La créature s'approche d'un cocon. Elle est étonnante, loin de toute chose qu'Iknos et Ephemis ont pu rencontrer durant leur exploration de l'univers. Déjà, elle est très grande. D'après les estimations d'Iknos, au moins un mètre quatre vingt dix. Son apparence laisse à penser qu'elle appartient à la famille des insectes volants. Effectivement, elle ressemble à un papillon avec des yeux très mobiles, deux antennes sur la tête, trois paires de pattes dont une lui sert à se tenir debout, et deux paires d'ailes recouvertes d'écailles multicolores. Il est impossible de déterminer s'il s'agit d'un mâle ou d'une femelle.

Cet être s'est arrêté devant le cocon. Iknos et Ephemis ne font pas un geste, pas un bruit de peur de trahir leur présence. La chose débranche alors les tuyaux reliés à la chrysalide d'un mouvement brusque, puis en arrache le dessus . Une nouvelle créature s'extirpe lentement de cette enveloppe. Elle n'est pas commune, différente des papillons. Elle est petite, rouge sur l'ensemble du corps, possède deux membres supérieurs faisant office de bras et deux membres inférieurs lui servant de jambes. Sa tête est surmontée d'une paire d'yeux placés sur des antennes et enfin son visage comprend un nez et une bouche. Elle paraît ne pas avoir de réaction. Elle se met immédiatement à suivre la chose sans rechigner.

Pendant un instant, les deux hybrides restent silencieux, encore stupéfaits par ce qu'ils viennent de voir. Puis Iknos retrouve la parole.

— C'est quoi ces créatures à ton avis ? demande-t-il à Ephemis.

— J'en sais rien ! Des insectes qui ont muté au fil du temps. Mais ce que j'ai remarqué c'est que l'être qui est sorti de la chrysalide a suivi la chose comme un automate ! On a visiblement inhibé toute conscience aux personnes présentes dans les cocons.

— Ce liquide qui coule dans les tuyaux reliés aux enveloppes, peut-être qu'il agit sur leur cerveau ?

— Il existe des produits capables de mettre la conscience en sommeil. J'ai déjà vu des expériences faites dans ce sens là. Il suffirait que je prélève quelques échantillons du liquide et je pourrais l'analyser.

— Ok. On va s'approcher maintenant que la chose, le papillon, énorme mais papillon quand même, est parti !

Lentement, ils s'avancent vers un cocon. Arrivés près de lui, ils évitent de regarder à l'intérieur. Les yeux fixes de ceux qui s'y trouvent sont plutôt effrayants. Ephemis entreprend de débrancher avec précaution un des tuyaux et recueille quelques gouttes de la solution, puis il le rebranche rapidement. Tout est resté calme.

— Qu'est-ce que l'on fait maintenant, Iknos ? s'informe Ephemis.

— Je suis tenté d'aller voir où la chose emmène son prisonnier.

— Ça m'aurait étonné que tu ne veuilles pas en découvrir plus !

— On reste prudent. A la moindre alerte, on prend la fuite.

Les deux hybrides avancent avec précaution. Iknos scanne les alentours à l'aide du bracelet qu'il porte à son poignet. Ils se retrouvent dans une nouvelle galerie, identique à la première qu'ils ont déjà traversée. Au bout de quelques mètres, ils entendent des bruits. Le son qui leur parvient est assez étrange, comme un bourdonnement mêlé à un frottement régulier, amplifiés par le conduit très étroit qu'ils empruntent. Plus ils progressent, plus le bruit est insupportable. Iknos a une drôle de sensation à cette instant, comme une réminiscence du passé, un bruit familier mais dont il ignore l'origine. Son trouble ne dure que quelques secondes car ils atteignent alors une immense caverne et ce qu'ils découvrent les sidère.

Des dizaines de papillons, tous aussi imposants et multicolores que la chose, montent la garde tandis que d'énormes chenilles d'une très grande laideur mastiquent des feuilles que les différentes créatures sorties du cocon s'évertuent à leur fournir. C'est un spectacle saisissant, digne d'un film d'horreur. Iknos et Ephemis se cachent derrière un monticule de terre et observent la scène avec effroi.

— Tu as vu la taille de ces chenilles ? chuchote Iknos à Ephemis. Elles sont deux fois plus grosses que nous !

— C'est logique, répond Ephemis, toujours imperturbable, vu la taille des papillons.

Iknos soupire.

— Toi et ta logique ! Moi, ça me fout la trouille ! On se croirait dans un univers où chaque insecte est devenu gigantesque.

— Si les humains ont disparu, les autres espèces en ont profité, répond Ephemis, comme une évidence . Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

— On remonte et on rejoint le vaisseau, décide Iknos. Je dois réfléchir à tout ça. J'ai des millions de questions qui me trottent dans la tête mais j'ai besoin de me poser un peu pour y voir plus clair.

Lentement, ils refont le chemin inverse, traversent la grotte aux cocons toujours aussi silencieuse, puis regagnent la galerie qui les mènent à la sortie. Heureusement,ils ne croisent aucune créature. Ils remontent à la surface, récupèrent leur matériel puis repartent en direction du Képleride 5 à l'aide de leur GPS.

Arrivés au vaisseau sans encombres, ils réintègrent le poste de pilotage.

- Bon, je vais tout de suite joindre Véga pour leur transmettre le rapport journalier. Ensuite, dès qu'on obtient leur feu vert, on fiche le camp d'ici !

- Ok. Pour ma part, je m'occupe immédiatement d'analyser l'échantillon récolté là-bas.

Chacun s'installe donc pour effectuer sa tâche.

Une heure plus tard, Iknos rejoint Ephemis dans la partie du vaisseau qu'il a aménagé en laboratoire.

- C'est fait, j'ai envoyé mon rapport, explique-t-il à Ephemis. J'espère qu'ils me répondront rapidement. Et toi, tu en es où ?

- J'ai presque fini. Encore quelques secondes et j'aurai les résultats.

A peine a-t-il terminé sa phrase qu'un bip retentit à l'intérieur de la pièce. Ephemis scrute l'écran de son ordinateur posé sur son bureau. Une suite impressionnante de lignes se met à défiler. Ephemis les lit à toute vitesse, intégrant chaque donnée au fur et à mesure. Iknos est toujours subjugué devant sa faculté de mémorisation.

Lorsqu'on leur a implanté l'IA ( l'Intelligence Artificielle ) à l'intérieur du cerveau, il aurait aimé choisir de développer certaines capacités comme celle-ci mais il a dû se contenter de ce qu'on lui donnait.

- Alors, qu'as-tu découvert ? demande-t-il, impatient.

- La solution est un mélange de plusieurs plantes qui agissent sur le vieillissement des cellules mais il y en a une qui m'intéresse en particulier. Elle possède à peu près les mêmes composants qu'une plante connue sous le nom d'Astragalus et qui appartient à la famille des fabacées. On pensait, il y a plusieurs centaines d'années, que ses racines, la TA 65, pouvait régénérer les télomères mais rien n'a jamais été prouvé.

- Les télo quoi ? le questionne Iknos. C'est quoi ce truc ?

- Les télomères. Ils protègent nos chromosomes. Ce sont de longs capuchons situés à leur extrémités. Leurs rétrécissements provoquent le vieillissement des cellules.

- D'accord, fait Iknos en essayant de suivre l'explication de son coéquipier. Et tu penses que c'est avec cette plante qu'ils maintiennent les personnes en vie.

- Ce n'est pas vraiment cette plante mais ça y ressemble. Ce que je crois c'est qu'ils ont découvert un végétal qui en est capable.

- Magnifique ! Beaucoup de monde serait prêt à payer cher pour l'obtenir.

Une voix vient interrompre leur discussion.

- C'est Véga, fait Iknos. Espérons qu'ils nous autorisent à partir !

- Véga à Képleride 5, répondez !

Iknos s'empresse de rejoindre le poste de pilotage.

-. Véga, ici Képleride 5. Quelles sont les nouvelles ?

- Le centre de décision insiste pour que vous poursuiviez l'exploration de Terra afin d'en découvrir plus sur les êtres qui l'habitent.

- Non, c'est une blague ! Il n'y a rien à découvrir ici, que des créatures monstrueuses et un univers meurtrier ! s'énerve Iknos.

- Désolé Képleride 5, ce sont les ordres.

Iknos est effondré. Lui qui rêvait de quitter cette planète hostile est contraint de rester et de poursuivre une nouvelle mission. Il ne veut pas accepter ça. Il faut qu'il trouve un moyen de s'échapper.

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Bonsoir tout le monde,

j'ai enfin réussi à finir le chapitre 8 de Mission M32 et je sais enfin ce qui attend les deux héros.

Iknos n'est pas décidé à rester sur Terra mais aura-t-il le choix ?

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Lona.