Tout est silencieux dans le poste de pilotage. Il fait sombre et nos deux hybrides sont sagement endormis sur des couchettes. Iknos a un sommeil agité. Il sursaute souvent, change de position. Il est possible que la part de son cerveau humain réfléchisse à cet inextricable problème. Soudain un bruit se fait entendre. Il est infime, à peine audible. Cela ressemble à un frottement entre deux matières. Le vaisseau semble bouger, lentement mais inexorablement. Pour l'instant, les deux astronautes paraissent ne s'être rendu compte de rien. Mais le bruit devient plus abrupt, ce qui ne manque pas de sortir Iknos de son sommeil perturbé. Au début, il ne comprend pas, puis l'ensemble de son cerveau se remet à fonctionner à plein régime. Il secoue son coéquipier.

— Ephemis, réveilles-toi ! Il se passe quelque chose d'anormal.

Ephemis ouvre difficilement les yeux, avant d'être complètement éveillé dans la seconde qui suit.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Iknos ? fait-il, aux aguets.

— Tu n'entends pas ce bruit ? On dirait qu'il y a quelque chose qui frotte contre le vaisseau.

Celui-ci écoute à son tour ce craquement énigmatique.

- Peut-être les branches à l'extérieur qui cognent contre la coque avec le vent, tente Ephemis, en guise d'explication.

A cet instant, une secousse ébranle l'habitacle. Iknos et Ephemis en perdent presque l'équilibre.

- Alors là, ça n'a rien de naturel ! fait Iknos, sur ses gardes. Je vais sortir voir ce qui se passe à l'extérieur.

Une seconde secousse, plus puissante que la première, vient, cette fois, les mettre à terre. Ephemis a compris.

- Le vaisseau s'enfonce, Iknos ! On descend sous terre.

Iknos se rue sur la porte de sortie de la navette mais malgré tous ces efforts, il ne peut l'ouvrir.

- La porte est bloquée, Ephemis ! Viens m'aider !

Ils joignent leurs forces pour faire basculer la porte mais rien ne la fait bouger.

- Merde ! C'est quoi encore ce bordel ? s'énerve Iknos.

- Je n'en ai aucune idée, répond Ephemis, toujours très calme. En fait, son cerveau fonctionne à cent à l'heure pour passer en revue toutes les hypothèses plausibles mais aucune ne le satisfait.

Le vaisseau continue sa longue progression sous terre, centimètres par centimètres. Il descend de plus en plus. Puis, comme si cela ne suffisait pas, ils entendent des coups répétés sur la carlingue de la navette.

- C'est quoi encore ce bruit ? s'excite Iknos.

Alors qu'ils font le tour du poste de pilotage, Ephemis aperçoit la tôle du vaisseau se déformer avec lenteur, comme si un doigt venait s'enfoncer dans une surface molle.

- Regarde ! crie-t-il à Iknos, on dirait que quelque chose est en train de percer la coque !

Et effectivement, des trous se créent petit à petit sur tout le corps de la navette. Ensuite, comme si cela n'était pas assez, des lianes apparaissent, traversant le métal et commencent à envahir le poste de pilotage.

Le premier réflexe des deux astronautes est de trouver quelque chose pour les sectionner. Ils se ruent sur le matériel rangé dans un coin de la cabine. Nerveusement, ils sortent un à un les outils afin de mettre la main sur des pinces. Ils s'en saisissent chacun d'une paire et commencent à couper les plantes, comme ils l'avaient fait quelques heures plus tôt à l'extérieur.

Pour leur plus grand malheur, ils se rendent vite compte que leur cas est désespéré.

- Laisse tomber Ephemis, s'exclame Iknos découragé, on n'arrivera à rien. Elles se développent avec trop de rapidité !

- Il faut trouver une autre idée, propose Ephemis.

Il est toujours très posé mais on sent que lui aussi perd son calme.

- Bien sûr ! fait Iknos ironiquement. Et tu en as une d'idée car moi, rien ne me vient !

A cet instant, le vaisseau cesse de bouger.

- En tout cas, continue Iknos, on dirait qu'on est arrivés à destination !

- On peut essayer de sortir, suggère Ephemis.

- De sortir ! Mais on doit être entouré de plusieurs tonnes de terre, s'énerve Iknos. Tu n'as pas d'autres solutions plus réalistes ?

- J'en ai bien une qui me vient à l'esprit mais je pense que tu ne vas pas aimer !

- Dis toujours ! Au point où l'on en est , autant tout essayer !

- On peut utiliser les réacteurs nucléaires.

Iknos le dévisage comme s'il se trouvait en présence d'un fou.

- Tu déconnes, n'est-ce pas ? Dis-moi que c'est une de tes blagues !

Ephemis le fixe à son tour mais ne sourit pas. Il réfléchit....

- Non, tu ne rigoles pas, se rend compte Iknos. Quand tu as cette tête là, ce n'est jamais bon signe.

Les lianes poursuivent l'invasion de la navette. Bientôt, il n'y aura plus de place pour l'action. Ephemis reprend la parole.

- Si on enclenche les réacteurs nucléaires, cela créera une réaction si forte que le vaisseau devrait s'extirper de ce piège.

- Mais ces réacteurs, on ne s'en sert que pour s'élancer dans l'espace et atteindre la vitesse de la lumière. Tu ne crois pas que c'est un peu trop et que la navette risque d'exploser avec nous dedans ?

- Je ne pense pas. Si on active en même temps le bouclier de protection, ça devrait bien se passer !

- Comme tu le dis, ça devrait ! Ou alors, on va finir déchiqueté !

- Écoute Iknos, s'impatiente Ephemis, si tu as une autre idée, je suis preneur !

Iknos est bien obligé d'admettre que rien ne lui vient.

- Ok ! Foutu pour foutu, autant tenter l'expérience !

Il n'en fallait pas plus pour qu'Ephemis se mette en action.

- Il faut qu'on agisse en coordination. Je m'occupe des réacteurs et toi, du bouclier.

Les deux hybrides s'approchent comme ils le peuvent des commandes du poste de pilotage, presque entièrement recouvert de lianes. Ils dégagent l'accès et s'installent chacun devant les boutons d'allumage. Ils ont dû mal à rester calme. Ephemis prépare la manœuvre. Il active les réacteurs.

- A mon signal, tu enclenches le bouclier, ordonne-t-il à Iknos.

Ils sentent la peur les gagner mais ne se laissent pas envahir par elle afin de rester concentrés.

- Je suis prêt ! annonce Ephemis. Trois, deux, un. Vas-y !

En même temps que lui, Iknos appuie sur les commandes. Une explosion secoue le vaisseau d'une telle force que les deux pilotes se retrouvent plaqués au sol. Une chaleur intense se fait sentir, puis la navette s'extirpe d'un seul coup de la terre et des lianes. On entend des bruits de tôles, des lianes qui se déchirent. L'ensemble se met à trembler.

Dans sa tête, Iknos se répète en boucle " faites que ça marche, faites que ça marche"! La vitesse s'accélère, le vaisseau décolle littéralement dans les airs. Iknos se traîne difficilement jusqu'aux commandes pour essayer de reprendre le contrôle de l'appareil. Il réussit à stopper les réacteurs mais le vaisseau se met alors à redescendre en flèche vers le sol.

- Il faut reprendre le contrôle des commandes de direction sinon on va s'écraser ! s'écrit-il.

Au bout de quelques minutes, il réussit enfin à stabiliser la navette et à freiner sa descente mais l'impact avec la terre est inévitable. Cette dernière s'écrase avec force au milieu de la végétation. Une énorme poussière envahit le vaisseau. Les deux hybrides sont parvenus à échapper à leur piège. Un immense silence règne à bord. Les deux astronautes gisent sur le sol du poste de pilotage. Ils ne bougent plus...

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Coucou tout le monde.

Décidément, nos deux hybrides auraient mieux fait de ne pas s'arrêter sur Terra car des choses vraiment étranges s'y passent...

Comment allons-nous les retrouver dans le chapitre suivant : vivants ou morts ?

A vos pronostics !

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Lona.