Juste un ami

— À l'été prochain !

Pétunia, en chemise de nuit et des bigoudis dans les cheveux, regardait son neveu s'envoler vers les étoiles en voiture volante. En voiture volante !

Elle devait être en train de rêver, c'était la seule explication logique.

— Non, mais ce... ce... ce petit... ingrat !

À sa droite, Vernon, rouge du col de son pyjama à la racine des cheveux, étouffait de rage.

Je ne te laisserai pas remettre les pieds ici, tu m'entends ? hurla-t-il dans la nuit noire en secouant un poing vers la voiture qui disparaissait au loin.

Mais ils ne pouvaient pas mettre Harry dehors, pas encore. Vernon le savait très bien, pourtant, Pétunia le lui avait expliqué plusieurs fois pendant l'enfance du garçon. Elle le lui rappellerait quand il se serait calmé.

Donc peut-être la semaine prochaine.

— Tu as vu ça, Pétunia ? demanda Vernon. Ces personnages dans la voiture avec lui, ils étaient... c'était...

— Des amis à lui de son école étrange, j'imagine.

Tout d'un coup, Pétunia avait l'impression d'être retombée en enfance. Elle avait douze ans, et Lily l'ignorait toute la journée pour aller jouer avec Severus, ce voisin étrange. Elle avait quinze ans, et Lily leur parlait tout l'été de Marlène et Dorcas, ses meilleures amies à Poudlard. Elle avait dix-huit ans, et Lily leur racontait sa nouvelle amitié avec James et les Maraudeurs, des étoiles dans les yeux.

Elle avait toujours été jalouse parce que Lily était sorcière et pas elle, certes. Qu'elle avait une vraie baguette qui fonctionnait, qu'elle pouvait voler sur un balai, qu'elle vivait tous les jours des aventures auxquelles les Moldus comme Pétunia ne pouvaient que rêver.

Mais encore plus que cela, elle lui en voulait d'avoir tant de facilité à se faire des amis. Pendant leur enfance, les deux sœurs avaient été meilleures amies, malgré leur différence d'âge. Après leur séparation, Lily n'avait eu aucun de mal à se créer une niche dans son nouveau monde ; mais Pétunia, de son côté, n'avait pas eu autant de facilité. Elle était trop sérieuse, trop raide, trop pincée. Personne ne voulait d'elle.

Mesquinement, elle avait été ravie cet été quand elle avait constaté que personne n'écrivait à son neveu. Peut-être que lui n'avait pas hérité de cette facilité à se faire des amis qu'avait sa mère, qu'il ressemblerait à Pétunia : solitaire, isolé, rejeté.

Mais cette nuit lui avait démontré le contraire, et Pétunia était plus amère que jamais.

Vernon secouait la tête avec véhémence.

— On ne pourra pas le reprendre sous notre toit, pas quand il s'associe avec des... gens comme ça. Des gens qui ont une voiture volante. Volante !

— C'est comme un jeu vidéo.

Surpris, Vernon et Pétunia baissèrent les yeux vers leur fils. Ils ne s'étaient même pas rendu compte qu'il les avait rejoints à la fenêtre et avait été témoin de la grande fuite de son cousin. Il fixait maintenant l'horizon – où la voiture volante avait disparu depuis plusieurs moments maintenant – d'un air mi-admiratif, mi-apeuré. Vernon et Pétunia échangèrent un regard alarmé. La dernière chose qu'il leur fallait, en ce moment, c'est que Dudley se mette à admirer les bizarreries de son cousin et les monstruosités qu'il attirait. Il fallait tuer cela dans l'œuf.

Pétunia posa les mains sur les épaules de Dudley et tenta de lui faire faire demi-tour. Le garçon résista un moment, mais finit par se laisser faire, l'appel de son lit étant encore trop puissant à cette heure matinale.

— Vous croyez que je pourrai essayer sa voiture un jour ? demanda Dudley en bâillant.

— Ça va pas la tête ? répondit Vernon du tac au tac.

— C'est bien trop dangereux, Diddykins. Les gens comme Harry n'ont aucune considération pour eux-mêmes et les autres, c'est pour ça qu'ils se permettent de prendre des risques comme ça. Mais nous, on est plus intelligents que ça, n'est-ce pas ?

Dudley hocha la tête, à moitié endormi, et laissa sa mère le recoucher. Après avoir éteint la lumière, elle traversa le corridor et se glissa enfin dans son lit, où Vernon s'était déjà rendormi.

Espérons que le reste de sa vie sera moins éprouvant pour nous, pensa-t-elle avant de sombrer dans le sommeil.

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