Chapitre 7
« Emma m'a dit que tu me cherchais. »
Abraham me tournait le dos, les bras croisés. Il semblait fixer quelque chose au dehors, derrière les vitres de la véranda.
« Oui, Maureen. Approche-toi, s'il te plaît. »
J'exécutai son ordre et me plaçai à ses côtés. Il se retourna et me regarda dans les yeux. Je n'avais jamais vraiment porté attention à Abe Portman. Il était brun, avec de grands yeux bleus, et il était très longiligne. Un bon mètre quatre-vingt-cinq pour seulement soixante-dix kilogrammes, si j'évaluais bien.
Gênée de l'avoir ainsi fixer, et craignant qu'il ne me prenne pour une folle, j'observai la véranda. Tout comme à Abe, je ne lui avais jamais vraiment prêté attention. La lumière y était filtrée par des vitraux aux couleurs éclatantes, et la petite salle de verre était remplie de plantes exotiques.
« Pourquoi devais-je te voir ? demandai-je enfin.
— Miss Peregrine ne t'a pas expliqué ?
— Non, elle était plus occupée à nous remonter les bretelles à moi et Enoch grâce à cette langue de vipère d'Emma. »
Sur ce coup là, j'avais gaffé.
« Excuse-moi, ça ne visait pas ta petite amie. Je suis juste un peu sur les nerfs.
— Les ruptures, ça fait toujours mal, hein ? »
Il m'annonça cela d'un ton tellement compréhensif que je ne pus m'empêcher de lui demander :
« Toi et Emma, vous êtes...
— On traverse une mauvaise passe, s'empressa de répondre Abe. C'est tout. Enfin, ce n'est pas pour cela que je t'ai faite venir. Tu sais ce qu'est un creux ? »
Je frissonnai en entendant ce mot. Comment pourrais-je oublier ce qu'est un creux ? Les images que je m'étais efforcée d'oublier revinrent toutes une à une. Le sang, les corps. Absolument tout.
« Ta famille, elle a été... par un sépulcreux ? dit Abe en remarquant mon frisson.
— Oui, répondis-je avec franchise.
— Des particuliers, eux aussi ? »
Je ravalai difficilement ma salive.
« Pas du tout. C'est moi, qu'ils recherchaient.
— Pourquoi ? », continua-t-il de me demander.
En tant que réponse, je saisis l'un des pots de fleurs et répétai mon petit tour de passe-passe. Les yeux de Abe s'agrandirent au fur et à mesure de mon tour.
« Voilà, mon pouvoir leur servirait bien.
— Mais je ne comprends pas, déclara-t-il. Les creux sont déjà invisibles, du moins, pour la plupart des particuliers. Alors à quoi cela leur servirait-il ?
— Effectivement, cela ne conviendrait pas aux creux. Mais pense aux Estres. Pense au carnage qu'ils pourraient semer chez les particuliers si nous ne pouvions pas les voir. Tu comprends, maintenant ? »
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