Laisse-moi me noyer

Vernon était parti la veille avec Dudley pour passer quelques jours chez sa sœur. Pétunia avait été invitée aussi, mais Harry, bien sûr, ne l'avait pas été. Ils n'avaient trouvé personne chez qui laisser le garçon, et malgré l'envie de Vernon de simplement le mettre à la porte et récupérer ce qui resterait à leur retour, Pétunia avait fini par se dévouer à rester à la maison. Elle avait agi comme si c'était une énorme imposition, mais intérieurement, elle jubilait. Devoir passer quatre jours en tête-à-tête avec son neveu était un bien faible prix à payer pour éviter les chiens affreux de sa belle-sœur.

Au beau milieu de la nuit, elle se réveilla en sursaut, incertaine de ce qui l'avait tirée de son sommeil. Mais après quelques instants, elle l'entendit à nouveau : des gémissements venant de la chambre de l'autre côté du palier.

Depuis la fin de son année scolaire trois semaines auparavant, Harry avait le sommeil troublé. Il gémissait, marmonnait, criait même parfois, et avait des cernes jusqu'au menton qui témoignaient de ses insomnies. Pétunia ne savait pas pourquoi, bien sûr. Quand ils l'entendaient pendant la nuit, Vernon et elle faisaient la sourde oreille. Le matin venu, personne ne posait de questions, et Harry lui-même ne leur disait pas un mot. C'était ainsi que fonctionnait la famille.

Cette nuit-là, Pétunia se tourna sur son oreiller et tenta de retrouver le sommeil, mais la combinaison de la chaleur et des bruits qui provenaient de la chambre de son neveu firent qu'une demi-heure plus tard, elle fixait toujours son réveille-matin, encore plus réveillée.

Elle posa les pieds par terre, appréciant un moment la fraîcheur du bois sur la plante de ses pieds. Elle se leva ensuite et traversa le palier sans faire de bruit, avant de pousser doucement la porte de la plus petite chambre de l'étage.

Dans le lit, Harry était couché sur le dos, un bras étendu jusqu'au sol, le drap entortillé autour de sa jambe. La lumière qui filtrait par la fenêtre éclairait son visage crispé, la bouche tordue et les sourcils froncés.

— Cédric..., marmonna-t-il. Non, pas Cédric...

La même chose que d'habitude. Pétunia ne savait pas qui était Cédric – et ne voulait pas vraiment le savoir. Elle commença à reculer doucement, tirant la porte derrière elle, mais juste avant de la fermer complètement, elle entendit une petite voix dire :

— Tante Pétunia ?

Elle resta figée un instant, puis se retourna et rouvrit un peu la porte. Harry s'était redressé dans son lit et fixait sa tante avec des grands yeux troublés. Les yeux verts de Lily, pour une fois sans les lunettes qui lui rappelaient James.

— Tu m'as réveillée, dit-elle d'un ton neutre.

— Excuse-moi, répondit-il.

Pétunia haussa une épaule, et les deux se fixèrent un long moment, incertains l'un comme l'autre de la marche à suivre dans cette situation.

Finalement, Pétunia prit son courage à deux mains et demanda :

— Tu veux en parler ?

Les yeux de Harry s'écarquillèrent encore plus. Avait-il bien entendu sa tante être gentille ? Pétunia ouvrit la porte complètement et s'appuya contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. Harry baissa les yeux et se mit à parler à voix basse.

— Cette année, à l'école, il y a eu... un événement, dit-il. Comme un tournoi. Je ne devais pas participer, mais... j'y étais. Et puis à la fin... Avec Cédric...

Il passa une main dans ses cheveux ébouriffés, et leva le regard vers sa tante, qui n'avait pas dit un mot. Puis, comme s'il venait de réaliser à qui il parlait, son visage se referma.

— Oublie, ce n'est rien.

Pétunia vit dans ses yeux verts qu'il lui demandait de le laisser tranquille, de ne plus jamais lui parler de ce qui venait de se passer. De le laisser seul pour se noyer dans ses souvenirs, dans ses cauchemars.

— Bonne nuit, tante Pétunia, dit Harry en se recouchant.

Elle le regarda un moment sans bouger, puis sortit de la chambre, refermant la porte sans un son.

— Dors bien, murmura-t-elle à la porte fermée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top