Chapitre 31

Je le regarde sans vraiment comprendre. Pourquoi dit-il une chose pareille ? Puis les souvenirs qui s'étaient enfuis en quelques secondes dans ma tête à l'entende de sa voix me reviennent et je me rends compte que ce jeune homme est comme moi ; une victime. Le mot peut paraître grand mais il est véritable. Nous sommes des victimes. Nous les sommes les victimes d'abus et d'une très grande injustice dont nous n'arrivons ni l'un ni l'autre à nous en dépêtrer. Je tente de lui sourire mais mon cœur bat tellement fortement dans ma poitrine que j'en ai les mains qui tremblent. Je n'ai pas peur de lui mais d'Arthur, Kilian et Julio qui pourraient débarquer d'une minute à l'autre s'ils me cherchent encore ; ce que je crois qu'ils ont abandonnés en riant à gorge déployée.

-Je m'appelle Timothy, et toi ? Me demande-t-il avec un sourire crispé sur les lèvres.

Je suppose que lui aussi à peur de voir débarquer ces trois adolescents qui ressemblent plus à des monstres ou à des démons à mes yeux qu'autre chose. Je pince mes lèvres entre elles, vraiment gênée par cette situation. Je ne sais clairement pas comment je devrais me comporter devant lui. Il a l'air sympathique mais je ne saurais rien dire de plus sur sa personne. Je joue avec mes doigts que je fuis son regard interrogateur. Il desserre, en passant sa main dedans, son col qui doit sûrement l'étouffer vu comment il se démène avec. Je joue avec la bague que j'ai à mon index, essayant de trouver un moyen de cacher et de passer outre ce malaise entre nous.

-Moi, c'est Sophia, répondis-je en replaçant une mèche rousse derrière mon oreille.

Il me sourit tendrement comme aucun garçon de mon âge ne l'avait jamais fait avant. Quand je pense que la dernière fois, on aurait dit qu'il voulait me manger et que là, il est vraiment beaucoup plus doux. Julio, Kilian et Arthur ne se sont sûrement pas encore défouler sur lui aujourd'hui et il doit avoir peur de passer un mauvais quart d'heure. À sa place, je le serais en moins de temps qu'il ne faut pour dire « oui » ou « non ». Je joue encore avec ma bague alors qu'il sa rapproche de moi, d'une démarche peu assurée et très coincée. Il doit terriblement manqué –comme moi- de confiance en lui. Mais avec des personnes comme nos trois persécuteurs pour nous rabaisser tout le temps, forcément, la confiance en soi n'existe que très peu.

-Je suis vraiment désolé pour tout ce qu'ils nous font subir, déclare-t-il avec les lèvres pincées.

Je relève le regard en fronçant les sourcils vers lui. Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir. Enfin, si je comprends cela mais je ne vois pas pourquoi il en revient à s'excuser de quelque chose dont il n'est aucunement coupable. Il est tombé et ils l'ont enfoncés si bas que cela que pour qu'il croit être responsable de ce que nous arrive à tous les deux ? Je ne pensais pas, jusqu'à présent, que c'était possible de tomber à ce point-là. Je prends une grande inspiration et en le regardant droit dans les yeux, je prononce ses mots :

-Tu crois vraiment que c'est de notre faute, lâchais-je un peu trop brutalement et sèchement.

-Pourquoi cela ne serait pas de notre faute ? Rétorque-t-il sur ses gardes.

-Ce n'est pas de notre faute et tu le sais au fond de toi. Si c'était vraiment de ta faute, tu crois qu'ils perdraient leurs temps avec nous ? Non, ils trouvent cela marrant et ce fait-là n'est pas de notre ressort parce que ça aurait pu tomber sur n'importe qui, s'enquis-je plus doucement pour ne pas finir à ce qu'il croit que je l'agresse moi aussi.

Il opine de la tête, voyant là où je voulais en venir. Ce n'est pas de notre faute. On n'a clairement pas choisit de se faire persécuter. Depuis quand c'est la faute des personnes victimaires s'ils se font persécutés ? Le monde tournerait alors à l'envers. Je respire plus doucement, la boule que j'avais dans la gorge se retirant petit à petit. Je crois que ma journée ne sera pas si terrible dans son ensemble. Peut-être que ce Timothy arrivera à me rendre un peu plus joyeuse malgré la raclée que je viens de me prendre et dont j'en suis ressortie indemne de peu ?

« Dans les temps sombres, on a toujours tendance à ne voir que le négatif alors que pourtant, le positif est quand même présent même en minorité. »



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