Chapitre 10

« Maureen ? Maureen ? »

J'ouvris péniblement les yeux, mais les refermai aussitôt. J'avais un atroce mal de crâne.

« Millard, pour l'amour de Dieu, ferme-la. Je pense qu'elle n'a pas envie de savoir que je suis en train de...

— En train de quoi ? », prononçai-je faiblement.

Je rouvris complètement les yeux, et faillis recracher mes entrailles en voyant Enoch coudre la blessure sur ma poitrine. Remarquant mon haut-le-cœur, il déclara du ton le plus sérieux possible :

« Essaie de ne pas me vomir dessus, te recoudre ne me fait pas plus plaisir qu'à toi, crois-moi. Alors si je pouvais le faire sans être trempé par je ne sais quel liquide, ça ne serait que plus rapide. Et arrête de bouger ! »

Je ris, mais m'arrêtai immédiatement lorsque je remarquai la tête d'enterrement que tiraient mes amis.

« Que se passe-t-il ? », demandai-je.

Enoch et Millard soupirèrent au même moment. Ce fut l'invisible qui se décida à me le dire.

« Et bien, tu te souviens du rêve d'Horace ?

— Je... oui, balbutiai-je.

— Il s'est produit. »

Je lâchai un petit cri de stupeur.

« Qui... qui est...

— Victor, dit Enoch en reposant la petite aiguille dans une coupelle. Il a été tué par le troisième creux.

— Dites-moi que vous me faites une mauvaise blague... je vous en prie. »

Millard secoua la tête.

« Non. Nous l'avons déposé dans son lit. Enoch va tenter de le ranimer, par je ne sais quel moyen. »

Je me levai, mais une atroce douleur me fit me rallonger.

« Je t'ai dit de ne pas bouger, tu viens de te faire déchiqueter la poitrine, alors ne bouge plus ! s'énerva Enoch.

— Maureen, il faut que tu restes allongée, sinon, il ne terminera jamais son travail de chirurgien, me glissa Millard en s'approchant de moi.

— Laissez-moi au moins le voir.

— Non ! répondirent-ils en chœur.

— S'il vous plaît... »

J'espérais sincèrement que mon ton affligé allait les convaincre. Je jouais avec leurs sentiments, je n'aimais pas ça, mais c'était la seule façon pour moi d'aller dire au revoir à Victor.

« Maureen, c'est pour ton bien... m'avertit Millard. On ne peut pas te laisser t'en aller.

— Helena, ça ne sert à rien de continuer avec ton rôle. »

Helena ?

« Très bien. »

Millard fit craquer ses épaules, et son visage se métamorphosa soudain. Ses cheveux châtains laissèrent place à de longues boucles blondes et ses yeux bruns perdirent leur teinte, pour devenir totalement blancs. Enoch subit la même transformation, et laissa place à l'homme chauve de tout à l'heure.

J'avais été capturée, et mes amis avaient dû subir le même sort.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top