Chapitre 6
Je me rendis compte de ma grave erreur à peine deux semaines plus tard. Emma avait apparemment vu toute la scène, et tel un gentil chien, avait tout rapporté à miss Peregrine. Enoch et moi nous étions fait sévèrement réprimandé, pour je ne sais quelle raison.
« Ce genre de comportement est totalement hors de question de la part de mes pupilles. Je ne veux pas voir de telles choses dans les couloirs de mon pensionnat. Me suis-je bien faite comprendre ? nous demanda-t-elle sans même hausser le ton.
— Et pourquoi Hugh et Fiona ont-ils le droit de faire de telles choses en ce cas ? »
L'ombrune se figea. Enoch, Les bras croisés sur sa poitrine et un sourire mauvais aux lèvres, attendait patiemment qu'elle réponde à sa réplique.
« Là n'est pas le sujet, dit-elle sans pour autant perdre patience devant le comportement insolent de l'impertinent qui lui faisait face. Sortez d'ici, tous les deux. »
Puis, voyant que nous hésitions à partir, elle rajouta :
« Allez, dehors ! »
Nous exécutâmes son ordre. La porte du bureau de Peregrine fermée, Enoch approcha sa tête et saisit ma main. Mais je la retirai bien vite.
« Arrête. »
Il cligna lentement des yeux.
« Comment ça ? demanda-t-il, son sourire s'éteignant.
— Tu as entendu miss Peregrine. Elle ne veut pas que cela continue, alors... Enoch, je ne voulais pas faire ce que j'ai fait avant-hier. C'était une erreur de ma part, et je m'en excuse.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? Que c'est déjà fini ? bredouilla-t-il.
— Enoch, ça n'a jamais commencé. »
Il se mit à ma hauteur en abaissant les genoux et m'embrassa sans même que j'ai le temps de protester. Je le repoussai.
« Je t'ai dit d'arrêter. Ça ne peut pas se faire. »
Des larmes lui montèrent aux yeux. Il avait perdu son air insolent, et ressemblait maintenant plus à un gamin éploré qu'à un adolescent solitaire. Les larmes coulèrent sur ses joues. Il les essuya d'un revers de main.
« Je te croyais différente d'eux. Mais tu ne l'es pas, n'est-ce pas ? Tu es exactement la même. Je ne réponds pas à tes attentes ? Je suis peut-être trop étrange, trop particulier, c'est ça ?
— Enoch, ce n'est absolument pas ce que j'ai dit...
— Mais tu le penses ! », s'énerva-t-il.
Il tourna les talons. Je me retrouvai seule. Enfin, pas complètement.
« Maureen ? Qu'est-ce que tu fais ici toute seule ? »
Je me retournai et mis une grande claque à Emma, qui se trouvait juste derrière moi.
« Espèce de saloperie ! Tout ça, c'est de ta faute !
— Calme-toi, enfin ! s'exclama-t-elle, un sourire s'étalant sur son visage pourtant rougi par la gifle. Si j'ai fait ça, c'est pour le bien de ta santé mentale.
— Que sais-tu de ma santé mentale ?
— Rien, je dois te l'avouer. Mais Abe t'attend dans la véranda, c'est ça que j'étais venue te dire. C'est tout. »
Je la remerciai rapidement de m'avoir prévenue, mais murmurai quand même à son intention :
« Tu restes tout de même une saloperie. »
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