Hermione avait profité d'un moment où Lavande et Parvati étaient sorties pour inviter Ginny dans son dortoir. Il lui était arrivé quelque chose de si stupéfiant cet après-midi-là, il fallait absolument qu'elle en parle à quelqu'un, mais ses camarades de dortoir étaient beaucoup trop intéressées aux potins pour elle, et les garçons... ce ne serait pas une bonne idée.

— Tu es tellement chanceuse, soupira Ginny en se laissant tomber sur le dos sur son lit. Je voudrais tellement être en quatrième année pour pouvoir aller au bal moi aussi !

Elle se redressa sur un coude.

— Tu sais avec qui tu vas y aller ? Ron ou... Harry ?

— Non, aucun des deux ne m'a invitée.

— Quels idiots.

Ginny se laissa retomber sur le dos, mais un petit sourire lui flottait sur les lèvres. À l'idée que Harry était toujours libre, sans doute, se dit Hermione.

— Mais quelqu'un d'autre m'a invitée.

La jeune Weasley se redressa d'un coup, ses cheveux roux voletant autour de sa tête et ses yeux pétillants de curiosité.

— C'est vrai ? Qui, qui, raconte !

Hermione se mordit la lèvre avec un sourire en coin.

— Viktor Krum, répondit-elle.

Son amie la fixa, la bouche entre-ouverte.

— Il m'a demandé tout à l'heure, à la bibliothèque, expliqua Hermione. Il a dit qu'il m'observe depuis le début de l'année. Je ne comprends pas pourquoi, il y a tellement de filles plus intéressantes et plus jolies que moi à Poudlard, surtout cette année...

— N'importe quoi !

Ginny semblait avoir retrouvé l'usage de la parole.

— Tu es super jolie et fascinante, Hermione, tout le monde à part Krum est simplement trop stupide pour s'en rendre compte !

Hermione sourit et serra la main de son amie. Celle-ci se tourna vers elle et la regarda avec des yeux perçants.

— Tu es heureuse, au moins ? Tu n'as pas l'air très excitée.

Hermione réfléchit. Il était vrai qu'elle était moins ravie qu'elle avait cru qu'elle le serait le jour où, enfin, un garçon démontrerait de l'intérêt envers elle. Était-ce parce qu'elle n'avait aucun intérêt pour le Quidditch, et donc qu'elle ne voyait pas ce que son futur cavalier et elle pourraient bien avoir en commun ? Était-ce parce qu'une partie d'elle avait du mal à y croire et s'attendait à se faire désinviter ?

Ou bien était-ce parce qu'au fond d'elle-même, elle avait espéré une invitation de quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui ne semblait même pas réaliser qu'elle faisait partie de la gent féminine de Poudlard.

Mais elle ne pouvait en parler à personne, surtout pas à Ginny. Personne ne comprendrait ses sentiments. Elle n'était même pas certaine de les comprendre elle-même !

Alors elle ne fit que sourire.

— Bien sûr que je suis excitée ! Je suis juste un peu nerveuse, je suppose. Tu ne le serais pas à ma place ?

Encore une fois, Ginny se laissa tomber sur le dos.

— Pff, je ne serai jamais à ta place ! Personne ne voudra m'inviter à ce bal, même pas en rêve !

— Ils ne saurontjamais ce qu'ils ratent alors.