Chapitre 61

Je tapote mes doigts sur mon bureau, faisant claquer mes ongles sur le bois. J'attends désespérément une réponse, un signe de la part de Léa. Mais rien, c'est le silence absolu autour tout autour de moi que sur cette discussion privée. Pourtant, je reçois un grand nombre de notifications et j'ai même posté un second chapitre aujourd'hui pour m'excuser auprès de mes lecteurs. Je réponds aux commentaires et aux questions mais je me sens mal du fait qu'il n'y a que Léa qui compte pour moi sur cette plateforme sur le coup. Il n'y a qu'elle que je vois, les autres sont enfuies dans un coin de mon esprit.

Je fredonne un air, sans même savoir vraiment lequel. J'écoute de la musique et alors que j'avais de l'inspiration, je n'ai plus écris depuis que j'ai lu le message de « Tragédie-sanglotée » parce que toute l'inspiration que j'avais s'est dissipée. Elle est partie en fumée. Elle est partit en couilles. Elle est partie en vrille. Elle s'est volatilisée. Et je déteste cela parce que cela ne présage rien de bon. C'est le début d'une longue descente en enfer, je le sens au plus profond de moi-même. Je le sens jusque dans la pointe de mes pieds en partant de la pointe de mes cheveux et c'est juste horrible parce que j'ai l'impression de tout dramatiser, d'exagérer le problème.

Je me mords l'intérieur de la joue gauche alors que je remarque que j'ai un message, tandis que je répondais à une lectrice sur le dernier chapitre posté. Mon cœur bat trop rapidement dans ma poitrine pour ce que ce soit normal, que pour que je le supporte très loin, que pour ne pas commencer à m'inquiéter pour moi-même. Je clique, fébrilement, la main tremblante sur l'icône « message » qui va me rediriger vers les discussions privées. Je ferme les yeux alors que la page web change. Je n'ose pas les rouvrir immédiatement. Je prends une grande inspiration et me lance à l'eau.

Je suis déçue. Déçue parce que ce n'est pas Léa qui me répond –le message était totalement plein de détresse et de désespoir, même moi j'en ai conscience- mais une lectrice qui me demande comment je vais. Je lui réponds par un « oui et toi ? » accompagné d'un simley souriant. Je n'ai pas envie de faire des efforts aujourd'hui pour me montrer un tant soit peu sociable. Il n'y a qu'avec Léa que j'ai envie de parler. Mais j'aurais dû le parier. J'aurais dû m'en douter. J'aurais dû le prévoir. Comme si Léa en avait eu vraiment quelque chose à foutre de moi. Comme si elle allait vraiment restée. Comme si j'avais vraiment été quelqu'un pour elle. Comme si j'avais eu une quelconque importance.

Je viens juste de réaliser qu'elle n'a aucun mal à se détacher de moi, à se dépêtrer de moi. Elle ne m'aimait pas, je n'étais qu'une putain de petit divertissement passager qui a cru, naïve que je suis, que je pouvais avoir de l'importance pour quelqu'un et surtout pour elle. Léa n'est pas n'importe qui. Du moins, elle l'avait été au début mais maintenant, elle est devenue quelqu'un d'important, que j'aime, que j'admire et sur qui je pouvais compter. Je croyais que je pouvais lui faire confiance, je lui ai carrément révélé mon prénom ! Je ne l'avais fais sur ce site parce que je n'aimais pas trop dévoiler des choses sur moi. Je viens de me prendre la claque de ma vie par celle que je croyais être mon amie ; ma première amie –féminine en plus- depuis longtemps.

Mais la claque est encore plus grande, plus douloureuse parce que je me rends compte que je me suis vraiment attachée à elle en quelques jours, en quelques mots échangés dans une conversation privée, en une promesse que j'aimais plus que tout. Mais la claque est encore plus douloureuse, lorsque je me rends compte que je ne suis pas dépendante d'elle parce qu'elle me rend heureuse mais parce que je l'aime. Je ne l'aime pas comme une simple amie, ou une bonne connaissance. Non, rien de tout cela. Je l'aime comme si ma vie en dépendait. Je l'aime d'amour.

« Je suis amoureuse de Léa. »

« L'absence de quelqu'un dans notre vie, que l'on croyait faisant appartenir au paysage, peut changer beaucoup de choses et nous déstabiliser mais surtout, on peut se rencontrer que ce n'était pas qu'un simple visage dans le décor mais tellement plus à nos yeux. »



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