L'Imposteur
Disclaimer: Cette nouvelle a été écrite dans le cadre du concours Pumpkins & Spells de TynahPaijy et charlymey.
L'atmosphère était tendue dans les bureaux de la firme. Les mains des employés étaient crispées derrière leur dos ou sur leurs claviers d'ordinateur alors que le chef déambulait entre eux.
Il était calme, à côté d'eux. Ses yeux bleus avaient une lueur malveillante, rehaussée par les lumières rouges de l'alerte incendie résonnant à travers tout le bâtiment, faussement lancée depuis le début de cette situation d'horreur.
Zachary tenta un regard vers l'ascenseur, qui avait commencé à bouger une minute et trois secondes plus tôt. A cet instant, aucun des employés n'avait remarqué le bruit, mais il estimait le temps avant que ça arrive à moins d'une minute. A ce moment-là, le chef saurait qu'une personne arrivait, et Zachary devait avouer qu'il appréhendait sa réaction.
Sentant un regard insistant dans son dos, il reporta son attention sur son écran, qui ne montrait rien d'autre que du néant informatique. Ses écrans n'affichaient que des données illogiques et incohérentes. Les employés étaient perdus dans leurs données, avec rien d'autre qu'un chef enragé, des cadres supérieurs terrifiés et des centaines d'employés innocents aux étages inférieurs.
Une étrange voix robotique résonna derrière lui et le fit sursauter intérieurement. Cependant, il n'en montra rien et concentra son attention sur son écran, essayant pour la énième fois de recalibrer ses logiciels et éviter le regard de son chef.
"Y a-t-il un problème, Zachary?
— Aucun, Chef. Je réfléchissais à la possibilité de l'arrivée d'un employé dans nos bureaux.
— Amusant que vous parliez de cela, Zachary..."
Les lueurs rouges passèrent de nouveau dans ses yeux et Zachary remarqua un reflet métallique dedans. Un reflet métallique qui n'était pas là d'habitude. Encore une étrangeté que Zachary ne put s'empêcher de noter.
Juste au moment où un dangereux rictus fissurait son visage, sa main s'effondra sur un petit bouton sur son bureau, son 0regard ancré dans celui de son cadre le plus qualifié.
"Vous pensiez vraiment que je ne remarquerais pas ce minuscule vrombissement feutré ? Je dirai seulement que ce petit monstre d'employé qui essayait de rejoindre ce sanctuaire est un autre stupide humain, comme vous et vos piteux collègues êtes."
Il y eut un son de blocage, les moteurs s'arrêtèrent. Il toucha un autre bouton, tapa un code sur le clavier numérique et un cri étouffé résonna alors que l'ascenseur chutait de plusieurs étages, si ce n'étaient tous.
Zachary entendit Zoé et Cheng réprimer de petits cris derrière leurs mains mais garda son regard imperturbable sur l'horrible homme face à lui.
"Vous venez de tuer un de vos employés.
— En effet.
— Vous ne feriez jamais cela dans votre état normal. Vous n'êtes pas notre chef."
Un sourire malfaisant brisa son visage, vite suivi d'un rire tonitruant qui ne sonnait rien d'autre que fou.
"Si observateur, Monsieur Zachary ! Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi intelligent. Vous ne pensez pas que vos jolis petits amis le savent depuis longtemps ? Je dois bien le dire, leurs cerveaux sont plutôt vides à côté du vôtre, mais ils ne sont pas si aveugles que cela."
Zachary sentit son sourcil se relever jusqu'à la racine de ses cheveux. Cet étranger lisait-il dans les pensées ? Jamais aucune preuve de l'existence de la télépathie n'avait été donnée...
Et soudainement, la réalisation le frappa et une vague impression d'horreur percuta le contrôle qu'il gardait sur ses émotions. Si cet individu était télépathe, et il n'en doutait pas vraiment, le cerveau de Wallis serait endommagé irrévocablement. Son esprit n'était pas fait pour cela.
Zachary se tendit plus encore si possible, les mains crispées dans son dos, contenant ses émotions et contrôlant ses réactions.
"Laissez notre chef tranquille. Vous le blessez.
— Oh que oui ! s'exclama la voix robotique venant de Wallis. Sa voix est si brisée à force de crier son agonie avec tant de ferveur... Si bon à entendre !"
Sur ce, il frappa de nouveau le bouton sur son siège et disparut par les portes de l'open-space dans un second rire fou et sans aucun regard vers eux.
Tous les employés fixèrent leurs regards sur Zachary et il sentit une fois de plus son contrôle lui échapper. La lueur d'espoir dans leurs yeux était si intense et cet étranger dans le corps de Wallis se baladant dans le les locaux et cet employé mort dans l'ascenseur... Il y avait trop à s'occuper dans l'immédiat et n'arrivait pas à trouver un plan pour sauver tout le monde.
Ses yeux croisèrent ceux de Zoé à sa droite et elle hocha simplement la tête en signe de compréhension. Sa décision était prise.
Il demanda à Sulu de gérer les opérations en son absence tout en quittant les bureaux, tirant un revolver d'un tiroir en passant à côté. Il le serra dans sa main droite et suivit le chemin laissé par l'imposteur avec des employés assommés. Au moins, ils n'étaient pas morts, d'après le léger soulèvement de leurs poitrines.
"Chris ! Qu'est-ce que tu fais là, gamin ?" entendit-il depuis le bout du couloir.
Zachary se mit à courir dans la direction de la voix, celle du Docteur Wihongi s'il la reconnaissait bien, et aucun doute que c'était le cas.
Alors qu'il prenait le tournant du couloir, une horrible vue le gratifia. Wihongi, épinglé au mur par le faux Wallis, essayait de se débattre contre son meilleur ami, qui avait un regard fou, exactement le même qu'il avait eu alors qu'il frappait le bouton de l'ascenseur et tuait l'un de ses employés.
"Relâchez le docteur, étranger, il ordonna avec son revolver pointé sur son chef. Relâchez-le ou je vous tue."
Un rire fou résonna dans les couloirs vides et l'imposteur se tourna vers lui. Sa prise sur Wihongi ne se desserra pas.
"Si vous me tuez, Zachary, vous savez que vous le tuerez aussi."
Son sourire s'agrandit et Zachary grimaça intérieurement à cette vue.
"N'est-ce pas ? Son corps ne supportera pas la pression, et vous n'aurez pas votre gentil petit docteur puisque je l'aurai tué d'ici là.
— Vous serez mort, c'est tout ce qui importe.
— Pourtant, vous ne m'avez pas encore tué. Mais si vous voulez savoir, il n'est plus tellement vivant."
Sa voix était grave, forte d'un accent venu d'une autre contrée, métallique, et sa résonance dans la coursive ne la rendait que plus impressionnante. Zachary n'en montra rien et sa prise sur son revolver ne trembla pas une seconde.
"Ses cris sont presque morts, comme lui. Et quand son esprit et son âme se seront effondrés, je resterai dans son corps. C'est plutôt confortable, je dois dire."
Sa prise sur Wihongi se relâcha pour moins d'une seconde et le docteur prit sur lui pour frapper son meilleur ami d'un poing violent dans le plexus solaire avant d'enchaîner dans l'aine avec son genou, faisant efficacement plier l'imposteur en deux avec un grognement de douleur.
Zachary profita de cet instant pour s'approcher de Wallis et l'assommer d'un violent coup de crosse sur la tête. Il s'écroula sur lui-même avec un nouveau grognement alors que Zachary et Wihongi échangeaient un regard.
"C'était quoi ce bordel ? grommela le docteur en s'agenouillant aux côtés de son ami pour vérifier son pouls. C'est Chris dans ce corps ? Il est mort ?
— Je ne sais pas, Docteur, répondit le cadre scientifique en s'accroupissant près de lui. L'imposteur s'est installé dans son corps dans l'open-space. D'après les données que j'ai pu obtenir, il est télépathe."
Wihongi eut un regard horrifié et tous deux se levèrent et commencèrent à porter Wallis hors des coursives vers son bureau personnel, l'esprit occupé par la situation et leurs possibilités pour sauver leur ami.
Alors qu'ils tournaient au coin du couloir des bureaux, les yeux de l'imposteur s'ouvrirent brutalement, surprenant les deux autres. Il remua des jambes, rua, se débattit, et Wihongi n'eut d'autre choix que de le laisser tomber, n'ayant pas assez de force pour le conserver immobile.
Zachary l'attrapa par les hanches pour l'empêcher de bouger et l'étranger en profita pour le frapper dans l'aine, de la même façon que Wihongi l'avait fait plus tôt. Il se libéra de la prise du scientifique et se retourna rapidement vers le docteur.
Zachary respira un grand coup, força son esprit à mettre la douleur de côté et se redressa pour frapper son chef avec son arme, comme il l'avait fait plus tôt.
L'étranger ne devait pas être suffisamment humanoïde pour tomber dans le piège, puisqu'il ne fit que grogner et repousser Zachary d'un puissant coup de coude dans les côtes.
Ce dernier mouvement signa la fin de la situation.
Désormais libre de ses mouvements, l'imposteur avança jusqu'à Wihongi, qui essayait de reculer vers la sécurité relative du bureau de Wallis, qu'il savait équipé d'un autre revolver. Il ne fallut pas longtemps à Wallis pour le rattraper et ses mains se posèrent autour de la tête du docteur.
Un bref instant, le visage horrible et tendu se relaxa, une main brossa les cheveux de Wihongi vers l'arrière, et la voix de leur chef résonna, sa vraie voix, celle qu'ils étaient habitués à entendre, bien qu'un peu faible et enrouée. Pas celle de l'étranger avec ses terribles accents métalliques.
"Tout va bien, Kane. Je suis désolé que ça finisse comme ça. Mais je ne peux plus résister."
Zachary ne put faire autre chose qu'observer, le regard horrifié, alors que la nuque de Wihongi se brisait d'un mouvement rapide du poignet. En quelques secondes, les murs étaient recouverts de sang et de chair et de matière cérébrale alors que son crâne explosait.
Et plus encore de sang et de chair et de matière cérébrale rejoignirent le reste sur le mur alors que Zachary tirait sur son chef, d'un tir direct en pleine tête.
L'entreprise venait de perdre à la fois l'un de ses cadres supérieurs et son médecin, leurs entrailles couvrant les murs des couloirs.
Zachary ne pourrait jamais s'ôter ces images de l'esprit.
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