Chapitre 35
Je passe ma langue sur mes lèvres sèches alors que ma tête cogne mon mur pour la quantième fois. Je la fais rebondir sur le mur. Si je n'aime pas ma vie, que je ne me sens pas bien dedans, pourquoi devrais-je restée ? Depuis tout à l'heure, je me tape l'arrière du crâne contre mon mur, les larmes dévalant toujours mes yeux. Je sens un liquide coulé le long de mon crâne et de ma nuque depuis quelques minutes déjà, mais je m'en fous. Plusieurs mèches sont tâchées de ce liquide rougeâtre ; mon sang. Je saigne et je m'en fous royalement parce que c'est ce que je désire.
J'aimerais mourir, là à l'instant. J'aimerais mourir, le rejoindre pour le retrouver enfin. Si c'était moi qui étais morte, il se serait sûrement suicidé au bout d'un certain temps. Mais, moi, je n'en ai pas le droit. Je ne peux pas. Je lui ais promis de ne pas me suicider à cause de sa mort et de toujours garder la tête haute. Sur le coup, cela me semblait encore possible à faire mais maintenant que cette promesse doit être respectée, cela me paraît tellement impossible.
Mon cœur saigne alors que les larmes dégoulinent sur mes joues. Tout mon corps tremble alors que ma tête se cogne encore, à un rythme régulier contre mon mur. À l'époque à laquelle je vis, plus personne ne devrait avoir envie de mourir. Personne ne devrait se suicider. Mais cette société, comme toutes les précédentes auparavant, à ces défauts. Des défauts qui me tuent, me blessent mais me font surtout de la peine parce que je les subis sans le vouloir.
Mon cœur se fragilise avec les secondes alors que le sang continue de couler à l'arrière de ma tête, s'écoulant de mon crâne pour salir mes cheveux. Enfin, le rouge se mélange aux roux. Ça doit être sûrement beau à regarder si l'on oublie que le rouge est du sang et le roux mes cheveux. Mes lèvres tremblantes alors qu'une lumière apparaît devant mes yeux. Elle forte et douce, tendant les bras vers moi alors que la température de la pièce augmente et descend sans interruption à très grande vitesse.
Je ne saurais dire ce qu'il se passe hormis des cris alors que ma tête tombe lourdement sur le sol. J'ai l'impression d'avoir entendu un gros craquement, comme une fracture dans la sourdine de ma boîte crânienne. Mes yeux restent grands ouverts alors que la lumière m'enveloppe entièrement. Je lui avais promis de ne pas le rejoindre et je crois sans vraiment en être sûre, d'avoir feint à cette promesse déchue. De toute façon, Il devait se douter que je ne saurais point la respecter.
Du sang coule sur le côté de mon visage, se mélangeant avec les larmes, sur mes joues. La lumière est de plus en plus forte alors qu'un film de toute ma vie défile sous mes yeux. Je retiens ma respiration, se coupant presque par elle-même. Je ne sais pas ce qui m'attend alors que je crois que je tends la main vers cette douce lumière d'un mélange de jaune et de blanc éclatant.
Serais-ce enfin la fin de tout ? Ou juste une illusion ? Une tentative ratée ?
« Parfois, il vaut mieux se décourager un peu pour mieux repartir par la suite. Combien de fois n'avons- nous pas commises d'erreurs avant de réussir ? »
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