Monstres
Quand Pétunia se leva, ce matin-là, la maison était silencieuse. Vernon dormait encore, et un coup d'œil dans la chambre de Dudley montra que son fils aussi était toujours plongé dans le sommeil. Elle descendit dans la cuisine, se servit une tasse de café – encore chaud, preuve que quelqu'un avait été dans la maison il y avait peu de temps – et s'appuya contre le comptoir pour la boire en regardant par la fenêtre.
Dehors, le soleil se levait juste, commençant à éclairer la forêt enneigée qui les entourait. Des traces de pas fraîches étaient visibles dans l'étendue de neige qui recouvrait le jardin, mais il n'y avait encore personne dans son champ de vision.
Cela faisait maintenant un peu plus de cinq mois qu'ils étaient isolés dans cette maison, où des sorciers étaient toujours présents pour les protéger, disaient-ils. Si leur présence constante avait été étrange et irritante les premiers mois, Pétunia, et même Dudley, avaient fini par s'y faire. Dudley était ravi de ne pas devoir aller à l'école, et même si son ami Piers lui manquait, les sorciers pouvaient obtenir pour lui tout ce qu'il demandait – des ordinateurs, des télévisions, des consoles de jeux vidéo. Il avait arrêté de se plaindre rapidement.
Seul Vernon refusait d'accepter leur nouvelle situation. Tous les jours, il demandait quand ils pourraient rentrer chez eux, quand il pourrait retourner au travail, quand ils pourraient retrouver une vie normale. Et chaque jour, il devenait un peu plus rouge et impatient quand on lui répondait qu'ils devaient attendre la fin de la guerre chez les sorciers. Si le nom de Harry était mentionné lors de ces discussions, il risquait d'exploser et de se mettre à hurler. Les sorciers qui passaient avaient vite appris à ne pas parler de Harry en la présence de Vernon.
Pétunia se tourna quand quelque chose, aperçu du coin de l'œil, attira son regard.
Un journal était posé sur la table de la cuisine. Un journal sorcier, visiblement ; l'image de la première page bougeait. Un de leurs gardiens avait dû l'oublier en sortant faire sa ronde.
Elle s'en approcha avec précautions, comme s'il risquait de la mordre, et s'assit à la table. Tenant sa tasse de café près d'elle d'une main, comme si elle pouvait la protéger, elle tira le journal vers elle de l'autre.
Pendant près de quarante-cinq minutes, elle lut le journal des sorciers, se laissa hypnotiser par les photos qui bougeaient comme des petits écrans de télévision. Elle lut des nouvelles sur les attaques qui faisaient des dizaines de morts, autant des sorciers que des Moldus ; sur les Détraqueurs – ces monstres qu'elle connaissait trop bien depuis quelques années –, qui se promenaient librement à Londres ; sur les Mangemorts qui avaient pris le contrôle du ministère de la Magie ; et sur son neveu et ses amis, qui n'avaient pas été vus depuis des mois.
Quand la porte de la cuisine s'ouvrit derrière elle, Pétunia sursauta violemment et se leva abruptement, repoussant le journal loin d'elle avant de se tourner. Une jeune femme se tenait dans l'embrasure de la porte, de la neige sur ses épaules et un sourire sur les lèvres. Voyant Pétunia, elle rangea rapidement sa baguette dans sa poche, puis fit un geste de la tête vers le journal.
— Je l'ai oublié là ce matin, dit-elle. Désolée.
Pétunia haussa les épaules.
— Vous avez trouvé ça intéressant ? Vous voudriez que je vous en ramène d'autres ?
Écarquillant les yeux, Pétunia secoua la tête avec véhémence.
— N-non, bégaya-t-elle. Merci.
Attrapant sa tasse de café toujours à moitié pleine, mais froide maintenant, Pétunia fuit la cuisine. En remontant vers la chambre qu'elle partageait avec Vernon, elle se demandait comment elle avait pu croire un jour que sa sœur était un monstre. Dans ce journal, elle avait vu ce à quoi ressemblaient des vrais monstres. Ce qu'ils faisaient de leurs pouvoirs.
Elle comprenait la différence, maintenant.
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