15. "Ne t'inquiète pas"
Le sol était blanc, les murs étaient blancs, le plafond était blanc, tout comme les tables, les chaises, les fenêtres, les lampes et mêmes les personnes que je voyais s'afférer devant moi. Tout était si lumineux que j'avais de la peine à ouvrir les yeux, c'était si aveuglant. Déjà que je ne comprenais pas encore vraiment où j'étais, et que en plus je ne voyais pas où j'avançais, j'étais totalement déboussolée.
Heureusement que mes parents se tenaient à mes côtés, prêts à me rattraper si je m'évanouissais, ce qui n'allait sûrement pas tarder à arriver si je ne m'asseyais pas rapidement. Je crus qu'ils m'avaient entendu, car quelques secondes plus tard, nous nous retrouvâmes tous les trois accueillis par un homme, je vous le donne en mille, habillé en blanc. Il nous pria de nous assoir, puis prit place à son tour, de l'autre côté du bureau, dans un fauteuil qui me sembla bien plus confortable que nos trois chaises en bois.
Je tentai de chercher le moindre indice qui pourrais m'indiquer où je me trouvais. Mais les murs blancs, recouverts de quelques tableaux ne m'aidaient pas vraiment. Ma mère me l'avait déjà répété plusieurs fois il y a à peine une heure, mais j'avais dû perdre la mémoire lors de mon vol plané dans la classe d'art. Oui! Je me souviens maintenant! Je m'étais violemment tapé la tête contre le sol, ce qui m'avais assommée sur le coup. Je me souviens seulement du prof de math qui s'était précipité vers Alexandra pour la sauver...oui je m'en rappelle maintenant; il avait tout fait foirer cet imbécile. Puis, plus rien. Le vide total. Le trou noir. Tout ce que je voyais depuis, semblait instantanément s'effacer de ma mémoire.
Mais je réfléchis intensément, commençant par le commencement; je m'appelle Chloé, j'ai 15 ans, je suis fille unique, j'ai deux parents, je ne suis pas aimée...mais oui bien-sûr! Commettre des meurtres est devenu ma passion depuis à peine un jour, et mon père enquête sur mon meurtre de la veille. Finalement, j'aurais préféré perdre la mémoire définitivement.
Mais ces précieuses informations ne me disaient toujours pas où est-ce que je me trouvais. J'observai alors cet imposant homme qui se tenait devant moi. Il avait des lunettes, des cheveux grisonnants, une petite bouche, rien de très spécial. Alors je regardai son habillement; une longue chemise blanche, boutonnée jusqu'au col, avec quelques stylos dans la poche. En le scrutant plus intensément, je vis une petite carte, accrochée à sa chemise; Dr. Rall, psychologue.
Je n'en revins pas! Mes profs avaient appelé mes parents pour m'emmener chez un psy?! Avant que je n'aie pu exploser, j'entendis le docteur me parler.
-Bonjour, je suis...
-Oui je sais qui vous êtes, répondis-je sèchement.
-Bien, alors comment t'appelles-tu? me demanda-t-il gentiment, avec un sourire hypocrite.
-Chloé. Vous me voulez quoi? J'ai rien fait.
Il sembla extrêmement gêné tout à coup, et demanda poliment à mes parents de quitter la pièce pour aller en salle d'attente, de sorte qu'il puisse plus facilement communiquer avec moi.
-Hum, d'accord, très bien, commença-t-il. Je ne te veux rien de mal, rassures-toi. Tes parents sont venus à la suite de plaintes concernant ton comportement, tu confirmes?
Je hochai de la tête, méfiante.
-J'ai appris que tu...comment dire...tu avais essayé de tuer une de tes camarades, c'est bien ça?
-Oui, tout à fait, répondis-je, sans la moindre émotion.
Il sembla surpris de mon manque de culpabilité, et me dévisagea comme si je n'étais pas humaine.
-Donc, tu n'as pas réussi à la tuer. Elle est maintenant hors de danger, je veux dire que son pronostic vital n'est pas engagé, si cela peut te rassurer.
-Dommage.
Décidemment je le mettais de plus en plus mal à l'aise, et ce petit jeu commençait à m'amuser. Je voulais continuer à répondre sur ce ton pour le mettre dans un profond malaise, mais il ne m'en laissa pas l'occasion.
Il sembla réfléchir un instant puis se leva et alla chercher un tas d'objets qu'il posa en désordre sur la table. Il commença par prendre des feuilles recouvertes de tâches de peinture de toutes les formes, de toutes les tailles. Puis il me demanda, en me montrant la première feuille; "Que vois-tu?".
C'était bien l'activité clichée chez les psychologues. On répondait quelque chose et ils l'interprétaient à leur manière, plus ou moins bien, suivant comment. Et je le savais parfaitement, je n'allais donc pas mentir sur ce que je voyais.
-Là? Euh...je vois comme un cadavre couché sur le côté, avec le visage défiguré à cause de griffures sûrement, ou alors de coupures je sais pas trop. Il y a du sang qui dégouline de son cou troué et de sa tête, qui a teint sur tout le corps de la morte, une petite fille, je pense. On dirait qu'elle essayait de stopper l'hémorragie, mais la mort en a finalement décidé autrement. Mais elle n'a pas l'air si mal en point que ça!
Le psychologue me regardait avec ses yeux légèrement plissés et la bouche à moitié ouverte, comme si j'étais totalement folle. Oui, je sais c'est peut-être le cas, mais pas encore totalement.
Il prit une feuille, et y écrivit quelques rapides notes. Je pus voir que sa main tremblait. Je lui faisais donc si peur que ça? Peut-être bien que oui, et cela m'amusait tellement de le voir stresser comme un idiot que je pris un malin plaisir à continuer sur cette lancée. Et puis, de toute façon, je ne faisais que dire la vérité.
Il alla me chercher une feuille, puis me la tendit avec un crayon, et m'expliqua qu'il allait me dire des mots et que je devais dessiner ce qui me passait par la tête en les entendant. J'aime beaucoup dessiner donc je ne pouvais pas m'en plaindre.
Le premier mot fut "porte", je reproduisis donc mon prof de math qui avait passé sa tête pas la porte, en faisant une grimace de traumatisé, avec ses yeux qui lui sortaient des orbites. Je fus surprise du réalisme de mon dessin, mais tentai de contenir mes émotions.
Le deuxième mot fut "vêtement". Ce fut comme un réflexe que je me dessinai dans le vestiaire en train de tenter de m'habiller, seule, maigre, entourée de toutes les filles qui riaient aux éclats en me pointant du doigt. Je traçai mes cheveux noirs sur mon visage de sorte qu'on ne puisse pas savoir que cette fille, c'était moi.
Puis, il prononça le troisième mot; "joie". Je regardai la feuille blanche, mais ne pu rien y imaginer. Non pas que je n'avais pas de volonté, mais je ne savais tout simplement pas qu'est-ce que la joie pouvait représenter. Alors, je regarder le Dr. Rall, l'air désespérée. Il sembla me comprendre, car il s'approcha vers moi, posa sa main sur mon épaules et me dit;
"Ne t'inquiète pas, Chloé. Nous allons essayer de faire quelque chose pour toi."
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