Ne rien toucher

Dans chacune des boutiques où Hermione entra, cette journée-là, elle croyait avoir atteint le summum de l'émerveillement, avoir trouvé l'endroit le plus fabuleux et fantastique qu'elle verrait de sa vie. La banque Gringotts, l'apothicaire, l'animalerie, même la boutique de vêtements lui avaient fait cet effet !

Mais quand elle entra dans la boutique d'Ollivander, dont les murs étaient recouverts de baguettes, son souffle fut coupé. Sa bouche resta ouverte sous le coup de l'émerveillement, et ses yeux ronds comme des soucoupes passaient de haut en bas, de gauche à droite, essayant de tout absorber d'un coup. Même la librairie n'avait pas provoqué chez elle une telle réaction, c'est dire !

— Laissez-moi deviner, vint une voix depuis l'arrière d'une étagère. Première année à Poudlard ?

Hermione sursauta. Son regard vola d'une ombre à l'autre, avant d'enfin se poser sur le vieil homme qui la fixait d'un regard perçant. Seule la présence rassurante de ses parents derrière elle l'empêchait de prendre ses jambes à son cou et de s'enfuir le plus vite possible.

— Ou... oui monsieur, bégaya-t-elle.

— Née-Moldue, je me trompe ?

Hermione hocha la tête. Pendant qu'il s'approchait d'elle, un ruban à mesurer avait volé à ses côtés et commençait à prendre toutes sortes de mesure. La jeune fille n'était que moyennement surprise : elle avait subi le même traitement chez Madame Guipure.

— Je vois que vous avez déjà fait tous vos achats, continua Ollivander en prenant des notes dans son calepin. Je préfère quand je ne suis pas le premier arrêt de la journée. Vous apprendrez bientôt que la baguette d'un sorcier est son outil le plus utile. Votre achat le plus important de la journée devrait recevoir tout le temps et l'attention qu'il mérite.

Soudainement, il sortit sa propre baguette de sa poche et fit un geste brusque. Le ruban à mesurer, qui s'étendait à ce moment-là entre les doigts écartés d'Hermione, retomba au sol, inerte. Ollivander retourna entre les étagères, passant une main légère devant les montagnes de boîtes fines et marmonnant dans sa barbe, et finalement revint à l'avant avec trois d'entre elles. Il commença par ouvrir une simple boîte de carton brun, révélant une baguette ouvragée au bois presque blanc.

— Vingt-neuf centimètres et demi. Bouleau. Cheveu de vélane.

Hermione regarda la baguette présentée sans bouger d'un poil. Fallait-il qu'elle la prenne ? Toute sa vie, ses parents lui avaient appris à ne rien toucher dans les magasins. La fois où, à six ans, elle avait fait tomber un vase et ses parents l'avaient privée de dessert pendant un mois lui avait bien fait comprendre la leçon : si ce n'est pas à toi, il ne faut pas y toucher !

— Allez, elle ne va pas te manger ! dit le vendeur en lui agitant la boîte sous le nez.

Après avoir envoyé un regard inquiet à ses parents, Hermione prit la baguette offerte entre ses doigts, espérant que tout se passerait bien. Elle l'avait à peine retirée de la boîte quand trois ampoules accrochées au plafond éclatèrent, plongeant la boutique dans la pénombre. Hermione poussa un petit cri et remit la baguette dans sa boîte avec empressement.

— Hum, il semblerait que ce ne soit pas la bonne.

Ollivander referma la boîte et la posa sur le comptoir, avant d'agiter sa baguette pour réparer les ampoules et rallumer les lumières. Alors seulement il remarqua les yeux de la fillette emplis de larmes et sa lèvre tremblante.

— Allons bon ! Ce n'est pas grave du tout tout ça ! Pas plus tard que ce matin, j'en ai un qui m'a fait disparaître tous les cheveux de la tête ! Alors ça, c'était embêtant !

Hermione renifla et s'essuya le nez sur sa manche pendant que l'homme se tournait pour prendre la deuxième boîte de celles qu'il avait emmenées.

— Vingt-trois centimètres et trois millimètres, dit-elle en lui tendant. Vigne. Ventricule de dragon.

Avec une grande inspiration et une grimace de crainte, Hermione s'en empara. Mais rien n'explosa cette fois-ci. Pas à l'extérieur, du moins ; dans son ventre, elle sentit comme un feu d'artifice qui éclatait et lui chatouillait tout le corps de l'intérieur. Quand elle releva les yeux, elle ne fut pas surprise de voir des étincelles multicolores jaillir de la baguette. Elles faisaient écho à celles qu'elle sentait à l'intérieur d'elle-même.

— Eh bien, nous avons eu de la chance, je n'aurai même pas à te faire essayer la troisième ! dit Ollivander. La vigne est un bois souple, à la mémoire longue. Le ventricule de dragon donne à toutes ses baguettes de la puissance et de la force. Cette baguette saura t'être très utile, si tu apprends à bien t'en servir.

Hermione le regardaavec un grand sourire, toute sa frayeur des derniers moments oubliée.Apprendre, c'était bien une des choses dans lesquelles elle excellait. Cettebaguette l'aiderait à atteindre son plein potentiel, elle en était certaine.    

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