire qu'ils se trouvaient au paradis. Alors qu'ils contemplent la magie du lieu, un bruissement se fait entendre. Les deux astronautes stoppent leur marche et mettent instinctivement la main sur leurs armes. Une forme apparaît dans le lointain et plus celle-ci se rapproche, plus ce qu'ils découvrent leur rappelle qu'ils sont ici pour une seule raison, rencontrer un vieil être de deux cents ans. D'abord, c'est une silhouette qui se dessine vaguement dans le lointain mais au fur et à mesure, cette dernière se précise. Des antennes puis des ailes apparaissent.
- C'est un paschnebus ! s'exclame Iknos, sur ses gardes. J'espère qu'il n'est pas trop hostile au moins celui-là !
- C'est le paschnebus irackus, le paschnebus qui a vécu deux cents ans ! affirme Ephemis, sûr de lui.
- Comment peux-tu en être certain ?
- Parce que je le sais, c'est tout.
Le paschnebus n'est plus qu'à quelques mètres d'eux. Leur IA, qui a désormais enregistré cette nouvelle espèce dans ses données, leur indique qu'il s'agit d'une femelle. Elle est parée de couleurs aussi chatoyantes que les fleurs qui l'entourent.
Étonnamment, il émane d'elle une sensation de bienveillance qui atteint même Iknos. Ephemis est de plus en plus troublé par la venue de cet insecte. Il ne saurait dire pourquoi. C'est comme une attirance qui viendrait l'envahir, habiter tout son corps.
Le paschnebus s'est arrêté et se trouve désormais face à eux. Elle commence à leur parler d'une manière très inhabituelle. Elle n'émet pas de son mais utilise la télépathie pour communiquer et ce qu'elle leur dit les laisse perplexes.
- Bonjour Ephemis, bonjour Iknos. Cela fait très longtemps que je vous attends maintenant. J'ai failli perdre espoir mais je savais, Ephemis, que tu tiendrais ta promesse.
Interloqués, les deux amis se regardent ne sachant que faire.
- Je sais que vous ne me reconnaissez pas, continue le paschnebus. Tu me l'avais expliqué, Ephemis, quand tu m'as quitté, mais j'espérais que tu aurais au moins un petit souvenir de moi.
Ephemis reste interloqué. Que veut-elle dire par là ? Il est vrai qu'il ressent une légère émotion tout au fond de lui, en sa présence, mais il a beau forcer sa mémoire, rien ne lui revient.
- Méfie-toi, lui conseille Iknos, elle essaie de nous embrouiller l'esprit. Nous ne sommes jamais venus dans ce lieu, ni sur cette planète. Ne l'écoute pas !
Le paschnebus semble sourire.
-Iknos, toujours suspicieux à ce que je vois, fait-elle. Certaines choses ne changent jamais ! D'accord, puisqu'il faut prouver ce que je vous dis, je vous invite à me suivre chez moi.
Alors qu'Ephemis lui emboîte le pas, comme hypnotisé, Iknos ne bouge pas d'un pouce.
- Ephemis, on ne peut pas la suivre sans plus d'explications ! C'est peut-être un piège ! Qu'est-ce qui nous prouve qu'elle nous dit la vérité ?
Ephemis se tourne vers son ami.
- Rien, tu as raison, mais j'ai envie de la croire. Je veux savoir ce qu'il s'est passé pour Képléride un et je crois qu'elle le sait. Et puis on est armés, je te rappelle. On ne risque rien à priori.
Iknos hésite toujours. Il le sait, cette planète ne leur a apporté que des ennuis depuis le début de leur expédition mais il est d'accord avec son coéquipier. S'ils veulent comprendre, ils doivent la suivre. Comme à son habitude, il soupire et emboîte le pas au paschnebus et à Ephemis. Ils suivent le chemin jusqu'à l'entrée d'une grotte ou plutôt même d'un trou qui s'enfonce dans la montagne. On ne voit pas à l'intérieur. Iknos se dit qu'il serait plutôt censé de fuir dans l'autre sens, mais, à peine a-t-il le temps de se faire cette réflexion, que ses deux compagnons ont déjà disparu à l'intérieur. Mais pourquoi diable Ephemis suit-il donc cette chose sans être plus prudent ? Cette façon de faire ne lui ressemble pas, lui, d'habitude si méfiant. Iknos pénètre à son tour dans ce lieu inconnu, s'attendant au pire mais, au lieu de ça, il découvre un endroit merveilleusement agréable. Les murs scintillent comme des milliers d'étoiles et sur le sol, un couvert végétal couvre l'ensemble de la pièce et est orné de parterres de fleurs multicolores. On dirait un jardin intérieur. Il n'y a rien d'autre, pas de table, pas de chaise, aucun meuble. Le paschnebus leur fait signe de s'installer par terre et s'en va chercher un objet caché dans un coin de la grotte. Elle ramène une boîte qu'elle ouvre avec sa deuxième paire de pattes. Elle est agile, ce qui est assez stupéfiant à voir. Elle sort alors deux petits objets qu'elle leur tend. Iknos et Ephemis hésitent un instant, puis prennent les pièces entre leurs mains. Ce sont deux choses qu'ils connaissent très bien sur Véga, deux pastilles que l'on utilisait il y a des centaines d'années, des IA de première génération. Tout de suite, une foule de questions les envahissent. Que fait-elle avec ce matériel ? Comment sont-ils arrivés en sa possession ? La phrase qu'elle prononce alors les laisse dubitatifs.
- Tenez, mettez ces IA et vous comprendrez tout.
D'abord réticents, ils obtempérent, malgré leur crainte, tant ils sont désireux de connaître la vérité sur cette histoire. Les pastilles s'enclenchent automatiquement dans leur cerveau et les voilà repartis deux cents ans en arrière. Leur passé s'offre enfin à eux.
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Coucou,
J'espère que vous êtes prêts pour un retour de deux cents ans en arrière !
Vous allez enfin découvrir ce qu'il s'est passé pour nos deux amis et quel rôle a joué ce papillon rebelle !
A votre avis, quel lien uni Ephemis et la paschnebus ? Comment se sont-ils rencontrés ?
Je vous laisse réfléchir...
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