PROLOGUE

Publié le : 19/11/2017 | Mis à jour le : 09/05/2022

Prologue.


Terre du Milieu, octobre 2941 T. A.

Les cors sonnèrent d'allégresse la victoire des Nains, des Elfes et des Hommes. Aux pieds de la Montagne Solitaire, les plaines saignaient des carcasses de leurs ennemis. Parmi eux gisaient d'innombrables Orques, des chauves-souris de Gundabad et des Trolls. Si des mercenaires Gobelin et des Wargs parvinrent à fuir, les vainqueurs ne tarderaient pas à les pourchasser pour assurer à nouveau la paix sur ces terres. Mais ils ignoraient encore l'ampleur des pertes et leur échec.

Au Nord, sur le promontoire élevé de Ravendill, Thorin Écu-de-Chêne, fils de Thrain, fils de Thrór, Roi sous la Montagne, succombait de ses blessures dans les bras de son compagnon et ami Hobbit. Bientôt, il rejoindrait les deux fils de sa sœur tombés en le défendant de leur bouclier et de leur corps. La lignée de Durïn s'éteignait, tandis que l'issue d'un dernier affrontement se décidait en contrebas...



Legolas esquiva l'attaque de l'Orque en glissant sur ses genoux. Alors que son adversaire abattit sa masse sur la roche qui se brisa à l'impact, ses mains portées à son dos dégainèrent deux dagues elfiques. Avec, il lui assigna un coup qui, bien qu'il le toucha, n'érafla que son armure de métal. Il para un nouvel assaut et réussit cette fois à lui trancher l'échine. La douleur vrilla la gorge de son opposant, mais n'eut pas raison de sa ténacité. Au contraire, il se retourna pour se ruer sur lui. Legolas en tira profit pour perforer sa paume de sa lame, une grave erreur, car la progéniture d'Azog Le Profanateur referma son poing et écrasant ses phalanges, la lui arracha.

Un coup mortel contré par un sourcil d'agilité, le Prince désarmé attrapa son poignet à mains nues pour le stopper. Un rictus aux lèvres, l'Orque dévoila sa propre dague coincée dans sa chair cendrée, prête à le saigner. Legolas bascula aussitôt son corps en arrière, hors de sa portée. Cependant, la surface fragilisée s'effondra sous son poids.

Atterri brutalement à l'étage inférieur des ruines, l'Elfe sinda se releva à temps pour éviter l'avalanche de pierres. Le sol sous ses pieds céda une seconde fois, et il dut grimper avec vélocité les gravats qui allèrent s'écraser au fond du précipice. Il sauta sur son adversaire, et usa de son élan pour le projeter à plusieurs mètres. L'équilibre précaire, ils se rattrapèrent tous deux au bord désaxé, et se hissèrent sur ce qu'il restait du pont. D'une même foulée, Legolas ramassa l'une de ses épées et lui taillada le flanc. Du moins, il crut. L'Orque était parvenu à neutraliser sa lame entre son membre et sa hanche. Le Sinda saisit alors cette opportunité pour monter sur ses épaules et d'un geste rapide, reprit son arme pour la planter dans son crâne. Bolg, vaincu, chuta dans l'abysse glacial.

La respiration saccadée, Legolas s'accorda deux secondes d'immobilité puis s'enquit à chercher Tauriel. Mais l'Elfe sylvaine avait disparu du dernier endroit où il l'avait vue inconsciente avant d'engager le combat. Il l'appela, mais n'obtint aucune réponse ou signe d'âmes qui vivent. Le cœur martelé par la crainte, il explora les ruines durant ce qui lui parut être le temps annonciateur d'un funeste destin.

Enfin, ce fut dans une salle effondrée sur l'extérieur qu'il la retrouva. Elle était assise dans la neige aux côtés du Nain. Les paupières closes, celui-ci semblait dormir, mais le linceul carmin sous son corps ainsi que l'expression de Tauriel lui firent comprendre qu'il en était tout autre.

— Il est mort, souffla-t-elle. Il l'a tué.

— Je m'en suis occupé, l'informa Legolas sans plus d'émotions.

Dans l'attente, il respecta son silence. Debout, ses yeux balayèrent la scène jonchée des éclats d'un bouclier brisé. Ils s'arrêtèrent sur la table fendue d'un petit violon qui ressortait d'un sac éventré. Le son de ses cordes mourut dans l'air. Pour des oreilles plus attentives, ce grincement aigu aurait été semblable à un cri.

Indifférent à cette complainte, le regard du Prince se redéposa sur l'Elfe sylvaine dont il constata interdit le visage décomposé. Elle tira une pierre polie de ses vêtements, et la glissa dans la main du Nain qu'elle porta à ses joues givrées de traînées blanchâtres. Il prit alors conscience de ce qu'il avait longtemps refusé d'admettre, cette scène lui jetant à la figure l'évidence. Les sentiments de la Sylvaine l'atteignirent de plein fouet comme s'ils avaient été les siens. La poitrine comprimée par des ronces épineuses, ses traits d'ordinaire impassibles se tordirent en une douloureuse expression qu'il ne consentit pas à manifester devant elle. Aussi, il se décida à prendre congé.

— Si tu as besoin de moi, soutint-il d'une voix blanche, je viendrai.

Le Prince n'attendit guère sa réponse et se hâta dans le couloir le plus proche. Là, il se retrouva nez à nez avec son père. Non surpris de le voir ici, il s'arrêta brièvement devant lui.

— Je ne rentre pas.

— Où iras-tu ? demanda Thranduil d'un même ton.

Legolas stoppa son départ et se retourna pour perdre son regard dans le vide.

— Je ne sais pas.

— Va à l'Ouest, recommanda le souverain des Elfes de la Forêt Noire. Trouve Imladris, la Dernière Maison Simple. Il y a un jeune garçon là-bas que tu devrais rencontrer...

Le Prince fronça seulement les sourcils, étonné par cette requête.

— Son père Arathorn était un Homme bien. Son fils... promet d'être un Homme d'exception.

— Qui est-il ?

— Il a été rebaptisé Estel. Sa vraie identité... Tu devras la découvrir toi-même.

Legolas s'éloigna, mais s'arrêta de nouveau à l'appel de son nom.

— Ta mère t'aimait. Plus que tout. Plus que la vie.

Sa parole le toucha bien plus de ce qu'il accepta de montrer. Il porta sa main sur son cœur et l'offrit à son souverain en gage de respect. Les dents serrées, Thranduil se résigna à le laisser partir.



Tauriel demeurait auprès du Nain lorsque Thranduil, arpentant les ruines du promontoire, la rejoignit. Elle le dévisagea sans cérémonie. L'éclat de vie dans ses yeux à la lueur autrefois espiègle s'était terni.

— Ils voudront l'enterrer.

Le Roi des Elfes fixa un instant le corps du Nain et la pierre froide sur lequel il reposait.

— Oui..., confirma-t-il dans un souffle.

— Si c'est cela l'amour, je n'en veux pas... Qu'on m'en libère ! supplia-t-elle. Par pitié...

Thranduil se rapprocha de celle qui fut sa pupille et qu'il avait considérée comme sa fille. Malgré sa trahison envers son peuple et sa désobéissance aux ordres de son souverain, il ne pouvait rester insensible au malheur qui la frappait en son cœur resté trop longtemps empli de colère. Les regrets l'étreignaient à présent et répandirent un goût amer sur ses lèvres.

Des larmes avaient recommencé à couler sur les joues de la Sylvaine. Le Roi des Elfes contempla le précieux fluide tomber pour disparaître dans la neige. Rare était sa survenue parmi les siens. Elle gémit, la main crispée contre sa poitrine.

— Pourquoi cela fait-il tant souffrir... ?

— Parce que cet amour est vrai, accorda Thranduil devant cette fatalité.

La Sylvaine le scruta un long moment, assimilant ses paroles. Puis, son attention reportée sur le Nain, elle se pencha. Ses lèvres offrirent un dernier baiser à son aimé perdu. Un sourire avait ensuite dessiné sur son visage une douce mélancolie. Non, ce n'était pas des adieux, car elle savait que leurs esprits seraient un jour à nouveau réunis.

— Mais je ne puis le rejoindre maintenant, annonça-t-elle à mi-voix.

Le Roi des Elfes la toisa avant d'abaisser son regard lucide pour comprendre. Une graine avait germé, fragile et pourtant déjà d'une incroyable vitalité. L'inconcevable était survenu, et cette réponse des Valar le laissa pantois. Les mots sortirent de sa bouche tels le murmure du vent à venir.

— Vous attendez un enfant...

L'Ennemi avait échoué. La lignée de Durïn subsisterait, et ce, au travers d'un être comme nul n'avait encore jamais foulé leur monde.


🌱


🌱


🌱


🌱


N/A

Cette réécriture sera une version plus complète, corrigée et retravaillée que le premier jet. Par souci d'archive, je n'ai pas créé de nouveau livre. Vous trouverez au début de chaque partie la date de la première publication et celle de la mise à jour. Ainsi, vous pourrez différencier, pour les curieux, les commentaires antérieurs du premier jet et ceux postérieurs (actuels) de la réécriture. (・ω<)☆

Sauf impératif, le rythme de publication sera d'un chapitre toutes les semaines.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top