Chapitre 15
Nous rentrâmes dans sa chambre. Il s'assit sur son lit, et me demanda d'approcher. Curieuse, je lui obéis. Enoch attrapa ma tête d'un geste maladroit, presque brutal. Je compris aussitôt ce qu'il s'apprêtait à faire. Il colla ses lèvres contre les miennes, comme un mois plus tôt. Mais ce moment était bien plus fort que le précédent, car ce n'était plus une embrassade dénuée de sens. Non. Cette fois, c'était un baiser d'adieu.
« Je ne veux pas que tu partes, m'avoua-t-il après un moment.
— Je ne veux pas te laisser non plus. »
Nos mains se serrèrent. Il planta ses yeux gris dans les miens, et passa une main dans mes cheveux noirs.
« Maureen, je suis désolé. Pour ces deux semaines de silence, et pour tout ce que j'ai pu te dire à la mort de Victor.
— C'est déjà oublié. »
J'oubliais vite, je le savais bien. Il me tendit une petite poupée. Il l'avait taillé pour moi. Elle me ressemblait, avec sa robe peinte en vert et ses cheveux noirs.
« Merci... »
*
« Vous êtes sûre de vous ? »
Je regardai la petite valise de cuir à mes pieds.
« Certaine, dis-je.
— C'est tout un pan de votre vie qui se tourne, vous en avez conscience, miss Pratcher ?
— Oui, miss Peregrine. »
La directrice m'enserra dans ses bras. Je ne l'avais jamais vu montrer autant de sympathie.
« Bien. Je vais appeler les enfants pour qu'ils viennent vous dire au revoir. »
Elle tourna les talons. Je restai debout dans le jardin. Les larmes me montèrent aux yeux. Je regardai une dernière fois autour de moi. Mon bateau arriverait d'une minute à l'autre, direction la Floride. Je devais me dépêcher.
Les particuliers se dirigèrent vers moi. Le premier à me dire au revoir fut Millard.
« Au revoir, Maureen. »
Je le pris dans mes bras.
« Foutue amitié. », me murmura-t-il à l'oreille.
Même s'il tentait d'en rire, je savais qu'il était triste. Déçu.
Olive, Claire et Bronwyn me firent de rapides adieux, sensibles à mon départ. Horace m'offrit une robe. « La meilleure que tu puisses trouver sur le marché ! » avait-il ajouté. Hugh et Fiona me donnèrent une magnifique rose. Abe me donna une accolade, et Emma se contenta d'un rapide Adieu.
« Maureen. Je... je... »
Je fis taire Enoch en l'embrassant devant tous les particuliers. Les rires et les applaudissements fusèrent de tous les côtés.
« Au revoir, Enoch.
— Tu m'écriras ? demanda-t-il d'une petite voix.
— Je te le jure. »
Les adieux terminés, je me dirigeai vers le petit port de Cairnholm. Là où tout avait commencé. Là où tout se terminerait.
Le ferry arriva vite. Je montai sur le pont et fixai la petite île. Je surpris alors miss Peregrine, et tous ses protégés, juste devant le bateau. Ils me hurlèrent tous en chœur :
« Bon voyage Maureen ! »
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