Chapitre 14
Dix jours s'étaient écoulés depuis la mort de Victor. Nous étions le 30 août 1940.
« Alors Monsieur O'Connor ?
— J'y suis presque, miss Peregrine. »
Enoch tenait d'une main un cœur de mouton ensanglanté, et de l'autre la tête de Victor.
« Je ne vous garantis pas que cela marchera, s'excusa-t-il, à sa manière.
— Essayez tout de même.
— Très bien. »
Il se concentra. Le cœur dans sa main commença lentement à battre. Puis de plus en plus vite. Les yeux de Victor s'ouvrirent soudain.
« Bronwyn ? »
Sa sœur, le visage baigné de larmes, s'approcha du corps de son frère.
« Victor ?
— Ma sœur... J'ai si mal...
— Enoch, pourquoi dit-il cela ? demanda Bronwyn.
— Je n'en sais rien. »
Les battements du cœur commencèrent à s'accélérer, de plus en plus fort.
« Bronwyn, dis lui d'arrêter. La douleur est insupportable... »
En quelques secondes, elle saisit le poignet d'Enoch et lui tordit dans le dos. Il lâcha le cœur de stupéfaction. Victor cessa aussitôt de vivre.
« Mais tu es malade ? s'écria le lève-mort. Tu as failli me casser le bras !
— Désolée, bafouilla-t-elle. Je ne voulais pas qu'il souffre. »
Miss Peregrine posa une main réconfortante sur le dos de sa pupille. La directrice, depuis la mort de Victor dix jours plus tôt, ne s'habillait plus qu'en noir.
« Vous avez eu raison, miss Bruntley. Maintenant, je crois que miss Pratcher avait quelque chose de... délicat à vous annoncer. Je vous laisse la parole. »
Je sentis les regards peser sur moi. Tous les enfants, sans exception, me regardaient.
« Je m'en vais. Demain. », réussis-je à dire.
Le silence se fit de plomb.
« Pourquoi ? murmura Millard.
— Je vous ai causé assez de soucis. Il vaut mieux pour vous que je parte.
— Non, reste ! gémit la petite Olive.
— Miss Abroholos Elephanta, la réconforta miss Peregrine. Si elle a décidé de s'en aller, c'est son choix. Ce n'est pas à nous de décider à sa place. Et puis, nous avons une soirée encore à partager avec elle. Alors profitons. »
Je lui adressai un sourire reconnaissant.
« Merci. », soufflai-je.
Nous sortîmes tous de la chambre de Victor. Une fois la porte franchie, Enoch me fit signe de le suivre.
« J'ai quelque chose à te montrer. »
Je m'arrêtai de marcher un instant, surprise. Depuis le malentendu du mois d'août, il ne m'avait plus adressé la parole.
« Je suis toute ouïe. », lui déclarai-je.
Il me prit par la main. Ma stupeur ne fit que croître.
« Suis-moi. »
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