Chapitre 3
Jamais un cours ne lui avait parut aussi lent. Incapable de produire le moindre soupçon de concentration, le cerveau de Juliette tournait en boucle sur la brève apparition du jeune homme brun en costume orange. Et plus elle y repensait, plus elle avait l'impression que ses pensées s'embourbaient, comme si les rouages de son cerveau s'encrassaient, condamnés à s'enliser dans un moment négligeable de son existence.
Un signal visible d'elle seule la sortit de ses rêveries, mettant fin à sa séance de torture. Elle se gifla mentalement avant de se faufiler discrètement hors de la salle pour rejoindre les toilettes et consulter son ordre de mission du soir.
Après s'être assurée que personne ne la voyait, elle ouvrit le dossier qui se projeta devant elle, la mission dessus détaillée.
Une note s'affichait par-dessus, un rappel. Juliette se mit à jurer dans sa barbe. Ce qui s'était passé la veille l'avait tellement chamboulé qu'elle en avait complètement oublié de rédiger un rapport !
Pestant contre elle-même, la jeune apprentie se résolu à retourner en classe avant que son absence ne paraisse suspecte. Impossible de réparer son oubli maintenant, elle n'allait pas avoir d'autre choix que de le faire durant sa pause déjeuner...
* * *
Après avoir lutté contre elle-même pendant plus de trois heures et avoir vu le temps défiler avec une infinie lenteur, seconde après seconde, Juliette put enfin rentrer chez elle pour le déjeuner.
– Tu ne manges pas avec nous ? l'appela Morgane.
La jeune fille se retourna. Elle se trouvait déjà loin.
– Non, je reviendrai cet après-midi ! lui cria-t-elle, sans même prendre le temps de trouver une excuse.
Puis, sans lui laisser le temps de répondre, elle fila.
Ce rapport serait envoyé avant le début de l'après-midi, quoiqu'il arrive !
Une fois devant son appartement, elle se précipita vers l'ascenseur, extirpa sa clé magnétique et claqua la porte de son petit appartement.
Jetant son sac sur son lit, elle extirpa un stylet de son bureau, une feuille numérique, et entama immédiatement son rapport, sans même prendre le temps de retirer chaussures et manteau.
Après une bonne heure de travail, elle put enfin composer le code pour envoyer sa rédaction. Ouf.
Juliette s'adossa contre le dossier de sa chaise, soulagée. Voilà un poids en moins sur ses épaules. Elle ressortit l'ordre qu'elle avait reçu le matin même afin de prendre note de sa mission du soir.
Elle sourit. Une retransmission en direct d'un match de foot serait diffusée ce soir au zénith de la ville et elle devait prévenir toute attaque terroriste. Enfantin.
« Un regain d'attaque terroriste a été annoncé. Une annonce de bain de sang a été proclamée dans une vidéo. Les coupables ont été arrêtés et la menace éradiquée de leur côté. Mais sa diffusion a créé une inquiétude et le moindre blessé, aussi léger soit-il, serait un échec total. Depuis que le terrorisme a été supprimé dans le monde, seuls les combattants de la GEMAS maintiennent leur totale impuissance. Votre prochaine mission sera votre mobilisation au zénith de Strasbourg, lors de la diffusion de la coupe des 3000. Vous ferez équipe avec deux jeunes diplômés –Hyeronimos Suympa et Zénon Crikket–, deux vétérans –Silë Oth et Linaliel Loram– et votre coéquipier –Aaron Ulmer– ... »
La suite du message indiquait les détails techniques de la mission, mais Juliette n'y prêtait plus attention. Son cœur bondissait littéralement de joie à l'idée de revoir son ami plus tôt que prévu ! Elle hésita à envoyer un message à Aaron. Un sourire béat aux lèvres, elle attrapa sa montre connectée... et blêmit en voyant l'heure.
La jeune fille bondit vers la sortie, s'emparant de son sac à la hâte avant de claquer la porte.
Arrivée devant l'ascenseur, elle hésita. Et si...
Juliette revint sur ses pas, rouvrit la porte de sa chambre le plus discrètement possible et referma derrière elle. Le prochain cours commençait dans 5 minutes. Elle ne serait jamais là-bas à l'heure, sauf si...
Ouvrant la fenêtre, elle s'assura que personne ne la voyait. Il y avait plus de monde en bas que la veille et le jour ne la camouflait pas aussi bien que la nuit, mais les gens regardaient leur nombrils ou le bout de leur chaussures, trop occupés par leurs pensées pour lever les yeux vers le ciel. C'était sa chance.
Elle sauta habilement sur l'immeuble d'en face, se réceptionnant à la manière d'une danseuse, dans une arabesque parfaite.
– Ça suffit tes conneries, tu vas être en retard alors bouge-toi le cul ! se gronda-t-elle.
Il n'empêche, elle adorait définitivement cette façon de se déplacer ! Puis le spectacle de la ville de haut rappelait la vue qu'on avait d'un drone et elle aimait beaucoup les drones.
*
Juliette glissa discrètement le long d'un immeuble près de la fac et courut jusqu'à la salle de cours, passant derrière les fumeurs qui rentraient au même moment.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à rentrer dans le bâtiment, une sensation étrange s'empara d'elle, manquant de la paralyser. La même sensation que celle qu'elle avait ressentit le matin même.
Par réflexe, elle se dirigea vers les toilettes avant que quelqu'un ne la voit. Fort heureusement, Morgane devait déjà être en cours. Elle paraissait être une fille plutôt attentionné et aurait probablement remarqué que quelque chose n'allait pas. Et encore une fois, elle ne devait surtout pas attirer l'attention.
Juliette marqua un brusque arrêt devant la porte des toilettes et se retourna promptement.
Il était là. Le garçon de ce matin. Il se tenait nonchalamment devant la jeune apprentie. Cette dernière croisa son regard. Un regard dur, hostile et en même temps, amusé.
– Excusez-moi, on se connaît ? se risqua à demander Juliette.
Elle cru voir une lueur inquiétante danser dans les prunelles vertes du jeune homme. Malgré elle, son pouls se mit à accélérer lorsque le sourire de son interlocuteur s'étira en un rictus cynique.
– Pas encore...
La voix du jeune homme sonnait claire et aigre. Le ton était ironique et il articulait ses mots avec précision, ni trop vite, ni trop lentement.
Juliette se redressa. Il était hors de question qu'elle se laisse démonter.
– Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? lui demanda-t-elle d'une voix forte.
– Peu importe. Et disons que je ne fais que t'évaluer...
Le terme la glaça. Évaluer ? Serait-il un membre de la GEMAS ? Non, impossible, il ne se serait pas mis à découvert ainsi... était-elle mise à l'épreuve ? Était-il là pour lui mettre un coup de pression suite au retard qu'elle avait eu avec son premier rapport ? Mais...
– Je ne suis pas un membre de la GEMAS, fit-il comme s'il avait lu dans ses pensées.
Juliette peina à masquer sa surprise. Comment ?!
– Pardon ?
Elle devait feindre de ne pas comprendre.
Le jeune homme soupira avant de s'approcher d'elle. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il lui jeta un regard à mi-chemin entre la lassitude et le mépris.
– Inutile de te fatiguer. Il n'y a plus personne ici et je sais qui tu es, petite apprentie Combattante.
Il avait craché ces derniers mots. Mais qui diable était-il ? Quelque chose n'allait pas. Juliette se sentait confuse, la sensation qu'elle avait eue le matin même revenait en force, pendant qu'autre chose naissait en elle. Un sentiment, une émotion qui grandissait avec leur proximité physique.
Au prix d'un immense effort, elle parvint à contrôler ce qu'elle devait lui dire.
– Qui. Es-tu ? siffla-t-elle entre ses dents.
Le jeune homme sourit avant de reculer d'un pas, moqueur.
– Je m'appelle Albrecht.
Hey ^^
Ce chapitre sert un peu de transition, alors il est moins riche en évènements que les autres, mais ne vous inquiétez pas, le prochain chapitre sera beaucoup plus rythmé... du moins je l'espère xD
En attendant, qu'en avez-vous pensé ? Qui est le mystérieux Albrecht à votre avis ?
Pour ceux qui suivent la BD : êtes-vous curieux de croiser bientôt un Hyeronimos Suympa 12 ans plus jeune ? ^^
À bientôt pour la suite ! :)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top