Chapitre 55


Je suis de retour à la maison. Je suis de retour dans ma petite chambre bien plus jolie que dans mes souvenirs. Je me sentais bien auparavant, dans cette pièce mais maintenant, je m'y sens aussi en sécurité. Je me sens bien, tout simplement, que se soit ici ou autre part. Je me sens beaucoup mieux du moins. Je n'ai plus revu une seule Timothy depuis sa visite où j'étais encore enfuie dans un coma. S'il est venue, c'était quand je dormais et même, je l'aurais entendu avec mon sommeil très léger. Je passe ma main dans mes cheveux soyeux. Ils sont devenus délicats et doux alors qu'ils étaient abîmés et rêches dans un passé pas si lointain.

Mon état de santé et mon état psychologique doit sûrement se voir sur mon état physique. J'ai les yeux qui brillent au lieu d'être ternes et sans vie. Un sourire frôle mes lèvres alors que j'avais plus l'habitude de tirer la gueule en étant enfuie dans mes pensées. J'avais des cernes gigantesques, le teint blafard et une mine pitoyable mais je n'ai plus rien de tout cela, au contraire, ma peur a reprit des couleurs, mes cernes ne sont plus aussi horribles qu'avant et j'ai une bien meilleure mine. Je me sens bien. Je me sens radieuse même. Je pourrais conquérir le cœur d'un adolescent si je le voulais.

Je n'ai jamais été en couple. Je ne suis jamais tombée amoureuse si bien que je ne sais même ce que c'est. Tout le monde raconte que ce sont les jambes qui flageolent, le cœur qui bat la chamade dans la poitrine, la respiration qui devient irrégulière, les rougissements, les papillons dans le ventre et les frissons qui partent de l'échine et qui partent dans tout le reste du corps. Je n'ai jamais ressentis rien de tout cela et franchement, est-ce une mise en scène ou une la réalité ? Est-ce que quelqu'un a vraiment sentit tout cela et peut affirmer être amoureux rien qu'avec cela ? Je n'en ai aucune idée et pourtant, dans la vie d'Anna, je parle d'amour comme si cela faisait partie intégrante de ma vie, comme si je m'y connaissais en amour alors que ce n'est point le cas.

Je me mords la lèvre inférieure alors que j'essaye de savoir si une fois j'ai pu ressentir l'un des paramètres qui « signifient » que tu es amoureux de quelqu'un. Je cherche au plus profond de mon esprit et mes yeux s'écarquillent. J'ai réussis, en cherchant un peu dans mes souvenirs –pas très lointains- si j'ai déjà ressentis quelque chose pour quelqu'un et je suis tombée sur deux personnes et pas les plus anodins, forcément. Timothy et Léa. Je suis tombée sur eux deux et franchement, je n'aurais pas pu tomber sur mieux. J'aurais pu avoir un béguin pour un inconnu, croisé dans la rue, plutôt que sur deux personnes que je côtois.

Timothy, j'ai déjà ressentis des frissons et mon cœur qui ne battait plus régulièrement et qui partait même en vrille. Je n'aurais jamais cru que je pourrais ressentir quelque chose pour lui mais en y réfléchissant un peu plus, je crois bien que je pourrais être amoureuse de lui, il m'a sauvé et il est le premier adolescent en dehors de ma famille à s'intéresser vraiment à moi et ce n'est pas pour me foutre à terre et me tabasser jusqu'à ce que la mort s'en suive, ou presque.

Léa est une autre paire de manche parce que je ne la connais pas vraiment. Mais elle a réussit à me faire sentir des frissons et le cœur qui battait la chamade dans ma poitrine. J'ai ressentis la même chose pour elle que pour Timothy. Elle m'a déjà mit dans tous mes états possibles et inimaginables pour rien comme pour un tout. Comment peut-on être sûr d'être amoureuse de quelqu'un ? Comment peut-être aimer quelqu'un si vite alors qu'on ne le connait même pas ? C'est techniquement impossible et pourtant, je crois que ça m'est tombé dessus sans que je ne m'en rendre compte.

Mais qui suis-je en réalité ? Je suis hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle ? Je n'en ai pas la moindre idée parce que même si je tente de le cacher du mieux que je le peux, je ne sais même pas qui je suis. Je ne sais rien du moi, comme si c'était les autres qui pourraient m'aider à me découvrir moi-même. Sauf que les autres, jusqu'à présent, ils n'existaient pas dans ma vie. Ils étaient absents, inexistants, irréels, imaginatifs et fictionnels. Je suis aussi perdue qu'Anna, qui m'a beaucoup manqué, tout comme me manque encore mon père, Timothy, Léa et encore Anna. Ils me manquent éperdument alors que Jeremy est dans la cuisine en train de faire je ne sais quoi pour moi alors que Lionel et ma mère sont partit passer le week-end quelque part, loin de nous, sachant mon retour.

Je me sens un peu seule mais ce n'est pas une de ces solitudes qui fait mal, qui empoigne les organes vitaux et les retourne en les compressant. Ce l'est une de ses solitudes qui fait du bien, douce et délicate comme une fleur, comme une peau de bébé. C'est une bonne solitude, qui apaise l'esprit et ne fait pas mal. Je l'aime cette solitude et je me sens bien avec elle, comme si elle était une compagnie humaine que j'aimais bien, comme si elle était réelle et humaine, que je pouvais la serrer dans mes bras et lui dire à quel point je l'apprécier et même que je l'aime. Sauf que c'est une solitude douce, qui fait du bien mais qui n'est qu'un simple mot et un vide.

« Les mots ont plusieurs sens, ils ne signifient pas tous la même chose ni quelque chose de totalement différent. Les mots ne sont pas cruels ou crus, c'est l'humain qui les rend ainsi. »


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