La Reine
- Avec vous ? s'exclame Iknos, incrédule.
- Oui, je sais que ça peut paraître invraisemblable, mais je suis bien l'être qui vous a aidés à vous enfuir.
- Quel intérêt auriez-vous eu à faire cela ? essaie de savoir Iknos, toujours aussi méfiant.
- Avant toute chose, il faut que je vous raconte mon histoire pour que vous puissiez comprendre. Mon nom est Konipasch, ce qui signifie reine des papillons. Les paschnebus sont non seulement mon peuple mais aussi mes sujets, enfin, devrais-je dire, auraient dû être mes sujets.
Les deux astronautes restent stupéfaits par cette révélation. Ephemis est le premier à réagir et tente d'en savoir plus.
- Et pourquoi n'est-ce pas le cas ? demande-t-il, alors qu'il est silencieux depuis quelques minutes.
- Je devais succéder à ma mère, la reine Muthpasch, explique leur nouvelle compagne. C'est toujours ainsi dans notre espèce. Le premier paschnebus femelle à qui la reine donne naissance sera la prochaine reine à régner sur son peuple. Malheureusement, le paschnebus mâle né avant moi a décidé de s'approprier ce titre, décrétant que le règne des femelles avait assez duré.
- D'un côté je le comprends ! l'interrompt Iknos en souriant. Il a dû se dire chacun son tour !
Ephemis lui décroche un regard furieux.
- Chez nous, ce sont les femelles qui dirigent depuis la nuit des temps, insiste la paschnebus. Ainsi en a décidé Heilmutpasch, notre première descendante, explique-t-elle.
- Ça a dû être terrible pour vous d'être ainsi dépossédée de votre titre, fait Ephemis, toujours aussi compatissant envers elle.
- Effectivement, répond Konipasch, en lui décochant un regard plein de bonté.
- Et vous n'avez rien pu faire pour vous défendre ? continue Ephemis.
- Mon frère m'a provoqué en duel, c'était le seul moyen pour lui d'arriver à ses fins.
- Comment peuvent bien se battre des papillons ? l'interroge ironiquement Iknos. En se tapant avec leurs petites pattes ? J'ai du mal à imaginer !
- Non, répond Konipasch, ne s'offusquant pas du ton moqueur d'Iknos. Nous devons partir à la recherche de l'âme de notre ancêtre, le premier paschnebus à avoir vécu sur la terre.
- D'accord, acquiesce Ephemis, pas plus surpris que ça par cette explication. D'ailleurs, je me pose une question si vous me le permettez. D'où vient votre peuple ?
- En fait, nous avons toujours habité cette planète, explique-t-elle. Quand les humains ont disparu, notre espèce a simplement pu évoluer, autant physiquement que par l'esprit. Notre cerveau s'est développé et nous avons appris à maîtriser la télépathie afin de pouvoir nous exprimer.
- Donc, si je comprends bien, votre ancêtre a des millions d'années, calcule Ephemis. Je suppose qu'il est mort à présent. Par quel moyen arrivez-vous à communiquer avec lui ?
- Par la pensée. Nous nous installons dans un endroit que l'on sent prédisposé à l'écoute des millions d'âmes qui évoluent autour de nous et nous attendons que notre ancêtre vienne à nous et nous délivre le message.
- Quel message ? demande Iknos.
Il se dit, qu'après Enlebe et son Grand Pruwie, le voilà en face d'une nouvelle professionnelle de l'au-delà.
- Et bien, fait-elle comme une évidence, notre ancêtre doit nous envoyer le signal qui fait de nous son successeur.
- Et c'est quoi ce signal ? insiste Iknos.
Il désire vraiment connaître le mode de fonctionnement de cet être venu de leur passé.
- Ce peut être n'importe quoi, une chose inhabituelle, un bruit, une vision, mais je n'ai rien entendu, fait Konipasch, en baissant la tête, l'air très affecté.
Ephemis est peiné de la voir encore si abattue par cette histoire.
- Et votre frère ? lui demande-t-il.
- Lui, il a entendu le message et il est revenu l'annoncer à mon peuple, avant mon retour.
- Il a entendu quoi ? insiste Iknos.
- Et bien le signal Iknos ! fait Konipasch, étonnée de devoir tout lui expliquer.
- Mais il ne vous a pas dit quel était ce signe ? Rien ne prouve qu'il n'a pas menti !
- C'est possible, répond-elle, mais c'était déjà trop tard quand je suis revenue.
Iknos se fait intérieurement la réflexion qu'elle est bien naïve pour une reine et que son adversaire n'a dû avoir aucun mal à la duper.
- Et qu'est-ce qu'il vous est arrivé après cela ? lui demande Ephemis.
- J'ai dû redevenir une ouvrière comme les autres. Oh, ce n'était pas très grave,mais le nouveau roi a érigé de nouvelles lois qui m'ont outragées. Il voulait former une armée de paschnebus afin de régner sur toute la planète, c'est pourquoi il a mis en place ces cocons. Cela me rendait folle. Je ne pouvais rien faire pour changer ça et c'est là que vous êtes arrivés. J'ai vite découvert que vous étiez différents et que vous vous étiez réveillés.
- Je me pose une question, Konipasch, comment avez-vous appris notre langue ? Est-ce que vous la connaissiez ?
- C'est toi Ephemis qui me l'as enseignée, répond-elle, passant soudainement au tutoiement. Heureusement que les paschnebus ne la connaissaient pas. Ils n'ont pas remarqué que ces bruits que vous émettiez étaient un langage entre vous deux. Ça vous a sauvé la vie.
- Mais toi tu as compris, fait Ephemis, la tutoyant à son tour. Et comment sommes-nous devenus amis ?
La reine pose sa patte nue sur son bras.
- Je sais que tu ne t'en souviens pas encore mais nous étions très proches tous les deux.
Iknos regarde ébahi la paschnebus plonger ses yeux dans ceux d'Ephemis et ce dernier lui sourire bêtement. Quel drôle de couple, se dit-il, mais il revient rapidement au sujet qui l'intéresse.
- Je réitère ma première question, fait Iknos, interrompant cette scène romantique et incongrue. Quel était l'objectif de cette aide ?
- Simplement, vous deviez m'aider à redevenir Reine.
Iknos éclate de rire.
- Rien que ça ! Trois êtres contre des milliers de paschnebus ! C'est vrai que c'est équitable ! J'espère qu'au moins nous avions un plan.
- J'en avais un et il s'est déroulé à la perfection, fait-elle fièrement. Du moins, au début.
- Et bien c'est parfait, s'agace Iknos ! Bon, cela fait maintenant plusieurs minutes qu'on écoute cette histoire sans la moindre preuve ! Ephemis réveille-toi ! On dirait que tu es hypnotisé.
Ce dernier, énervé par la réflexion de son coéquipier, s'avance vers lui.
- Je crois ce qu'elle nous dit Iknos. J'ai l'impression que mes souvenirs reviennent.
- Tu as de la chance ! rétorque Iknos, en haussant des épaule, car moi j'ai beau fouiller dans ma mémoire, c'est le trou noir.
- Et bien, retournons chercher des réponses à l'intérieur de l'IA, fait Ephemis, comme une évidence. On n'a pas besoin de le faire tous les deux. Comme c'est toi le plus septique, je vais te guider et tu verras par toi-même la vérité. Tu es d'accord ?
Iknos observe ces deux acolytes. Il éprouve un peu d'anxiété à l'idée de laisser Ephemis avec cette chose mais, s'ils veulent des réponses, il n'y a pas d'autre solution.
- Ok, alors écoute bien le son de ma voix, Iknos. On va essayer de retourner au moment où l'on a fait le pacte avec Konipasch. Ferme les yeux, concentre-toi et repars en arrière. Rejoins l'ancienne IA, comme tu le faisais quand tu voulais pénétrer dans le centre de Véga.
Iknos tente de se calmer car il sait que sinon, il n'arrivera à rien. Il fait le tour de ces synapses pour progresser vers l'ancienne IA.
Les images s'entrechoquent. Il se voit travailler, donner à manger à des chenilles qui bougent dans tous les sens. Elles sont hideuses, énormes. L'odeur est insoutenable. Autour de lui, des êtres aux formes les plus étranges s'épuisent dans leurs tâches. Certains tombent au sol, exténués. Un paschnebus s'approche alors d'eux et les traîne à l'extérieur, les laissant agoniser dans un coin. Un nouveau venu arrive alors quelques minutes plus tard pour les remplacer. Il semble perdu dans un premier temps, mais se met dans la seconde à effectuer son travail, tel un robot.
Dans un coin, il aperçoit Ephemis qui balance des feuilles aussi grosses que lui à la chenille devant lui, puis, un sifflement strident retentit. Il indique la pause pour certains des travailleurs. Iknos abandonne sur le sol les gerbes de feuilles qu'il tenait dans ses bras et rejoint Ephemis à l'extérieur. Dans un coin, à l'écart, étonnamment, personne ne les surveille. Les paschnebus doivent penser que ce n'est pas nécessaire étant donné que les volontés de chaque être sont inhibées. Un papillon géant les rejoint alors. Iknos sursaute puis reconnaît Konipasch. Elle s'assoit à côté des deux amis.
- C'est bon, les informe-t-elle, j'ai le plan d'évasion. On pourra s'échapper ce soir. On est toujours d'accord ? On rejoint la cachette dont je vous ai parlée et vous m'aidez à reprendre ma place au sein de mon peuple ?
- C'est ce qui est convenu, répond Iknos. Aide nous et on t'aidera en retour.
- D'accord, alors attendez moi ce soir à l'entrée de la chambre de repos, quand tout le monde est endormi. Je viendrai vous chercher et on empruntera le boisseau secret.
Iknos commente tout ce qu'il voit à Ephemis au fur et à mesure.
- Essaie de retrouver l'instant de notre départ, lui suggère ce dernier.
Iknos traverse alors des nuées de neurones. Cela ressemble à une ballade au milieu d'un enchevêtrement de fils scintillants et infiniment fins. Il se croirait presque perdu dans l'univers, entouré de milliards d'étoiles. Mais il ne doit pas perdre de vue son objectif. Il atteint soudain l'entrée d'un passage très sombre, creusé sous terre. Ephemis et Konipasch sont avec lui et semblent fébriles, les sens en alerte. Ils pénètrent à l'intérieur du boyau, avancent de quelques mètres, quand un bruit insoutenable se fait entendre. Cela ressemble à une alarme. Iknos ne comprend pas. Ses compagnons ne semblent pas l'entendre et continuent leur chemin. Le son devient assourdissant et son corps est soudain balloté de gauche à droite sans qu'il puisse le contrôler.
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Coucou tout le monde,
Je tiens d'abord à m'excuser pour le retard dans la publication. J'ai beaucoup de travail en ce moment et j'ai eu un peu de mal à mettre ce chapitre en place. Je ne savais pas où l'arrêter.
Petit à petit, Iknos et Ephemis découvrent leur histoire, du moins celle que Konipasch leur raconte. Un nouvel incident vient frapper Iknos. Est-ce réel, est-ce une manoeuvre de leur nouveau coéquipier ? A voir dans le prochain chapitre.
Merci encore et toujours de votre fidélité. N'hésitez pas à commenter et voter😍.
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